Evergrey au Grillen

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Finalement j’y suis allé, poussé par ma chérie. C’était pourtant un lundi soir, j’avais encore trois points de suture à la main gauche et une béquille pour soulager le pied droit.

Mais madame est fan de Silent Skies, surtout le premier album, comme moi, et lorsqu’elle a fait le lien entre le chanteur de Silent Skies et Evergrey, elle a voulu aller les écouter. Moi aussi je voulais voir le groupe de Goteborg en live depuis des années. Alors nous y sommes allés, juste après une grosse journée de travail.

Evergrey jouait au Grillen à Colmar en compagnie de Virtual Symmetry et des français de Fractal Universe. Autant dire que la soirée s’annonçait très métal, bien loin de la douce mélancolie de Silent Skies. J’avais prévenu ma chérie que ça allait tabasser, surtout au Grillen qui n’est pas réputé pour la subtilité de son acoustique. 

J’ai bien fait sinon je me serai fait disputer. 

Virtual Symmetry ouvrait les hostilités à 19h30. Du metal progressif assez soft façon Dream Theater ou Evergrey avec des claviers électro et pas de growl. Bon, ça tabassait déjà pas mal.  Le groupe a fait son possible pour mettre de l’ambiance devant le public peu enjoué même si c’était un peu forcé. Je n’avais pas vraiment accroché à leur album Virtual Symmetry mais j’ai trouvé leur prestation live de meilleure facture, surtout vocalement.

Juste après, Fractal Universe prenait la relève. Clément, le batteur, prépare son kit avec soin, s’assurant que tout est bien en place. Il faut dire, comme le prouvera le live, qu’il est le cœur du groupe, un batteur fabuleux, qui écrit la mélodie quand guitare et basse construisent la rythmique. Contrairement à leur album The Impassable Horizon où pointe un peu de chant clair, nous aurons droit essentiellement à du growl bien rugueux, du djent tabasseur technique à souhait et une démonstration de maestria metal. Le saxophone s’invite sur quelques morceaux mais sincèrement, avec l’acoustique défaillante du Grillen et le matraquage des basses, toute forme de subtilité a échappé à mes bouchons d’oreille. J’ai quand même adoré leur set.

Vers 22h c’est Evergrey qui monte sur la petite scène. Le public s’est nettement densifié mais on peut toujours se déplacer jusqu’au bar pour commander un coca. 

Une bière? Non un coca. Voilà votre bière, elle est locale. Je voulais un coca… Une bière ? Non un coca. Elle est bonne notre bière. Ok, bon ben je prendrai une bière alors.

Tom n’a manifestement pas chauffé sa voix avant de grimper sur scène. Les débuts sont rocailleux. Mais après deux morceaux, le diésel est chaud, et malgré une certaine fatigue, nous retrouvons la voix de Evergrey. Comme l’a finement remarqué mon épouse, Rikard Zander n’est pas Vikram Shankar (Silent Skies) et Jonas Ekdakri  n’est pas Clément Denys (Fractal Universe). Mais les guitares de Henrik Danhage sont à la hauteur comme la basse de Johan Niemann. L’ensemble fonctionne à la perfection et la prestation de Evergrey est juste impressionnante.

Je n’apprécie le groupe surtout depuis leurs trois derniers albums. Alors lorsqu’ils ont exploré de vieux morceaux j’ai un peu décroché. D’autant que la fatigue de la journée commençait à se faire sentir et que le pied devenait de plus en plus sensible.

Ce fut un belle soirée métal, d’autant plus exceptionnelle que je l’ai partagée avec mon épouse, plus habituée aux auditoriums de musique classique qu’aux salles remplies de métallos en furie. Mais elle, plus tenace que moi, a réussi après avoir lourdement insisté, à avoir du coca dans son verre.

ps : les photos proviennent de mon smartphone, désolé…

Evergrey – A Heartless Portrait

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Evergrey est longtemps resté pour moi un groupe de metal prog de seconde zone avant qu’ils ne sortent The Atlantic en 2018 confirmé trois ans plus tard par Escape of the Phoenix.

Je reconnais que cet engouement tient beaucoup au pathos et à la voix de Tom qui officie également dans le groupe Silent Skies que mon épouse adore, mais elle c’est pour le pianiste.

Malgré cet engouement, je ne me suis pas offert A Heartless Portrait en vinyle cette fois. Non pas que j’ai de oursins dans mes poches mais que le premier extrait de leur nouvel album ne m’a pas emballé outre mesure.

Le digipack trois volet aux couleurs cyan et sang est entre mes mains avec son livret assez épais. Une créature mythologique ailée semble veiller sur un monde et ses deux satellites à moins qu’elle ne cherche à les détruire. L’explication se trouve peut-être dans les textes.

A Heartless Portrait ce sont dix morceaux très musclés où la batterie de Jonas ne se pose presque jamais, où les guitares d’Henrick et Tom déchirent les éthers et où les claviers de Rikard fusent telles les flammes d’un chalumeau à acétylène. 

Techniquement, il s’agit d’une grosse tuerie de cinquante minutes qui ne vous laisse pas beaucoup d’espace pour souffler sauf peut-être dans ‘The Great Unwashed’ au solo de folie ainsi que dans le final ‘Wildfires’ nettement plus apaisé et mélodique.

A Heartless Portrait porte bien son nom. Les grands écarts instrumentaux et l’émotion à fleur de peau de sont pas vraiment au rendez-vous cette fois. C’est un album assez froid et technique dans son ensemble. 

De la double pédale parkinsonnienne, des cris de galériens débordant de testostéronne, ‘Save Us’ donne le ton de l’album. Ça sent l’homme et le déodorant sans aluminium. ‘Midwinter Calls’ donne dans le péplum metal. Alors poussez les potards au maximum pour faire trembler les murs.

Malgré tout cela, Evergrey reste mélodique grâce à la voix de Tom et les claviers de Rikard. Des touches électros virtualisent ce metal prog très viril et les soli de guitares, comme dans ‘Ominous’ feront grimper au rideau les fondus de six cordes. Une tendance forgeron amorcée dans escape of the Phoenix qui prend ici sa pleine puissance.

Ça cogne, ça tape, ça pleure, ça chante, un déferlement musclé parfaitement contrôlé façon chœurs de l’armée rouge.

La production aurait pu bénéficier de plus d’attention, non que ce soit épouvantable, mais disons perfectible. Il faut pousser le volume assez fort pour faire ressortir la dynamique de la bête.

Bon, vous l’aurez compris, A Heartless Portrait ne sera sans doute pas mon Evergrey préféré. N’empêche, c’est une belle machine de guerre metal progressive qui en live pourrait révéler tout son potentiel et que j’écoute très régulièrement depuis sa sortie.

Teeshirt : Los Dissidentes Del Sucio Motel

Marshall

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