Le promo syndrome

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Maintenant je peux vous l’avouer, j’ai été touché par le syndrome promotionnel.

Il m’a fallu des mois pour m’en apercevoir, des mois sans aucun contact avec les artistes et les maisons de disques.

Vous avez peut-être déjà expérimenté cette sensation. Lors d’un concert, vous découvrez un groupe qui offre un bon show et emballé par la musique, vous repartez avec leur album. Sauf que le lendemain, en écoutant le disque, vous ne retrouvez plus la magie du concert et le CD finit par prendre rapidement la poussière sur une étagère.

A l’époque de Neoprog, nous recevions beaucoup de musique des labels, des promoteurs et des artistes, beaucoup trop même, de quoi être amplement blasé en fait.

Sauf que chaque nouvel album d’un groupe relativement connu (on parle de rock progressif donc tout est relatif) provoquait chez moi un enthousiasme de jeune chiot alors que je ne l’aurais pas forcément écouté sans cela. Peut-être était-ce dû au plaisir de recevoir avant tout le monde du mp3 de mauvaise qualité avec une pochette en 800×800 pixels, quelques photos de promotion et un PDF en anglais ventant les mérites de l’album.

Aujourd’hui, à tête reposée, sans la pression de publier trois chroniques par semaine, je réécoute certains de ces albums cinq étoiles et me demande ce que j’ai pu leur trouver de si exceptionnels. 

Bien entendu, il arrive que certains disques m’enthousiasment lors des premières écoutes et que je m’en lasse plus tard, mais les cas sont trop nombreux pour rentrer dans cette catégorie. Certaines sorties ont tout simplement été largement surévaluées. 

Quelles ont pu être les raisons de ces gonflages de notes ?

Tout d’abord il faut comprendre que c’est un mécanisme inconscient qui est à l’œuvre ici, enfin la plupart du temps. Je n’ai jamais été payé pour donner une bonne note, j’ai juste été parfois légèrement soudoyé…

Il y a d’abord le bonheur de recevoir l’album d’une grosse pointure en avance de phase et de l’écouter en égoïste alors que tous les fans fantasment dessus, ça joue c’est évident. Le disque est comme alors à un gros cadeau de Noël que l’on s’empresse de déballer avant de passer au paquet suivant. Un déballage parfois trop rapide qui ne laisse pas le temps de bien critiquer le produit.

Il y a aussi l’effet coup de foudre, lorsque le chroniqueur a l’occasion de réaliser une interview de l’artiste. Une rencontre avec un grand nom de la musique, un personnage qui vous transmet sa passion, son enthousiasme, sa folie et qui peut rendre extraordinaire un album, disons moyen.

N’oublions pas l’effet cocorico, car le français est naturellement chauvin. Lorsqu’un groupe local sort un disque audible, les critiques franchouillardes ont tendance à se gargariser même si la galette n’a qu’à peine les qualités d’un album britannique de seconde zone. La production hexagonale étant assez pauvre, un truc acceptable passe pour la huitième merveille du monde.

Il y a aussi la gentillesse qui fonctionne. C’est bête, mais lorsqu’un artiste vient à vous, poliment, humblement, vous offrant son CD auto produit pressé à mille exemplaires, moi j’avais tendance à vouloir lui faire plaisir, à lui donner une chance, quitte à surévaluer son travail.

Enfin il y a l’effet quantité. Lorsque que vous écoutez des heures durant des promos de projets solo enregistrés dans une cuisine avec un clavier MIDI et que soudain vous tombez sur un album enregistré par un groupe en studio par des musiciens professionnels, la différence de qualité flatte immédiatement les oreilles et booste immanquablement la note.

Mais ne me faites pas dire ce que je n’ai pas écrit. Il arrive que des groupes français auto produits sortent de pures merveilles, que des artistes interviewés aient accouché d’un chef d’œuvre et qu’un grand groupe sorte une très belle galette.

Tout ça pour dire que à Neoprog il m’est arrivé de sur noter certaines sorties mais également d’en sous estimer d’autres faute d’une écoute attentive. Aujourd’hui lorsque j’ai un coup de foudre ou quelques réticences, je laisse reposer l’album le temps nécessaire à une écoute plus sereine. Je ne plus suis pressé par aucun label pour pondre mon texte dans la semaine.

La fin d’une époque

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Neoprog est né il y a plus de vingt ans des cendres d’un premier site internet où je parlais de tout et de rien, l’ancêtre du blog. Je l’ai spécialisé pour ne traiter que les musiques principalement progressives dans lequel je donnais un avis partial sur les albums que je possédais. Puis progressivement, les artistes, les labels et les promoteurs sont venus me proposer des albums.

Bien vite il y a eu trop de musique pour deux oreilles et j’ai accepté de travailler avec une seconde personne. Une, deux puis trois, l’équipe finit par atteindre le nombre de dix personnes à l’age d’or de Neoprog avant de décliner lentement.

Ce furent des années d’expériences musicales et humaines très enrichissantes mais également difficiles. J’ai eu le plaisir de découvrir de nombreux groupes, de discuter avec mes idoles, de les photographier en pleine action comme dans mes rêves d’adolescent les plus fous.

Mais aujourd’hui, je désire passer à autre chose.

J’arrête le webzine musical Neoprog, du moins sous sa forme actuelle. L’idée trotte dans ma tête depuis deux trois ans, mais j’ai repoussé cette décision à plusieurs reprises pour diverses raisons. Cette fois ma décision est prise et toute l’équipe a été bien entendu informée.

Pourquoi arrêter ? Gérer Neoprog et son équipe demande beaucoup de temps et d’énergie. Il faut partager les promotions, répondre aux sollicitations, mettre en ligne le contenu, relire la prose, renseigner la base de données sur les groupes, les albums, les concerts, les sorties en plus d’écrire plusieurs chroniques par semaine pour tenir la cadence des publications. Car il est nécessaire de maintenir un audimat raisonnable dans ce genre de médias pour ne pas sombrer dans l’oubli.

Il m’est arrivé de mettre en ligne des textes avec lesquels j’étais en total désaccord et j’ai dû, comme tout manager que je ne ne suis pas, vivre avec les états d’âmes des membres l’équipe. Nous étions six à la fin, et pour suivre l’actualité musicale, il aurait fallu que nous publions au moins cinq critiques par semaine. Plus de vingt par mois. Comme en moyenne les autres membres de la team accouchaient d’un texte par mois, il me restaient quinze à vingt chroniques à produire, en piochant souvent dans les restes. Du travail à la chaîne qui perdait de son intérêt à la longue.

Le webzine subissait la pression insidieuse des labels et promoteurs sans réel retour de leur part. Si nous ne publiions pas à temps un billet enthousiaste sur tel ou tel album, nous ne recevions pas le suivant. Les albums arrivaient de plus en plus souvent en streaming, parfois en mp3 et rarement en support physique. Il fallait mendier pour une version numérique, quelques photos de presse et les paroles.

La qualité du webzine a beaucoup tenu au travail des différents rédacteurs qui s’y sont succédés. La relecture des textes, la mise en page plus soignée, la découverte de nouveaux horizons musicaux, je la dois pour une grande partie aux personnes qui ont participé à cette aventure.

Mais justement, ils se sont succédés. Un arrivait, deux partaient. Faute de temps pour certains, lassitude pour d’autres. Certains ont été mis dehors également, plagia, bâclage, coup de gueule et j’en passe. Depuis deux ans, je ne cherchais plus vraiment à recruter car cela demandait beaucoup trop d’énergie pour un résultat très incertain.

Bref, aujourd’hui j’ai envie d’écouter la musique qui me plait et d’en parler à l’occasion si j’en ai envie, sans avoir à rendre de comptes à qui que ce soit. Revenir à ce que je faisais aux débuts de Neoprog.

Le webzine Neoprog va fermer ses portes et le blog va prendre sa relève. Fini les promotions, il s’agira juste des albums achetés que j’aurai eu plaisir à écouter, peut-être exclusivement les vinyles. Je n’ai pas encore de plan.

Merci à toute l’équipe qui m’a accompagné ces dernières années. Merci aux artistes, labels et promoteurs qui nous ont aidé à exister. Et merci à nos lecteurs, de nous avoir suivi fidèlement depuis le début.

Promotor

Lorsque vous managez un webzine musical, vous en voyez des vertes et des pas mures avec les artistes. Certains sont d’une rare efficacité dans leur communication, d’autre moins. Les sollicitations sont très nombreuses, que ce soit de la part des maisons de promotion, des labels mais également d’artistes non signés. Chaque jour il faut faire le tri entre le grain et l’ivraie, entre ce qui peut être publié chez nous et ce qui ne le doit pas.

Notre histoire a commencé par un mail intitulé « Please review needed », le genre de sollicitation qui démarre franchement mal. A l’intérieur du message, un texte mal ficelé, des liens Youtube et un lien Napster. Bon, manifestement ce groupe ne sait pas bien gérer sa communication, cela arrive souvent chez les amateurs.

J’écoute rapidement la musique sur Youtube et constate que les deux morceaux proposés ne jouent pas forcément dans la grande famille du prog. Je réponds au musicien que nous parlons principalement de rock progressif dans nos colonnes mais que s’il veut que nous écoutions quand même l’album pour en parler peut-être ensuite, nous aurions besoin d’un lien de téléchargement pour la musique, car nous ne travaillons pas en streaming, même avec les grosses maisons de disques.

Pas découragé, le gars m’envoie la bio du groupe avec un lien vers la promo. Un lien de streaming.

Soupir.

Je lui renvoie donc un mail, lui répétant que nous ne bossons pas avec de la musique en streaming.

Il ne répond plus. Silence radio.

Mais le lendemain surprise, il revient à la charge avec un nouveau lien, un lien vers du streaming.

Gros soupir !

Je lui fais à peu près la même réponse que précédemment, mais cette fois sans doute avec un ton un peu moins compréhensif car j’ai d’autres choses à faire dans la vie.

Nouveau silence radio de plusieurs heures, puis un nouveau mail arrive, contenant le message suivant « Oups ! désolé. » ainsi qu’un titre au format non compressé dans le corps du mail.

Sérieusement ?

Puis je reçois dans la foulé un second mail avec un autre titre qui met des plombes à arriver.

Damned, j’ai maintenant à ma disposition les second et troisième morceaux de l’album…Heu, c’est une blague ?

Alors je décris gentiment au gars ce que j’ai reçu, au cas où il aurait envoyé autre chose. Je lui explique aussi patiemment que possible que cela risque d’être compliqué de travailler avec le matériel qu’il nous a envoyé, qu’il existe des outils de transfert de fichiers pour simplifier les échanges, parce que là bon, j’ai d’autres choses à faire comme la revue de presse hebdomadaire (ça je ne l’ai pas écrit).

Quelques heures plus tard le gars me répond : « Décidément » suivi d’un smiley. Oui, et donc ?

Depuis plus de nouvelles. J’ai comme l’impression que nous ne parlerons jamais de ce groupe…

Les groupes de rock sont légion. En une année nous recevons plus de deux-mille solicitations en tout genre, des liens vers de plateformes professionnelles de téléchargement, des envois via wetransfer, Google, des CD par la Poste, trop pour tout écouter. Nous faisons cependant toujours un effort particulier pour les artistes indépendants qui ne disposent pas des même moyens que les blockbusters pour faire leur promotion, mais nous ne sommes pas une agence de communication ni de conseil pour la promotion des artistes. Peut-être devrions essayer. Car pour certains groupes, il y a du travail…

Dopamine

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Savez-vous ce qu’est un webzine de critique musical ? De la dopamine pour labels et artistes, un panneau publicitaire clignotant gratuit en plein centre ville sur lequel passent sans cesse les noms des labels, de leurs artistes et les pochettes des albums.

C’est d’autant plus vrai dans le monde du rock progressif où les labels qui dominent le marché se comptent sur les doigts d’une main.

Avec plus de quinze mille articles lus par mois, un magazine du numérique, tenu par des bénévoles passionnés, génère de manière indirecte des revenus non négligeables à l’industrie de la musique. D’ailleurs ils l’ont bien compris, sinon pourquoi enverraient-ils des albums en promotion ?

Il fut un temps lointain où la presse recevait des vinyles et des compact-discs. C’est encore vrai pour les grands groupes de presse qui d’ailleurs n’en n’ont rien à faire de cette musique qui n’intéresse pas leurs lecteurs. De CD, la musique devint MP3 à télécharger et de plus en plus aujourd’hui, un lien vers une plateforme de streaming à usage limité dans le temps. Quelques maisons de disque se fendent encore de support physique, mais il s’agit aujourd’hui d’une toute petite minorité.

Les labels passent le plus souvent par des intermédiaires pour travailler avec la presse et certains intermédiaires peuvent gérer le catalogue de plusieurs labels en même temps.

Certaines de ces presonnes mettent à votre disposition tout leur catalogue, quelque soit votre ligne éditoriale. D’autres vous livrent au compte goutte, au gré de votre production et de l’enthousiasme affiché dans les colonnes de votre magazine. Dans ce dernier cas, pour recevoir l’intégralité du catalogue, il faut montrer patte blanche et se réveiller un élève exemplaire.

Dans notre petit monde, une mauvaise critique peut sceller la fin de toute relation avec un label ou un de leurs représentants. Soudain, votre magazine, autrefois inondé de promotions, se retrouve avec des propositions de seconde zone, des albums de reprises, des lives ou des flop assurés.

Pour éviter cela, certains webzines optent pour la soumission, la flatterie, à coup de chroniques dithyrambiques, de cadence infernale, d’interview avec les questions en forme d’adulation. Mais ces articles possèdent-ils le moindre intérêt pour le lecteur, à part les conforter dans une stupide idolâtrie ? Où se trouve alors la critique, quid de l’article qui permet d’éclairer le lecteur sur la qualité de tel ou tel album s’ils sont tous jugés bien ou très bien ?

A Neoprog, nous avons toujours fait le choix de l’honnêteté et de l’indépendance. Lorsque nous aimons, nous l’écrivons, lorsque nous n’aimons pas, nous le disons également. Nous menons des interviews lorsque l’artiste nous intéresse et nous couvrons les concerts qui nous font envie.

Alors bien entendu, il nous arrive de critiquer, de ne pas être tendre avec ceux qui n’ont pas l’excuse de la jeunesse ou du manque de moyen pour produire un navet. Cela me semble logique de prévenir le lecteur que ce qu’il pourrait acheter une trentaine d’euros ne vaut pas la peine d’y consacrer le moindre cent. A contrario, il nous arrive de porter aux nues un illustre groupe inconnu, juste parce qu’il a réellement du talent.

C’est notre rôle.

J’ai fait le choix il y a quelques mois de ne présenter que les albums reçus en promotion, ceci afin de mettre sur un pied d’égalité les groupes qui faisaient l’effort de nous envoyer leur musique et non, comme certains pourraient le penser, pour faire des économies, car de la musique, j’en achète toujours autant, voire plus qu’avant. Ce choix assumé a été fait en période d’abondance, n’imaginant pas qu’un des principal fournisseur de musique du rock progressif allait nous bouder, ne nous laissant que quelques miettes de la production mondiale, celles dont personne ne veut vraiment.

Le webzine fait l’impasse sur plusieurs grosses sorties, pas forcément les plus intéressantes heureusement, mais celles qui génèrent assurément le plus d’audimat. Par chance, les indépendants, les auto-produits suffisent amplement à notre bonheur musical et nous perdons pas au change, nous écoutons toujours autant, voire plus de bonne musique.

Mais si cela perdure, et cet article risque d’aggraver les choses, nous ne recevrons plus que des albums de niches, dans une musique qui l’est déjà. Cela ne signifie pas que nous ne ferons pas de belles découvertes, cela signifie que les quinze-mille articles lus tous les mois vont se réduire à pas grand chose, car jusqu’à présent, nous surfions sur la notoriété des blockbusters pour éclairer la musique des plus petits.

Nous n’allons pas changer notre manière de penser ni de nous exprimer, la preuve. Certains groupes disparaîtront de nos colonnes (vous avez déjà dû le constater) au profit de nouvelles découvertes, jusqu’à notre retour en grace auprès de certaines maisons de disque, comme cela s’est vu par le passé.

Car la roue tourne.

Nous pourrions également répondre à toute demande de promotion par ce texte lapidaire : « Le magazine n’accepte que les promotions au format physique ou loseless pour les sorties exclusivement numérique. ». Qu’en pensez-vous ?

Voila voila

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J’avais presque promis que je ne ferai plus étalage de mes trésors musicaux, mais en fait j’en suis incapable. Il faut que je me la pète, c’est plus fort que moi, que je me plaigne : « ouin, j’suis triste, j’ai … Continuer la lecture

Favoritisme (Dans mon iPhone n°28)

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Samedi matin, en préparant les publications de la semaine, en mettant en forme le numéro trois du magazine, j’ai également parcouru le contenu de mon iPhone afin de sélectionner des albums que je serai susceptible de chroniquer. Malgré une humeur … Continuer la lecture

Le choix dans la date

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Après avoir mis au propre une chronique pour relecture, la question qui se pose juste après est la suivante : que vais-je critiquer maintenant ? Pas que vais-je écouter, comprenons-nous bien, mais quel album vais-je faire tourner en boucle pendant des heures, afin de le mettre en avant ensuite dans les colonnes du magazine.

Vous pensez sans doute qu’il s’agit d’une décision simple, « ben tu n’as qu’à prendre le truc qui te fait plaisir mon gars », oui mais non. Disons que c’est un peu plus compliqué que cela. Mettre en ligne une chronique, c’est donner un coup de projecteur sur un album, un artiste, un label, saluer le travail de plusieurs mois, présenter la carrière d’un groupe, l’originalité d’une démarche, vous faire découvrir une rareté.

Parmi les nombreuses promotions que nous recevons et les achats que je fais régulièrement, il y en a pour tout les goûts. Des vieux routards dans de grands labels, des petits nouveaux auto produits, des rééditions, des lives, des américains, anglais, français, indiens, mexicains. Rien qu’avec le catalogue de labels comme Inside Out et Kscope, nous pourrions publier deux articles par semaine voire plus, des albums gravitant autour de Wilson, Hackett et consors. Avec ce genre de publications, nous serions certains de faire le plein de lecteurs et d’écouter la plupart du temps de très bons albums, la sécurité.

Mais n’est-il pas de notre devoir de proposer autre chose que l’offre Fnac ? De nous aventurer en terres inconnues, d’écouter des musiques improbables qui demain seront peut-être parmi les grands. Qui aurait misé un penny sur Porcupine Tree à leurs débuts ?

Le choix d’un album dépend de nombreux critères :

  1. Présenter les classiques incontournables du moment pour ramener un minimum d’audience sur le site mais également pour se faire plaisir.
  2. S’ouvrir à de nouveaux genres à tendance progressif pour sentir l’évolution de la musique au fil du temps.
  3. Donner un éclairage sur de jeunes talents prometteurs et totalement inconnus du grand public faute de distribution et label.
  4. Mettre en avant la production française souvent trop méconnue.
  5. Sélectionner un album qui va sortir prochainement.
  6. Se décrasser les oreilles des mélodies progressives alambiquées avec une dose dose de métal.
  7. Donner un coup de pouce à un artiste qui le demande gentillement.
  8. Se faire plaisir également.

Vous voyez, ce n’est pas si simple de choisir. Au moment ou j’écris ces lignes, je pourrai prendre le dernier Leprous (une valeur sure) ou le Caligula’s Horse mais je viens de finir un autre album de chez Inside Out. Je pourrai me faire plaisir avec le dernier Cosmograf mais priorité aux promos en souffrance, je pourrai me plonger dans le Meta de Christian Bruin mais je viens de publier le nouveau Sky Architect. Pas facile tout ça. Choix cornélien. Alors je regarde les trucs zarbis, pas connus que j’ai sur mon iPhone et je zappe d’un album à l’autre, Telepaty, Bodhi, Professor Tip Top, Dead Blonde Stars, Kal-El, Impure Wilhem, Erudite Stoner, Buttered Bacon Biscuit, Alwanzatar et Tuesday The Sky… Mon oreille revient sur Dead Blonde Stars, d’où est-ce qu’ils sortent ceux là ? Aucune idée, je ne les vois même pas dans le tableau des promos et puis je me souviens, c’est un code que j’ai obtenu avec l’achat du dernier Amplifier, ce n’est donc pas une promo, je ne l’avais pas encore écouté. Du rock alternatif pas très connu avec assurément quelque chose que interpelle mes oreilles, c’est vendu, j’ai trouvé ma prochaine chronique.

Cette fois, avec Dead Blonde Star, je mélangerai soutient à un jeune label, Rocosmos, présentation d’un jeune groupe (fondé en 2012), décrassage d’oreille (après je jazz prog de The Tangent) l’alternatif repose, et plaisir immédiat car leur album Resolution est prometteur. Seul inconvénient de ce choix, nous allons prendre encore du retard sur plusieurs dossiers brûlants comme le nouveau Leprous, tant pis, il attendra.

Pour la petite histoire, au début de ce billet, je ne savais vraiment pas ce que j’allais chroniquer. Je venais de finir The Slow Rust Of Forgotten Machinery de The Tangent et mon cerveau avait besoin d’un retour à une forme musicale plus directe pour faire une pause.

L’art de la lucidité

Parler de musique, la chroniquer, se révèle un exercice délicat. Il faut tout d’abord être assez ouvert pour écouter, sans trop de préjugés, des styles qui a priori pourraient vous dérouter et accepter la nouveauté. Ensuite il ne faut pas se laisser influencer par son côté fan (je suis un fan de Marillion depuis leur début donc leur dernier album est forcément bien, ben non justement, pas forcément). J’ai longtemps été ce fan aux oeillères, n’écoutant que quelques groupes, perclus de préjugés sur ce que je n’avais jamais écouté. C’est en m’ouvrant à de nouveaux genres, groupes, que j’ai perdu un peu de ce fanatisme absolutiste que l’on retrouve chez quelques progheads illuminés. Comment ça le dernier Pink Floyd n’a aucun intérêt, mais vous ne connaissez rien à la musique ! Tu n’as pas aimé Heaven And Earth de Yes, mais c’est pur chef d’oeuvre ? Défense de toucher aux grands anciens qui ont créé le mythe, ils étaient fabuleux, ils le sont forcément encore. Qu’elle blague… J’ai en horreur le fanatisme musical.

Il faut rester lucide, garder la tête froide et ne pas se laisser influencer par ses propres faiblesses. Lorsqu’un label vous gâte régulièrement où qu’un artiste vous envoie une belle édition plutôt de du mp3 bas de gamme, il arrive que votre jugement soit altéré par le geste, difficile alors de juger avec équité, on aime faire plaisir en retour. Et puis, il y a ces artistes qui deviennent vos amis (des amis de la vraie vie), comment rester indépendant lorsqu’ils vous demandent de chroniquer leur album ? Il vaut mieux passer le relais à un collaborateur moins impliqué émotionnellement que vous.

Il est plus difficile pour moi de pardonner un album médiocre à un groupe professionnel d’envergure internationale avec derrière lui label, studio, producteur et arrangeur qu’à des amateurs passionnés qui enregistrent dans leur garage. Il s’agit d’un traitement inégalitaire que je trouve paradoxalement juste. Imaginez donc Not The Weapon But The Hand enregistré avec Cubase dans la cuisine de monsieur Barbieri… Pardon je vais vomir.

Et qu’est-ce qu’une bonne critique ? Un regard objectif et technique sur le travail d’un groupe ou d’un artiste ? Pas pour moi. Je ne suis pas musicien même si je baigne dans le monde des croches et des blanches. Juger du touché d’un guitariste ou de la virtuosité du batteur s’avère bien au-delà de mes compétences, décortiquer les rythmes joués, les mécanismes du morceaux, trop peu pour moi. Je chronique avec mon cœur (de pierre). L’émotion que me procure tel ou tel titre est mon moteur principal  (et ma drogue). Bien entendu, il m’arrive de prendre mon pied sur un album très technique et froid, mais le plus souvent, c’est le feeling qui l’emporte, tant pis si le bassiste n’est pas au top tant que la musique me parle. La voix est une des premières choses que j’entends lorsque je passe un album. (James ne lis pas ça). Un chanteur aux cordes vocales hésitantes ou désaccordées risque gros avec moi, je n’arrive que rarement à dépasser ce stade et c’est un réel handicap, mais j’en suis conscient (c’est bon James, c’est fini). Donc objectivité ou subjectivité ? La plupart du temps, mes chroniques sont fortement subjectives. C’est mal ? Peut-être, je n’en sais rien en fait, mais quand on voit des groupes fabuleux boudés ou totalement ignorés par les médias, on se demande qui est subjectif.

Quand je lis la chronique d’un confrère, je le fais en gardant en tête ses goûts musicaux et si je suis trop souvent en désaccord avec ce qu’il raconte, c’est que nous ne sommes pas de la même planète musicale, que ses goûts divergent radicalement des miens. Cela ne veut pas dire qu’il a tord, cela veut dire que nous n’aimons pas les mêmes choses. Il ne sert à rien d’essayer de comprendre le bien fondé du programme de François Fillon quand on est fonctionnaire de gauche et à sensibilité écologiste.

Bonne ou moins bonne, une chronique met un coup de projecteur sur un album, un artiste, lance le débat, titille la curiosité et donne parfois envie, même lorsqu’elle est mauvaise, d’aller à la découverte de l’album. Des groupes m’ont remercié pour avoir souligné les faiblesses de leur album. Cela me donne à chaque fois des sueurs froides, qu’un artiste me contacte après une chronique moyenne (des fois c’est chaud je vous l’assure, pas vrai Nick ?). Mais qu’une chronique puisse influencer la genèse du prochain disque est tout simplement cauchemardesque pour moi, j’essaye de ne pas y penser quand j’écris.

Donc objectif jamais, passionné toujours. Maintenant, vous êtes prévenus.