Le printemps ne dure que trois jours

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J’ai été très pris par les concerts ces dernières semaines, par les chroniques et les interviews, épuisant toute l’encre de ma plume. 

Les beaux jours arrivent, et c’est sur un transat, au fond du jardin, en écoutant Panzerpappa que j’écris ces mots. Le jardin, ma seule activité un temps peu soit saine, loin des écrans et d’Internet. 

La saison des semis bat son plein, avec une nouvelle fois un peu d’avance. Les petits pois et les tomates ont déjà fière allure, les salades, si elles ne sont pas dévorées par les limaces, devraient agréablement améliorer les repas. Les fraisiers, poiriers, pruniers, cerisiers sont en fleurs, les potimarrons, courgettes, concombres sont encore sous serre mais ne devraient pas tarder à grandir en pleine terre. Je sèmerai bientôt les haricots et le potager sera complet.Le soir, au lieu d’allumer le mac, je vais dans le jardin, j’arrose, désherbe, bine, parle aux feuilles, plonge les mains dans la terre.

Dès la mi juin, nous consommerons une partie des produits du potager, des tomates aux saveurs incomparables, des légumes bio circuit court éthique bobo, des salades concombre tomate menthe,  des tartes à la rhubarbe, des fraises chantilly, des petits poids crus, des haricots frais, des poêlés de courgettes jaune croquantes.

Le blog pourrait souffrir de ce bonheur culinaire retrouvé, des apéritifs en terrasse, de la lecture au fond du jardin mais rassurez-vous, je ne vais pas tarder à vomir sur mes abrutis de voisins buvant jusqu’à point d’heure en terrasse et leur con de chien qui gueule en permanence.

Puis je vais souffrir de la chaleur, ne plus dormir, maudire le réchauffement climatique et la bêtise humaine puis espérer avec impatience la saison des figues. Ici le printemps ne dure que trois jours.

Bio écolo circuit court éco responsable

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Geek moi ? Ce n’est pas parce que j’aime le rock progressif, la photographie, Star Wars, l’astronomie, que je programme dans dizaine de langages informatiques, que je joue au jeu de rôle, que j’adore les jeux de plateaux à figurines comme X Wing, que je regarde des mangas et que je lis de la science fiction, que je suis un geek. Désolé.

Je suis marié, j’ai deux enfants, je bricole, dans ma salle de bain et surtout, j’ai un potager. Un homme normal.

Soleil et pluie alternent gaiement ces derniers jours et les semis prospèrent allègrement dans le jardin. Les petits pois sont en fleurs, les haricots pointent leur tiges, les poires, les figues, les cerises, les brugnons grossissent à vue d’œil, la vigne prospère (la cuvée 2018 sera fameuse), les betteraves rouges et jaunes sortent de terre, les plans de tomates grandissent et les potimarrons vont bientôt grimper sur le châssis spécialement construit pour eux.

Les poireaux furent un échec l’an passé, à peine de quoi faire quelques bouchées à la vinaigrette. A la place je teste des haricots cocos venus de Bretagne. Mais je grand succès de ce printemps, sera la rhubarbe abondante et les fraises généreuses. Chaque jour, j’en récolte un peu plus, à croire que l’on va finir par en être écoeuré.

Après les tartes la rhubarbe, les fraises à la chantilly, viendront les radis au pain beurre, les orgies de cerises, les assiettes de haricots, les petits pois crus, les gâteaux aux groseilles meringués, les salades de tomates avec la laitue et le persil du jardin, les ratatouilles, les brugnons juteux, les poires sucrées, les soupes de potimarron, les confitures de figues et le raisin à déguster avec du comté.

Une quinzaine de mètres carrés de terre au fond d’un jardin, pas de bêchage, pas de pesticides, d’insecticide, pas d’engrais, l’eau du ciel pour arrosage et des repas assurés pour tout l’été. Le bio écolo circuit court éco responsable et surtout bon à quarante mètres de la maison.

Biomasse

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Le bio envahit tous les rayons de nos magasins. Fruits, légumes, viandes, il est de bon ton de manger bio, c’est bien pour la planète, c’est bien pour notre corps. Le commerce équitable est également à la mode, faire en sorte que le producteur perçoive une juste rétribution pour son travail. Des concepts inventés par les riches pour se donner bonne conscience alors que la masse se noie dans la mal bouffe faute de moyens ou de sensibilisation au sujet.

Le bio c’est bien. Moins de pesticides, une culture raisonnée, mais le bio acheté à plus de mille kilomètres est-ce bien écolo ? Les tomates qui poussent au Maroc en hiver, même si elles sont bio, n’est-ce pas un peu du foutage de gueule ? Déjà les tomates en hiver, sérieusement. Mais des tomates poussant dans des serres chauffées sur des terres quasi désertiques et transportées par avion pour arriver dans vos assiette, est-ce bien raisonnable tout ça ? Bio peut-être, mais pas écolo. Quant à parler d’équitable, là…

L’idéal serait le circuit court. L’agriculteur du coin, proposant ses produits bios de saison, fruits et légumes, fromages, lait, viandes aux consommateurs proches de chez lui. Une sorte de retour au temps anciens quelques part, quand j’allais chercher les œufs et le lait à la ferme. Sauf que, pour distribuer, il faut transporter ou vendre sur le marché. Si tout le monde prend son 4×4 diesel pour aller à la ferme, le circuit court devient soudain très long, si l’agriculteur fait le tour de ses clients avec des paniers garnis, c’est un peu la même chose. Et puis, aujourd’hui, il y a des restrictions sanitaires, le lait ne se vend plus ainsi, ne parlons pas de la viande, restent les fromages, les fruits et les légumes, mais pour combien de temps ?

Ce qui me fait hurler de rire, ce sont ces pâtes à tartiner bio préparées avec des produits issus du commerce équitable. De la pâte à tartiner, sérieusement… De l’huile de palme oui mais bio et raisonnée. Attention, ça change tout. Bio ou pas, équitable ou non, raisonnée ou pas, de la pâte à tartiner au chocolat reste un concentré de sucres et de graisses avec un peu de cacao et quelques noisettes, une usine à obèses.

Le commerce équitable est un concept très bobo. Même si cela part d’une bonne intention, acheter du café ou du cacao dont l’argent profite réellement au producteur. Il ne faudrait pas toutefois perdre de vue que ceux qui contribuent à ce système en oublient ce qui se passe en France avec la filière laitière, bovine ou ovine. Certains de nos agriculteurs ne vivent même plus de leur production au vingt et unième siècle. Cherchez l’erreur.

Vous voulez un vrai circuit court bio équitable ? Cela s’appelle un jardin potager, votre potager. Le printemps est là, au boulot !