Omnerod – Arteries

Devinez qui m’a fait découvrir le groupe Omnerod ? Oui, c’est encore lui… Mi avril, il nous présentait, en avance de phase, leur dernier album The Amensal Rise que j’ai acheté depuis. Et ce que j’en ai lu et entendu m’a donné furieusement envie d’en écouter plus. Mais voilà, l’album n’étant pas encore sorti, j’ai dû me rabattre sur leur précédente production, Arteries sortie en 2019.

Omnerod est une formation belge de death post métal progressif qui existe depuis 2014 avec trois disques à leur actif.

Dans Arteries, vous allez entendre du chant clair, du growl, du djent, du post métal, de la guitare acoustique et une écriture complexe, riche, voire alambiquée qui les propulse dans les sphères progressives malgré certains aspects brutaux de leur musique. L’album dure soixante neuf minutes pour huit morceaux dont un qui approche du quart d’heure. Les deux plus courts sont des instrumentaux, ‘Lines’ qui ouvre l’album et ‘Newt’ placé en troisième position.

Omnerod se rapproche de bien des manières d’un Haken, d’un Devin Townsend ou d’un Wilderun. En effet, chaque morceau apporte sa dose de surprises et il est impossible d’écouter l’album sans s’immerger totalement dedans sauf à être vacciné avec plusieurs doses de Ziltoïd.

Bon, pour être tout à fait honnête avec vous, Omnerod, ça pique un peu parfois. Par exemple, l’avant dernier titre ‘Far from the Tree’ ne fait pas vraiment dans la dentelle. C’est de la charge lourde de guitares, basses et batterie sur du growl d’outre tombe avec quelques fioritures électroniques. Et ça dure quand même sept minutes !

À côté de cela, il y a des titres fleuves comme le dernier morceau ‘Sleep’, long de quatorze minutes. Quatre longs formats à la sauce progressive qui dépassent les neufs minutes. Des pièces riches en rebondissements, bruitages en tout genre, changements de rythme, de chant, alternant métal et acoustique, bref de quoi remplir l’espace sans donner l’impression de se répéter une seule fois.

Le second titre ‘Guide Them’, par exemple, fort de presque dix minutes, alterne chant clair fragile, solo de basse, growl démoniaque, chœurs épiques, charges de métal, chant façon années folles et farandoles de guitares sans parler de quelques touches acoustiques.

Cela fait beaucoup à écouter pour seulement deux oreilles et pourtant ça passe comme une lettre à la Poste et on en redemande.

Je pourrais vous parler de la musique Bouglione de ‘Newt’, du génial refrain de ‘Ascaris’, de la guitare électro acoustique en mineur de ‘Nothing Was Vain’ mais je pense que le mieux, c’est que vous écoutiez l’album sur Bandcamp.

Beau Séjour

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Une adolescente se réveille dans une chambre d’hôtel et découvre dans la baignoire son corps sans vie.

La Belgique, de nos jours, son club de motocross, son lycée, son hôtel Beau Séjour en rénovation et une jeune fille sans histoire qui disparaît pendant la fête du tir.

Voilà une série télé à petit budget avec des acteurs pas franchement exceptionnels qui a réussi le tour de force de me captiver.

Une série policière, avec son histoire banale comme un fait divers, qui se déroule dans une petite ville belge, rien de très sexy à priori mais accrochez-vous, le scénario se révèle redoutable.

Kato Hoeven est retrouvée morte dans une gravière, probablement assassinée dans la chambre 108 de l’hôtel Beau Séjour puis déplacée dans une gravière pour cacher son corps. Kato est morte, sauf que Kato est avec nous pendant son autopsie, elle parle avec son père à son enterrement, elle roule à moto pour suivre les deux inspectrices venues mener l’enquête, elle dort, mange une pizza avec un copain… Kato vit, mais juste pour certaines personnes.

Kato est bien morte mais certains la voient et peuvent lui parler, certains mais pas tous : une amie, son père, un flic, un ado et un trafiquant de drogue.

Cet artifice scénariste donne tout son sel à la série Beau Séjour. Avec peu de moyen, le policier frôle le fantastique et l’enquête que mène Kato sur sa propre mort devient passionnante. Car notre Kato ne se souvient de rien, comme amnésique. Alors invisible de certains, elle nous ouvre des portes normalement fermées.

L’enquête est l’occasion d’une peinture sociale sans complaisance : une famille recomposée, un père alcoolique, un champion local de motocross, la bonne copine pas très nette, un médium clochard, deux enquêtrices aux antipodes l’une de l’autre, une petite frappe de dealer, un époux infidèle, une enfant soit disant sans histoire.

La série date de 2017 et ne paye pas de mine à première vue, mais croyez-moi, elle mérite le détour.

Oui, je sais. Vous allez me demander ce qu’est une fête du tir. Sincèrement, qu’est-ce que j’en sais moi ? Je ne suis pas belge et Kato ne m’a rien dit.