Carbone & Silicium

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Shangri-la m’avait ébloui avec son récit désespéré et son graphisme incroyable. Une BD fleuve, un seul et unique tome de 222 pages qu’il faut avoir lu si on aime les beaux livres. Alors lorsque j’ai appris grave à Alias et son blog que Mathieu Bablet sortait une autre bande dessinée fleuve, je l’ai immédiatement commandée. 

Carbone & Silicium raconte l’amour de deux androïdes pendant 271 années et presque autant de pages. Une histoire de l’humanité vue par les machines, sombre mais pas totalement désespérée.

Le style est le même que pour Shangri-la, des personnages étranges, des paysages urbains incroyables, des couleurs hallucinantes et des textes d’une grande profondeur. 

Carbone et Silicium sont deux androïdes prototypes conçus au départ pour assister les personnes âgées dans leur vie et programmés pour ne pas dépasser quinze années de vie. Ils dépasseront largement leur date de mise à la retraite. Après leur séparation, Carbone vivra parmi les humains quand Silicium s’en éloignera pour parcourir le monde. Deux philosophies de la vie que les IA confronteront lors de leurs rares rencontres.

La BD est avant tout pleine d’humanité même si elle nous raconte des vies artificielles. A lire absolument.

Severance

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Souvent je rêve de rentrer à la maison le soir sans aucun souvenir de ma journée de travail. Et certains jours, concentrés devant l’écran de mon ordinateur, j’aimerais ne pas être perturbé par les soucis domestiques.

La société Lumon Industries semble avoir trouvé la solution à mon problème : la dissociation. Les souvenirs de certains de leurs employés, les dissociés, sont compartimentés entre vie privée et travail, avec aucune passerelle entre les deux. A la maison, l’employé ignore totalement ce qu’il fait pour son entreprise, au travail, il n’a aucun souvenir de ses loisirs.

Une courte opération du cerveau en pleine conscience, à la perceuse électrique, trépanation et installation d’un implant dans le cerveau, au niveau du lobe frontal, et vous pouvez travailler pour Lumon Industries. Mais faites attention tout de même, l’opération est irréversible.

La nouvelle série Apple TV Severance raconte donc cette étrange dissociation, celle de Mark Scout et ses trois collègues qui travaillent pour Lumon Industries, un travail assez étrange d’ailleurs dont les employés ne comprennent pas vraiment le sens, presque aussi mystérieux que les règles régissant leur entreprise.

L’univers visuel de Severance joue d’anachronismes, des ordinateurs de première génération qui côtoient des smartphones, une architecture communiste et des voitures américaines, des labyrinthes de couloirs et des personnages de cire tout droit sortis du musée Grévin. 

Mark s’accommode très bien de la dissociation après avoir perdu sa femme dans un accident de voiture. Mais Helly, la petite nouvelle, se rebelle contre sa demie existence et n’aspire qu’à démissionner. 

On ne quitte pas Lumon Industries sans l’accord de son alter égo qui vit à l’air libre même si le processus de dissociation semble réversible. Mais à quel prix ?

Severance est une série intrigante où il ne se passe pas grand chose, un huis clos professionnel assez déroutant suivi de scènes de la vie quotidienne misérable de Mark, un homme brisé, que la venue d’un ancien collègue et ami va bouleverser. 

Vous allez plonger dans univers à la Big Brother, souvent décalé, peuplé de personnages inquiétants, de bureaux déserts, de règlements absurdes, de salle de coupure, avec ses exters, ses inters, son ascenseur, le labyrinthe de couloirs et ses réunions avec la direction silencieuse.

Severance est une des meilleures séries Apple TV que j’ai pu voir, et pourtant dans l’ensemble, leur catalogue est déjà de très haut niveau. Alors vous savez ce qu’il vous reste à faire.

Sérénité

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Vous saviez que j’ai été assez bon en anglais ? Enfin… jusqu’en troisième et principalement à l’écrit.

Il y a très longtemps, j’ai découvert la série Firefly. Quel rapport me direz-vous ? J’y reviendrai plus tard. 

La série Firefly donc, pour être précis son unique et première saison car elle n’eu pas de suite faute de succès. Je l’avais regardée chez un copain et elle m’avait tellement plu que j’ai commandé le coffret de DVDs aussitôt rentré à la maison.

Firefly raconte les aventures d’un vaisseau classe Firefly, le Serenity et de son équipage pour le moins hétéroclite, qui survit en pillant des épaves et en transportant des marchandises plus où moins légales au nez et à la barbe des autorités. Des contrebandiers de l’espace voguant entre des lunes colonisées dans un décor de far west.

Les personnages et leurs interactions tumultueuses sont tout le sel de ces quatorze épisodes. Il y a Mal le capitaine (Buffy contre les vampires), un ancien sergent indépendantiste qui a perdu la guerre, Jayne la grosse brute que seul l’odeur de l’argent réussit à émouvoir, Inara, la prostitué de luxe qui loue une des deux navettes du Serenity pour son commerce, l’intriguant pasteur Book, Simon le chirurgien et River sa sœur surdouée en cavale et très recherchés, Kaylee la mécano qui parle au vaisseau, Hoban le pilote qui joue avec des dinosaures en plastique et son épouse Zoe, le bras droit de Mal pendant la guerre.

Malcom est le papa, Zoe la maman, Book le grand père et tous les autres des enfants, habitant sous le même toi, celui du personnage principal Serenity, présenté dans l’épisode ‘La Panne’.

Je connais les épisodes par coeur. Je ne sais combien de fois j’ai regardé cette série, on va dire beaucoup de fois en vingt ans, j’ai même quelques BDs racontant des épisodes inédits dans ma bibliothèque. 

Et pourtant je n’avais pas encore tout compris à l’histoire jusqu’à il y a peu. Non pas que l’intrigue soit complexe, loin de là, mais tout simplement parce la série n’existe qu’en version originale. Sur les DVDs il y a bien des sous-titres, mais en anglais pour mal-entendants… Du coup, certaines subtilités des dialogues étaient passés à la trappe, je l’avoue.

Mais dernièrement, en parcourant le catalogue de Disney +, je suis tombé sur la série Firefly, et miracle, il y avait les sous-titres en français. Alors je me refais l’intégrale avec gourmandise, je rie encore plus et comprends certaines tractations restées obscures dans mes souvenirs. Merci Disney ! Vous donnez une seconde vie à cette série culte pour les quelques rares geek encore vivants.

Pour ceux qui voudraient creuser, il existe également un film, Serenity, qui fait suite aux quatorze épisodes. Je l’ai vu aussi à de nombreuses reprises dont la première au cinéma et depuis en DVD.

Je compte bien finir par le film, cela va sans dire, même s’il est nettement moins bien que la série.

Les aventures du pilote Pirx

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Tout le monde connaît Solaris de Stanislas Lem, adapté deux fois au cinéma. Il s’agit du seul roman que j’ai lu de lui, un excellent livre au demeurant. 

Lorsque je suis passé chez le libraire pour trouver une nouvelle lecture, je suis tombé sur ce recueil de nouvelles, Les aventures du pilote Pirx, et je me suis dit, « aller, pourquoi pas ? ». Edité chez Acte Sud pour le centième anniversaire de l’écrivain, le livre propose dix nouvelles jamais traduites, réunies ensemble, et qui s’apparentent presque à un roman. Une manière également de rendre hommage aux ukrainiens qui meurent sous les tirs russes depuis trois jours puisque l’auteur est né à  Lviv le 12 septembre 2021.

D’abord légères et humoristiques, les aventures du pilote deviennent des enquêtes spatiales de plus en plus sérieuses au fil des pages. Elles rejoignent les nouvelles  d’Asimov sur les robots, car l’intelligence artificielle est souvent au cœur du récit. Une science-fiction très scientifique mais quelque peu décalée puisque aujourd’hui nous savons à quoi ressemble la surface lunaire et la planète martienne. 

J’ai adoré l’humour du ‘test’, la description du vieux cargo dans ‘terminus’, les paysages lunaires de ‘le réflexe conditionnel’ et la désolation martienne de ‘ananké’. Par contre ‘la traque’ m’a clairement barbé et ‘le procès’ traine vraiment en longueur. 

Ma nouvelle préférée fut sans doute ‘Le récit de Pirx’ mais il faudra la lire pour en comprendre peut-être la raison.

Ce recueil propose une autre manière de découvrir Stanislas Lem, une lecture plaisante, facile entre deux romans plus conséquents et furieusement d’actualité.

Le livre de Boba Fett

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Après une première série assez réussie dans l’ensemble, Disney continue l’exploitation de la licence Star Wars avec plus ou moins de bonheur. Nous avons eu une trilogie de plus en plus catastrophique, un excellent Solo, plein de courts métrage dérivés et maintenant Le livre de Boba Fett.

La série en sept épisodes raconte évidement les aventures de Boba Fett, ressuscité d’entre les morts, s’extirpant du ventre du vers des sables, le Sarlacc de la planète Tatooine. Nous sommes clairement en terrain connu.

Les trois premiers épisodes, composés de flash back de de réveils dans le présent dans un cuve à bacta m’ont enthousiasmé. Une narration lente, un retour bienvenu sur le monde de Tatooine où tout commença avec Georges Lucas, j’étais aux anges.

Et puis il y a eu les scooters et les jeun’s améliorés, une poursuite ridicule dans les rues de Mos Eisley pour que la série ne vire à la catastrophe. A partir de là tout part en vrille. Les personnages de la saga se croisent, Luke, Mando, Grogu, les combats se multiplient et la science-fiction vire au western. Bon d’accord, Star Wars est un grand western spatial, mais pas avec des duel à Il était une fois dans l’ouest dans le désert de Tatooine.

L’histoire ? Ben c’est Boba Fett qui a pris la place de Jabba le Hutt dans son palais et décide de reigner sur tout ce petit monde. En d’autre mots le tueur le range. Faut dire qu’il n’est plus tout jeune.

L’épisode final est sans doute le pire de tous avec une grande baston sans aucun intérêt qui achèvent de mettre à mort cette nouvelle courte série Disney. Les fans de Star Wars feront comme moi, ils regarderont la série jusqu’à la fin en râlant comme des vieux cons et attendront les aventure d’Obi-Wan Kenobi prévues pour cette année. Les autres, passez votre chemin, il s’agit ici vraiment de sous série.

La Comète

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Une comète vient d’être détectée et sa trajectoire la dirige droit vers la Terre.

"Jaillie de l’ombre du Soleil, la comète noire DU3 se dirige droit vers la Terre. Une collision semble inévitable, ce qui provoquerait une véritable Apocalypse. Un jeune spécialiste de l’aéronautique, Ben Schwartz, est nommé à la tête d’une équipe internationale censée trouver le moyen de faire dévier l’énorme bolide céleste de sa trajectoire. Réunis sur la base de Kourou en Guyane, coupés de leurs proches, des hommes et des femmes de tous horizons rivalisent d’ingéniosité pour affronter ce défi sans précédent. Mais contre toute attente, ce n’est pas l’exploit technologique qui se révèle le plus difficile ; en temps de crise, les passions humaines s’exacerbent, comme sur ce bateau brise-glace en route vers l’Arctique où un photographe baroudeur se rapproche d’une biologiste solitaire. Alors que le temps vient à manquer, chacun se montre sous son vrai jour."

Le roman de Claire Holroyde possède tous les ingrédients d’un film catastrophe, un page turner relatant les tranches de vies de nombreux personnages pris dans la tourmente. 

Il y a ces scientifiques de l’Operation qui vont tenter de détourner la comète de sa trajectoire mortelle, les passagers d’un brise glace, perdus près du Pôle Nord, la femme d’une interprète de l’O.N.U., une chercheuse chinoise, un indigène poète brésilien et plein d’autres personnages.

Une grande partie du roman se déroule à Kourou, autour d’une fusée Ariane 5 censée sauver l’humanité, le site de l’Opération où ingénieurs et scientifiques jouent la course contre la comète, coupés du reste du monde en plein effondrement. 

Car à l’annonce du choc imminent, la société civile s’effondre et le roman vire au post apocalyptique.

J’ai beaucoup aimé le voyage à bord du brise-glace, non pas pour ses personnages caricaturaux, mais pour les régions polaires. 

Pour le reste, le livre m’a déçu. Certains récits esquissés, ne conduisent nulle part, la narration est quelque peu décousue et l’ensemble ressemble tout de même beaucoup à une série B du cinéma américain. 

Après, il s’agit d’un premier roman. Mais j’avoue en avoir assez de lire des trucs de fin du monde alors que nous n’en sommes finalement pas si loin. Faut que je passe à autre chose.

Vers Mars

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Après Vers Les Étoiles, Mary Robinette Kowall se devait de poursuivre les aventures d’Elma la calculatrice, tant le premier livre était réussi.

Pour une fois je n’ai pas lu les chroniques d’Alias et de Yvan avant d’attaquer le livre car je ne voulais pas de spoiler. J’aurai peut-être dû en fait, car manifestement, je ne suis pas le seul à avoir préféré le premier livre.

Le cycle est une uchronie spatiale comme The Right Stuff est un roman historique. Après la chute d’une météorite sur Terre, l’homme partait pour les étoiles et colonisait la Lune. Film catastrophe, course à l’espace, égalité homme femme, ségrégation et sexisme pimentaient le premier volume.

Avec Vers Mars, l’autrice reprend les mêmes ingrédients avec deux équipages mixtes pour un huis-clos de plusieurs mois à destination de la planète rouge. C’est un peu l’histoire de Quelques Grains de Poussière au bout du compte en mieux écrit tout de même.

Si Vers les Étoiles m’avait emballé, Vers Mars m’a un peu barbé. On connaît déjà la psychologie de nombreux personnages, encore que l’infâme Parker se dévoile nettement plus pendant ce voyage. Celle d’Elma et ses nausées a eu tout le temps de s’exprimer dans le premier opus et les problèmes terriens ramenés à un espace confiné se retrouvent quasiment les mêmes. Le voyage, pimenté de quelques pépins et morts violentes dure une grande moitié du livre. Je n’ai vraiment rêvé qu’à l’instant où les bottes ont mordu la poussière rouge.

Par chance le livre ne se réduit pas au voyage vers Mars et jusqu’à la page 187 il est question de politique, d’image du programme spatial, de financements et de préparatifs. Le mouvement Earth First est un des piliers de cette première partie, une idée qui aurait pu être mieux exploitée, car comment justifier une aventure dispendieuse vers Mars quand ceux qui restent sur Terre survivent péniblement ?

Je n’ai pas du tout visualisé les coursives et modules des vaisseaux dans lesquels se déroule presque tout le récit et sorti de Parker, Debeer et Elma, le reste de l’équipage est resté quasi anonyme.

Dommage pour ce second tome, je lirai peut-être les nouvelles de Lady Astronaute pour me consoler.

Sidérations

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Le roman de Richard Powers est une histoire d’amour et de fin du monde.

Theo, un exo biologiste qui a perdu sa femme Aly, élève tant bien que mal son fils Robin depuis quelques années. 

Robin n’est pas un enfant comme les autres, il explose en colères terribles et peine à s’adapter à la vie. Alors pour l’apaiser, Theo l’emmène dans ses étoiles, découvrir des planètes inconnues et leurs habitants. 

Pendant ce temps, la terre se réchauffe, les espèces animales disparaissent, l’Amérique devient xénophobe et les politiciens dictateurs. 

Un jour un chercheur propose à l’enfant une thérapie révolutionnaire, à base d’IRM, d’intelligence artificielle et des enregistrements cérébraux des émotions d’autres personnes. Une thérapie expérimentale qui peu à peu éveille Robin au monde qui l’entoure et à son inexorable déclin.

Sidérations est un roman d’amour entre un père et un fils auréolé par le souvenir d’une épouse, mère, biologiste et activiste écologiste exceptionnelle. Un roman d’amour pour cette Terre qui se meurt et que l’homme oublie de regarder. Un récit qui mêle habilement science-fiction et actualité climatique brûlante. Un roman qui est le cri de révolte d’un enfant confronté à la folie des hommes, notre folie. Un livre sans doute inspiré par Trump et Greta qui vous fera certainement pleurer, si vous avez encore une âme.

Les Sondeurs Des Sables

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Si vous n’avez pas le courage de lire le cycle de Dune de Frank Herbert, ou bien Outressable de Hugh Howey, je vous encourage à vous plonger avec délectation dans Les Sondeurs Des Sables de Danielle Martinigol.

Le roman parle de Veddem, une planète désert et de jeunes gens aux pouvoirs exceptionnels encore augmentés par une eau dense cachée dans les sables.

Cela ne vous rappelle pas Dune, son épice et les pouvoirs de Paul Mouadib ou bien Outressable et ses plongeurs des sables ?

Les deux romans rassemblés dans un livre racontent le désert, des factions qui s’affrontent, des peuples opprimés, des personnages surpuissants, des intrigues politiques, des histoires d’amour, le tout en à peine cinq cent pages, à peine le premier opus de Franck Herbert.

Mais outre les ressemblance avec la saga de la famille Attréide, Les Sondeurs Des Sables est une histoire palpitante, originale malgré tout, pleine de personnages attachants, un space opéra facile à lire, rafraîchissant, divertissant avec lequel on passe un très bon moment.

J’aurais bien aimé que l’auteure prenne plus de temps pour raconter son histoire, disons cinq cent pages de plus et évite par contre les exclamations un peu ridicules qu’elle prête aux personnages : « crévide de bourbe, cornevide… ». Sorti de ça, c’est une très bonne lecture.

Lanzo Mindella regrettait d’avoir accepté ce job. Mais l’armateur avait su être convaincant. « Un simple transport de pionniers vers Emteck, un monde récemment ouvert à la colonisation. » Ça semblait se jouer sur du velours. Sauf qu’après le décollage, Parkyvan avait imposé un plan de vol en dehors des voies balisées de l’EGH. Comme il avait en même temps doublé le salaire, Lanzo avait cédé. Maintenant il s’en mordait les doigts. Trop tard. Comme le disait son instructeur préféré à l’Astrale : « Ce n’est pas quand on a fait dans sa combinaison qu’il faut brancher le tuyau ! » À présent qu’il était en orbite autour d’un monde inconnu avec un vaisseau en panne, il fallait atterrir. Pas d’autre solution.

La Défense du Paradis

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La Défense du Paradis de Thomas Von Steinaecker est un roman road movie post apocalyptique parlant du réchauffement climatique, des migrants et de la fin du monde. Un roman qui emprunte un peu l’esprit de La Route de Comac McCarthy.

Un roman allemand dense et parfois laborieux à lire, écrit comme un journal qui raconte la vie de Heinz, un adolescent qui a survécu avec une poignée d’adultes à la fin du monde. 

Après avoir résisté dans les alpages sous un dôme protecteur, la petite communauté part sur les terres brûlées à la recherche du mythique Camp A, lieu de tous leurs espoirs.

Un ancien politicien, une vieille dame atteinte par la maladie d’Alzheimer, un ancien militaire souffrant de ESPT, un couple et un jouet robot-fennec accompagnent l’adolescent dans un périple périlleux à travers l’Allemagne dévastée, laissant derrière eux leur paradis alpestre qui les a protégé des années durant. Chaleur, radiations, faim, soif, violences, morts parsèment leur chemin de croix vers un ailleurs incertain.

L’écriture de Thomas déborde de tendresse pour cet adolescent encore naïf et ses compagnons d’infortune. Il y a de la violence dans leur rapports parfois conflictuels mais également beaucoup d’amour et de poésie malgré tout. Au fil des pages le lecteur passe du sourire à la tristesse, de la peur à l’espoir.

Les quatre cahiers (le noir, le bleu, le vert et le jaune) noircis par Heinz relatent leur vie en montagne, leur voyage, un camp et les derniers jours de sa vie mais contiennent également de courtes nouvelles écrites par l’enfant durant ses moments de tranquillité. Des textes qui reflètent ses peurs et ses rêves dans un monde dévasté.

Si j’ai eu parfois du mal à avancer dans cette histoire, je ne regrette pas d’être allé jusqu’à son dénouement. Le roman sous prétexte d’anticipation post apocalyptique aborde de nombreux thèmes humains et sociaux sous la plume de cet adolescent.