This Winter Machine – Kites

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Il y a bien longtemps, j’avais découvert l’album The Man Who Never Was du groupe britannique This Winter Machine. Un premier effort néo-progressif d’assez belle facture qui m’avait enthousiasmé à l’époque. 

Si je me souviens bien, le groupe avait connu quelques déboires avec son label et aujourd’hui ce disque n’est pas disponible sur leur page Bandcamp, pas plus que le second album également épuisé A Tower Of Clocks. Il est cependant possible de découvrir The Man Who Never Was sur la page Bandcamp du label Progressive Gears. 

Bon, j’avoue, avec le recul, The Man Who Never Was sorti en 2017, ne me fait plus le même effet. Je le classerais dans les albums sympathiques, mais sans plus. Et c’est un peu la même chose pour leur troisième galette intitulée Kites. Toutefois j’étais curieux de voir comment avait évolué le groupe This Winter Machine en cinq années.

Kites développe dix morceaux en un peu plus de trois quarts d’heure. Des pièces de deux à sept minutes où se glissent quelques instrumentaux dont le premier titre ‘Le Jour d’Avant’, en français s’il vous plait, au piano, guitare et flûte.

On pourrait comparer This Winter Machine aux québécois de Mystery pour les morceaux les plus mélodiques comme ce ‘Pleasure & Purpose’, mais sans la délicieuse voix de Jean Pageau hélas. Celle de Al Winter, campée dans les médiums, est un peu plus basse et nasillarde. 

Le groupe joue de claviers nineties, de guitares progressives à souhait et d’une rythmique le plus souvent éloignée des carcans du neoprog sorti du bref instrumental tambour de machine à laver ‘Whirlpool’ et du ‘Kites’ très marillionesque.

Les influences de Pink Floyd et des polonais de Satellite sont palpables dans la seconde section instrumentale de ‘The Storm (Part 1)’ dominée par les claviers et les guitares électriques. 

La seule petite originalité de l’album se trouve dans la ballade folk acoustique ‘Sometimes’ ou un violon pointe le bout de son nez.

L’album reste assez tranquille, le plus souvent mélodique avec de plaisantes balades et quelques bruitages sorti des trois titres aux passages plus musclés que sont ‘The Storm’, ‘Whirlpool’ ou ‘Kites’.

Parmi mes pistes préférées il y a ‘Pleasure & Purpose’. Le titre est des plus classique avec du piano, des claviers et un solo de guitare mais lorsque Al Winter entame le refrain “Sometimes it seems like every second I forget a little more” j’ai des frissons le tout long de la colonne vertébrale. Comme quoi il me faut peu de chose pour grimper au rideau.

Kites n’est certainement pas l’album du siècle. Il ne saurait rivaliser avec un Misplaced Childhood, un Pure ou un Delusion Rain. Néanmoins, il se laisse écouter, rappelant que quelques groupes s’essayent encore au néo-prog avec bonheur. Alors si vous aimez le genre, ne vous privez pas de l’écouter, il est sur Bandcamp.

Teeshirt : Chris Luna

Karfagen – Land of Green and Gold

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Vous le savez sans doute, l’armée russe est entrée en Ukraine le 24 février dernier et depuis, des millions d’habitants fuient les villes bombardées, pour se réfugier en Europe et ailleurs.

Antony Kalugin (Sunchild, Akko, Hoggwash et Karfagen) compte parmi ces réfugiés et comme je suis sa carrière depuis assez longtemps, j’ai commandé il y a peu son album Land of Green and Gold. Ma manière de soutenir l’Ukraine contre l’envahisseur.

Je n’ai pas encore totalement compris les enjeux de l’invasion russe en Ukraine je l’avoue. Je suis un gros nullos en géopolitique. Mais une guerre aux frontières de l’Europe, ça fait froid dans le dos. Surtout lorsque l’agresseur dispose du plus gros arsenal nucléaire mondial. Et puis d’instinct, j’ai tendance à défendre le petit poisson contre le gros requin.

Parlons musique si vous le voulez bien, malgré cette actualité explosive. On est là pour ça non ? Karfagen est un projet quasi instrumental de rock progressif symphonique à tendance néo-prog. Un projet avec profusion de claviers pas toujours très vintages, joués par Antony.

Sept musiciens jouent aux côtés d’Anthony, ajoutant aux claviers, flûte, accordéon, saxophones, basses, guitares et batterie. Dix neufs titres qui voyagent du prog symphonique à la fusion, de l’art rock au canterbury en passant par le néo-prog. Un programme varié, indispensable pour ne pas tourner en rond sur ces deux disques.

‘Garden of Hope’ en deux parties est l’unique titre chanté de l’album avec ‘The Blossom’ présent sur le disque bonus. D’habitude j’apprécie les instrumentaux qui cassent le rythme des albums trop chantés. Ici c’est exactement la même chose, mais à l’inverse. Vous voyez ce que je veux dire ?

Le disque bonus n’est pas composé de rushs d’enregistrements mal fichus. Il propose de très belles pièces comme ‘Horizons Part 1’ où la guitare d’Andrey rappelle les sonorités de Steve Hackett. Ces bonus sont d’ailleurs nettement moins fusion que l’album Land of Green and Gold, des pièces plus proches du rétro prog et cela convient assez bien à mes oreilles.

J’aime particulièrement ‘Pastoral’, ‘Land of Gold’, ‘Horizons Part 1’, ‘Shape of Green’ et ‘The Blossom’. Vous noterez au passage que je préfère nettement plus le disque bonus à l’album original en fait. Personne n’est parfait.

Le principal reproche que je fais à Karfagen, c’est le choix du synthé numériques au lieu de claviers analogiques qui possèdent à mon avis nettement plus de chaleur. Land of Green and Gold s’écoute plus en musique de fond que le casque vissé aux oreilles à décortiquer les mesures, enfin pour moi. Après, je m’en doutais un peu en commandant l’album. 

Mais comme dit plus haut, il s’agit d’une chronique militante. Alors si vous n’avez pas de place pour accueillir chez vous une jeune ukrainienne, ou que votre femme n’est pas d’accord, vous pouvez les soutenir en achetant Land of Green and Gold, l’album est sur Bandcamp.

Teeshirt : Transatlantic

Neoprog

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Pour qu’il n’y ait aucun malentendu, il faut que je vous raconte une histoire.

Aux temps lointains du freeware et du shareware, avant l’open source, le Creative Commons,  vivait un informaticien, programmeur, qui pendant son temps libre, fabriquait des logiciels qu’il vendait sur Internet.

Sa maison d’édition se nommait JCLB Soft (il était jeune) et son pseudonyme était Zébulon. Sur son site web zéro,, chez Multimania, il proposait ces sharewares, parlait musique et présentait ses œuvres argentiques très médiocres. Comme quoi, peu de choses changent malgré le temps qui passe.

Ce site avait un nom, Neoprog, comme néo programmeur. Il est vrai que j’écoutais déjà Marillion, mais à l’époque, j’ignorais qu’il s’agissait de rock néo-progressif. Quand la musique prit le pas sur l’argentique (appareil détruit par de l’huile d’amande douce à la naissance de mon second garçon) et que l’ère du shareware fut tuée par Linus Torvalds, il ne me resta plus que la musique, Marillion, Sting, Kate, Gary Moore, Queensryche…, je conservais ce nom Neoprog et m’offrais même un domaine en .net. Neoprog.net était né. La musique devint mon unique obsession et j’élargis mes horizons avec IQ, Arena, Pendragon, toujours sans savoir qu’il s’agissait de néo-prog.

Quand je le compris, il était trop tard, Neoprog était devenu un webzine connu et le malentendu persista. Nous fument inondé de propositions de rock néo-progressif alors que mon cœur battait de plus en plus pour le metal prog. Nous fumes même conspués par une macédoine niçoise pour avoir osé parler de black metal dans nos colonnes. Que répondre poliment à ça ? Et ta sœur ?

J’ai pensé à changer de nom, de domaine, mais je ne suis ni metal prog, ni neo-prog, ni prog fusion, ni prog, j’aime juste la musique en dehors de toute cases, des étiquettes, des castes. Alors Neoprog, comprenez-le bien, est un webzine qui parle de musiques, celles qui nous font vibrer, un point c’est tout.

Crise de foie

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Crise foie ou crise de foi ? Après une overdose de Threshold, VUUR et Sons Of Apollo, je n’en peux plus du metal prog. Ecoeurement, dépression post metal, post coïtale, burn out musical, je l’ignore, ce qui est certain c’est que mes oreilles réclament de nouvelles sensations.

Mon unique religion se nomme la musique, mon alimentation, des morceaux de quinze minutes. Dès que je dispose de quelques minutes, j’allume la chaîne, le baladeur, branche le casque et écoute un album de progressif. Entre les promotions, les achats, et les anciens albums, je peux tenir une centaine jours en continu sans écouter deux fois le même morceaux.

Mais de temps en temps, je perds la foi, mon foie, ne supportant plus cette alimentation trop chargée. D’ordinaire la médicamentation était simple, après une forte dose de néo-progressif, une cuillerée de metal, un sachet de rétro prog et je repartais pour trois albums. Cette fois, foie, foi, l’heure est grave. La purge metal n’a pas réussi, la mono-diète catenbury non plus et pas question d’arrêter de m’alimenter de prog, il faut que le webzine tourne.

J’ai connu un gars qui traversait la même crise existentielle. Il polluait les forums consacrés au rock progressif, dénigrant systématiquement le métal prog, le rétro prog, le néo-prog, louant des groupes inconnus ayant sorti un seul EP avant de sombrer dans l’oubli. J’en suis presque là, mais pas encore. Plutôt que de tirer sur l’ambulance comme lui, j’essaye de nouvelles drogues, de nouveaux dieux et mon oreille se complet de plus en plus dans le prog fusion instrumental, m’entraînant vers des contrées dans lesquelles je n’osais guère m’aventurer il y a encore peu.

Si vous voyez fleurir des groupes improbables prochainement dans nos chroniques, ne prenez pas peur, je mange juste du radis noir afin de pouvoir à nouveau m’asseoir au banquet gargantuesque du rock progressif pour les fêtes.