Le virus martien

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On pourrait penser qu’avec un masque, du gel plein les mains et la distanciation on allait échapper à la crève automnale.

C’était sans compter sans notre grand qui bosse dans un lycée, haut lieu d’incubation pour toutes les saloperies qui traînent dans l’air et sur les muqueuses. Notre barbu chevelu de deux mètres qui joue les Tanguy depuis deux ans à rapporté le virus du crevard à la maison. Rhume, toux sèche et fébrile.

Il n’a pas fallu très longtemps pour que les mêmes symptômes nous attaquent, nous les deux petits vieux fragiles. D’abord un mal de gorge, puis une toux de chien crevé, quelques dixièmes de degrés au-dessus de la température optimale de fonctionnement du métabolisme humain puis la fontaine de morve ininterrompue.

D’ordinaire, choper la crève c’est juste pénible et fatigant. En pleine pandémie de COVID-19 c’est un peu plus compliqué. Déjà, les gens vous regardent de travers lorsque vous toussez dans votre masque dans les transports en commun. Et puis y a un doute qui plane fatalement, rhume ou COVID ? Un seul moyen de le savoir, se fourrer le coton tige dans le nez.

Donc après trois jours de coma dans la maison et deux migraines qui viennent avec la fièvre, je me suis sacrifié pour nous trois en allant me faire curer le nez au laboratoire près de chez moi. Ma femme refuse d’en passer par cette expérience traumatisante et mon fils s’en tape, la fin du monde approche. Oui mais moi j’ai un boulot et je côtoie pas mal de monde quand même.

Vous me direz, qu’elle est la probabilité de choper la COVID-19 avec deux doses d’astra dans le sang, un masque sur le visage et des mains tellement désinfectées qu’elles ressemblent à la peau d’un vieux crocodile ? Ben non nulle, la preuve un de mes collègues vient de choper la saloperie. Donc ceinture et bretelles. Isolement et test.

Mon Week-end prolongé de trois jours s’allonge encore histoire de s’assurer que tout va bien. De toute manière je ne tiens pas sur mes quilles. Du coup j’ai du temps. Pas pour enregistrer de chronique, car avec la crève ça n’est pas franchement sexy, mais pour écouter Mandoky Soulmates et jouer au Lego.

Après avoir finalisé Voyager I, je suis allé acheter une superbe Fender et son ampli. Et puis, n’ayant pas d’autre projet pour le Week-end, je me suis lancé dans la conception de la sonde martienne Viking. 

Saviez-vous qu’une des grandes problématiques de la recherche de la vie sur la planète rouge est la non contamination des échantillons par des bactéries venues de la Terre avec la sonde ? Ben c’est pareil pour moi au travail. Faut que je garde mes crasses à la maison pour ne pas pourrir le travail de mes collègues.

C’est grave docteur ?

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De quoi souffrez-vous donc ? D’une dépression, d’un cancer, d’épilepsie, de migraines, de névrose, d’ulcère, de bipolarité ? Vous souffrez forcément de quelque chose, un mal incurable, sinon ça n’est pas possible.

Pour ma part ce sont des migraines, une certaine bipolarité également doublée d’une hyper activité et donc des phases dépressives sans parler d’une hernie discale et d’une bosse au gros orteil. Vous voyez, je n’ai pas honte, je l’assume, mais vous ?

Pourquoi seriez-vous malade vous aussi, me direz-vous ? Bonne question. Ce sont les statistiques qui parlent d’elles-même, des mathématiques donc, et les nombres ne mentent jamais. Vous êtes forcément malade. C’est obligé.

Car voyez-vous, ils faut être malade pour aimer le rock progressif, soyons honnêtes pour une fois. Les amateurs de prog écoutent des albums interminables, des morceaux de plus de quinze minutes joués par souvent cinq ou six musiciens, des instruments improbables, des histoires épouvantables alors que le reste de la planète se trémousse sur des chansons d’amour aux rythmiques tribales en se dandinant le popotin.

Donc vous êtes malade, ou un malade, choisissez.

Mais la vrai question est celle-ci : qui du rock progressif ou de la maladie est arrivé le premier ? Est-ce les souffrances liées à la maladie qui poussent à écouter du rock progressif ou bien est-ce cette musique épouvantable qui crée des tumeurs au cerveau ?

Je penche pour la seconde hypothèse.

Pourquoi ? Tout simplement parce que lorsque j’écoutais AC/DC, je n’avais pas de migraines. Elles sont arrivées quand j’ai découvert Genesis. Et lorsque qu’une crise survient, un bon album de metal passé à fond au casque me soulage quelque peu.

CQFD. Le prog provoque des maladies terribles, d’ailleurs je suis entouré de cancéreux, dépressifs, migraineux, épileptiques, incontinents, diabétiques… Et d’ailleurs, si vous aviez besoin d’une preuve supplémentaire, tous les musiciens de rock progressif meurent les uns après les autres, une véritable hécatombe.

Le pire ce ne sont pas les fans mais les artistes. Pourquoi jouer du rock progressif lorsque l’on sait que la musique ne passera jamais à la radio et que si une émission en parle ce sera à une heure impossible sur une chaîne pour intellos comme Arte. Pourquoi composer un album pendant deux ans, se prendre la tête sur des rythmes syncopés, des textes incompréhensibles bourrés de références philosophiques (je ne parle pas de Dream Theater là), tout ça pour au final (dans le meilleur des cas) graver un millier de CDs que le groupe n’arrivera même pas à écouler ? Pourquoi tenter une tournée dans l’hexagone, dans des salles de deux-cent personnes remplies au quart et perdre de l’argent ?

Cela n’a pas de sens !

J’ai une hypothèse là dessus, tirée par les cheveux et conspirationiste bien entendu, mais une hypothèse quand même. Les musiciens de rock progressif sont payés par de grands laboratoires pour composer des albums qui provoqueront, en les écoutant, des maladies incurables à leur public.

C’est gagnant gagnant. Les musiciens sans talent peuvent composer n’importe quoi, même le pire, les grands laboratoires les payeront d’autant plus car la musique fera des ravages. Plus c’est compliqué, plus le cerveau réagira vivement, se révoltant contre cette agression sonore en développant des pathologies qui très rapidement (enfin des fois), mettrons un terme à cette torture musicale.

C’est pour cela que les gens sains d’esprit n’écoutent pas de rock progressif. Ils le savent. Et puis sincèrement, la guitare douze cordes, le thérémine, l’orgue Hammon, le mini Moog, le stick Chapman, la flûte traversière sont des instruments qui produisent des bruits épouvantables !

Reste une question et non des moindres. Pourquoi les gens écoutent-ils du rock progressif dans ce cas ?

Et là j’ai encore une hypothèse.

Les fans de prog sont des personnes lassées de la vie. Elles n’en peuvent plus du rap, du punk, de la disco, de la dance, du hip hop, de la variétoche aux autres immondices qui passent sur nos ondes. Ils savent sans doute que le rock progressif est dangereux, qu’il provoque de vives émotions, que le risque d’y succomber est immense et que l’addiction vient très vite. Mais voila, plutôt que de subir le triste bruit formaté sur les ondes, ils préfèrent se suicider aux harmonies magiques et aux textes mélancoliques.

Un jour sur six

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Un jour sur six je suis malade. En moyenne cinq jours par mois, soixante par an, bien plus que mes jours de congé ou mes droits annuels à l’arrêt maladie. Je n’ai pas de pourcentage de handicap, je dois vivre comme tout un chacun.

Un jour sur six en moyenne, parfois deux sur quatre, tout dépend.

Cela commence souvent la vieille, par une forte agitation, une sensibilité exacerbée. Cela continue le matin par un vague à l’âme, un état nauséeux et un mal de tête qui s’installe, pulsant dans le lobe frontal gauche.

Sans médicament, la crise s’intensifie, je ne supporte plus les odeurs, le bruit, la lumière. La douleur augmente, les nausées arrivent et la bombe explose dans la tête, pendant douze à soixante-douze heures selon la crise.

Je ne connais aucune douleur de ce genre, la rage de dent en comparaison est un bonheur. Par chance les triptans, pris à temps, quatre fois sur cinq, étouffent la crise et après une à deux heures, je peux recommencer à vivre presque normalement.

Presque… Je ne mange pas, reste cotonneux, lent, je ne peux plus conduire, réfléchir.

Imaginez-vous ainsi, un jour sur six, parfois au travail, en vacances, le WE, en voyage, chez des amis.

Le stress augmente le risque de crise, rendez-vous important, concert, déplacement, fatigue. Et la crainte de la crise augmente la fréquence des crises. Un cercle infernal. Aujourd’hui, chaque concert provoque une migraine le lendemain. Son trop fort, lumières stroboscopiques, fatigue, excitation, un cocktail explosif. Regrettable pour un chroniqueur de rock mais c’est ainsi, je n’ignore pas que chaque belle prestation de rock se payera le lendemain au prix fort.

Mes proches connaissent les symptômes, voient souvent avant moi la tempête arriver et m’aident à leur manière à la traverser. Alors je ne me plains pas. D’autres personnes souffrent de maladies qui les conduiront assurément dans une caisse de sapin plus vite que moi.

J’ai mes triptans. La morphine quand je peux rester couché à délirer dans le noir.  Lorsque j’étais adolescent et déjà malade, les triptans n’existaient pas et les médecins connaissaient mal cette maladie, ils bricolaient avec des molécules dangereuses ou paniqués vous injectaient une ampoule de morphine. Bien des personnes pensent encore que les migraines c’est un truc de filles, que c’est ‘psychologique’. « Pas ce soir chéri, j’ai la migraine. ». Permettez moi de lâcher un « connards » bien pesé à ces gens qui ne comprennent rien, un jour sur six…

Une personne sur cinq souffre de migraines.

Un jour sur six, une personne sur cinq en France, deux millions de malades tous les jours, à raison de douze comprimés par boite, cela fait beaucoup de doses de triptans vendues.

Je me demande parfois pourquoi la recherche sur de vrais traitements de fond n’avancent pas plus rapidement dans le domaine. Pensez donc, je suis un consommateur régulier, dans un marché de près de deux millions d’euros par jour, rien que pour notre hexagone. Alors pourquoi chercher à soigner la maladie quand on peut calmer la crise et commercialiser des doses ?

Qu’est-ce qu’une journée par semaine après tout ?

Le débarquement

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Quand vous rentrez de vacances et que vous retrouvez vos collègues de travail, la question qui vient tout de suite dans la conversation est la suivante : « Alors, tu as passé de bonnes vacances ? », ceux à quoi il est d’usage de répondre, « Oui génial ! ».

Quinze jours de repos, mérités ou non, ce sont quinze jours de repos. Une semaine à la maison avec au programme promenades, photo, siestes et bricolage, une semaine à la montagne avec lecture, promenade, photo, réunion de famille et calme. Chouette perspective !

0 heure de route

Il faisait très chaud en Alsace, 20°C le matin, 36°C l’après-midi. Très chaud ? Au premier jour de congé, un terrible mal de gorge me terrasse, descendant illico sur les bronches, me laissant patraque pendant une semaine, zombifiant du canapé au lit, n’ayant pas la force de lire ou de regarder un film jusqu’au bout. Après sept jours de ce traitement, la tête encore dans le brouillard, mes jambes réussissent à porter les 65 ko de mon corps, tant mieux, nous allons devoir traverser la France.

Comme la Dacia Logan familiale (premier modèle) s’apparente à un char d’assaut et que la route va être chaude et longue, décision a été prise de louer un véhicule plus confortable. Réservation faite d’une cinq portes avec climatisation, je reviens à la maison avec, à la place du tank, un autre véhicule qui a participé au débarquement américain, une Jeep. Une jeep Renegate, gros SUV, génial pour frimer devant les filles mais pas foutu d’avoir un coffre capable d’engloutir deux valises et un sac photo bien garni. Clim, GPS, radio guidage, Car Assist, détection de bandes blanches, il ne manque plus que le lance roquette et l’écran de fumée pour jouer au James Bond. Sympa les boutons partout sur le volant ! Mais regardes la route imbécile !

9 heures de route

Nous voila partis, confortablement installés, au calme, avec quelques chevaux de plus à l’attelage que d’habitude pour franchir les cols alpins en passant par la Suisse. Dès l’arrivée sur l’autoroute helvétique, le GPS se met à jouer avec nous, nous proposant des itinéraires très excentriques. Après une heure de détours, nous passons à la conduite à l’ancienne (vous savez en regardant les panneaux). C’est vers Grenoble que nous trouvons enfin, caché au fond de plusieurs sous menus, l’option « autoroute à péage » désactivée. Très drôle. Nous arrivons finalement, avec quatre heures d’avance sur les prévisions du GPS, à notre destination finale.

10 minutes de route

La seconde semaine de vacances peut alors commencer. Le lendemain de notre périple, première ballade. Il ne fait pas trop chaud, que la montagne est belle ! Une ligne droite, deux trois virages,  et paf ! Un gros caillou vient heurter le pare brise fumé muni d’une caméra du magnifique Jeep Renegate série limitée de location. Put… ! Une belle étoile de cinq centimètres côté passager et bien entendu, pas d’assurance bris de glace, car en trente années de conduite, jamais ça ne m’était arrivé.

deux heures de route

Carglass répare Carglass remplace. En plus il vous change gratuitement vos essuies glace. Trop sympas ! Une heure de route de montagne pour trouver l’agence la plus proche. 1000 € de devis et pas de rendez-vous avant quinze jours, c’est à dire une semaine après les vacances. Ben oui vous comprenez, c’est un véhicule haut de gamme, une série spéciale en plus, avec caméra, il faut commander le pare brise, le changer et calibrer l’engin. Dans le coin, la seule agence équipée est à une heure et demi de route. Bref nous allons rester avec le pare brise sur les bras. L’agence de location  nous propose bien de remplacer le véhicule, mais faut-il encore se rendre dans une agence qui dispose d’une voiture de la même gamme (une heure de route) et qui sait – la loi des série vous connaissez – avec ma chance, si nous n’allons pas exploser une seconde fois le par brise.

Les premiers jours de vacances à la montagne passent pendu au téléphone entre le loueur, l’assurance et Carglass, génial ! Dans les quelques moments de répit, je lis Eschbach et Wilson au calme sur la terrasse, admirant la montagne et les planeurs mais je suis d’assez mauvaise humeur, il faut l’avouer, tout le monde en fait les frais…

4 heures de route

Je vous passe les détails du repas de famille et les quatre heures de route de montagne pour y aller et revenir, dans un résidence de vacances hôtelière EDF, cher, chaud, pas bon, chiant. Quand je dis que je suis en rogne… Bon c’était sympa quand même de se retrouver autour du papi qui fêtait ses 80 bougies.

10 heures de route

Après quelques jours à 1500 mètres d’altitude, il faut redescendre sur le plancher des vaches, avec un Jeep Renegate au pare brise étoilé et un nuage noir au dessus de la tête. Mauvais col pour rejoindre Grenoble, longue attente à l’entrée de la Suisse, deux heures pour effectuer un Genève/Lausanne, la coupe est pleine.

Alors si vous me demandez si j’ai passé de bonnes vacances (ce qui est une mauvaise idée), attendez-vous à un « Non ! » très énervé. Seul petite éclaircie dans ma mauvaise humeur, Avis ne nous facturerait que 180€ la réparation contre les 972€ promis par Carglass. C’est vrai que qu’offrir deux balais d’essuies glaces, ça n’a pas de prix.

Happy birthday !

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C’est allongé dans mon lit avec 39 de fièvre que je fête mon 31 mai. Point de rechute rassurez-vous mais un mal de gorge épouvantable doublé d’une violente poussé de température. Sans doute la suite d’un weekend très chargé pour mon âge vénérable… Bon ça pourrait être pire, je pourrais également me planter à vélo vers 17h30 et me retrouver aux urgences avec un pronostic incertain.

Aujourd’hui aucune chance que je monte sur un vélo, un parce que j’ai renoncé à ce moyen de transport, deux parce que je ne tiens pas sur mes guiboles. Alors même si j’ai encore des séquelles de l’accident, joyeux 31 mai ! je suis vivant avec deux reins. Dingue comme une simple pirouette à vélo pour changer votre vision du monde.