Urgences

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Je suis devenu un abonné des urgences. Il faut dire qu’à la maison, mon entourage ne plaisante plus avec mes petits soucis de santé depuis une certaine fracture du rein.

Samedi, jour de migraine, je suis allé à vélo au Gros Malin, chercher une mallette pour ranger mon matériel d’astronomie, car si vous ne l’aviez pas remarqué, le ciel est enfin clair et je peux à nouveau sortir le télescope. Et vu que je comptais monter au Champ du Feu pour quelques observations, il fallait que j’optimise le rangement des oculaires, de la raquette, de la batterie et des câbles. Une mallette rigide et un peu de mousse remplacerait avantageusement mes deux cartons actuels.

J’ai trouvé mon bonheur chez la grande enseigne et suis rentré direction la maison, avec dans une main la mallette, dans l’autre le guidon. Oui, je suis con, je l’avoue mais j’avais mal anticipé la chose. Les migraines n’aident pas beaucoup à être lucide. 

Évidemment, il y avait un piéton zigzagant sur la piste cyclable, un piéton regardant son téléphone tout en écoutant de la musique au casque.

J’ai voulu me signaler. La sonnette étant à gauche comme la mallette, ma tentative pour l’avertir s’est achevée à plat ventre sur le goudron. Ouille ! Jean déchiré, bobos à la main gauche, mallette cabossée, coude et genoux éraflés et une sourde douleur dans les côtes, je suis arrivé dans un état assez pitoyable à la maison. 

Oui, parce que personne ne s’est vraiment préoccupé de me savoir à terre, le piéton ne s’est même pas retourné malgré ma gueulante, les voitures sont passées dans une totale indifférence.

C’est à table que mon fils m’a fait comprendre, qu’avec mes lourds antécédents, je devrais aller aux urgences. Oui c’est comme ça que j’ai failli mourir il y a six ans d’une hémorragie interne au rein. Bref.

Alors, malgré la journée ensoleillée, je suis allé aux urgences, surtout pour le rassurer en fait. 

Et si vous ne le saviez pas encore, les services urgentistes sont totalement débordés. Les gens viennent pour un mal de tête, des écorchures au coude et au genoux, un œil en moins, un couteau planté dans la main, une balle de la tête ou un diarrhée après un repas au kebab du coin.

Ce samedi là c’était un festival mais j’ai connu pire. Au bout d’une heure, j’ai été pris en charge par un sympathique infirmier débordé qui s’est soucié de mes égratignures, un peu moins de mes côtes et pas du tout d’une éventuelle fracture du rein. Après quelques prises de constantes il m’a renvoyé en salle d’attente pour voir le médecin. 

Une autre heure plus tard, un vénérable vieillard, a invité plusieurs personnes amochées, dont moi même à le suivre. Nous étions redirigé vers SOS médecin, plus vers les urgences.

Une autre heure plus tard, le vieil homme qui n’était que le médecin, sans doute retraité (il aurait pu être mon père), m’a enfin ausculté. Cette fois il a regardé les côtes douloureuses, écouté mes poumons, palpé le rein et vérifié que mes membres étaient encore dans le bon sens. Il m’a gentiment proposé de faire des radios, de poser des bandages et m’a recommandé de revenir si je pissais rouge puis m’a laissé repartir. 

Oui, lorsque l’on pisse rouge, c’est très mauvais signe pour le rein. Je le sais, j’ai surveillé ça pendant des mois après mon précédent accident.

J’aurais bien aimé une analyse d’urine comme celle qui m’a probablement sauvé la vie il y a six ans. Car dès l’instant où ils avaient trouvé des traces de sang dans mon précieux liquide doré, j’avais été allongé et immobilisé avec interdiction de bouger avant de passer un scanner puis un IRM et d’être placé en soins intensifs.

Le tout, c’était de passer la nuit sans nouvelle complication. Si vous voyez plus d’articles publiés sur ce blog après celui-ci, c’est que je pisse rouge.

Le talon d’Achille

Deux semaines de vacances à la maison en septembre. Le bonheur ! La saison idéale pour des promenades dans les Vosges, le jardinage, la photographie et la lecture sur un transat.

Je suis ce que l’on appelle vulgairement un pantouflard, quelqu’un qui aime sa maison, son jardin et les promenades dans la région.

Peu avant de profiter de ces congés mérités, je traînais un peu la patte, une douleur sourde dans le talon, rien de grave, sans doute de la fatigue. Mon hernie discale était également de la fête comme un truc coincé à l’épaule. Rien qu’un bon repos ne saurait réparer.

Le premier lundi des vacances, je pris la route du Parc de Sainte-Croix pour saluer les loups, les ours et les ratons laveurs. Mon traditionnel safari photo de la fin de l’été. Trois heures de route, six heures de marche, six kilos de matériel photo sur le dos, autant dire que je suis revenu cassé en deux, mais heureux. Ceci dit, une petite douleur irradiait du talon jusque mes orteils et mon dos était en compote. Du coup le mardi, j’ai zombifié.

Mercredi, pluie. J’ai acheté quelques albums sur Bandcamp et en ai écouté beaucoup d’autres. Jeudi, pluie, musique. Après un été de sécheresse, il fallait que le ciel me tombe sur la tête pendant les vacances. Du coup, le jardin c’est brutalement transformé en jungle.

Vendredi, débrousaillage, tonte, désherbage, jardinage et passages aux déchets verts. Une écharde d’un bon centimètre s’est plantée dans mon pouce gauche. L’opération pince à épiler a été un pur régal et je crois qu’un petit bout est resté coincé sous la peau, histoire de me rappeler de porter des gants plus épais la prochaine fois.

Lundi, je suis reparti dans les Vosges, à la cascade du Nideck en traînant un peu la patte ce qui ne m’a pas empêché de prolonger la marche. Mardi j’ai fait une nouvelle promenade plus longue encore, du côté de l’étang de Hanau, et mercredi je suis allé voir le médecin, car même la nuit, mon talon me lançait. Verdict, un truc au nom imprononçable de la famille des tendinites, le genre de chose qui met du temps à guérir à condition de rester au repos total.

Mercredi soir, c’était soirée Star Wars, trois épisodes de la nouvelle série Andor à déguster au calme. Enfin en théorie, car à table, après avoir avalé un anti inflammatoire pour le talon, avec pour effet secondaire d’affaiblir la coagulation du sang, je me suis planté un couteau très pointu dans la paume de la main gauche. Planté oui, et profondément vous voyez. Alors ça s’est mis à pisser rouge.

Un dénoyautage d’avocat bien mûr qui s’achève aux urgences. Trois points de suture plus tard me voilà avec un énorme pansement à garder pendant trois semaines, le genre de truc qui vous empêche de conduire, de tenir un appareil photo, de taper au clavier, sauf d’une main, de découper un avocat en deux et d’en extraire le noyau. Ceci dit, pour cette dernière activité, ça n’est peut-être pas plus mal…

Le jeudi, ce furent des visites au pharmacien qui m’avait vu la veille, à l’infirmière pour programmer ses prochains passages à la maison pour changer le pansement, au radiologue hilare de photographier mon pied alors que ma main est bandée, à l’autre radiologue pour l’échographie, amusé de retrouver ma bosse sur le gros orteil et pour finir au médecin étonnée de me revoir si vite. Un tout nouveau programme de vacances qui vont se prolonger, en survêtement et sandales, parce que les ceintures, les boutons et les lacets, c’est devenu trop compliqué pour l’instant. Quelqu’un peut me couper la viande ? S’il vous plait…