La saison des beignets

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J’adore les beignets, tout particulièrement ceux fourrés à la confiture de framboise. En Alsace c’est une institution comme tout ce qui touche à la bouffe. La saison des beignets correspond à mon anniversaire ainsi qu’à la période du carnaval. 

Chaque année, j’apporte un assortiment de ces délices gras et sucrés, parfumés à la cannelle, au chocolat, à la crème, à la framboise et natures à mes collègues pour leur signifier qu’ils devront passer une année de plus en ma compagnie, c’est la tradition.

L’autre tradition, c’est de me rendre au carnaval vénitien de Rosheim, une petite ville non loin de chez moi. Un carnaval en costumes dans une ville alsacienne fortifiée où défilent chaque année pas moins d’une centaine de personnages colorés. Une aubaine pour tout photographe qui désirent se faire plaisir. Et au carnaval de Rosheim, il y a bien entendu des beignets.

Je suis parti chargé d’un boîtier et de deux objectifs pour couvrir toutes les situations. Du coup, difficile de manger des beignets malgré leur odeur appétissante, alors j’ai photographié.

L’événement se déroule dans une rue droite entre deux des portes de la ville ainsi que sur le parvis de l’église qui borde la rue en question. Les personnages costumés descendent la rue, s’arrêtant pour poser pour les photographes et arrivent au niveau de l’église romane où ils montent quelques marches avant de se faire dévorer par les objectifs. 

Car je n’étais pas seul à frimer avec mes gros machins. Ils y avait probablement plus de photographes que de personnes costumées. Le club photo d’Illkirch était au rendez-vous et j’ai retrouvé quelques connaissances. Ça m’a d’ailleurs donné envie de rejoindre leur confrérie, j’y songeais déjà depuis un moment. 

En plus des personnes armées de boîtiers reflex et hybrides à grosse optique, il y avait pléthore de téléphones portables et tablettes braquées vers les personnages. Trop sans doute, car entre la focale 200 mm des grosses optiques et les 28 mm des smartphones, il y avait clairement des conflits de trajectoires. Les porteurs téléphones éclipsaient souvent le champ des photographes.

Pour un amateur de portraits, le carnaval est une expérience inoubliable. En effet les personnes costumées, cachées derrière leur masque, ne demandent qu’à être photographiés. Elles se prêtent volontiers au jeu, posent, jouent avec l’objectif, acceptent de se placer à tel ou tel endroit pour un cliché, bref c’est magique, surtout pour moi qui suis particulièrement coincé lorsqu’il s’agit d’aborder quelqu’un pour lui tirer le portrait.

Au milieu des carnavaliers, déambulait un gros beignet costumé armé d’un micro, qui toute la journée, n’a cessé de nous faire comprendre, de manière grivoise, qu’il était impossible de savoir à quel sexe appartenait la personne cachée derrière le masque, puisqu’ils ne parlent pas. Le bonhomme en a fait son chou gras tout l’après-midi, tentant d’animer, façon foire à bestiaux, un magnifique défilé de costumes chamarrés. Je lui aurais volontiers coincé un beignet à la crème dans le bec histoire de le faire taire quelques minutes.

Je comprends mieux mon camarade Stéphane Gallay qui accompagne sa douce et tendre aux conventions de cosplay. Les personnes costumées se livrent très facilement à l’objectif alors que dans la vraie vie elles vous collerait un procès. Et les vêtements chamarrés, créations uniques et éphémères, travail souvent de toute une année, sont des merveilles de détails, tulles, paillettes, plumes et voilages qui ne demandent qu’à être capturés par le photographe. 

Cette année je repars avec « seulement » une centaine de photos (en tant que militant éco responsable j’économise la batterie), reste maintenant un long et laborieux de travail de sélection et de retouche pour retrouver la féérie de ce treizième carnaval de Rosheim sur mes clichés.

Toutes les photographies sont sur mon compte Flickr.

Carnaval

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Que représente Carnaval pour vous ?

Pour moi ce sont les bugnes, les beignets et les déguisements bien entendu. Je n’ai jamais particulièrement goûté ces fêtes populaires je l’avoue, par contre le gras sucré oui. Pour les déguisements, je n’ai jamais été adepte non plus, même pas dans l’intimité avec ma femme, c’est dire. Par contre, lorsque mes enfants étaient petits, il fallait se soumettre à la corvée, les bambins devaient venir déguisés à l’école. A l’époque, nous ne roulions par sur l’or, un salaire, deux enfants et un appartement à rembourser. Alors les déguisements c’était la débrouille. Un déguisement de robot ? Un carton percé, du papier aluminium, des bouchons plastiques collés sur le devant, ridicule ? Oui mais pas cher. Bien entendu les autres pétasses de mamans se défonçaient comme des folles pour avoir le plus beau costume de l’école, histoire de se la péter au thé devant leurs copines. Alors, notre petit robot, il faisait vraiment minable au milieu des chefs d’œuvres de ces couturières, les salopes… et qu’elle honte pour le petit bonhomme. L’année suivante nous lui avons acheté un costume d’indien hors de prix rien que pour faire chier ces connes…

Donc les déguisements ce n’est pas mon truc, mais quand un ami m’a parlé du carnaval de Rosheim, un carnaval vénitien, je n’ai pas résisté à l’appel. Ni une ni deux, avec ma chérie et mon appareil photo, je me suis rendu dans la petite ville médiévale alsacienne pour découvrir l’attraction.

Entre les deux portes de la cité, sur le pavé, déambulaient des couples somptueusement costumés, paradant, se prêtant volontiers aux poses pour les nombreux photographes présents. Il y avaient plusieurs spots de prédilection, l’église romane, un jardinet, une porte en haut de quelques marches et un puit. Des lieux où les voleurs d’images s’agglutinaient, souvent débordés par les amateurs en smartphone, qui, ne possédant pas la même focale, se calaient devant les gros objectifs.

De magnifiques costumes, des couleurs chatoyantes, des sujets posant pour les objectifs, un public pas trop nombreux, ce carnaval vénitien fut une jolie expérience visuelle et photographique, une belle promenade non loin de la maison et des retrouvailles avec d’autres photographes amateurs. 

Me voilà réconcilié avec le carnaval et les déguisements, il faut dire que ce n’étaient pas des cartons percés avec des bouchons en plastique collés dessus, c’était de la grande couture réalisée avec passion.

Le Carnaval de Rosheim
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