Épreuves anticipées de français

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Ben oui, nous sommes en pleine période du baccalauréat, c’est donc l’occasion de vous parler des épreuves anticipées de français. Enfin c’est ce que Google me donne comme première entrée lorsque je tape EAF dans le moteur de recherche.

Un peu plus bas dans classement, il y a EAF ZWO, celui qui nous intéresse en réalité. 

ZWO, vous en avez déjà entendu parler si vous lisez mes billets d’astronomie. C’est la marque chinoise qui équipe une grande partie de mon setup d’astro-photo : les caméras, la monture et l’ordinateur.

L’EAF de ZWO est un focuseur, c’est à dire un moteur pour réaliser automatiquement la mise au point de l’image. Une étape essentielle en photographie.

Jusqu’à présent j’ai toujours réalisé la mise au point avec un masque de Bathinov avec d’assez bons résultats. Du coup, je ne voyais pas trop d’intérêt à alourdir mon équipement avec ce moteur. Mais bon, quasiment tous les copains sont équipés d’EAF. Et surtout, mes sessions durant de plus en plus longtemps, je vais être amené à refaire ma mise au point pendant une session photo. Tout ça donnait donc à réfléchir.

Le souci c’est que l’EAF est un accessoire de plus à fixer à l’instrument, qu’il oblige à démonter en partie le porte oculaire et que je ne voyais pas comment faire rentrer ce truc dans la mallette de transport sans tout démonter à chaque fois.

Alors j’ai temporisé jusqu’à trouver quelqu’un qui vendait le sien d’occasion. Le risque serait moins grand en cas de problème.

Un jour, sur le Boncoin, l’objet tant convoité est apparu dans mes recherches. Il faut dire que ZWO vient de lancer une nouvelle version de son EAF tout dernièrement. Du coup, les anciennes versions sont à vendre. Alors je me suis lancé.

Le colis est arrivé à la maison et après le fébrile déballage, vint le moment tant redouté du montage. Le focuseur se fixe à l’aide d’une platine métallique rainurée et de plusieurs vis au porte oculaire. Comme il existe une multitude de porte oculaires, l’EAF est livré avec quatre cylindres de taille différentes pouvant se visser sur l’axe de mise au point, une fois la molette démontée.

L’installation n’est pas des plus aisées mais pas insurmontable non plus d’autant qu’il existe plus de tutoriels que d’instruments sur YouTube.

Une fois le focuseur installé, il fallait bien entendu le tester. Et là, la seule solution, était de le faire fonctionner en conditions réelles. Alors profitant d’un ciel clair sans lune, je suis parti en montagne avec tout le matériel. Cela tombait bien, je voulais ajouter quelques heures à ma photographie de la nébuleuse du croissant.

C’était une nuit venteuse mais claire. En plaine le mercure affichait 34 degrés et 20 de moins à mille mètres. Ça, plus le vent soufflant du nord-est, pull, anorak et chaussettes épaisses étaient de rigueur.

J’ai installé la lunette à l’abri du vent entre deux voitures. J’ai câblé tous les accessoires, caméras, ordinateur, monture, focusseur, réchauffeur et j’ai pointé l’étoile polaire pour tester le nouvel équipement.

Le logiciel photographie les étoiles à plusieurs reprises en faisant varier la mise au point. Il mesure à chaque fois le diamètre observé et trace une courbe en forme de cloche inversée.  La courbe représente en abscisses la distance focale et en ordonnées le diamètre de l’étoile. Le logiciel recommence une nouvelle fois sa mesure en l’affinant pour déterminer enfin la distance focale optimale. 

Le résultat est stupéfiant. En quelques minutes le setup obtient une image parfaitement nette. Le focuseur dispose également d’une sonde de température qui lui indique si la mise au point doit être refaite pendant la nuit. En mode auto-run, l’Asiair permet de réaliser de nouvelles mises au point au changement de méridien, à chaque modification de cible ou permutation de filtre, toutes des N minutes et lors des variations de températures.

Ce soir là, j’ai ajouté 35 images de 300 secondes à ma nébuleuse du croissant qui en comptait déjà 30 autres soit au final 5h25 de photographie au filtre TriBand avec la lunette de 72 mm.

Nébuleuse du Croissant 5h25 d’intégration

Un week-end ordinaire

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Certaines personnes angoissent à l’idée de se retrouver brutalement à la retraite sans activité pour occuper le temps libre. Pas moi. J’attends cette échéance avec impatience car mes week-ends sont toujours chargés. 

Depuis quelques années je travaille 4,5 jours par semaine. Avec les heures supplémentaires effectuées lors des déplacements, j’arrive assez régulièrement à ajouter une demi-journée de loisir à ma semaine. La fameuse semaine de quatre jours dont un de télétravail qui me laisse trois autres journées pour vaquer à mes loisirs.

Jeudi soir, vers 21h, je partais en montagne pour une nouvelle nuit d’astro photographie. Après sept heures passées sous les étoiles, je retrouvais mon lit à 4h du matin. À 9h j’étais sur l’ordinateur pour traiter plus de cinq heures d’acquisition sur NGC 6888 à l’aide du logiciel Pixinsight.

Après une sieste salutaire, je partais en compagnie de mon épouse pour une audition de musique de chambre où elle était accompagnatrice. Evidemment, j’avais emporté un appareil photo pour immobiliser ce concert. A 20h nous nous retrouvions avec les musiciens dans une brasserie du centre-ville à discuter à bâtons rompus de musique, de projets et de photographies. À 23h30, je retrouvai enfin mon lit.

Le lendemain matin, j’étais de nouveau assis devant l’ordinateur pour trier et  développer les 150 photographies de la soirée. L’après-midi, alors que le soleil faisait bouillir le mercure, je profitais d’une nouvelle sieste à l’ombre en préparant un billet de blog. J’enregistrais également la vidéo de Cosmograf et réalisais son montage avant de la mettre en ligne avec la chronique sur le blog. 

Le soir, nous partions vers Saverne pour la Fête de la Musique où une flûtiste, qui joue avec ma chérie, assurait la première partie d’un concert dans une église. Nous retrouvions là bas des amis de longue date pour une soirée musicale arrosée plus ou moins improvisée. Mon appareil photo me suivait encore une fois, pour immortaliser les flûtistes baroques et le chœur du Bon Tempérament qui revisitait des chansons des Frères Jacques. À 1h nous retrouvions la couette douillette pour quelques heures de sommeil avant le retour de la canicule.

Enfin le dimanche, plus où moins bien remis de la veille, alors que l’air frais (21 degrés) circulait encore dans la maison, je triais les photographies de la veille avant de les envoyer à l’ensemble du Bon Tempérament.

Il me restait encore un article à préparer et trois photographies à sélectionner pour remplir ma semaine médiatique. L’après-midi était terminée, il fallait se préparer à passer une nouvelle semaine de travail avant le prochain week-end qui s’annonce à nouveau intéressant.

I wanna live in America

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Après un voyage en Bretagne suivi de plusieurs jours de pluies diluviennes, j’étais en manque de ciel étoilé. Une fenêtre incertaine s’ouvrait le dimanche soir, incertaine car jusqu’à dix-neuf heures les averses arrosaient encore l’Alsace sous de fortes rafales. Mais depuis trois jours les modèles météorologiques votaient pour un ciel clair sans vent à partir de vingt-deux heures. Hélas la Lune était presque pleine, c’était le week-end de On The Moon again. Elle n’était pas très haute dans le ciel mais pour la photo, c’est toujours un problème.

Qu’importe, confiant en ma bonne étoile, j’ai chargé la voiture avec le télescope et la lunette et emmené mon petit dernier, de passage à Strasbourg pour un mariage, à mille mètres d’altitude et quatre degrés Celsius pour observer les étoiles.

Arrivés là haut vers vingt-une heure, je n’en menais pas large. Le ciel était encore bien chargé et le vent qui soufflait d’ouest risquait de compromettre la soirée. La météo disposait encore de deux bonnes heures pour corriger le tir avant que je commence les photos.

Nous avons tranquillement installé le télescope pour observer la Lune encore cachée par d’épais cumulus puis j’ai mis en place la lunette pour la session photo. Ce soir là j’étrennais pour la première fois le filtre Triband sur la lunette. Il devait m’aider à oublier la luminosité de notre satellite.

J’avais prévu de refaire la nébuleuse América déjà photographiée avec mon appareil photo l’été dernier. Cette fois j’utilisais une caméra, un filtre et la lunette. Même avec la pleine lune j’espérais faire mieux.

En parlant de la Lune, notre satellite commençait à sortir des nuages, alors j’ai chargé mon garçon de la pointer au télescope pendant que je discutais avec deux membres de l’association montés malgré la météo incertaine. Des visiteurs, venus passer une nuit romantique dans leur mini van, sont venus jeter un œil à l’oculaire et parler astronomie. À notre manière nous avions contribué à l’évènement On the Moon Again, presque malgré nous. Il y a toujours des curieux au Champ du Feu.

Le vent s’est calmé, les nuages se sont dispersés et la Lune est montée dans le ciel. Avec une atmosphère très humide et chargée en poussières venues des incendies canadiens, sa lumière créait un voile blanchâtre qui masquait les étoiles. On ne verrait pas la Voie Lactée ce soir mais avec le filtre Triband je pourrais quand même photographier ma nébuleuse.

Une fois la lunette correctement mise en station et calibrée, j’ai pointé la constellation du Cygne, près de Deneb où s’étend le vaste nuage de la nébuleuse NGC 7000 dite America ou cou du pélican à cause de sa forme très particulière. 

Entre la qualité très moyenne du ciel et le filtre gourmand en lumière j’ai dû pousser le temps de pause. Un premier essai à 300 secondes, un second à 600 pour finalement revenir à la première valeur. Car en dix minutes, bien des choses peuvent se produire comme le passage de satellites ou un problème technique qui me ferait perdre une image perdre et autant de temps de photographie.

Après quelques derniers réglages, j’ai laissé la lunette travailler comme une grande, retournant au télescope pour observer à nouveau la Lune puis la nébuleuse de la Lyre et l’amas d’Hercule. Rien de bien exotique mais je connais très mal mon ciel.

Mon fils, fatigué et frigorifié, s’est réfugié dans la voiture. Je l’avais prévenu pourtant. L’astronomie c’est vivifiant. Moi, protégé par trois couches de vêtements, j’ai continué à observer et surveiller mon setup, qui pour une fois, a fonctionné comme une horloge, sans doute grâce au nouvel équilibrage de la lunette. Au bout de deux heures trente de photo, j’ai eu quand même pitié de mon fils et j’ai remballé tout le matériel.

Christophe était rentré depuis longtemps et Antoine s’acharnait encore sur la nébuleuse du croissant avec son objectif Samyang 135 f2. Il repartira avec quatre heures trente d’images et une magnifique photographie.

Rentré à 3h30, j’étais debout devant l’ordinateur six heures plus tard pour regarder mon travail de la nuit. 30 images, aucun rejet soit deux heures trente de photographie. Le résultat était nettement différent du premier essai. Mais je n’arrive pas encore à décider laquelle des deux photos je préfère.

La nuit au musée

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Une fois par an, le week-end, les musées ouvrent leurs portes la nuit, pour des visites exceptionnelles. Ici pas de Ben Stiller en gardien ou de statues qui reprennent vie, juste une invitation à redécouvrir gratuitement ces lieux culturels. 

Cette année mon épouse penchait pour une visite au musée d’art moderne qui possède une belle collection de peintures contemporaines. J’aurai également penché pour son choix, malgré une petite préférence pour le musée de l’œuvre Notre Dame, mais le destin en a décidé tout autrement. 

L’Orchestre Le Bon Tempérament jouait pour l’occasion au Palais Rohan lors de cette nuit exceptionnelle. Et il cherchait un photographe pour immortaliser le concert. 

J’avais déjà couvert un de leurs concerts et c’est Sarah, la flûtiste de Toïtoïtoï, qui joue également dans l’orchestre, qui m’a sollicité, un peu à l’arrache certes, mais sollicité quand même. Et ça fait toujours plaisir qu’on se souvienne du photographe du concert. Cela signifie que soit, ils n’ont trouvé personne d’autre, soit que mon travail n’était pas si mauvais que ça finalement. Je ne préfère pas savoir quelle est la bonne réponse.

Le Palais Rohan construit au 18eme siècle abrite trois musées dont celui des beaux-arts. Des vastes pièces en enfilade avec de hauts plafonds, décorées de tableaux et meublés façon 18eme. Autant l’avouer tout de suite, photographier des musiciens dans un tel cadre me faisait très envie. 

Me voilà donc parti avec mon barda vers 16h30 pour rejoindre le Palais Rohan à pied et en tram. C’était sans compter sur les footeux qui organisaient leur nuit au musée sur la place d’Austerlitz dans un grand foutoir de fumée, fusées, déguisements, gueulantes et bières. À ce qu’il paraît le Racing a perdu. Bien fait ! Ils n’avaient qu’à pas emmerder le monde. Je suis quand même arrivé à l’heure au rendez-vous en empruntant des chemins de traverses.

Mais voilà, mes rêves de belles salles classiques tombèrent à l’eau en arrivant sur place. L’orchestre allait jouer dans la cour, pas dans la salle de bal avec ses tableaux ou dans la bibliothèque. 

La photographie de spectacle en extérieur, ce n’est pas vraiment mon fort. Le bon côté, c’est que je disposais d’un laissé passer pour circuler librement à peu près partout, des terrasses jusqu’aux salles d’exposition. Et je vous assure, admirer la cathédrale de Strasbourg de nuit du haut de la terrasse du Palais Rohan, ça vaut le détour.

Il y avait cinq animations musicales au Palais Rohan. Un ensemble de cuivres sur la terrasse, l’orchestre dans la cour, un premier ensemble de musique de chambre dans la bibliothèque, un second à l’entrée du musée archéologique et une harpiste dans le salon de musique du musée des beaux-arts. Autant dire que lorsqu’un ensemble terminait de jouer, il fallait se dépêcher pour aller photographier le suivant. 

Je suis habitué à photographier en salle avec des projecteurs, pas aux extérieurs en plein soleil, sauf lorsque je fais du paysage. Mes premières images n’ont pas donné grand-chose, mais vers 21h, lorsque le soleil s’est couché derrière la cathédrale, j’ai commencé à trouver mes marques.

Dans la cour, quatre projecteurs bleus léchaient la façade du Palais Rohan, deux rampes de lumières en terrasse arrosaient la cour, plusieurs lanternes éclairaient les portes et chacun des pupitre des musiciens disposaient d’un lampe LED. Cela suffisait amplement pour jouer avec les lumières et pour éclairer les visages. C’est là que j’ai commencé à réaliser des clichés intéressants.

Les ensembles jouaient à plusieurs reprises dans la soirée, de 19h à 23h, tant et si bien que je savais à quoi m’attendre après un premier tour de chauffe et j’ai pu trouver les bons spots comme ce point de vue plongeant sur l’orchestre du haut de la terrasse. 

Pour une fois j’ai principalement fais des plans de groupe plutôt que des portraits serrés sur les musiciens. Déjà je ne voulais pas gêner les artistes et les spectateurs en leur imposant ma silhouette dans le paysage, ensuite, je me connais, je me serais certainement concentré sur trois ou quatre personnes qui accrochent mieux l’objectif.

L’orchestre présentait au public venu nombreux, des extraits de son répertoire composé de tubes de musique classique. Un orchestre amateur certes mais formé de nombreux élèves du conservatoire qui possèdent déjà un niveau quasi professionnel. Il y avait également un quatuor qui jouait des musiques de films, hélas très mal placé, au bas des escaliers descendant au musée archéologique et face aux toilettes. Dans la bibliothèque du palais jouait un autre quatuor que je n’ai pas eu la chance d’écouter ni photographier, des musiciens aguerris comprenant la première violoniste de l’orchestre. Les cuivres, installés sur le toit sonnaient toutes les heures la marseillaise pour battre le rappel des visiteurs. Ils jouaient également d’autres pièces, mais difficile de les citer ici, je ne connais guère le répertoire des cuivres. Enfin il y avait cette jeune harpiste aussi talentueuse que timide qui livrait un délicieux récital de harpe dans le salon de musique. Les visiteurs, parcourant les salons du palais, s’arrêtaient tous, subjugués par la beauté de la musique et du lieu.

Je suis revenu à la maison vers 23h30 avec un peu plus de deux cents photos et une faim de loup (j’avais oublié de manger). Après un tri sévère, même s’il n’y a pas eu de déchet, je n’ai conservé que 33 images, le ratio habituel lors d’un concert.

Retournement au méridien

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Depuis que j’ai débuté l’astro photographie tout le monde me parle du retournement au méridien. Cette manipulation mystérieuse de la monture se produit pendant une soirée de shooting. 

Comme je suis débutant et ignare, je me suis persuadé que cette manoeuvre n’était réservée qu’aux puristes pointilleux. 

J’avais cru comprendre qu’il était question de la position du miroir du télescope pendant la course de l’instrument pendant la nuit. Je croyais donc que je n’étais pas concerné par le sujet avec ma lunette et comme je ne voulais pas passer pour un imbécile, je n’ai pas demandé. J’ai eu tord.

Le passage au méridien concerne l’objet que l’on poursuit dans le ciel. Lors de sa course effrénée d’est en ouest, celui-ci va couper une ligne imaginaire, lorsqu’il est au plus haut dans le ciel, le fameux méridien en question. 

Une monture équatoriale peut se trouver en difficulté lorsque l’objet approche du méridien. L’axe de déclinaison arrive à une limite où l’instrument, lunette ou télescope, est en équilibre précaire et que le tube risque de buter contre sa monture. 

Combien de fois ma lunette s’est retrouvée coincée après une à deux heures de travail ? Combien de fois le guidage s’est interrompu en quelques plein shooting ? Câble trop tendu, lunette guide bloquée contre la monture, débranchement intempestif d’un équipement. Plein d’incidents incompréhensibles jusqu’à que je me penche sur ce fameux retournement au méridien.

Pour éviter ces galères et éventuellement de la casse, il suffit de s’accorder une petite pause pendant la soirée. 

Vous devez tout d’abord interrompre la session photographique quelques minutes avant le passage au méridien. Patientez un peu afin que l’objet franchisse la ligne imaginaire, repositionnez l’instrument et reprendrenez la session. Cela signifie placer l’instrument en position initiale face à l’étoile polaire puis pointer à nouveau l’objet en basculant de l’autre côté de la monture et relancer le guidage. Cela peut prendre une quinzaine de minutes et il faut vérifier vos câbles lors de la manoeuvre.

Et donc, j’ai enfin procédé à mon premier retournement au méridien volontaire il y a peu. Car maintenant que j’utilise des filtres, je fais également des poses beaucoup plus longues. Il y a encore quelques semaines je photographiais pendant une heure, deux au maximum, échappant souvent par miracle au retournement au méridien. Mais ce soir là, j’ai laissé la caméra travailler plus de trois heures d’affilée et lorsqu’un de mes voisins a parlé de retournement au méridien, j’ai consulté la carte du ciel pour vérifier où en était la galaxie par rapport au méridien. Et en l’occurrence, il me restait à peine une demi-heure avant qu’un nouveau drame ne se produise. 

Cinq minutes avant le passage au méridien, j’ai arrêté le guidage et l’empilement des images. J’ai placé la monture en position initiale et patienté jusqu’au franchissement du fameux méridien. J’ai pointé à nouveau l’objet,  mais sans doute trop tôt. La monture est revenue quasiment dans la position précédente, incapable de travailler ainsi. Alors j’ai recommencé cinq minutes plus tard et la lunette est passée de l’autre côté de l’axe. J’avais procédé au retournement de méridien. J’ai relancé le guidage, vérifié que tout était nominal et recommencé à empiler des images de 300 secondes. C’était reparti pour deux nouvelles heures de photographie.

Ce qui m‘effrayait au début, c’était de travailler avec deux séries d’images différentes lors du traitement. Mais les logiciels comme Siril ou Pixinsight gèrent parfaitement ce genre de chose.

 J’ai d’abord testé deux séries prises le même soir et interrompues par un problème technique. Le centrage de l’objet n’était plus exactement le même lors de la seconde tentative mais Pixinsight gère ça très bien. J’ai ensuite travaillé avec les images de deux soirées consécutives. Là l’orientation de la caméra et le centrage étaient légèrement différents. Cela n’a pas posé de problème. J’ai fini par utiliser la série contenant un retournement au méridien, donc une partie avec des images retournées à 180 degrés et là encore, aucun problème.

Je suis donc paré pour de plus longues sessions de photographie et l’utilisation de filtres afin de composer mes images. Je vais donc photographier moins d’objets et passer beaucoup plus de temps dehors. Il sans doute va falloir que j’accepte de laisser le matériel travailler tout seul pendant que je dors un peu, car les soirées d’astronomie qui se finissent à 5h du matin, ça n’est plus de mon âge.

Malentendu

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« There must have been a misunderstanding, there must be a mistake » chantait Phil Collins dans l’album Duke de Genesis. Ben pour moi c’est la même chose avec mes photographies. 

Pendant nos vacances à Lanzarote, nous avons visité en bus, le parc des volcans, et j’ai pris quelques images des paysages, l’objectif collé à la vitre sale du bus avec un objectif passe partout. Une des photographies, qui a failli passer à la poubelle parce mal cadrée, représentait un cratère avec une perspective vers l’océan. Un beau paysage mais pas franchement bien photographié à mon avis. 

Pour faire ressortir le cratère du volcan j’ai triché en l’éclairant l’intérieur et j’ai traité l’image en noir et blanc parce que je ne savais pas quoi en faire en couleur. Et puis comme le cadrage était mauvais, allez cadrer un sujet l’objectif collé à un vitre dans un bus en mouvement, j’en ai fait un carré.

Et puis il y a ce chat roux qui dormait sur rebord d’une fenêtre dans la demeure supposée d’Omar Sharif. Une photo amusante sans grande matière que j’ai conservé parce que j’aime bien les chats.

J’aime bien ces deux photos, mais il y en a bien d’autres que je préfère. C’est pour cela que je les ai publiées sur Flickr, mais aussi pour remplir mon quota de trois photos hebdomadaire.

Si je vous parle de ces deux images, c’est parce qu’elles ont reçu un bon accueil sur Flickr accompagnées de quelques commentaires élogieux. 

Une fois encore, je ne comprends pas ce que les gens trouvent à certaines des mes photographies. Celles que je verrai bien trôner dans mon salon ne rencontrent qu’un vague intérêt quand celles que je suis prêt à jeter dans la corbeille déchaîne (tout est relatif), les passions.

Avec ou sans filtre ?

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Ma mère fumait des Dunhill rouges, mon père des Gauloises sans filtre, mon frère aîné roulait ses cigarettes, le second crapotait des mentholées, le troisième des joints et moi je fumais la pipe. Certains affirment que les filtres sont pleins de produits chimiques toxiques, d’autres que ce bout jaunâtre limite les dégâts. Dans tous les cas, il vaut mieux ne pas fumer.

J’ai commencé à photographier sans filtre mais pas à l’aide d’un capteur défiltré. Puis j’ai utilisé une caméra et aujourd’hui je me lance dans l’utilisation des filtres. 

Mais tout doucement. Car un filtre absorbe une partie non négligeable de la lumière et lorsque l’on scrute le vide intersidéral, on trouve peu de lumière. En plus j’utilise une caméra couleur alors que d’ordinaire la photographie astronomique se fait avec des caméras noir et blanc et plusieurs filtres comme le O3, H Alfa ou SO2. Mais ce genre de cliché demande trois fois à quatre fois plus d’images, c’est à dire plusieurs nuits de photographie.

Je n’en suis pas là. Pour l’instant je vais juste essayer d’enlever les rayonnements parasites comme les éclairages urbains et la pollution de mes images. Donc je ne vais utiliser qu’un seul filtre pendant toute ma session photo.

Les filtres, que ce soit en photographie ou en astronomie, cela coûte un bras. Alors pour commencer, j’ai été raisonnable, j’ai commandé un UV-IR cut et un tri band. L’UV-IR cut filtre comme son nom l’indique le rayonnement ultraviolet et infrarouge. Le tri band lui ne laisse passer que trois bandes assez étroites du spectre lumineux, le rayonnement émis par l’oxygène, le souffre et l’hydrogène. 

Mais qui dit filtre dit porte filtre. Encore un machin à placer entre la lunette et la caméra. Il y a des portes filtres encombrants et relativement chers pilotés par ordinateur et puis il y a des petits trucs accessibles mais totalement manuels. J’ai opté pour un compromis avec le SVBONY. Il possède un tiroir aimantée qui permet de changer facilement de filtre ou de ne rien mettre à la place.

Le hic c’est qu’il fait 21 mm ce qui m’oblige à revoir tout le réglage du bac focus, c’est à dire la distance qui sépare le réducteur de champ de la caméra. Celui-ci est de 55 mm et celui de la caméra est de 6.5 mm ce qui me laissait 27.5 mm à combler sachant que la caméra dispose d’une bague de 11 mm soit donc 16.5 mm à compenser.

J’ai enlevé le rotateur de champ situé derrière le réducteur pour le placer juste derrière le porte oculaire et j’ai glissé deux bagues, une de 12 et une autre de 5 mm pour atteindre le bon bac focus. Des opérations contrôlées au pied à coulisse pour être certain de ne pas avoir de mauvaises surprises.

Il ne reste plus qu’à essayer tout cela dès que le ciel daignera se dégager. Normalement le filtre tri band devrait améliorer les images de nébuleuses en ville et le UV-IR cut mes photos planétaires et de galaxies.

Pothamus au P8

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Sur les conseils avisés de Alias et de Alice j’ai écouté l’album Abur du groupe belge Pothamus. Et j’ai été conquis. Hasard du calendrier, le groupe se produisait au P8 à Karlsruhe le vendredi 11 avril avec le groupe, également belge, HEMELBESTORMER.

Ni une ni deux, j’ai contacté la salle pour savoir si je pouvais venir faire des photos, et Bert m’a répondu par la positive. Muni de mon billet, du Nikon Z8, du nouveau 70-200 et d’un 24-70, je suis parti à Karlsruhe, une petite heure de route sans embouteillage pour une fois.

En arrivant Bert m’accueille, me donne les consignes et m’indique que pour Pothamus je pourrais monter sur scène pour faire des photographie. Cool !

Surprise, le P8 n’a pas ouvert la grande salle et c’est face au bar, sur une scène de quatre mètres par quatre, que va se dérouler la soirée. Je n’ai pas l’air con avec mon objectif 70-200 de compétition, dire que j’ai failli ne pas apporter le 24-70.

Alors que je déguste une bière avant d’attaquer les photos, Mattias M. Van Hulle, le batteur de Pothamus vient me voir pour me dire que c’est cool que je puisse faire des photos et que je peux monter sur scène tant que je ne fous pas le bordel dans les câbles. Vraiment cool. Mais comment lui expliquer que vu la taille de scène, je ne vais pas jouer à ça. Déjà, j’ai pour habitude de me faire oublier des musiciens et du public lorsque je photographie, ensuite, je me vois mal m’installer au milieu des musiciens sur une scène si petite.

Les lumières s’éteignent et le trio belge, après avoir brulé de l’encens, se lance dans dans shoegaze psyché complètement fumé du paillasson. D’ailleurs en parlant de fumée, la salle nage dans un brouillard dense et la scène est vaguement éclairée par quelques rares projecteurs.

D’ordinaire je m’autorise de monter jusqu’à 4000 ISO pour photographier, là je vais devoir monter à 10000 ISO et même ainsi je serais toujours en panique pendant la soirée. Une purée de poix. Alors désolé pour la qualité des photographies.

J’ai l’impression que Pothamus joue de manière plus soft en live qu’en studio avec moins de growl et plus de transe chamanique. Personnellement, cela me va parfaitement. Chaque musicien semble plongé dans son trip, surtout Sam Coussins, le chanteur et guitariste du trio. La section rythmique, tout particulièrement la batterie est ce que je préfère dans leur musique et là elle est carrément habitée. Après je suis assez mal placé pour profiter pleinement du son car la petite salle est bien remplie, alors je me suis casé dans un coin histoire d’avoir un champ dégagé.

Pothamus joue quasiment sans interruption leurs titres à rallonge, sans s’adresser une seule fois au public, plongés dans leur trip et les volutes épaisses de la machine à fumée. Moi, tant bien que mal, j’arrache quelques images à ce fog londonien irrespirable. Je recherche les rares éclaircies et les rayons de lumière pour capter un visage, une silhouette ou Michael Lombarts, le bassiste, qui est le seul à occuper la scène.

Leur set se termine trop vite à mon goût, en partie parce que je n’ai qu’une petite vingtaine de photos potentiellement exploitables et que j’aime beaucoup leur univers sonore.

Ils laissent la scène à HEMELBESTORMER, un quatuor instrumental de post-rock plus âgé et assez épais que j’ai rapidement survolé avant de venir au concert. Comme s’il n’y avait pas assez de brouillard, la technique en rajoute une couche. Cette fois, on ne voit pas à deux mètres. Les musiciens ont mis en place deux panneaux lumineux ésotériques qui encadrent le batteur et ils projettent des images de l’espace sur le fond de la scène.

Bon, vous savez, je ne suis pas post-rock, alors j’ai quelques craintes. Pourtant le mur de son répétitif des belges finit par chatouiller mes bouchons d’oreilles et je rentre dans leur prestation assez virile. Pour les photos, je suis carrément à la ramasse avant de trouver un réglage pour que l’autofocus fonctionne à minima et accroche quelque chose. Il fait sombre, les mecs bougent et c’est la purée de poix. Je me concentre sur un des guitaristes, celui qui est le plus proche de moi, faute de pouvoir attraper le batteur totalement noyé dans la fumée ou de choper l’ensemble du groupe.

Finalement j’aime bien leur univers musical et en rédigeant ce live report, j’écoute leur album Collide & Merge sorti en 2021. Le groupe joue jusque 23h30 et à la fin Bert me fait monter sur scène pour que je fasse une photo de la foule en liesse. J’ai fait ce que j’ai pu. Désolé Bert…

Après le concert, une fois le matériel remballé, je vais au stand de merch m’offrir Abur en vinyle et un teeshirt pour faire bonne mesure. Je devais revoir Mattias avant de partir pour échanger nos coordonnées mais il était pris dans une conversation avec les musiciens de HEMELBESTORMER et je n’ai pas voulu les déranger. J’espère qu’il recevra les photos.

Ce fut un chouette concert même si j’ai quand même bien galéré avec les photos. Grace au P8 je découvre régulièrement des groupes sympas qui sortent des sentiers battus et en plus j’ai mes entrées pour faire des photos ce qui devient assez compliqué de nos jours. Je vous recommande la salle et sa programmation. En plus les bières ne sont pas cher.

Les photos de Pothamus sont à découvrir sur mon compte Flickr comme celles de HEMELBESTORMER.

Bilan photo

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Voilà deux années que je suis dans un club photo et l’heure est aujourd’hui au bilan. 

J’y suis rentré dans le club par curiosité et parce que deux personnes que j’aime bien m’ont invité à venir voir ce qu’il s’y passait.

Cela faisait longtemps que je voulais rejoindre un club sans jamais avoir franchi le pas. Je voulais m’améliorer, apprendre, me confronter aux autres, découvrir des techniques, rencontrer des photographes et échanger. Je le veux d’ailleurs toujours.

Mais honnêtement, ce n’est pas ce que j’y ai trouvé. Tous les quinze jours, de 20h à 22h30, nous nous réunissons dans une salle pour suivre toujours le même rituel : critique croisée de deux photographies, projection et classement des clichés d’un challenge, présentation du travail d’un photographe, diaporama de vacances, blagues potaches, polémiques interminables sur le sexe des anges, annonces de concours et ou des résultats, prochaines sorties et organisation d’expositions.

Lors de ces assemblées il n’est pas question de technique photographique sorti des horizons inclinés, des capteurs mal nettoyés et des soleil au centre de l’image. Les membres ne parlent pas de matériel si ce n’est pour se moquer d’OM System et relancer de l’éternel combat entre Canon et Nikon. Pas un mot sur les nouvelles fonctionnalités des logiciels, sur l’art de la photographie, sur les nouvelles optiques ou le dernier boîtier. Il y a par contre beaucoup d’avis très tranchés sur les images présentées en séance.

Quelques membres sont des photographes aguerris avec du matériel de compétition, gagnants de concours, d’autres font des photos à la manière de souvenirs de vacances et enfin certains travaillent juste au smartphone. Ce ne sont d’ailleurs pas eux qui produisent les plus mauvaises images, loin de là et je me situe en bas du classement, malgré mon matériel. Il y a quelques photographes, un peu moins d’artistes et beaucoup qui se croient les deux.

Contrairement à l’association d’astronomie que j’ai rejoint à peu près à la même époque, j’ai l’impression de n’avoir pas progressé au club photo. Là où les astronomes amateurs guident, conseillent, critiquent, donnent de leur temps, partagent leur travail, leurs astuces, testent des nouveaux équipements, comparent, mes vieux potes photographes ergotent et progressent peu.

S’il est très agréable de partir en virée en groupe pour faire de la photographie, ce n’est pas ces jours là que l’on ramène les meilleures images. Et si j’ai réalisé quelques chouettes photos animalières, c’est lors de sorties en dehors du club, avec l’un de ses membres. 

Si lors des réunions, nous avons de bonnes tranches de rigolade, souvent au dépend des autres, et qu’il est toujours sympathique de partager sa passion, j’ai tout de même l’impression de perdre un peu mon temps lors de ces soirées et chaque prétexte est bon pour ne pas y aller.

J’ai donc décidé d’arrêter les frais. Idéalement j’aimerais trouver un nouveau club pour essayer de progresser mais je n’ai pas encore trouvé de successeur qui allie à la fois proximité et intérêt.

Planification

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Avant de partir en montagne pour une nuit d’observation, il est utile de préparer sa sortie.

La première chose à laquelle on songe naturellement c’est à l’équipement, la charge des batteries, les vêtements et la nourriture. 

Certes c’est important, même essentiel au bon déroulement d’une nuit d’astronomie, mais cela ne suffit pas. Avant de partir, il faut décider de l’objet que l’on va photographier.

Des objets, il en existe une multitude dans le ciel, la lune, les planètes, les galaxies, les nébuleuses, les amas d’étoiles, les comètes. Tous ne sont pas visibles aux mêmes latitudes et certains ne sont bien placés qu’à certaines périodes de l’année.

Ensuite certaines nébuleuses ou galaxies requièrent un champ large alors que d’autres sont tellement petites qu’une grande focale est préférable. Certains objets sont très lumineux, comme les planètes, d’autres sont invisibles à l’œil nu et même dans un bon télescope.

Avant de partir, se pose donc la délicate question du « que vais-je photographier ce soir ? ». Pour moi la liste est longue puisque je débute. Mais pour certains objets, il faudra que j’attende l’arrivée de l’été. Pour d’autres, j’ai déjà loupé le coche. Il me faudra patienter jusqu’à l’hiver prochain.

Alors j’ouvre l’application Stellarium, consulte le numéro spécial de Ciel et Espace, recherche la note intitulée Observation dans mon smartphone où je stocke les objets que je rêve d’ajouter à mon tableau de chasse, et je regarde s’ils seront visibles dans le ciel du soir. 

À quelle heure se lève-t-il , à quelle hauteur culminera-t-il à l’horizon, à quelle heure se couchera-t-il, quelle est sa luminosité et quelle est sa taille. Je ne me pose pas encore la question de quel de filtres utiliser pour le photographier car pour l’instant je n’utilise aucun filtre mais cela rentrera sans doute bientôt dans mes critères.

L’astro photographe a besoin idéalement d’un objet qui reste longtemps visible pour maximiser le temps de capture et qui soit assez haut dans le ciel afin d’avoir moins de perturbations atmosphériques. Ensuite, en fonction de sa taille, il va falloir choisir l’instrument adapté. Ma lunette avec son réducteur de focale et la caméra couvre un champ qui possède une largeur représentant un centième du ciel. Mon télescope lui voit une zone six fois plus petite. Pour vous donner un ordre de grandeur, la Lune fait environ un demi degré d’angle angulaire. Donc dans la lunette je pourrais mettre neuf lunes alors que dans le télescope elle ne tient pas totalement, du moins avec la caméra que je possède.

Le choix de l’objet conditionne donc le matériel à emmener pour l’observation. Il faut également bien étudier cible, savoir si des étoiles brillantes vont perturber la photographie, pour bien doser le temps d’exposition, vérifier si on ne se trouve pas en plein radiant d’étoiles filantes, dans l’axe d’un aéroport, si la Lune ne va pas être trop proche ce soir là. Bref plein de paramètres qui vont déterminer ce que l’on va photographier.

Evidemment, arrivé là haut, il ne faut pas qu’il ait des nuages…