Police, au secours

Image

Samedi fut une journée compliquée. Je devais m’évader dans les Vosges pour capturer les couleurs de l’automne mais le destin en a décidé tout autrement. 

La voiture étant à sec, je suis passé à la pompe faire le plein. L’automate  agaçant refuse ma carte pour cause de piste magnétique illisible. Connaissant le problème, je me rends à une autre crèmerie où d’ordinaire ma carte passe bien. 

Mais la loi des séries est contre moi et je ne peux remplir mon réservoir. 

Je reprenais le volant pour passer à la maison voler la Visa de mon épouse quand je tombe sur une voiture arrêtée au milieu de la rue. 

Comme tout bon connard qui se respecte je m’apprête à klaxonner pour faire dégager l’emmerdeur quand j’entends la personne pleurer au volant. 

Je descends pour aller voir ce qui se passe et découvre une femme en pleine panique, les deux mains agrippées au volant, versant toutes les larmes de son corps. 

Après avoir tenté de la calmer, entre deux crises de larmes, la dame m’explique que pour éviter un chauffard, elle a foncé dans la bordure du trottoir. Un tour de la voiture me confirme en effet que trois des quatre roues sont à plat. 

Entre temps des voitures se sont accumulées derrière moi et les klaxonnes commencent à hurler. 

Je tente vainement d’apaiser la conductrice afin qu’elle gare sa voiture pour dégager la chaussée. J’aurais pu prendre sa place au volant si la dame n’était pas handicapée moteur et ne pouvait pas sortir simplement de son véhicule. Il faut la calmer pour qu’elle puisse manœuvrer. 

Arrive alors une dame pressée, prête à hurler sur la conductrice en larmes. Je dois la calmer avant qu’elle n’explose et aggrave la panique de la victime. Un homme furieux déboule à son tour et après lui avoir expliqué la situation, nous arrivons tant bien que mal à faire stationner la voiture accidentée sur le bord de la route. 

Je me gare à mon tour pour libérer la rue, laissant le chemin aux deux conducteurs pressés qui abandonnent la femme paniquée à son triste sort.

Je n’ai pas l’âme d’un sauveteur ni celle d’un bon samaritain mais je ne me vois pas abandonner cette personne seule sans aide.

Sa voiture ne peut plus rouler, la personne est handicapée et en pleine crise d’angoisse. Je me dis que le mieux serait d’appeler Police Secours. Mais le 17 n’en a rien à battre de cette petite dame accidentée et handicapée au bord de la crise de nerf. Elle n’est pas blessée ? Non. Appelez le 15 si elle pète un câble…

La pauvre dame est en larmes. Elle pense à ses courses rangées dans le coffre, à sa voiture dont elle a besoin pour se déplacer et au salop qui lui a coupé la route et s’est enfuit sans demander son reste.

Il faut un bon moment pour l’apaiser, trouver sa carte verte et appeler l’assurance. Contrairement au 17, la personne au bout du fil est nettement plus humaine et compréhensive. Une dépanneuse passera d’ici trois quarts d’heure et la conductrice sera prise en charge par un taxi. Heureusement que cette dame possède un contrat tout risques, sinon comment aurait-elle fait.

Reprenant un peu ses esprits, elle pense alors à appeler son fils. Celui-ci arrivera quelques minutes plus tard en voiture avec un voisin, car il se déplace à vélo. Je leur explique la situation : le chauffard est en fuite, l’assurance prévenue, la dépanneuse en route et la police avertie. Mon rôle s’arrête là.

Je remonte dans ma voiture et retourne à la maison chipper la carte bleue de mon épouse qui elle, miracle, fonctionne. Avec une bonne heure de retard je prends la route des Vosges pour une promenade écourtée.

A l’entrée de la quatre voies, la police effectue des contrôles au facies sur les conducteurs. Ils étaient donc là nos agents, à cinq cent mètres de l’accident…

Pas ce soir chérie, j’ai la migraine

Qui n’a pas entendu cette excuse bidon, quand sous la couette, après quelques approches subtiles, votre douce se refuse à vous ? Saviez-vous qu’un français sur cinq souffre de migraines ? Savez-vous d’ailleurs ce qu’est une migraine ?

Alors imaginez. Une douleur d’intensité supérieure à une rage dentaire, située sur un des côtés de votre front, une douleur pulsante, souvent accompagnée de troubles visuels,  d’une hypersensibilité à la lumière, aux bruits et aux odeurs avec pour couronner le tout des nausées voire de vomissements. Une douleur qui peut durer de douze à soixante douze heures, allant sans cesse croissante et pour laquelle, passé un certain stade, on ne peut plus rien. Imaginez encore, que cette douleur revienne une à deux fois par semaine, qu’elle vous oblige à vous enfermer dans le noir, dans le silence complet, loin de tout parfum ou odeur de cuisine. Ça y est, vous savez ce qu’est une migraine.

Et non, il n’y a pas que les filles, quand elles ont leurs ragnagna, qui font des migraines, ou alors je suis un transgenre et je vais avoir du mal à aller pisser aux U.S.A..

Les chercheurs n’en connaissent pas vraiment la cause. Elle est due à une brutale dilatation des vaisseaux sanguins dans le cerveau et semble posséder une origine génétique. A ce jour, il n’existe aucun traitement fiable pour la soigner.

Pour calmer la douleur, oubliez le Doliprane, l’Aspirine, ça ne fonctionne pas ou pas assez longtemps. J’ai testé un opiacé il n’y a pas longtemps. Une heure d’attente pour calmer la douleur et efficace pendant une heure. Dose maximale trois gélules par vingt quatre heures… Imaginez la surdose pour tenir trois jours.  Déjà faut-il pouvoir prendre un médicament lorsque la crise est commencée sans le vomir immédiatement (vous savez les nausées). Heureusement,  il existe des molécules efficaces, les triptans par exemple, encore faut-il les supporter eux et leurs effets secondaires indésirables, mais c’est mieux que rien, surtout avec deux crises par semaine.

Plusieurs facteurs peuvent augmenter la fréquence des crises : la fatigue, le stress, la contrariété, le chocolat, les produits gras, l’alcool, les lumières stroboscopiques, les produits volatiles comme l’essence, la peinture, le parfum. Plusieurs facteurs peuvent atténuer les crises, la caféine (vasoconstricteur), une bonne hydratation, le grand air. Alors pour lutter, je me couche tôt, je ne bois plus d’alcool, je en mange pas de chocolat (que j’ai appris à détester), j’évite les chantiers, les femmes trop parfumées (et pots de peinture), je bois du café et je pisse tout le temps en me promenant en pleine nature.

Les médecins, mes copains, adorent expérimenter sur le sujet. Beta bloquants, anti-dépresseurs, antiépileptiques, que des molécules sympathiques qui rendent impuissant et vous réduisent à l’état de tofu. Les vendeurs de rêves, eux, vous proposent des médaillons, des bandeaux, de l’hypnose, des thérapies, des plantes exotiques tous aussi chers qu’inefficaces.

Etre migraineux revient à vivre comme un handicapé. Obligé de transporter sur soi en permanence la dose pour se soigner, la crise pouvant survenir n’importe où n’importe quand. Prévoir une sortie, un voyage devient à la longue source d’angoisse, sachant qu’une crise peut vous terrasser en plein vol, au milieu d’une réunion ou chez des amis, et l’angoisse favorise les crises, un cercle vicieux.

On accuse l’alimentation d’être cause de migraine, alors j’ai écouté et essayé plein de choses : plus de produit laitiers (-5 Kg), plus de sucres (-2 Kg), plus de gluten (-1 Kg). Je n’ai pas essayé tout en même temps. Mais déjà que plus d’alcool, de chocolat de fromage et de charcuterie c’est pesant, si du haut de mes 65 Kg habillé j’arrête tout, je vais devenir si léger que le vent m’emportera à la première rafale.

Mon entourage connait bien les signes avant coureurs de la tempête : agitation, nervosité, intestins liquides, irritabilité, et dans ces moments là, la maisonnée se met en mode silence, plus de musique, de parfum, de lumière. Les triptans agissent rapidement (une à deux heures) s’ils sont pris à temps, mais souvent je repousse l’échéance au cas où la crise passerait toute seule (ça arrive parfois avec 30 min de sommeil réparateur et pas mal de caféine). Une fois la molécule ingérée, la vie peut reprendre un cours presque normal malgré quelques raideurs musculaires et un manque de tonus évident.

L’ennui, c’est que depuis que je suis sujet aux migraines, leur fréquence va sans cesse croissante. A l’adolescence, une tous les six mois, durée 6 heures, adulte, une par mois durée 12 heures, aujourd’hui, une par semaine durée 24 à 72 heures. Et dans dix ans ?

Certains, ceux qui ne font pas de migraine, pensent que tout ça ce n’est que psychologie, qu’avec une bonne thérapie ce sera terminé. Si vous connaissez un thérapeute qui soigne les migraines avec des résultats, je prends, mais je préviens, il y a aura du boulot. Les divers médecins que j’ai consultés affirment tous que c’est un problème physiologique, juste que l’on n’en connaît pas encore vraiment la cause. Comment se fait-il qu’avec une personne sur cinq atteinte de ce mal en France (un marché juteux), la recherche médicale n’ait pas fait plus de progrès dans le domaine ? Est-ce plus rentable de vendre des cocktails de molécules que de mettre au point un traitement efficace ? On parle d’une injection mensuelle qui devrait ralentir les crises. Le produit pourrait être mis sur le marché dans trois ans, je suis impatient d’essayer.

Je connais quelques miraculés de la migraine, qui un jour sans explication aucune, n’en ont plus jamais eu. Des personnes disent que cela se tasse avec l’âge, pour l’instant je fonctionne dans l’autre sens. Si vous avez une expérience sérieuse sur des guérisons ‘miracles’, des traitements efficaces, n’hésitez pas à le partager ici. J’ai bien dit sérieuse.