Face the Day – Echoes Of The Child’s Mind

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Dans la belle ville de Prague vous pouviez trouver il y a quelques années, un disquaire spécialisé dans les groupes de rock progressif d’Europe de l’Est. Une caverne d’Ali Baba remplie de vinyles signés par d’illustres inconnus pour les mélomanes vivant plus à l’Ouest.

Si ce disquaire existe encore aujourd’hui, il devrait proposer l’album Echoes Of The Child’s Mind du groupe tchèque Face The Day. Un CD huit titres d’un peu moins de quarante minutes suggéré par Gerlinde Roth avec qui je partage des goûts communs sur Bandcamp. Face The Day est un groupe naviguant entre le post-rock instrumental et le rock alternatif à la Porcupine Tree.

Un projet mené par Martin Schuster qui à déjà composé en solo trois albums depuis 2016. Pour l’enregistrement, il s’est entouré d’un bassiste, d’un batteur et a invité un saxophoniste sur ‘Last Kiss’ et une chanteuse sur ‘It’s Over’.

Deux instrumentaux prennent place dans Echoes Of The Child’s Mind si l’on considère ‘It’s Over’ comme un titre chanté malgré ses rares paroles. Des texte mélancoliques sur la disparition d’un être cher, en l’occurrence ici, sa mère à qui il dédie l’album.

La plus belle chanson de Echoes Of The Child’s Mind s’intitule ‘Grown Up’. A peine quatre minutes chantées au piano qui vous emportent dans sa mélancolie avec des paroles déchirantes :  “Hero’s Fall, Illusion Fade, It Made Me Numb, Led My Whole Life Astray”. On dirait du Peter Gabriel.

‘Bright Dot In the Darkness’, ‘Dawn’ comme ‘Last Kiss’ rappellent parfois Porcupine Tree de part la ligne vocale et le toucher de guitares de Martin. Toutefois, les compositions sont suffisamment originales pour prendre leurs distances avec le modèle.

Le premier instrumental ‘There’s a Place in My Mind Where I Tend to Hide’ épouse clairement la forme post-rock avec sa guitare mandoline alors que le second, ‘Panta Rhei’, joue de l’acoustique, tel une délicieuse parenthèse avant le dernier baiser.

Attardons nous enfin sur le premier morceau, ‘It’s Over’ aux paroles minimalistes. La pièce dure tout de même huit minutes quinze et ne comporte que vingt-trois mots. Le titre est d’essence progressive avec une intro, un couplet de quatre vers répétés deux fois et un long instrumental centré sur la guitare.

Echoes Of The Child’s Mind n’est sans doute pas l’album de la décennie mais il mélange agréablement les genres et m’a fait découvrir un artiste tchèque que je vais suivre de près. L’album est sur Bandcamp et existe en CD également dans un beau digipack qui vous arrivera sans vous infliger des taxes de douanes outrancières car Prague est encore en Europe.

Plus 33 – Open Window

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Lors du concert de Out5ide le vendredi 13 janvier, Philippe Rau, guitariste du groupe, m’a parlé du projet Plus 33 qui prépare un second album sur lequel il joue. Un album de rock progressif instrumental quatre titres, tout ce qu’il fallait pour titiller ma curiosité.

Alors je suis allé écouter leur premier effort, Open Window, sorti en 2020 et disponible sur Bandcamp.

Plus 33 est le projet du claviériste Didier Grillot accompagné ici de Lloyd Wright à la guitare, Paul Susan à la basse, Dave Wilde au saxophone et flûte et Adam Sinclair à la batterie. Didier fut le claviériste du groupe Outside jusque Freedom en 2002. C’est donc naturellement que de retour en France, il s’est tourné vers Philippe pour jouer les guitares sur le prochain album.

Mais parlons de Open Window en attendant le prochain album. Un disque cinq titres d’un peu moins d’une heure, cent pour cent instrumental qui décline les quatre éléments en musique plus un épilogue. Côté style, il s’agit d’un prog instrumental atmosphérique parfois jazzy dominé par les claviers où pointe parfois du piano classique comme dans le troisième mouvement de ‘Water’ et dans ‘Epilogue’.

‘Water’ s’ouvre sur un mouvement jazzy contemplatif et se poursuit sur un chant de baleines à la guitare rapidement remplacé par le saxophone, le piano et la flûte traversière. Toujours liquide, la musique se fait impressionniste au piano, dévoilant tout le talent de Didier Grillot sur cet instrument. 

Le quatrième mouvement est quant à lui nettement plus dans la veine du rock progressif symphonique avec force de claviers et guitare. Du prog seventies avec quelques accents Road 66 à la guitare. Des eaux plus tumultueuses on va dire. Puis ‘Contemplation’ nous offre une accalmie liquide, une plongée sous la surface à la manière du Grand Bleu.

L’album nous ramène ensuite sur la terre ferme avec le premier des trois chapitres de ‘Earth’. Un retour à la fusion sur du piano électrique, de la batterie, de la basse, de la guitare, un saxophone dans tous ses états et des claviers pour terminer. La ‘Douce Ivresse’ se joue à la flûte traversière et aux nappes de claviers, un je ne sais quoi de l’Heptade d’Harmonium, juste divin. Le troisième mouvement, ‘You, Us, Them’, se pare de guitare acoustique, de flûte, de piano et de notes graves de synthés dans la continuité de la piste précédente, mais cette fois de nuit.

C’est avec le feu que se poursuit Open Window, une première pièce progressive un peu orientaliste où claviers et guitares mènent la danse. Le second et dernier mouvement du feu est rock expérimental et psyché, un pur bonheur !

Le quatrième et dernier élément est l’air en deux mouvements. Le premier est planant et très cinématique, tout aux claviers de Didier façon Vangelis et le second, très cool également est plus dans un mood hawaïen.

Open Window s’achève par un épilogue de plus de cinq minutes qui revient à la musique impressionniste pour finir façon piano bar.

L’album contient de très beaux passages et d’autres plus classiques. Un instrumental varié entre jazz, prog, classique et atmosphérique joué par des musiciens talentueux qui s’écoute et se réécoute avec bonheur. Vous pouvez le découvrir sur Bandcamp.

verbal delirium – Conundrum

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Verbal Delirium est né au pied du Pirée en 2006. Un quintet de rock progressif dont le quatrième album Conundrum voyait le jour en novembre de l’année dernière.

Je dois cette découverte à Gerlinde Roth, une parfaite inconnue avec qui je partage des goûts musicaux et des amis Facebook.

Outre les cinq musiciens du groupe, chant, basse, claviers, guitares et batterie, Verbal Delirium s’entoure de nombreux artistes avec, sur cet album, un violoniste, un saxophoniste clarinettiste et plusieurs chanteurs. 

Leur musique est d’une grande richesse, mêlant folk, symphonique, metal, rock, progressif, chœurs et si les mélodies sont extrêmement variées, l’album ne part pas pour autant dans toutes les directions.

Verbal Delirium puise ses inspirations chez Queen, The Beatles ou encore Pain of Salvation. Autant dire que leur musique est riche et un petit peu barrée.

L’album Conundrum se décline en huit morceaux pour cinquante minutes avec deux pièces qui dépassent allègrement les neuf minutes : ‘The Watcher’ et ‘Neon Eye Cage’.

Verbal Delirium passe du grandiloquent ‘Falling’ aux influences symphoniques et metal à l’improbable titre album instrumental ‘Conundrum’. Un titre folk dansant digne des excès du rock progressif des seventies.

‘In Pieces’ vous fera songer aux Beatles mais également à Pink Floyd. C’est si bien écrit que je n’y vois aucun plagiat, tout au plus un très bel hommage. Et son final improbable à la Carl Orff s’intègre étonnamment bien dans le morceau.

‘Intruders’ fait beaucoup penser à Queen de part son exubérance, quelques passages vocaux fabuleux et même les guitares.

Mon titre préféré s’intitule ‘Children Of Water’ où le chant de Jorgon fait des étincelles sur une musique assez géniale, proche du Pain Of Salvation période Scarsick. ‘The Watcher’ est également assez barré dans le genre, limite grotesque avec un refrain en total contrepoint avec les couplets qui virent au metal.

Enfin la ballade violon piano de ‘Fall From Grace’ vous emportera tel un ‘Gentlemen’s Excuse Me’ de Fish avec en prime une magnifique section de guitare dans les dernières secondes.

Conundrum n’est pas le genre d’album que j’affectionne particulièrement d’ordinaire. Les trucs un peu barrés, les rythmes dansants et les mélanges ne font pas bon ménage sur mes enceintes. Pourtant j’adore cet album. Je ne peux que vous le recommander chaudement.

Je vais d’ailleurs explorer leurs autres compositions pour me faire une meilleure idée de ce groupe atypique et talentueux grec.

Lazuli – Onze

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Voici ONZE, le onzième album de Lazuli écrit pendant le COVID-19, vous savez cette mauvaise grippe qui dure et perdure et qui a rendu la moitié de la population mondiale à moitié dingue.

Deux vinyles glissés dans une double pochette émeraude ornée de l’abeille qui rôde abritent onze morceaux auxquels Lazuli ne nous avait pas forcément préparé. 

Si les musiciens restent fidèles au poste et que les mots sont toujours signés par Dominique, quelque chose à changé. La préface, au début du livret, éclaire assez bien sur l’état d’esprit qui a donné naissance à cet album, ‘une mélancolie, un spleen, une grisaille’ pour emprunter les mots de Domi.

Les paroles de ce onzième album véhiculent beaucoup de la dépression de ces mois confinés, oubliant presque les coups de gueule d’une époque pas si lointaine même si ‘La bétaillère‘ n’y va pas avec le dos de la cuillère. La musique, elle, explore de nouveaux horizons plus symphoniques et même pop rock, revenant parfois à des épures acoustique dans le style de ‘Les mots désuets’. Arnaud apporte dans son bagage de nouveaux sons de guitare et certains arrangements rapprochent Lazuli d’un Marillion francophone comme dans ‘Pleureur sous la pluie’.

Ma première impression, passée la frénésie du déballage, est assez mitigée je l’avoue. ONZE se révèle déstabilisant, très différent du fabuleux Dieter Böhm.

Il y a des titres qui font mouche dès la première écoute comme le fabuleux ‘Parlons du temps’ ou encore ‘Sillonner des océans de vinyles’ et ‘Le grand vide’. D’autres sont nettement plus déstabilisants. Je pense à ‘Égoïne’ aux influences trop americana à mon goût pour Lazuli et ‘La bétaillère’ un chouïa too much dans ses arrangements grandiloquents.

Et puis il y a des morceaux qui me laissent insatisfait, ‘Triste Carnaval’ au double récit obscur et au final instrumental pas très convainquant et ‘Pleureur sous la pluie’ qui possède une construction assez improbable et au solo de guitare qui en fait vraiment trop. ‘Les mots désuets’ réduit à une guitare et le chant aurait à la rigueur sa place dans un album acoustique, même si placé avant le bruyant ‘La bétaillère’, nous évite l’indigestion sonore.

Je suis fan de Lazuli depuis la découverte de 4603 Battements il y douze ans. Hélas avec ONZE, je ne retrouve pas le groupe que j’aime tant. L’album s’écoute très bien, certains textes font mouche, mais j’étais habitué à mieux. 

Alors je sais que vous allez me tomber à bras raccourcis dessus, d’ailleurs j’ai hésité à publier cette chronique, en partie par amitié pour les membres de Lazuli que j’adore et pour les coups que je vais me prendre, mais ONZE, le nouveau Lazuli me laisse de marbre. Cela ne m’empêchera pas d’aller les écouter Chez Paulette le 3 juin prochain, car en live, Lazuli c’est toujours magique.

anasazi – cause & consequences

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Vous parler de cause & consequences, le dernier album d’anasazi, est à la fois simple et compliqué. Simple, parce que j’aime beaucoup l’album, compliqué, parce que je suis un fan de la première heure du groupe et que mon nom figure dans les remerciements du CD.

anasazi, en minuscules, qui se prononce anaSSAzi, est un projet né à Grenoble dans l’appartement de Mathieu Madani, disquaire et fan absolu de Dream Theater. A ses côté de nombreux musiciens ont gravités plus ou moins longtemps, Frederic Thevenet, Christophe Blanc-Tailleur, Romain Bouqueau, Jean-Rosset et plus récemment le guitariste Bruno Saget qui joue également dans Croak et Anthony Barruel batteur du groupe Collapse sans parler des artistes invités comme son épouse ou Tristan Klein.

Au fil des années, des influences et des albums, anasazi a flirté avec la pop, le metal et le rock alternatif, mais toujours de manière progressive.

cause & consequences est leur sixième album sans parler des trois EP, un beau palmarès pour un groupe amateur grenoblois. Soixante-trois minutes et huit morceaux, certainement les plus anasaziens de leur discographie. Le virage était déjà amorcé sur ask the dust en 2018 mais cause & consequences enfonce le clou.

Il ne s’agit pas ici d’influences à la Dream Theater comme dans origin’s ou à la Porcupine Tree dans playing ordinary people, il s’agit d’anasazi. cause & consequences est un album à guitares sur la voix éraillée de Mathieu. Les claviers ne sont ici qu’accessoires d’ornementation. Les grattes jouées par Mathieu, Bruno Saget et Tristan Klein sont au cœur de la musique avec la batterie d’Anthony.

L’album sonne clairement plus rock que prog, souvent rageur, torturé, déchiré, écartelé mais avec quelques éclaircies et même des réminiscences de Pink Floyd comme dans ‘space between’ sans parler du titre fleuve qui clôture le disque. Les ritournelles magiques des premiers albums, celles que l’on pouvait fredonner, disparaissent avec cause & consequences et il faudra une ou deux écoutes pour adopter ce nouvel anasazi.

cause & consequences s’écrit à l’envers, libérant la vapeur lentement au lieu de monter en pression. Vous prenez son atmosphère toxique à plein poumons et lorsque ses gaz brûlants et corrosifs commencent à vous asphyxier, un courant d’air tiède vient soulager votre gorge.

‘trapped’ démarre l’album sur une charge de guitares tempérée de rares accalmies à la basse et au chant. Une mise en bouche stoner metal dense et rugueuse que les paroles n’allègent pas, bien au contraire. 

Bienvenue dans l’univers d’anasazi.

‘324’ est plus récitatif même si Mathieu sort de gros riffs entre les couplets sans parler du long instrumental rageur où s’élève un solo de guitare signé Bruno Saget. Dans ‘death is (her) name’, c’est Tristan Klein qui joue du manche. Le titre, porté par une section rythmique très marquée, chemine cependant de plus en plus vers le progressif expérimental. Par contre, oubliez tout espoir, l’album s’enfonce dans la noirceur.

‘exit live’ atteint presque le sommet de ce vol parabolique. Les riffs rageurs sévissent encore mais une guitare électro acoustique s’invite dans la tempête comme l’orgue joué par Tristan. Et puis arrive ‘disheartening’, le titre le plus épuré de cause & consequences où le travail d’Anthony prend sa pleine mesure sur ces premiers couplets percussions, guitares et chant presque parlé.

‘into the void’ est doucement rattrapé par la pesanteur après un semblant de légèreté dans les premiers instants. Mais le calme floydien renaît avec ‘space between’ au sublime solo de guitare signé Tristan.

Un de mes morceaux préférés avec ‘disheartening’ et ‘the mourning’, la pièce progressive de l’album avec ses treize minutes aux multiples rebondissements qui relie tous les morceaux de cause & consequences.

anasazi est de retour, plus guitares que jamais, torturé et magistral. Il faudra sans doute consentir un effort pour rentrer dedans, ici pas d’easy listening au programme, alors poussez le son, revenez-y plusieurs fois, toujours d’une traite et vous réussirez à apprivoiser cette créature fantastique que vous pouvez écouter sur Bandcamp.

Adarsh Arjun – Aches And Echoes

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Vous connaissez probablement le guitariste australien Plini et ses guitares Strandberg. J’ai trouvé son alter égo indien, un certain Adarsh Arjun. Un artiste qui joue également dans le groupe de métal indien Agnostic et dans un genre plus traditionnel dans le morceau Hridaya.

Après avoir publié plusieurs singles sur Bandcamp depuis 2021, il arrive avec un premier album Aches And Echoes. Le disque se compose de dix pièces instrumentales de deux à cinq minutes où le musicien joue de tous les instruments.

Comme Plini, Adarsh joue principalement de guitares, usant de djent et de metal progressif sur des sonorités très lumineuses. Sa musique intègre également des éléments traditionnels, tout particulièrement dans le dernier morceau intitulé ‘Triade’.

Mais contrairement à Plini, il ne semble pas affectionner particulièrement les guitares Strandberg et si le titre ‘Hide N Seek’ ressemble beaucoup aux compositions de son modèle, le reste de l’album est assez différent.

Certaines pièces manquent de développement. Un thème à peine esquissé qui s’achève en fading out. Rassurez-vous, d’autres comme ‘Existential Mysery’ sont nettement plus riches en rebondissements.

Je n’ai pas l’impression qu’il y ait besoin d’être un fondu du manche et des six cordes pour apprécier Aches And Echoes. Batterie et claviers y occupent suffisamment d’espace pour séduire un très large auditoire, d’autant que la fibre métal de cet album est assez lache.

‘I Can’t Breathe’ est une des pièces qui tabasse le plus, usant de gros riffs, djent et motifs orientaux. Le titre joue de grands écarts entre metal rageur et danses colorées. A l’opposé, il y a ‘Existential Mysery’, qui tout particulièrement au début, livre de sublimes atmosphères planantes.

D’ordinaire les albums instrumentaux passent rapidement au second plan car je ne suis ni guitariste ni musicien. J’écoute pourtant Aches And Echoes en boucle depuis peu, pas en musique de fond, mais bien attentif à chaque note. Peut-être est-ce parce que j’ai l’impression qu’ici les guitares d’Adarsh chantent au lieu de plaquer des accords et des riffs. Des guitares qui tissent des mélodies dansantes comme des rayons de soleil au travers des feuilles, une musique lumineuse et colorée qui réchauffe au genre musical plutôt sombre d’ordinaire. 

Aches And Echoes est ma première sortie de l’année 2023 et je ne vous cache pas qu’il rentre de ce pas dans mon top de l’année, même si j’attends encore une fois beaucoup de merveilles comme anasazi et Klone.

Kite Parade – The Way Home

Derrière le nom Kite Parade se cache le guitariste et chanteur Andy Foster inconnu jusqu’au jour où Pete Jones en a fait la promotion lors d’un Bandcamp friday. Je serai certainement passé à côté de l’album The Way Home sans le message de Pete et cela aurait été vraiment dommage. Donc merci Pete.

Kite Parade donne dans la pop rock progressive à la manière de It Bites ou de The Urbane si vous connaissez. Des titres qui ne prennent pas la tête et qui rappellent certains titres de John Mitchell ou de Lifesigns.

Chant, basse et guitares sont à l’honneur avec de temps en temps du saxophone et des claviers, tous joués par Andy. Pour la batterie, c’est Nick D’Virgilio et Joe Crabtree qui s’y collent.

Un projet solo furieusement accrocheur.

Les sept titres de l’album vont du très long ‘Stranded’ et son quasi quart d’heure au plus raisonnable ‘Going Under’ qui atteint presque les quatre minutes trente tout de même.

Le prog élitiste ne trouvera probablement pas son content dans The Way Home. L’album ressemble en effet à pas mal d’autres formations, ne cherchant pas la démonstration et s’acoquinant souvent avec la pop. C’est justement ce qui fait son charme, une évidente fraîcheur qui cache pourtant des formes progressives assez élaborées.

La voix d’Andy comme son jeu à la guitare contribuent beaucoup au plaisir de cet album. Un chant médium clair qui possède un peu le phrasé de John Mitchell mais avec un timbre plus agréable.  Sa technique de guitare très variée à l’acoustique comme à l’électrique complète d’agréables mélodies. Les claviers sont plus plan plan, souvent neo-prog eighties inspirés de Tony Banks ou John Beck sorti de ‘Sufer No Longer’ qui nous livre du piano et de l’orgue.

‘Stranded’ juxtapose  cinématique, blues, jazz et neo-prog, rappelant un peu Gary Moore ou Kino. Un titre à tiroirs d’une quinzaine de minutes qui tient merveilleusement bien la route, prouvant si besoin était que Andy est très à l’aise avec la forme longue. ‘Strip The Walls’ et ‘Going Under’, au milieu de morceaux pop rock progressifs, imposent un ton plus musclé. Le premier ‘Ship The Walls’ est tout particulièrement rock par rapport au reste du disque. 

The Way Home est une très belle découverte. Un album qui pourrait toucher un large public et pas uniquement la sphère vieillissante des progueux à condition de se faire connaître un peu plus. Pour ma part il rentre dans ma petite liste des albums de l’année.

Mystery Chez Paulette

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Si j’ai manqué les concert de Petter Carlsen et celui d’Altesia à Pagney-derrière-Barine, je ne pouvais faire l’impasse sur celui des québécois de Mystery

Le brouillard ne donnait pourtant pas envie de prendre la route mais comme mes indicateurs biologiques étaient au vert, je suis parti me perdre sur les petites route de Meurte-et-Moselle.

Mystery est une formation de rock progressif menée par le fabuleux guitariste Michel Saint-Père et le chanteur charismatique Jean Pageau. Un groupe qui a débuté sur des fondations néo-progressives et qui sur les deux derniers albums vire plus au prog symphonique. 

Ce sont des habitués de Chez Paulette où ils se produisent régulièrement et à chaque fois pour leur unique date française. La dernière fois qu’ils sont passés, c’était en 2018 et je n’étais pas au top de ma forme pour apprécier leur prestation à sa juste mesure.

Comme d’habitude, un concert chez Paulette est l’occasion de retrouvailles avec de vieux amis, les organisateurs de la soirée et des amateurs de rock progressif. Autrefois je discutais avec une poignée de lecteurs du magazine Neoprog, aujourd’hui c’est avec ceux qui suivent les Chroniques en Images. Des retours sympathiques et encourageants qui donnent envie de poursuivre l’aventure.

Je suis venu avec un seul appareil photo, le Nikon Z6 II que je redécouvre en ce moment. J’ai pris deux cailloux, le 24-70 et le 70-200 tous deux ouverts à 2.8 constant et au final je n’utiliserai exclusivement que la longue focale. Des photos plaisir sans contrainte qui me permettent également de profiter pleinement de la musique.

Mystery arrive vers 20h30 dans une salle bien remplie mais pas comble. Il y a toutefois beaucoup plus de monde que pour Petter Carlsen et Tanyc. 

Le groupe va jouer plus de trois heures avec un petit break en milieu de soirée, une sacré performance surtout en fin de tournée européenne.

Outre les grands classiques de leur répertoire comme ‘Delusion Rain’, ils nous jouent un nouveau titre de leur prochain album ‘Behind the Mirror’ qui devrait être dans les bacs en avril 2023.

La bonne humeur est au rendez-vous, les ‘cousins’ ne manquent pas d’humour quand le bassiste explique pourquoi il est assis pour jouer et que le batteur explique à son tour pourquoi lui aussi est sur un tabouret. Jean Pageau chante comme toujours au diapason même s’il a plus de mal avec sa flûte traversière et les soli de guitares sont à tomber par terre.

Ils terminent leur set par deux titres assez rocks dans l’esprit de Rush (ne me demandez pas lesquels) avant de rejoindre les fans dans la salle pour discuter avec eux et signer des autographes. Moi je repars avec un vinyle, la réédition de l’album Beneath The Veil Of Winter’s Face datant de 2007. Autant en profiter lorsque l’on connait les frais de port et de douane lorsque l’on achète quelque chose au Canada.

Mystery a promis de revenir prochainement Chez Paulette, peut-être pour la promotion de leur prochain album qui sait ? En attendant l’association ArpegiA nous prépare pour 2023 un concert de RPWL et également, une grosse grosse surprise, mais ils n’ont pas voulu me dire qui, ça n’est pas encore signé.

TBGE – Memories Of Machines

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Vous connaissez sans doute les deux groupes négationnistes du rock progressif, No Man et Nosound.

Figurez-vous qu’il y a onze ans, deux de leurs membres, Tim Bowness et Giancarlo Erra se sont réunis pour un unique album intitulé Warm Winter. En février dernier, le label Kscope rééditait une version remixée et étendue de l’album sous un nouveau nom, Memories Of Machines.

Tim Bowness en solo a quelque chose de doucereux et déprimant. Nosound proposent quant à eux un prog cinématique lent et tourmenté assez unique. Alors l’association des ces deux talents n’allait assurément pas accoucher de death metal.

Memories Of Machines ce sont douze titres de quatre minutes en moyenne avec un grand format de dix et une ouverture d’une minute. On retrouve sur ces morceaux de grands noms du rock progressif comme Fripp, Hammill, Matheos, Edwin, les membres de Nosound, les musiciens de Tim et plein d’autres artistes.

Ne nous mentons pas. Memories Of Machines séduira principalement les amateurs de Tim Bowness et de Nosound. On retrouve la douceur mélancolico dépressive de Bowness et les structures post-rock cinématiques des nappes des guitares de Erra. Le genre d’album qui offre une sensation d’apesanteur après avoir écouté les montagnes russes du metal progressif.

Autant le dernier Tim Bowness me laisse dubitatif comme l’album solo de Giancarlo, et ceci pour des raisons très différentes, autant Memories Of Machines réveille en moi le plaisir de Lost In The Ghost Light ou de Afterthoughts.

De nombreux instruments se croisent sur les douze morceaux, principalement le piano et les guitares mais également du saxophone, des violons, un violoncelle, des claviers et la basse de Colin. Des influences à la Pink Floyd sont palpables sur plusieurs titres comme ‘Before We Fall’ et plus nettement encore dans ‘Schoolyard Ghosts’. Quant au titre le plus proche de Nosound, il s’agit sans doute ‘Lucky You Lucky Me’ avec ces guitares et claviers éthérés.

‘At The Center Of It All’ fort de ses presque dix minutes ne brille pas vraiment par ses rebondissements sorti de sa longue ouverture post-rock cinématique. Le titre est planant, ponctué de violons et du chant déprimé de Tim. Disons que ce n’est pas mon préféré.

Si vous aimez Bowness et Nosound n’hésitez pas si vous n’avez pas encore découvert cet album. Il va vous plaire. Pour ceux qui ne connaissent pas ces groupes, Memories Of Machines est une belle introduction à leurs univers respectifs. Un album paisible qui se déguste au casque comme en musique de fond. Mais évitez tout de même de l’écouter les jours de mélancolie.

Arena – The Theory of Molecular Inheritance

Le nom du dernier album d’Arena, The Theory Of Molecular Inheritance aurait pu être celui d’un concept album de Ayreon. D’autant plus que le nouveau chanteur du projet de Clive Nolan s’appelle Damian Wilson. Oui ce Wilson là, le chanteur barbu à la voix de ténor qui offrit à Threshold ses plus beaux albums.

Dans The Theory Of Molecular Inheritance il est question de science, ce qui nous change des précédents albums. Encore que. Lorsque la science évoque le poids de l’âme, je ne suis pas vraiment certain que nous soyons si loin de Paper Ghost ou bien de The Visitor.

Clive Nolan, John Mitchell et Mick Pointer reviennent en grande forme pour un nouvel Arena avec Kylan Amos et Damian Wilson. Oui, depuis Songs From The Lion’s Cage, les postes de bassiste et chanteur ont fréquemment changé d’occupant avec plus ou moins de bonheur.

Le nouvel Arena propose onze morceaux pendant plus d’une heure. Un concept album magico scientifique inspiré par une publication sur l’intrication quantique du physicien Luis Nasser. L’intrication quantique. Un phénomène qui autorise deux particules à partager un même état quantique quelque soit la distance qui les sépare. De là à imaginer que l’âme d’un grand compositeur comme Beethoven puisse se réincarner dans une autre personne, il n’y a qu’un pas, que je ne franchirai pas. Mais c’est l’histoire de The Theory Of Molecular Inheritance.

Je ne vais pas vous mentir, Damian Wilson figure parmi mes voix préférées du rock avec le défunt Freddy Mercury. J’ai écouté tous les disques qu’il enregistre, du metal aux projets solo acoustique. Alors quand Arena a annoncé qu’il serait leur nouveau chanteur, je me suis fait dessus. Du coup, je ne vous garantis pas d’être totalement impartial avec cet album, peut-être même pas du tout en fait.

The Theory Of Molecular Inheritance, c’est du Arena avec ses côtés pompier, de gros claviers gothiques, des barbus grognons, des histoires mystico abracadabrantes et la guitare de John Mitchell. Mais il y a cette fois l’incroyable voix et charisme de Damian sans parler de Kylan qui a su imposer son style aux trois grands anciens, comme dans le troisième titre ‘Twenty-One Garms’.

Le groupe a su adapter ses compositions à la voix très riche de Damian Wilson, allégeant les claviers, privilégiant le piano aux synthés, éclaircissant la partition afin que l’alchimie de la musique et du chant fonctionne. Et elle fonctionne à merveille, croyez-moi. Outre les délicieux débuts de ‘The Equation’ et de ‘Intrication’ au piano et chant, il y a l’excellent ‘Twenty-One Grams’ à la basse qui casse les codes d’Arena.  ‘Confession’ au piano et guitare électro acoustique se fait genesis pendant deux minutes et vingt secondes alors que ‘The Heiligenstadt Legacy’ (le testament de Beethoven), joue de piano cinématique sur la voix douce de Wilson avant de revenir à la forme classique de Arena.

The Theory Of Molecular Inheritance se hisse dans le trio de tête des albums d’Arena aux côtés de Paper Ghost et The Visitor. De là à le placer dans les albums de l’année, il n’y a qu’un pas que je franchis allègrement.