Plus 33 – I Want

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Je connais Plus 33 depuis que Philippe Rau, le guitariste de Out5ide, m’a annoncé qu’il participerait au second album du groupe. J’ai écouté Open Window, leur premier opus et rencontré plus tard, lors d’un concert, Didier Grillot, l’homme derrière le projet. De fil en aiguille, je me suis retrouvé à faire un shooting avec son groupe pour la sortie de l’album I Want. Voilà pourquoi, vous trouverez mon nom dans les crédits et remerciements de l’album. Cela explique également la raison pour laquelle j’ai reçu un exemplaire du CD il y a quelque temps déjà.

Plus 33 est une formation instrumentale alsacienne dans la mouvance prog atmosphérique fusion où les claviers de Didier occupent un bel espace.

I Want délivre cinq morceaux dont trois dépassent les treize minutes. Oui, pas de doute, c’est du prog.

Claviers, guitares, basse, batterie, flûte, saxophone, trombone, piano et orgues participent à la musique de ce second opus avec quatre musiciens et plusieurs invités. Vous entendrez également des chœurs en la personne de Coralie Vuillemin et Yann Grillot comme narrateur sans parler de Lucas Grillot à la guitare acoustique. Une histoire de famille.

L’album est made in Alsace puisqu’il a été enregistré dans le même studio que le dernier Out5ide, à Boersch, pas très loin de chez moi. 

Dans I Want on retrouve le style pianistique de compositeurs français classiques du début du vingtième siècle, tout particulièrement dans le titre fleuve ‘To Have’ qui est un savant assemblage de près de vingt minutes de musique. A contrario, ‘To Know’ joué à la guitare par Lucas, est une pièce toute simple et pourtant délicieuse.

Je suis relativement mal à l’aise avec la flûte dans ce titre et le texte déclamé de ‘Ouvrir la Fenêtre’. Pour la flûte, je n’irai pas par quatre chemins, j’ai entendu de bien meilleurs interprétation mais j’ai cru comprendre que la flûtiste avait dû improviser, technique avec laquelle elle n’est pas à l’aise. Pour le texte parlé, c’est un exercice passé de mode que l’on retrouvait chez les grands anciens des seventies et dont je n’ai jamais été friand. Le choeurs de Coralie qui ouvrent ‘To Be’ font également datés et soyons clair, ce ne sont pas les sœurs McBroom qui chantent ici. Je leur préfère le thème genesissien qui suit où la guitare de Philippe et les claviers de Didier font des étincelles.

Parlons maintenant de ‘The Fleetings Moments Of Eternal Harmony’, ce morceau très cuivré de plus de treize minutes qui ouvre I Want. La première chose qui saute aux oreilles est ce mixage très clair, limite brillant de Mike et Stéphane qui nous accompagne sur les cinq morceaux. Sur ce premier titre, il est particulièrement marqué pour la batterie et les cuivres. Un son que nous n’avons plus l’habitude d’écouter dans notre univers saturé de basses. Le titre d’ailleurs fait songer à du Phil Collins sans le chant. Cela ne l’empêche pas de s’aventurer également sur des terrains plus orientalisants. Une grande pièce pour claviers très rythmée où chaque instrument possède son moment de gloire.

Sur I Want je me délecte de quelques mouvements, mais rarement d’un morceau entier.  Seul le bref ‘To Know’ me convainc de bout en bout. L’album n’est pas parfait mais n’oublions pas qu’il s’agit d’un projet amateur.

Les amoureux des seventies devraient y trouver leur bonheur. Alors n’hésitez pas à l’écouter, d’autant qu’il est sur Bandcamp.

Le Guirbaden

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Samedi, je suis allé me promener au château de Guirbaden. En réalité, je cherchais une autre ruine sur la carte lorsque je suis tombé sur ce site. Un château dominant le village de Mollkirch, à une demi-heure en voiture de Strasbourg. J’en ai visité des monuments depuis que je suis en Alsace, mais celui-ci ne figurait manifestement pas dans mes promenades passées.

J’ai trouvé sur Visurando une randonnée qui partait de Grendelbruch pour rejoindre le Guirbaden mais elle dépassait mes capacités physiques actuelles entre un reste de grippe et l’épitotruc du pied droit, même si mon kiné me dit de reprendre la marche, le sadique ! Rien d’insurmontable pour un être humain normalement constitué, deux heures trente-cinq de marche et cent soixante mètres de dénivelé. Mais voilà, deux heures c’est ma limite haute, après le genoux gauche commence à donner des signes de faiblesse et bien avant ça le pied droit clignote au rouge. C’est vraiment moche de vieillir.

Alors je suis parti un peu au hasard, sans itinéraire programmé, direction Mollkirch. Dans les rues étroites du village deux panneaux indiquant Château du Guirbaden m’ont conduit à une impasse et ce n’est que grace à la compétence Contacter résident (Mega) que j’ai trouvé la direction de la ruine. Il faut dire qu’après m’avoir vu passer trois fois devant leur maison au ralenti avec la voiture, les locaux sont devenus nerveux. Il fallait les rassurer.

Après avoir embourbé la voiture en forêt pour me garer, un chemin forestier en pente balisé d’une croix jaune (le club vosgien) grimpait en une trentaine de minutes au sommet de la montagne.

Là se dressait le château, sans doute le plus grand d’Alsace. L’édifice bâti au onzième siècle abriterait un trésor jalousement conservé sous les pierres. Dommage pour moi, je ne l’ai pas trouvé. Le château a été construit sur un ancien site romain et devait servir à défendre l’abbaye d’Altorf, autre lieu de promenade bucolique dominical.

Aujourd’hui une association s’occupe de sa restauration. Certaines parties, comme le donjon, sont fermées pour des raisons de sécurité mais il reste un vaste espace à visiter dont le palais qui constitue une pièce de choix.

Après avoir fait le tour des ruines et quelques photographies, je suis descendu au niveau des deux portes. Et en poursuivant mon chemin, je suis arrivé sur l’Esplanade, une seconde enceinte herbue fortifiée où se dressent la chapelle Saint-Valentin, la tour de la Faim et quelques ironiques tables à picnic. Cette partie du site est encore plus impressionnante que le château lui-même par ses dimensions même si au niveau architectural, elle est nettement plus épurée.

Le soleil de janvier jouait avec les fenêtres, les remparts et les tours, une belle lumière pour réaliser quelques clichés. J’ai regretté, comme à chaque fois que je visite un château, de ne pas avoir un drone pour capturer le monument vu du ciel et selon des perspectives différentes. Mais cela aurait encore alourdi mon barda constitué cette fois du Nikon Z6 II et d’un 24-200 mm passe partout.

Je suis revenu avec une soixantaine de clichés dont quelques un présentaient à mes yeux assez d’intérêt pour y consacrer quelques minutes de développement, fort de ma formation à Lightroom que je n’ai toujours pas achevée.

J’y retournerai certainement, en me garant cette fois au parking au lieu du chemin boueux en pleine forêt. De là le sentier doit-être balisé (ce sera plus simple que suivre le GPS de Visurando de mon iPhone). Une randonnée facile et bien indiquée – si on sait lire les panneaux – qui conduit à un site assez exceptionnel, même pour l’Alsace et qui me rappelle la magie des châteaux cathares.

Quarante-deux

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La réponse à toutes les questions de l’univers est 42. 

J’avoue que je me suis longtemps demandé pourquoi. J’ai lu comme tous les geeks H2G2 ou Le Guide du Routard Galactique renommé depuis pour de mauvaises raisons, le premier succès de la carrière de Douglas Adams. Je n’avais pas vraiment compris ce 42, mais ça m’avait faut rire.

Aujourd’hui je connais la réponse. C’était si simple. Au début du roman de Douglas Adams, la Terre est purement et simplement annihilée pour faire place à une autoroute spatiale.

C’est ce qui va se produire lundi prochain. L’Alsace sera détruite, pas par des aliens, mais par la faute à la connerie humaine. 

Lundi prochain, les modèles météorologiques prévoient 42 degrés Celsius à Strasbourg. La fin du monde pour un petit gars né sur la côte nord de la Bretagne, dont le métabolisme est entraîné à respirer entre 10 et 25 degrés.

La faute à qui ? Au réchauffement climatique bien sûr ! 

Après une caniculette en juin, on attaque les choses sérieuses en juillet. Vous n’avez pas l’impression que cela arrive de plus en plus souvent ? Ceci dit, cela fait un petit moment que l’on en parle du réchauffement climatique mais j’ai l’impression que personne ne veut y croire vraiment.

Je ne parle même pas des politiques qui font à peine semblant de décider des demi-mesures, je parle de vous, amis lecteurs, qui ne voulez pas prendre conscience du problème. 

Vous pensez être trop vieux pour en subir les conséquences ? Vous pensez que vos enfants règleront le problème ? Vous prendrez de bonnes résolutions après vos vacances à New-York ? Vous pensez que c’est aux autres de donner l’exemple ? Vous-vous en foutez ?

Ok, je l’avoue. Ce n’est pas parce que vous ne prendrez plus l’avion, que vous changerez votre chaudière au mazout par une pompe à chaleur, que vous roulerez en voiture électrique et que vous mangerez du tofu à la place du bœuf que l’on évitera le pic de chaleur lundi prochain. Ça ne marche pas comme ça. Par contre, si tout le monde fait un gros effort, gouvernement compris, on a peut-être une chance d’éviter le pire vers le milieu du siècle.

Mars et ça repart

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J’aime bien les Mars, surtout glacés et lorsque je tombe sur un film, une série, une BD ou un livre qui porte le nom de la planète rouge, il me le faut. Évidemment en plus du risque d’indigestion, à cause de cette passion, j’ai avalé quand même pas mal de nanards. 

C’est ainsi qu’a commencé mon aventure avec Quelques Grains de Poussière Rouge, le roman Ludovic Schalk.

Ludovic qui ? Schalk ! Comment ça vous ne le connaissez pas ? M’enfin c’est un manager de la grande distribution qui vit dans le Sungau. Où ? Chez moi en Alsace ! Et oui c’est un roman auto édité publié grâce à un crowdfunding.

Mais tout ça je l’ignorais en l’achetant, j’étais juste tombé sur un bouquin parlant de Mars chez mon libraire. C’est en commençant à le lire que j’ai compris. 

Ludovic ne possède pas la plume d’un Maupassant ou d’une Yourcenar et son verbe préféré est l’auxiliaire être. Autant vous avouer tout de suite que j’ai failli abandonner sa lecture dès les premières pages. Mais je me suis accroché, rien par patriotisme et pour Mars.

Quelques Grains de Poussière Rouge possède la forme d’un journal, celui du spationaute franco américain Octave (quel prénom au passage !) embarqué pour neuf-cent jours avec cinq autres astronautes dans un voyage aller-retour à destination de Mars. Trois hommes et trois femmes, mais attention, défense de jouer à touche pipi pendant les presque de trois années de mission…

Un journal qui relate ce voyage, l’expérience humaine partagée et les multiples incidents techniques qui émaillent l’aventure. Passé le style lapidaire, les schémas primitifs et les scènes de sexe torrides et innombrables, le récit tient assez bien la route, suffisamment pour que j’aille jusqu’au bout de l’histoire malgré ses maladresses.

Je ne le recommanderai cependant qu’aux gros geeks obsédés par la planète Mars ou obsédés tout court, encore qu’au final, on ne voit pas grand chose de la planète rouge dans cette histoire.

Carnaval

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Que représente Carnaval pour vous ?

Pour moi ce sont les bugnes, les beignets et les déguisements bien entendu. Je n’ai jamais particulièrement goûté ces fêtes populaires je l’avoue, par contre le gras sucré oui. Pour les déguisements, je n’ai jamais été adepte non plus, même pas dans l’intimité avec ma femme, c’est dire. Par contre, lorsque mes enfants étaient petits, il fallait se soumettre à la corvée, les bambins devaient venir déguisés à l’école. A l’époque, nous ne roulions par sur l’or, un salaire, deux enfants et un appartement à rembourser. Alors les déguisements c’était la débrouille. Un déguisement de robot ? Un carton percé, du papier aluminium, des bouchons plastiques collés sur le devant, ridicule ? Oui mais pas cher. Bien entendu les autres pétasses de mamans se défonçaient comme des folles pour avoir le plus beau costume de l’école, histoire de se la péter au thé devant leurs copines. Alors, notre petit robot, il faisait vraiment minable au milieu des chefs d’œuvres de ces couturières, les salopes… et qu’elle honte pour le petit bonhomme. L’année suivante nous lui avons acheté un costume d’indien hors de prix rien que pour faire chier ces connes…

Donc les déguisements ce n’est pas mon truc, mais quand un ami m’a parlé du carnaval de Rosheim, un carnaval vénitien, je n’ai pas résisté à l’appel. Ni une ni deux, avec ma chérie et mon appareil photo, je me suis rendu dans la petite ville médiévale alsacienne pour découvrir l’attraction.

Entre les deux portes de la cité, sur le pavé, déambulaient des couples somptueusement costumés, paradant, se prêtant volontiers aux poses pour les nombreux photographes présents. Il y avaient plusieurs spots de prédilection, l’église romane, un jardinet, une porte en haut de quelques marches et un puit. Des lieux où les voleurs d’images s’agglutinaient, souvent débordés par les amateurs en smartphone, qui, ne possédant pas la même focale, se calaient devant les gros objectifs.

De magnifiques costumes, des couleurs chatoyantes, des sujets posant pour les objectifs, un public pas trop nombreux, ce carnaval vénitien fut une jolie expérience visuelle et photographique, une belle promenade non loin de la maison et des retrouvailles avec d’autres photographes amateurs. 

Me voilà réconcilié avec le carnaval et les déguisements, il faut dire que ce n’étaient pas des cartons percés avec des bouchons en plastique collés dessus, c’était de la grande couture réalisée avec passion.

Le Carnaval de Rosheim
si vous voulez en voir plus

Hopla

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L’Alsace est une région magnifique, et croyez-moi quand je le dis, car je viens d’un pays encore lus enchanteur, la Bretagne.

Voici trente-trois années que l’Alsace est mon pays d’adoption. Quand je dis adoption, comprenons-nous bien, le temps qu’il faut pour arriver à l’age de la crucifixion, les locaux ne vous adoptent pas, c’est trop tôt, tout au plus, ils vous tolèrent.

Chaque fois que je marche dans Strasbourg, j’ai m’impression d’être un touriste au milieu de ces japonais, chinois, italiens, anglais, allemands, belges, français de l’intérieur. Sa cathédrale, sa Petite France vénérienne et ses winstubs.

Une région particulière avec deux départements qui jusqu’au nouveau dessin des régions françaises ne voulaient surtout pas être ensembles et qui depuis l’invention du Grand-Est, ne rêvent que d’une chose, se regrouper et faire cessation.

Ils sont attendrissants ces alsaciens. Conservateurs, un peu fachos, ils aiment l’ordre mais pas au point de ressembler à leurs voisins allemands. Alors, ils foutent un peu de bordel dans leur rangement. Grandes gueules, xénophobes, ils aiment bien la marine fluviale, parce que la mer est loin. Ils aiment la bière, le vin blanc, la saucisse, le cochon et le choux. Une région de rêve où le tour de poitrine est record, dommage qu’il n’y pas que de la poitrine de porc.

Ils vivent dans des maisons colorées en bois, sans fondations alors que leurs portes et fenêtres sont encadrées de grès des Vosges, parlent un étrange dialecte qui n’es compris que trente kilomètres à la ronde (et à condition de ne pas être trop près des frontières suisses, allemandes, luxembourgeoises ou françaises). Seul point commun à leur patois qu’il nomment langue, c’est la pair de knacks, non pas de claques encore que… Allez dans une charcuterie commander dix knacks, vous repartirez avec vingt saucisses… C’est comme les couilles, ça va par deux.

Il n’existe que trois saisons en Alsace, l’hiver avec ces -20°C et son vent de nord-est, l’été avec ses +35°C et 100% d’humidité et l’automne, la belle saison, parce que pour vendanger il faut un temps agréable et sec. Le printemps ? Oui, vous voulez dire la transition du -20°C au plus 35°C, c’est l’affaire d’une journée.

Depuis six mois, j’arpente l’Alsace profonde, des crêtes vosgiennes à la plaine, allant à la rencontre de vignerons, le paysans, d’instituteurs à la retraite, des gens méfiants vis  à vis de l’étranger que je suis, qui parlent entre eux un dialecte incompréhensible avant de me saluer en français. Des grandes gueules un peu hostiles, qui une fois qu’elles vous ont adopté, ne vous lâche plus.

J’adore cette région, ses paysages, ses habitants, même si je suis resté enfermé dans ma Clio à manger ma salade Sodebo au bord d’un lac sous des trombes d’eau, alors que depuis deux jours nous mourrions de chaud en plein mois d’avril.

NGC 1976

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De 14 à 20 ans, j’ai passé mes samedis après-midi dans un club d’astronomie, et mes nuit sous la voûte étoilée de la Bretagne. Le jour nous regardions des diapositives et fabriquions un télescope (un newton 260 mm), la nuit, nous observions la lune, les planètes, les galaxies, les nébuleuses, les amas stellaires, les comètes et les voisines.

Cette passion des étoiles ne m’a jamais quitté, mais arrivé en Alsace, sous la couche d’inversion et la pollution, comment dire, le ciel est sâle et troublé par des éclairages très nombreux. Même avec la paye qui allait bien pour m’offrir un télescope, je n’ai jamais franchit le pas.

Pourtant, dès que j’en ai l’occasion, je reste le nez en l’air à contempler le ciel. « Espace, frontière de l’infini vers lequel voyage notre vaisseau spatial. ». Enfin vous voyez. Renouer avec la photographie a été l’occasion de tourner à nouveau mes yeux et mes objectifs vers les étoiles. La première cible, la plus facile, fut la lune, objet de forte magnitude avec un diamètre apparent non négligeable sur lequel j’ai étrenné mon Samyang 500 mm et plus récemment le 200-500 mm de chez Nikkor. J’ai photographié la lune sous toutes ses phases, à toutes les sensibilités, à de nombreux temps de pause pour arriver finalement à cette photographie assez réussie au 1000 mm (500 mm et doubleur).

Cette semaine, pour une fois que le ciel n’était pas trop bouché, j’ai levé le nez gelé pour découvrir devant moi la constellation d’Orion, une des célèbres constellations du ciel d’hiver. Dans celle ci, on peut voir, une nébuleuse, c’est à dire un nuage de gaz coloré. Il en existe de diverses variétés, les résidus d’étoiles ayant explosé comme M 21 du Cygne, des nuages opaques (la tête de cheval) et des pouponnières d’étoiles comme M 42, la nébuleuse d’Orion.

Je me suis dit, et si j’essayais ? Ni une ni deux, je pointe mon Nikkon équipé du doubleur et du 500 mm vers le baudrier d’Orion, et tente de retrouver cette nébuleuse. Pointer un appareil photo est nettement plus sportif que d’orienter un télescope équipé d’une lunette guide. Mais malgré cela, m’aidant de quelques souvenirs passés, je tombais sur le petit nuage de gaz et poussières dans le viseur du reflex. Oh joie !

La photo ne possède aucun intérêt en soit, ce n’est qu’un petit machin flou au centre de l’image très bruitée après tout, mais je suis content de l’avoir faite. Elle se situe à 1500 années lumières, bref assez loin de chez nous et n’est pas visible à l’oeil nu – magnitude 3.7, l’étoile la plus brillante est de -1.5, la lune de -30 -. Une pose très brève – 1 seconde – pour de l’astronomie, mais je ne dispose pas de monture équatoriale pour compenser la rotation de la terre (1 seconde =  0.0041° de déplacement). Cela me donne envie de renouer avec les étoiles, de coller mon œil à l’oculaire d’un télescope et de partir à la chasse aux comètes et objets de faibles magnitude.

En vrai avec un télescope de 2 m et plusieurs heures de pause, M 42 ressemble à ceci, c’est dire si mon cliché est minable, n’empêche j’en suis content, comme quoi il ne faut pas grand chose pour contenter un quelqu’un comme moi…

 

Le saigneur des poireaux

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C’était un petit jardin
Qui sentait bon le Métropolitain
Qui sentait bon le bassin parisien
C’était un petit jardin
Avec une table et une chaise de jardin
Avec deux arbres, un pommier et un sapin
Au fond d’une cour à la Chaussée-d’Antin

Je vais vous raconter l’histoire d’un petit jardin caché entre des maisons, dans une petite ville alsacienne. Un petit jardin avec au bout une maison à colombages où il faisait bon vivre. Au fond du petit jardin, poussait un modeste potager avec ses tomates, courgettes, potimarrons. Un petit coin de paradis réservé à la sieste et à la croissance des légumes. Le petit jardin, chauffait au soleil printanier, abrité du vent par les murs bienveillants d’une ferme centenaire où vivait un paisible retraité. La campagne au milieu de la ville.

« Le mois de juin s’annonçait agréable et paisible lorsque des nazgûls survolèrent ma comté miniature. Appâtés par cette abondance de quiétude ils harcelèrent le vieil homme à barbe blanche afin qu’il abandonne son paisible abri. Des orcs gueules béantes, crachant le la fumée noire, défoncèrent la barrière d’entrée et piétinèrent les fleurs, abatirent les arbres et arrachèrent la clôture en bois.

Une armé des gobelins escalada les murs de briques de la grange et commença à piller tuiles et bois pour leur maître. Mais la ferme avait connu bien des tempêtes. Les crocs et les griffes des monstres n’eurent pas raison des murs et des vénérables poutres. Le nécromant  furieux appela à lui un troll hideux. Crachant, hurlant, la créature de pierre fonça dans les murs tête baissée, encore et encore, jusqu’à ce que les poutres cèdent sous les coups de boutoir et que les murs tombent dans un gigantesque amas de poussière.

C’était un petit jardin avec au bout une maison à colombages où il faisait bon vivre… Des tonnes de gravats, de la poussière, du verre, du bois, des clous, des vis s’abattirent sur le potager pendant que le troll et les gobelins dansaient la gigue sur les ruines de la ferme.

Tout l’été durant, les créatures festoyèrent, éructèrent, urinèrent, déféquèrent, creusant des galeries, charriant de la roche, de la terre, obscurcissant le ciel avec la fumée de leurs feux de camp.

Sous la poussière, les rares plantes survivantes étouffèrent, pendant que trolls et gobelins riaient. La terre autrefois grasse n’était plus que cendre grise. Les arbres étaient morts et plus aucun gentil hobbit ne se rendait dans le petit jardin.

Les hommes, les elfes et les nains rassemblèrent une immense armée et marchèrent vers le petit jardin. Une année durant, de terribles combats se déroulèrent sur ces terres désolées. Le sol trembla des jours entiers, des machines de guerre infernales déversèrent des coulées grises dans les tranchées et des fortifications s’érigèrent tout autour du petit jardin. La guerre prit fin un matin, dans une odeur de goudron. Le gobelins repartirent dans leurs tunnels, les trolls sous la terre. La grande armée des hommes, des elfes et des nains rendit un terre dévastée aux petits hobbits éplorés.

Aujourd’hui, le petit jardin, protégé par un haut mur, survit à côté des cavernes des suderons. Chaque soir rôtissent des imprudents qui se sont aventurés trop près de leur terres. Les hommes du Gondor surveillent la frontière et les rares tentatives d’invasion sont fermement repoussées. La comté a retrouvé sa vitalité d’antan mais le petit jardin ne sera plus jamais le même… ».

Les démolisseurs arrivèrent en juin 2014. Pendant près de trois mois, ils firent tomber des murs dans notre jardin, menaçant même l’intégrité de nos dépendances mitoyennes au chantier. Pendant plus d’une année, nous n’eûmes plus de jardin, à la place un vaste chantier avec des machines et des ouvriers sauf le week-end. En juin 2015, nous pouvions enfin nettoyer notre parcelle, replanter quelques arbres, semer de la pelouse et commencer un nouveau potager. Nous serons obligés d’attaquer la société Stradim, responsable du projet, pour être indemnisé – à peine de quoi payer les dégâts occasionnés – puis les harceler pour qu’il finissent par crépir le mur mitoyen resté brut de parpaings.

Gradient thermique

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Je viens d’inventer une nouvelle unité de mesure de vitesse, le °H. Combinaison de la mesure de la température, le degré Celsius et de la mesure du temps, l’heure. Le °H, permet de mesurer la vitesse d’un TGV entre Rennes et Strasbourg très précisément.

En début de semaine, je montais dans le mille pattes d’aluminium fabriqué chez Alstom, direction la Bretagne, sans changement. Quatre arrêts, 4h15 de trajet seulement et les deux bouts de la France se replient pour un voyage quasi instantané, comme par un trou de ver. Il y a encore peu, 4h15 ne suffisaient pas à relier Strasbourg à Paris et encore moins Paris à Rennes, alors Strasbourg à Rennes. En ce temps béni, les vaches regardaient passer les trains en broutant paisiblement, aujourd’hui, elles n’ont même pas le temps de relever leur cou que le convoi de voyageur est déjà à l’horizon.

Mais laissons les vaches et revenons à nos moutons. Un trajet Rennes Strasbourg s’effectue, selon mes mesures, à plus de 5.0°H alors que dans l’autre sens il s’approche de 0.5°H. Avec cette unité de mesure toute nouvelle, il sera bien entendu nécessaire d’intégrer le décalage horaire, la translation longitudinale et des effets de climatiques de bord incontournables ainsi que la force de Coriolis.

Comment se mesure le °H ? En réalité, le principe est assez simple. Avant de monter dans le train, vous prenez la température (extérieure, pas corporelle) et regardez l’heure. En descendant du train, vous procédez de même. Vous avez alors quatre paramètres T1, H1, T2, H2. Vous me suivez ? Il ne vous reste plus qu’à effectuer un calcul assez simple (T2-T1)/(H2-H1) et vous obtenez votre vitesse.

Vous me direz mon °H c’est un peu du temps divisé par du temps, une fréquence donc. Oui  mais de quel temps parlons-nous, du temps qu’il fait ou du temps qui passe ? Le temps c’est de l’argent même si ce temps est un temps de chien. Alors prendre le TGV pour aller en Bretagne c’est assurément gagner du temps, donc de l’argent même si je n’aurai rien fait de ce temps de toute façon. Et gagner du temps pour subir un sale temps, n’est pas une perte de temps ? Bref…

Bien entendu, vous pourriez être surpris par le facteur dix entre la mesure est-ouest et ouest-est. Celui-ci s’explique par un effet climatique connu sous le nom de ‘temps pourri breton’. Vous savez ce nom que scandent les parisiens en revenant de Bretagne alors qu’ils faisaient du camping.

La mesure est-ouest fut effectuée lundi. Premier sondage 23°C à 8h01 à Strasbourg. Second binôme à 12h15 à Rennes, 25°C sous un ciel orageux. (25-23)/(12-8)=0.5. 0.5°H.

La mesure ouest-est fut établie le mercredi. La température peinait à atteindre les 15°C à Rennes vers 14h39 sous des averses titanesques. Arrivé à Strasbourg à 19h05, le mercure avoisinait les 35°C. (35-15)/(19-15)=5.0. 5.0°H.

Autant la vitesse Strasbourg Rennes est supportable pour un organisme moyen, autant la vitesse Rennes Strasbourg est éprouvante. Car lorsque vous descendez du train, après 4h15 de trajet, en pull-over et jean et que l’air brûlant et poisseux de l’Alsace vous assaille, le choc est rude.

Plus étonnante encore est cette mesure de vitesse effectuée en Bretagne lors d’un trajet nul. Vous savez sans doute que la vitesse n’a de sens, d’après les scientifiques, que s’il y a déplacement. Cependant, mes premières expériences prouvent le contraire. La mesure a été effectuée sur une plage de la baie de Saint-Brieuc, un site orienté plein nord et non abrité. 16h, baigneurs, soleil, 25°C. 17h, front de nuage, vent à 50 km/h et 15°C. (25-15)/(17-16)=10. 10°H. Un record de vitesse immobile sur un trajet à peine plus long que la distance entre deux grains de sables sur une plage bretonne.

Autant dire que cette nouvelle mesure de vitesse, tout relative, va dans le sens des théories élaborées par Albert Einstein en son temps mais contredit assurément la limitation de la célérité à celle de la lumière. Il faudra encore quelques années pour mieux appréhender cette conception révolutionnaire de la vitesse, des dizaines de milliers de mesures assurément, mais cette première expérimentation bretonne semble un bon point de départ à des travaux qui ouvrent de nouvelles perspectives pour la science moderne.

Tic Tac

Tic Tac fait le réveil, c’est un de ses tics les plus agaçants. Un truc me gratte dans le dos, j’ai la tête dans le sac, il va me falloir un bon café. La jounée s’annonce belle, douceur et quelques nuages, l’arôme du nectar noir emplit la cuisine. Le truc me gratte toujours le dos. Une bonne douche et il n’y paraîtra plus. Décidément, mon dos me gratte. Qu’en pense le miroir, suis-je toujours la plus belle ? Mon coprs d’athlète aux muscles saillants semble défiguré par une vilaine tâche rouge avec un petit point noir qui gigote en son centre. Tic ? Non tique ! En Alsace, nous ne plaisantons pas avec les tocs. La maladie de Lyme rode dans les fourrés. La tagatactique du tique est de s’accrocher à son hôte pour lui pomper un peu de bouffe et se laisser tomber une fois gavée. Sauf qu’en croquant le bout de gras, cette emmerdeuse infecte bien souvent son garde manger. La matinée semblait belle. Direction le médecin et ses pilules miracle, antibiotiques à forte dose pour un mois et deux prises de sang distantes. En prime des patchs antidouleur pour mon 31 mai. Le lundi, tout le monde souffre de stress pré traumatique de la reprise. La salle d’attente est bondée. Tic Tac, et la tique qui se gave. Tic Tac, la matinée est foutue.