
Comme souvent, chez mon libraire, il y a des séances de dédicaces. Mais pour moi c’était simplement un jour de panne de livre. J’étais venu chercher Sur La Lune de Mary Robinette Kowal.
Seul, assis à une grande table où s’empilaient des romans, un homme plus tout jeune attendait qu’un quidam s’intéresse désespérément à ses œuvres.
Et pour me rendre à la caisse, sans paraître trop suspect, je devais longer cette table interminable où patientait le romancier. Que faire ? Ignorer royalement l’écrivain esseulé ou me tourner vers ses ouvrages ?
Il m’arrive d’avoir parfois du coeur, mais c’est rare. C’était manifestement un de mes rares bons jours. Je me suis arrêté devant l’écrivain et lui ai souhaité justement le bonjour. L’homme a saisi l’opportunité pour me présenter son travail, des romans policiers se déroulant en Alsace et parfois inspirés de faits réels.
Autant dire pas vraiment ma came. Je me shoote principalement aux polars nordiques avec une prédilection pour les auteurs Islandais. Et pour tou vous dire, son dernier bouquin n’était pas encore référencé dans Babelio.
Bref, partagé entre curiosité et pitié, je lui ai pris son dernier roman à la couverture aguicheuse et au titre block buster, Nuits Sauvages. L’auteur, Jean-Pierre Chassard, me l’a gentiment dédicacé, il ne me restait plus qu’à le lire.
Nuits Sauvages parle d’un double meurtre dans la ville de Colmar. Une enquête confiée à une jeune, sportive, belle et brillante policière récemment affectée dans le Haut-Rhin.
L’affaire n’est pas des plus palpitantes mais est minutieusement détaillée. Les techniques policières, les acronymes, la composition des repas, la sexualité de la jeune femme, les modèles des voitures, les adresses des restaurants, serruriers, stations essence, tout est décrit, à croire que l’auteur pratique la technique du remplissage de page ou du placement de produit.
Si vous voulez tout connaître de l’ouverture d’une porte sans la défoncer ou bien la différence entre un cadavre pendu et étranglé, Nuits Sauvages vous sera d’une grande aide. L’auteur semble s’être abondamment documenté.
Malgré cela et la description d’évènements se déroulant près de la maison – j’adore l’Alsace mais je préfère voyager en mots dans les fjords islandais en hiver – j’ai tout de même accroché à l’enquête, voulant savoir où elle me mènerait même si à vrai dire le foisonnement de détails techniques ne m’intéresse guère.
En fait Nuit Sauvages serait un roman parfait pour un islandais à la recherche d’un peu d’exotisme et curieux de connaître la gastronomie française. Par contre je ne suis pas certain que le bouquin sera un jour traduit. C’est un polar réaliste et un peu racoleur qui entraine son lecteur dans un voyage exotique entre Strasbourg et Colmar.