Record battu !

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Ok, j’ai arrêté mon traitement il y a un mois, statistiquement la molécule ne semblait rien apporter de neuf à mes crises. Depuis je suis une pile sur pattes, mon état naturel en fait. J’avoue, nous vivons une drôle d’époque et cela doit affecter quelque part mon subconscient. Mais quand même, cinq crises en huit jours, c’est du jamais vu ! Même à l’hôpital, à deux doigts de passer l’arme à gauche, j’en ai fait moins. Tous les jours depuis une semaine, je suis nauséeux avec un vague mal de crâne au réveil qui se précise peu à peu en journée avant d’exploser le soir. Je ne mange presque plus rien, je suis tout le temps ballonné, je peine à rester concentré plus de dix minutes et la moindre odeur m’indispose.

Il y a un truc qui cloche quand même là, on ne peut pas avoir une vie normale en étant malade un jour sur deux. C’est décidé, je vais passer cette fichue IRM cérébrale qui ne donnera sans doute rien comme le précédent scanner, mais cela me permettra de retourner à la clinique de la douleur avec de nouveaux éléments pour avancer. Je ne pense pas avoir de grosse tumeur dans la caboche, enfin je n’espère pas.

J’ai retrouvé mon indice Midas des très mauvais jours, indice IV, handicap sévère. Handicap, quel handicap ? Après avoir ingurgité un triptan et un dafalgan codéiné je gambade presque, en zigzags mais j’avance. Je gambade surtout des toilettes au canapé car dehors il y a trop de lumière et que la migraine a tendance à mettre en vrac mes intestins et à contracter ma vessie.

Le hic c’est qu’avec cinq crises en huit jours, il y a plus de molécules de synthèse dans mon corps que globules rouges. Barf, ça conserve la chimie non ? Mon sac à dos pour aller travailler contient une pomme qui me tiendra lieu de petit déjeuner au cas où j’ai faim qui sait, une toute petite portion de pâtes, deux boites d’Almogran entamées et une boite de Dafalgan codéiné elle aussi bien entamée. Il serait temps que je fasse le plein chez mon épicier préféré, à savoir la pharmacie.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, j’ai bon moral une fois passée la dépression de début de crise. Je lis une fois que ma vue n’est plus trouble, je jardine quand les yeux ne piquent plus avec des lunettes de soleil, j’écoute de la musique lorsque je suis en état de supporter un son, je marche en montagne lorsque mes jambes me portent et je regarde une série TV débile pour oublier le mal de tête.

Peut-être ferais-je mieux de ne rien faire. Rester au lit, sans pilules, avec une bassine à côté de moi pour vomir et souffrir en silence dans le noir douze à vingt-quatre heures d’afilée, le temps que la tempête s’apaise, comme je faisais autrefois, avant de prendre des triptans. Mais à l’époque, je n’étais malade qu’une fois par mois maximum, c’était gérable même en comptant les quarante-huit heures d’épuisement total après la crise.

Mon médecin possède une théorie interessante sur cet épisode intensif. J’aurai contracté la COVID-19. Cela ressemble un peu à une théorie du complot mais ça tient la route, nous avons eu un cluster au travail, trois cas avérés, des gens que je côtoie de près tous les jours et j’ai eu un peu mal à la gorge lorsqu’ils ont été dépistés. Effet psychosomatique ? Probable me connaissant, n’empêche que depuis, je tousse et à chaque fois que je suis malade (même un rhume), la migraine est de la partie.

Qu’importe, je viens de découvrir que je faisais partie des personnes de 55 ans et plus à fort risque de comorbidité. Ca fait tout drôle d’apprendre ça mais c’est vrai que j’ai un rein qui fonctionne comme il peut, des migraines à répétition et un fort risque familial de cancer. La bonne nouvelle c’est que je vais me faire vacciner. Nananère !

Un 31 mai

31 mai 17:30
Inconnu – restez allongé, je vais vous enlever le casque
Inconnu – les secours arrivent

31 mai 18:00
Pompier – vous allez bien, vous pouvez vous lever ?

Pompier – restez allongé, on va vous mettre sur la civière.
Pompier – on va rouler doucement, c’est dans ces moments là que l’on se rend compte que la chaussée n’est pas en bon état.

Ambulance – pin-pon ! pin-pon !

31 mai 18:30
Urgentiste – allongez-vous, on va faire quelques examens, vous aviez un casque ?
Infirmier – vous êtes tombé comment ?
Infirmier – vous avez mal où ?
Infirmier – vous pouvez vous lever ? Vous avez sans doute une côte fêlée. Je vais vous faire une radio du thorax, une analyse d’urine et une prise de sang.
Infirmier – c’est bon c’est fini. Vous pouvez rester assis dans la salle d’attente.

31 mai 19:30
Urgentiste – Vous avez du sang dans les urines, je vais vous poser une perfusion et vous allez passer un scanner.

31 mai 21:30
Radiologue – une chute à vélo ? Hé ben.
Scanner – zonzon zonzon brrrrrrr zon zon brrrrr…
Radiologue – ne restez pas debout, on va vous mettre dans une chambre.

31 mai 22:30
Urgentiste – nous ne sommes pas équipés pour vous garder ici, nous allons vous transférer. Surtout bougez le moins possible.

1er juin 00:15
Ambulancier – non monsieur, ne bougez pas, on va vous porter.
Ambulancier – ça vous est arrivé comment, à vélo ? vous ne vous êtes pas loupé…

Ambulance – pin-pon ! pin-pon !

1er juin 00:45
Interne – on vous emmène en soins intensifs, vous êtes entre de bonnes mains.
Machines – bip, pfff, bip, tuuuuuuut… bip !
Infirmier – je vais vous poser une sonde, ça n’est pas très agréable mais dans votre cas, c’est plus prudent.
Machines – bip, pfff, bip, tuuuuuuut… bip !

1er juin 09:00
Brancardier – je vous transfère en urologie, c’est à côté.
Brancardier – non, surtout ne bougez pas du tout.

Infirmière – vous devez rester allongé, d’accord ? Le médecin va passer.

Voisin de chambre sympa – qu’est-ce qui vous est arrivé ? Ben dites donc…
Voisin de chambre sympa – moi ? Ablation du rein gauche, je suis greffé du rein droit, j’ai l’habitude.

1er juin 20:00
Médecin – vous avez une fracture du rein de stade 3 avec une hémorragie interne.
Médecin – vous avez survécu à la nuit, maintenant vous allez rester chez nous, allongé pendant une semaine, immobile.
Médecin – avec un peu de chance vous éviterez l’ablation du rein.
Médecin – vous comprenez les enjeux ?

Voisin de chambre sympa – ça va vous tenez le coup ?

1er juin 12:00
Aide soignante – voila le repas, bon appétit !
Aide soignante – vous n’avez pas le droit de bouger ? ça ne va pas être facile, je vais vous découper la viande et vous apporter un verre à bec verseur.
Voisin de chambre sympa – tu veux que je t’aide ?

2 juin 19:00
Médecin – alors comment ça va aujourd’hui ?

Voisin de chambre vraiment très sympa – si tu veux, je te rase demain, ça te fera du bien.

3 juin 09:00
Voisin de chambre vraiment très sympa – tu vois, on se sent mieux quand même rasé de prêt.

3 juin 20:30
Médecin – plus de sang dans les urines, c’est bien.

4 juin 18:00
Médecin – vous avez toujours mal ?

5 juin 7:00
Intestins – grrrrr… pffff…grrrrr… pffff…

5 juin 13:00
Aide soignante – pour la grosse commission, ça ne va pas être facile. Vous êtes constipé ?

Intestins – grrrrr… pffff…grrrrr… pffff…

5 juin 23:00
Voisin de chambre vraiment très sympa – j’ai de la fièvre, ça va pas du tout, tu peux appeler l’infirmière ?

Interne paniqué – 40°C, ça ne baisse pas, vous avez essayez de lui [bip] et de le [bip] ?

6 juin 08:00
Infirmière – on transfère votre voisin au service greffe.
Voisin de chambre vraiment très sympa et comateux – bon courage pour la suite !

6 juin 11:00
Brancardier – je vous emmène pour un scanner.
Scanner – zonzon zonzon brrrrrrr zon zon brrrrr…

Nouveau voisin paranoïaque – putain, les salops, il vont me virer le rein.
Nouveau voisin paranoïaque – m’ont rien dit sur ma douleur, j’ai tumeur grosse comme un point qui disent, vont tout virer, putain, les salops !
Nouveau voisin paranoïaque – pas confiance dans ce médecin, il ne me dit pas tout.
TV – en marche

Intestins – grrrrr… pffff…grrrrr… pffff…

6 juin 01:00
TV – en marche

7 juin 07:00
Pompe analgésique du nouveau voisin paranoïaque – bip… pfff…
Nouveau voisin paranoïaque – Haaaaa…
TV – en marche

Intestins – grrrrr… pffff…grrrrr… pffff…

7 juin 07:30
Pompe analgésique du nouveau voisin paranoïaque – bip… pfff…
Nouveau voisin paranoïaque – Haaaaa…

7 juin 07:45
Pompe analgésique du nouveau voisin paranoïaque – bip… pfff…
Nouveau voisin paranoïaque – Haaaaa…

7 juin 08:00
Pompe analgésique du nouveau voisin paranoïaque – bip… pfff…
Nouveau voisin paranoïaque – Haaaaa…

7 juin 08:10
Pompe analgésique du nouveau voisin paranoïaque – bip… pfff…
Nouveau voisin paranoïaque – Haaaaa…

7 juin 08:20
Pompe analgésique du nouveau voisin paranoïaque – bip… pfff…
Nouveau voisin paranoïaque – Haaaaa…

7 juin 08:30
Pompe analgésique du nouveau voisin paranoïaque – bip… pfff…
Nouveau voisin paranoïaque – Haaaaa…

Infirmière – dites, il va falloir essayer de lever le pied avec la pompe.

Nouveau voisin paranoïaque – putain de salope de d’infirmière, j’ai mal moi !
TV – en marche

7 juin 20:00
Intestins – grrrrr… pffff…grrrrr… pffff…

Médecin – je vais vous donner un produit contre la constipation.
Médecin – sinon le scanner ne montre pas de régression, vous allez pouvoir rentrer à la maison, demain vous vous levez.

8 juin 02:00
Nouveau voisin paranoïaque – putain j’ai mal, la TV, te dérange tant que ça ? ok, ok je coupe la TV !
TV – éteinte

8 juin 06:00
TV – en marche
Nouveau voisin paranoïaque – putain j’ai faim, ils me donnent rien à bouffer.

8 juin 10:00
Infirmière – on va essayer de se mettre debout aujourd’hui, attention à ne pas tomber, tout doucement.
Infirmière – vous avez toujours mal ?

Intestins – Youpi !

8 juin 14:00
TV – en marche

Médecin – vous allez pouvoir sortir, je vous met en arrêt pour deux mois, ne faites aucun effort, restez allongé le plus souvent possible, ne marchez pas, ne prenez pas la voiture, le train et pas de rapport sexuels.
Médecin – je suis sérieux.

TV – en marche
Nouveau voisin paranoïaque – salut, j’espère qu’ils ne vont pas me crever ces salops.

7 juillet 09h00
Radiologue – je vous injecte un produit pour stimuler le rein, ne bougez pas.
Scanner – zonzon zonzon brrrrrrr zon zon brrrrr…
Vessie – au secours !

12 juillet 11:00
Secrétaire – il y a un peu de retard dans les rendez-vous.

12 juillet 15:30
Médecin – c’est bien, pas de régression, l’hématome est presque résorbé, vous avez mal ?
Médecin – on se revoit en octobre.

31 juillet 10:00
Généraliste – vous ne vous êtes pas loupé, vous avez toujours mal ? Je vous prolonge d’un mois et vous allez faire un peu de kiné, après deux mois allongé, il faut relancer doucement la machine.

1er août 09:30
Kiné – ben alors qu’est-ce qui vous arrive ?
Kiné – ouille ! on va y aller tout doucement alors.

28 août 10:15
Généraliste – vous avez toujours mal ? Bon on poursuit la kiné et vous ne reprenez pas le travail, c’est trop tôt.

26 septembre 11:00
Généraliste – vous voulez reprendre le travail, je comprends ça doit commencer à faire long, à mi temps alors.

1ier octobre 17:00
DRH – non impossible de mettre en place un mi temps thérapeutique, demandez au médecin de prolonger votre arrêt.

2 octobre 09:00
Généraliste – bon on prolonge alors, je vous arrête jusque fin octobre, on verra ce qu’en pense le médecin.

13 octobre 10:00
Radiologue – je vous injecte un produit pour stimuler le rein, ne bougez pas.
Scanner – zonzon zonzon brrrrrrr zon zon brrrrr…
Vessie – au secours !

25 octobre 9:00
Secrétaire – il y a un peu de retard dans les rendez-vous.

25 octobre 14:00
Médecin – le rein est quasiment réparé, vous avez toujours mal ?
Médecin – si vous voulez reprendre le travail doucement c’est possible.
Médecin – on se revoit dans un an pour un contrôle.

3 novembre 7:00
Collègues – tiens un revenant !
DRH – oui vous pouvez vous aménager un temps partiel avec vos jours de congés restants, nous on ne sait pas mettre en place un temps partiel thérapeutique ici.

1er décembre 10:00
(nouveau) DRH – vous n’avez pas fait une visite de reprise ? Comment se fait-il que vous n’ayez pas obtenu un temps partiel ?

12 décembre 14:30
Médecin du travail – vous ne vous êtes pas raté, dites donc, toujours mal ?
Médecin du travail – vous devriez rester à temps partiel encore un peu.

23 janvier 09:00
Intestins – grrrrr… pffff…grrrrr… pffff…

Généraliste – toujours mal ! Plus qu’avant ? Ce n’est pas normal. Je vais vous faire faire une coloscopie. Un temps partiel, non ce n’est plus possible, vous avez repris à plein temps.
Généraliste – en attendant je confirme la consolidation de votre blessure.
Généraliste – bon d’accord, avec séquelles.

3 février 17:00
DRH – vous allez prendre rendez-vous avec un rhumatologue pour une expertise médicale.
DRH – comment ça un urologue ? Non un rhumatologue.
DRH – une fracture du rein vous dites ? Ce n’est pas un os ? C’est quoi ? Un organe vous dites…
DRH – je vais voir.

7 février 16:45
Secrétaire – le médecin a un peu de retard.

7 février 19:00
Intestins – grrrrr… pffff…grrrrr… pffff…

Gastro entérologue – qu’est-ce qui vous arrive ? Un coloscopie, comme ça ? On va faire des examens préliminaires, je n’ai pas envie d’aggraver les choses.
Gastro entérologue – vous allez me faire prise de sang, analyse d’urines, copro-culture, échographie, radios du bassin, de la colonne…

8 février 10:00
Secrétaire – les ordonnances sont au nom de votre fils ? pas de problème je vais prévenir le médecin de corriger ça, il revient le 21…

Intestins – grrrrr… pffff…grrrrr… pffff…

24 février 18:00
Intestins – grrrrr… pffff…grrrrr… pffff…

Analyses – hématocrites pas bons, hématocites pas bon, sang dans les urines, pas bon…

27 février 17:00
DRH – Nous n’avons pas d’expert urologue, on prend un généraliste ?

3 mars 08:00
Radiologue – ben qu’est-ce qui vous arrive encore ?
Vessie – au secours !
Échographe – bzzzzz, sploch, bzzzzz
Vessie – ahhhhh !
Radiographie – brrrrr, flash, brrrr, flash, flash, flash, flash, Fukushima !

3 mars 11:30
Rapport écho – RAZ
Rapport radio – RAZ
Fion (à ne pas confondre avec le Fillon, bien que) – youpi ! Les jolies colo de vacances, merci maman, merci papa…

20 mars 08:00
Épouse – tu as une tique dans le dos
Nouveau généraliste – elle est vilaine votre tique
Prescription – antibiotiques pour un mois
Nouveau généraliste – vous avez encore mal des suites de votre chute ?
Prescription – patch antidouleur
Petit corps douillet – Ahhhhhh !

21 mars 17:30
Secrétaire médicale – Il y a un peu de retard
Lecture du Grand N’Importe Quoi

21 mars 19h00
Gastro entérologue – Je reviens, un patient vient de faire un malaise

21 mars 19h30
Gastro entérologue – rien sur l’écho, rien sur la radio et ces patchs vous font du bien ? Ben c’est sans doute musculaire alors, on ne va pas faire de colo dans ce cas là d’accord ?

28 mars 17h25
Secrétaire médicale – passez en salle d’attente monsieur.
Salle d’attente – vide !

28 mars 17h30
Expert médical mandaté par l’employeur – donc une chute de vélo, une fracture du rein stade 3, vous avez encore mal ?
Petit corps douillet – oui un peu…
Expert médical mandaté par l’employeur – allongez-vous sur le dos. Vous avez mal là ?
Petit corps douillet – Aille !
Expert médical mandaté par l’employeur – et là quand je fais ça ?
Petit corps douillet – Rhhhaaaaaa !
Expert médical mandaté par l’employeur – la douleur vient du dos, rien de grave, allez voir un bon ostéopathe il va vous arranger ça.

3 avril 10:45
Ostéopathe – fracture du rein, pas possible ?
Ostéopathe – en effet, vous êtes bien crispé, je vais essayer de manipuler tout ça.
Petit corps douillet – Rhhhaaaaaa !

3 avril 12:00
Ostéopathe – bon ça suffira pour aujourd’hui.
Petit corps douillet – oui !
Ostéopathe – on se revoit le 24.
Petit corps douillet – Ha ?

To be continued…