Le marionnettiste

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Pourquoi faut-il que le cyberpunk use d’images de tous les jours pour nous décrire l’univers numérique ? Pourquoi une IA doit forcément se manifester sous forme d’un avatar parfois ridicule. Pourquoi les flux de données, les pare-feux, les logiciels sont décrits comme pour parler aux des enfants ? Les concepts de glace et de cerbère, inventés, il me semble par William Gibson, suffisaient amplement à expliquer les sécurités des systèmes. Inutile de faire appel à des images enfantines comme des panthères noires, des pantins pathétiques ou des flocons incompréhensibles.

Station : La Chute fait partie des romans de cyberpunk, à savoir des livres qui parlent de mondes futuristes où l’informatique règne en maître et où les habitants sont connectés en permanence.

Quand vous rentrez dans ce genre de livre, vous devez d’abord vous initier au vocabulaire, la Trame, un marionnettiste, la Totalité, le Panthéon, la Guerre Logicielle, l’Allée des Cercueils, l’Epine, les Flocons, Dockland, un exercice qui rend fastidieuses les premières pages.

Si Al Roberstson se vautre dans les clichés du genre, il faut lui reconnaître quelques belles qualités : le concept de marionnettiste et de marionnette, symbiose contre nature entre un être humain et une intelligence artificielle. Même chose pour cette Allée des Cercueils, des serveurs où attendent les consciences numériques des défunts, qu’un vivant les appelle pour tromper sa solitude.

Le reste sonne assez classique, la Station, un lieu clos où se déroule l’intrigue, la Trame, sorte de monde virtuel qui masque le réel sordide, des IA qui ont fait sécession (la Totalité), une enquête sur un meurtre qui nous conduit au sommet d’un vaste complot, un guerrier numérique déchu pour trahison et qui revient, des années plus tard chez lui, privé de tout accès au monde numérique.

Sans être exceptionnel, Station : La Chute se lit bien. Si vous n’avez pas lu de cyberpunk depuis quelque temps, vous passerez un bon moment en sa compagnie.