Cris Luna – The Musical War

Image

J’ai connu Chris à l’époque du webzine Neoprog, lorsqu’il sortait son second album Maëlstrom. Un grand blond sans chaussure noire au cœur immense. Un rocker passionné dont je suis immédiatement tombé amoureux.

La veille de Noël, après quatre années de travail, de doutes et de souffrances, il glissait dans ma boite aux lettres, tel le vénérable barbu à capuche rouge, son nouveau bébé, The Musical War, un concept album de soixante-douze minutes, un cri pour la liberté.

Un vinyle en feu illustre le digipack, des flammes rouges qui lèchent le PVC noir estampillé Cris Luna. Tout un symbole, en cette période où les artistes indépendants peinent à presser leurs galettes et sont interdits de concerts.

C’est avec l’annonce de la mort d’Elvis, de Bowie, de Burton et d’autres étoiles du rock que commence l’album, un premier instrumental agité, peuplé de flashs d’information. ‘Amen’ poursuit cette introduction sur la batterie de Benoît Cazzulini qui claque sur de nouveaux enregistrements d’actualité. Autant dire que ça démarre fort. Queensryche, Bowie, Metallica, Pink Floyd et surtout Cris se percutent sur douze morceaux parfois très énervés où ses guitares déchirent les décibels.

Le monde s’est effondré et les rockers partent en guerre contre l’establishment. On peut y voir la résistance des artistes face aux majors, aux plateformes de streaming qui volent les musiciens, contre l’état qui ferme les salles de concert pendant la pandémie et sans doute bien d’autres choses encore. Et si l’album est sombre, il n’est pas totalement désespéré, l’amour y trouve sa place et la fin laisse pointer à un peu d’espoir. 

The Musical War est rock, metal, progressif et hard-rock, du gros son à écouter bien fort même s’il faudra la loupe pour lire les paroles cachées dans le livret. 

Il faut dire, pour la défense de Cris, que ces paroles sont imprimées en anglais et français ce qui prend pas mal de place dans le livret où figurent déjà douze photographies de Julien Oddo, une par chanson et par page. Cela ne laissait pas beaucoup de place pour les textes et les remerciements. 

Après les deux instrumentaux ‘In Memorian’ et ‘Amen’, la fin du monde survient dans ‘Panic’ au son metal des années quatre-vingt. ‘Dome Of War’, le titre le plus long de l’album avec plus de neuf minutes, est également le plus torturé alors que ‘Blind’ semble épouser le rock caméléon de David Bowie. 

‘Heart Break Motel’ offre une courte accalmie à la contrebasse et guitare acoustique avant de repartir plus fort encore et de lâcher la bride au doomesque ‘Gates Of Dawn’. Une once d’espoir pointe dans ‘Salimah’ mais la bataille couve dans l’enragé ‘Kingdom of The Pigs’ pour exploser avec ‘The Musical War’ après le lugubre interlude instrumental floydien de ‘Fallen Angels’.

L’histoire s’achève avec ‘Peace’, encore un titre à la manière de Bowie. Les rockers ont gagné la guerre. “Nous voici donc à nouveau revenus au point de départ.”. “Nous avons l’amour à faire maintenant, Oh donnez-moi la paix.”.

The Musical War est un sacré bon disque bourré de références, de guitares et d’émotions. Certainement le plus abouti des quatre albums de Cris Luna. Et je ne dis pas ça parce que mon nom figure dans les remerciements ou parce que Chris est mon pote, je dis ça parce que j’ai vraiment aimé ce disque et que j’attends avec impatience le double vinyle prévu pour le mois de mars. 

Teeshirt : Cris Luna

Compressé n°2

Image

Le grand méchant JC est de retour avec un second numéro de compressé, des albums qui n’ont pas trouvé grâce à mes oreilles même si je me suis efforcé de les écouter plusieurs fois.

Commençons en France avec MDS.

Je suis le groupe Monnaie de Singe depuis leur album Error 404. Tout d’abord dans la mouvance trip-hop, la formation a viré au rock progressif, perdant au passage leur chanteur.

Après Error 404, un disque qui figure dans ma discographie idéale, ils sont sorti un concept album de fin du monde intitulé The Last Chance. Et cette année, après une longue attente, leur crowdfunding a donné naissance à un récit nordique, The Story Of Rose Ola Seks.

Si The Last Chance ne m’avait pas complètement convaincu, The Story Of Rose Ola Seks m’a tout simplement déçu. 

L’histoire de cette folle prend trop le pas sur la musique et étant donné que Anne-Gaelle n’est pas franchement une cantatrice, dès le second titre, je me retrouve noyé dans une couche de poudreuse maculée de sang dans laquelle il est difficile de progresser.

J’aurai bien aimé vous dire que cet album m’a plu, d’autant que j’ai contribué à son financement, mais sincèrement non, il va être très vite oublié.

Passons à une autre déception, et de taille celle-là. C’est le dernier Glasshammer, Skallagrim.

Encore un concept album, encore un groupe pas très connu.

Je me souvenais de Glasshammer comme du digne successeur de Yes avec son rock progressif symphonique et ses harmonies vocales délicieuses. 

Cette époque semble révolue. Seuls Fred et Steve ont survécu à cette époque bénie. Le son de Glasshammer s’est fait plus épais avec une chanteuse à coffre à la place du génial Jon Davison.

Dommage, car l’artwork de ce dernier opus est réussi et que sur les treize morceaux, on compte trois pièces de plus de sept minutes. 

Mais voilà, la dentelle des compos a fait place à une basse lourde, une rythmique quasi metal sans parler d’un chant tout sauf délicat. Encore un CD qui va rejoindre le cimetière. Par contre le teeshirt, lui, je le garde, il est magnifique.

La troisième erreur de casting a pour nom Chain Reaktor.

Je ne sais même plus pourquoi je l’ai commandée, surtout en vinyle. Peut-être pour la pochette…

Si j’avais été plus attentif, j’aurais remarqué que les deux fils de Erik Laan de Silhouette, étaient à l’origine de la chose avec leur papa. Leur précédente expérimentation, le groupe Skylake, avait été pourtant très décevante. 

J’ai l’impression que les frangins ont les yeux plus gros que le ventre. Ils devraient s’essayer à des projets moins ambitieux.

La prod du vinyle est assez désastreuse (par chance j’ai aussi le CD). La musique aurait été sympa avec un bon mix, mais la tessiture à quatre notes de Bart et son timbre passe partout achève l’album. 

La quatrième victime de cette hécatombe s’appelle The Mandoki Soulmates.

Utopia for Realists est un album que j’ai acheté après l’écoute du très beau titre ‘The Torch’. Pour ma défense, je ne connais pas Leslie Mandoki et très peu les musiciens figurants sur cet album.

L’idée était de composer autour de la musique de Béla Bartok et si je retrouve bien l’esprit du maître hongrois par moment, je ne suis pas certain que le mélange prog, classique, folk et jazz fasse bon ménage ici.

Les dix-neuf artistes présents sur cet album sont d’excellents musiciens, certaines sections sont éblouissantes, mais l’ensemble est relativement déconcertant. 

C’est un peu du Unitopia en très pointu. Je ne dis pas que l’album ne soit pas bon, loin de moi l’idée, c’est juste que je n’accroche pas.

Teeshirt : Glasshammer

Dream Theater – A View From The Top Of The World

Image

Si je n’aime pas beaucoup James et si je regrette le départ de barbe bleue, il faut quand même reconnaître à ces cinq ricains une furieuse maîtrise du genre et de la technique. Sorti de Metropolis Part I, Octavarium et de A Dramatic Turn Of Events, je ne suis pas vraiment fan, surtout si nous parlons de la bouse The Astonishing. J’ai pourtant toute leur discographie et même quelques live, car passer un Dream Theater à fond dans la maison chasse les souris, traumatise mon chat et emmerde les voisins.

Mais qu’est-ce qui m’a pris de l’acheter en vinyle cette fois ? Je ne sais pas, peut-être pour remplir mon quota mensuel de dépense. Bref me voilà avec une paire de godasses posées au bord d’une gigantesque faille dominant une mégalopole. A View From The Top Of The World, soixante-dix minutes de metal progressif technique à souhait. Sept morceaux dont le dernier et très long titre album, A View From The Top Of The World renoue avec les titres fleuves et l’instrumental. Un bon point car on entend assez peu l’abri de jardin bêler.

Bel artwork, galettes 180 grammes, CD en bonus et livret XXL, décidément le label Inside Out a encore soigné l’objet. Ils vont finir par devenir ma référence vinyle s’ils poursuivent sur ce chemin.

‘The Alien’ propose en ouverture, un long instrumental grandiloquent où guitares et rythmiques volent la vedette à tour de rôle. Puis Petrucci s’envole avec Rudess avant le second refrain pour nous en mettre plein les oreilles encore une fois. Une pièce longue de plus de neuf minutes qui met en appétit. Du grand classique furieusement efficace.

‘Invisible Monster’ et son couplet basse batterie marque également quelques points avant d’emprunter ensuite de surprenant chemins de traverse pour un groupe comme Dream Theater. 

Je pourrai également vous parler de ‘Sleeping Giant’ à la section instrumentale éblouissante ou de la fabuleuse intro de ‘Awaken The Master’ mais il faut que je garde un peu de temps pour le titre album en trois parties qui occupe à lui seul la face B du second vinyle. Comment dire ? En fait, depuis ‘Octavarium’, je n’avais pas retrouvé ce souffle épique chez Dream Theater. Son ouverture synphonico metal cinématique annonce tout de suite un morceau hors norme qui ne sera pas bâclé en trois minutes. De fait, vous en prendrez pour vingt où guitares virtuoses rencontrent piano classique, violons, batterie effrénée, basse trépidante et claviers fous. 

Magistral.

S’il n’y avait qu’un seul album de Dream Theater à écouter depuis l’arrivée de Mike Mangini, ce serait celui-ci. Bon à condition de supporter ce groupe bien entendu.

Teeshirt : Némo (parce les gars de Némo ne sont pas fans de Dream Theater justement)

Alex Henry Foster – windows in the sky

Image

Le 28 octobre j’étais à La Laiterie à Strasbourg pour écouter The Pineapple Thief. Et en première partie, se produisait le québécois Alex Henry Foster, l’ex leader du groupe Your Favorite Enemies.

Je m’attendais à un gars seul devant un micro avec sa guitare électro acoustique. A la place, ce furent deux batteries, trois guitares électriques, des claviers, une saxophoniste choriste et un frontman fou à lunettes embuées qui envahirent la scène.

Après une longue ouverture post-rock cinématique, une bombe explosa le dôme de silence, une tempête de colère froide, d’infra basses, de guitares jouées à l’archet et une voix mi slam mi chantée désespérée. Un tsunami émotionnel et sonore de plus de quinze minutes intitulé ‘The Hunter’. J’étais à terre, conquis.

Ce n’est pas tous les jours qu’une première partie me fait cet effet là. Surtout lorsque je ne connais pas l’artiste. Alors, évidemment, je suis reparti avec le vinyle dédicacé par Alex et le teeshirt pour faire bonne mesure. 

La pochette où figure un portrait de l’artiste flouté, cache deux étuis blancs qui ensemble reconstituent la photographie en noir et blanc d’un colibri, oiseau symbole de guérison de l’âme. 

Et il devra œuvrer cet oiseau-mouche pour soulager l’infinie douleur qui règne sur cet album.

windows in the sky est un premier album d’une heure et huit morceaux qui n’aurait jamais dû exister. Un voyage thérapie à Tanger aux confins du chagrin où Alex parle du deuil, celui de son père décédé en 2016.

Post-rock, cinématique, trip-hop, parlé, chanté, l’album ne possède pas la violence de leur prestation live. Il est nettement plus en retenue et moins contrasté. 

Cela n’enlève rien à sa beauté torturée, devenue juste plus intérieure. Le voyage se fait également avec les mots traduits en français que vous pourrez découvrir sur son site. Une manière de mieux comprendre l’univers désespéré de windows in the sky.

Alex m’a expliqué à la fin du concert, que chacune de ses prestations live était différente avec toujours une grande part d’improvisation. 

Si vous écoutez Standing Under Bright Lights, son live à Montréal sur Bandcamp, vous pourrez apprécier la différence avec l’album studio.

Fort, torturé, désespéré sont des adjectifs qui collent à la peau de cet album atypique. Attention cependant, si vous êtes dépressif chronique, évitez son écoute à haute dose, ça ne va sans doute pas vous aider beaucoup.

Une voix désespérée déclame des “The Beginning Is The End” sur des cordes torturées, des battements de coeur, des basses et des claviers cinématiques hallucinogènes. 

La musique se cherche, se répète, annonçant la tempête qui n’explose jamais vraiment. Des constructions sonores planantes et tendues rythmées par les mots de Alex Henry.

L’album, en plus d’être sublime, remue beaucoup d’émotions enfouies en nous. Mais peut-être faut-il être un rescapé de l’existence pour appréhender pleinement la beauté de windows in the sky. 

Teeshirt : Alex Henry Foster

The Watch – The Art Of Bleeding

Image

Teeshirt : UPF – Fall In Love With The World (2014)

The Watch est une formation italienne bien connue pour son excellent tribute band de Genesis. Mais pour ma part, je préfère toujours l’original aux contrefaçons, même celles qui viennent de Vintimille. J’ai vu Trick of The Tail et The Watch en live mais cela reste très éloigné du concert de Genesis à la Beaujoire à Nantes le 23 juin 1987.

Si j’aime The Watch, c’est pour leurs albums studio qu’ils ne jouent presque jamais en live hélas. Du rétro prog qui jette un pont entre les seventies et le vingt et unième siècle.

Je n’ai que leurs trois derniers disques à la maison. L’excellent Tracks From The Alps, le moins convaincant Seven et leur tout nouveau The Art Of Bleeding sorti il y a peu. Mais il existe cinq autres disques couvrant la période de 2001 à 2011 dans leur discographie.

Le vinyle en deux volets arrive avec un CD, un livret, une galette noire et un poster dédicacé par le groupe avec en prime un petit mot. L’artwork comme la musique nous ramène cinquante ans en arrière mais les sujets abordés sont bien contemporains.

Il ne s’agit pas d’un concept mais d’un album à thème. Plusieurs histoires sont racontées ici, des récits autour du sang : canibalisme, sorcellerie, suicide ou encore la proie d’un tueur. 

Ne faites pas comme moi, n’écoutez pas le CD pour découvrir l’album. Le compact disc est un sampler revisitant en sept titres la carrière de The Watch, rien à voir avec The Art Of Bleeding. 

Les musiciens milanais poursuivent l’œuvre de Genesis avec huit morceaux reprenant les sonorités de Nursery Crime jusqu’à A Trick Of The Tail avec toutefois de nombreux éléments modernes comme dans ‘Red’ ou encore ‘Hatred Of Wisdom’. Curieusement The Art Of Bleeding rajeunit un genre devenu poussiéreux après une cinquantaine d’années passées sur étagère.

Mellotron, orgue Hammond, flûtes, guitares six et douze cordes, batterie, percussions, bruitages et cris nous immerge jusqu’aux oreilles dans l’hémoglobine, un bain de jouvence progressif jubilatoire à ne pas manquer. Il s’agit de leur meilleur album à ce jour.

Steve Hackett – Surrender of Silence

Teeshirt : Steve Hackett – Genesis Revisited II

Un retour de vacances ressemble à une pile de commandes faites sur Internet qui se sont accumulées dans la boîte aux lettres pendant notre absence. Malgré la fatigue du voyage, je ne résiste jamais à déballer ces cadeaux de Noël avant l’heure et d’allumer la chaîne pour écouter les merveilles.

C’est ce qui est arrivé avec Surrender of Silence. Après avoir traversé la France d’ouest en est, deux heures de voiture et six de train, j’ai déballé et écouté le nouveau Steve Hackett. Et je suis resté sur ma faim. J’étais fatigué par le voyage et j’aurai sans doute dû patienter jusqu’au lendemain. Il faut dire aussi, qu’avec At The Edge Of Light puis Under A Mediterranean Sky, le maestro m’avait comblé.

Steve Hackett revient en trois faces, onze titres et une petite heure au prog symphonique orchestral teinté de world music auquel il nous a habitués depuis quelques années. 

Il revient également avec de nombreux musiciens et chanteurs. Trois batteurs, cinq voix mais un seul guitariste, et quel guitariste ! Pour les orchestrations, on retrouve avec plaisir Roger King toujours aussi brillant. 

Vous entendrez des violons, altos, des instruments à vent, la basse de Reingold, les voix des sœurs Durga, d’Amanda et de Nad ainsi que quelques instruments exotiques.

Je ne sais pas si vous partagez mon avis, mais je trouve les pochettes des albums de Steve Hackett assez décevantes dans l’ensemble. Clairement ce ne sont pas les artworks qui guident mes achats avec Steve Hackett. Mais Surrender of Silence, comme les autres, s’accompagne d’un livret grand format de plusieurs pages contenant des photographies de Jo et des textes bien lisibles, ce qui tempère en partie mon reproche initial.

Dans ce Surrender of Silence vous entendrez des réminiscences du groupe Genesis – bizarre n’est-ce pas, vous avez dit bizare – tout particulièrement dans ‘Relaxation Music for Sharks’, une des trois pièces instrumentales de cet album. Ce morceau est le ‘Please don’t touch’ du disque. Une pièce à tomber par terre. ‘The Devil’s Cathedral’ est un autre de mes coups de foudre. Le titre s’ouvre sur un duo grandes orgues et clarinette basse avant de laisser place à la voix de Nad, la batterie de Craig et la guitare de Steve. ‘Natalia’ fera penser à du Prokofiev quand ‘Wingbeats’ rappellera ‘Asimbonanga’, le tube de Johnny Clegg et ‘Head in the Shadows’ le célèbre ‘House of the Rising Sun’ avec sa guitare acoustique. Les chinoiseries de ‘Shangaï to Samarkand’ ne sont pas trop à mon goût, mais bon on ne peut pas plaire à tout le monde. Par contre le tango du renard avec Nick D’Virgilio à la batterie et Jonas à la basse et où la guitare de Steve et les claviers de Roger se déchaînent est une pure merveille. Quant à ‘Day of the Dead’ et ‘Scorched Earth,’ ils restent de grands classiques du maestro. L’album s’achève comme il a commencé, sur un bref instrumental où la guitare de Steve est à l’honneur.

Pour conclure cette chronique je dirai que Surrender of Silence contient de belles choses mais ne m’a pas convaincu de bout en bout cette fois. Ca n’en reste pas moins un bel album.

Leprous – Aphelion

Image

Je crois qu’il est temps de se demander quel sera l’album de l’année. En lice pour 2021 deux disques seulement, One To Zero de Sylvan et Aphelion de Leprous. 

Je ne vais pas vous mentir, je suis archi-fan des deux groupes alors mon jugement est furieusement biaisé.

One To Zero avait été superbement chroniqué par mon ami François à l’époque de Neoprog, alors, si vous le voulez bien, penchons-nous sur Aphelion.

Leprous était à la base une formation de metal progressif djent. Si si. Depuis quelques albums, et particulièrement Pitfalls, le groupe a pris un virage pop prog néoclassique qui n’a pas plu à tout le monde. Avec Aphelion, ils vont encore plus loin et ce n’est certainement pas moi qui m’en plaindrait, bien au contraire.

Le double vinyle reprend des codes astrologiques placés au sommet d’une pyramide noire plantée dans un décor de montagne. Rien qui n’éclaire vraiment sur son thème pas plus que la barque du livret. Mais pour votre culture, l’aphélie, Aphelion en anglais, est le point de la course d’une planète, le plus éloigné du son soleil. Et non ça n’arrive pas en hiver mais début juillet pour la Terre, alors rien à voir avec mon rhume. Pour les saisons, je vous expliquerais ça dans mon prochain podcast d’astronomie, c’est à dire jamais.

Nous avons deux galettes de 180 grammes au pressage irréprochable comme souvent chez Inside Out avec des paroles dépressives imprimées sur une feuille volante ainsi que le CD pour les écoutes fréquentes. Je l’ai déjà dit, j’adore ces éditions plus plus du label Inside Out.

Plus castra que jamais, Einar lance un défi à ses cordes vocales sur Aphelion. Il est au diapason du violoncelle de Raphael et du violon limite dissonant de Chris, le tout accompagné de cuivres pour faire bonne mesure. Des arrangements orchestraux qui donnent encore plus d’intensité aux paroles torturées. 

Evidemment, belle voix, metal et instruments acoustiques, ça fait toujours mouche avec moi, vous l’aurez bien compris.

Pour ne citer que quelques coups d’éclats, je vous parlerai de ‘Running Low’ où le metal se marie aux cordes, de ‘All The Moments’ et sa guitare qui ne ressemble à rien de connu chez Leprous et d’un ‘Castaway Angels’ anathémien, fabuleusement épuré.

L’album est très calme et délicieusement acoustique pour du metal progressif. Mais ceux qui auraient encore besoin d’une petite dose d’adrénaline pourront se tourner vers le titre ‘Nighttime disguise’ qui s’énerve un peu plus, enfin juste dans les dernières secondes.

Que dire de plus franchement ? Aphelion fait un sans faute. Je l’écoute en boucle depuis sa sortie comme ma chérie qui l’adore. Leprous me fait chaque album un peu plus plaisir. Je suis totalement irrécupérable, mais ça vous le saviez déjà.

Sera-t-il pour autant l’album de l’année ? On verra à Noël, d’ici là nous pouvons encore avoir de belles surprises.

C’est la crise

Image

Je lis partout que le marché du vinyle est en pleine crise et que les prix flambent. La faute à une trop forte demande à ce qu’il paraît. 

Ma faute ? C’est vrai que j’achète beaucoup de vinyles depuis quelques temps et que cela me pose de sérieux problèmes de stockage. D’autant plus que j’essaye de me procurer le CD en même temps pour des écoutes moins studieuses. 

Je n’ai pas encore constaté de flambée du prix de la galette noire chez mes fournisseurs habituels. Par contre j’ai été horrifié par l’explosion des frais de port, que ce soit pour les CDs ou les vinyles. 

Il y a peu j’ai renoncé à faire venir une galette depuis les U.S.A. à cause du transport qui doublait la facture. Un simple vinyle à soixante-dix euros, cela devient franchement dissuasif. 

J’ai commandé un CD au Brésil, le second album d’un obscur duo que j’aime beaucoup, le genre d’album tout simplement introuvable en Europe. Je l’ai payé plus de quatre fois son prix à cause du transport.

Autrefois je trouvais que faire venir un vinyle d’Allemagne était hors de prix, aujourd’hui je trouve ça très abordable en comparaison du Royaume-Uni et du continent américain. 

Etrangement, le double vinyle Aphelion, le dernier album de Leprous, ne m’a coûté que deux euros de frais de port. Sans doute venait-il de France.

Je me suis résigné à contre coeur à acheter de la musique sans support physique pour éviter de plomber mon budget pourtant généreux en ce qui concerne la musique.

Pourquoi de tels tarifs ? La crise sanitaire, des accords économiques, des taxes douanières, le prix du pétrole, du carton, du scotch ? Je n’en sais rien, je ne m’intéresse pas du tout à l’économie mondiale. Je sais juste que les prix des transports ont augmenté.

Les frais de ports flambent et après tout c’est une bonne chose. Cela me sensibilise d’autant plus au bilan carbone de les achats. Du coup, avant de commander depuis n’importe quel pays, un produit que je peux trouver plus près, je réfléchis un peu. 

La tentation est hélas grande d’acheter sur amatruc où les frais d’expédition sont offerts et où le colis arrive le lendemain, même le dimanche. Heureusement je résiste mais c’est la crise.

Jo Quail – Five Incantations

Image

Teeshirt : The Gathering – Disclosure 2012

Je deviendrai maboule dans cette maison si je n’aimais pas le son du piano et du violoncelle car ma chérie en joue tous les jours ou presque. Par chance j’adore ces instruments vivants au point de succomber régulièrement à des bizarreries musicales à cause de leur simple présence sur le disque. Il faut dire que j’ai baigné dans la musique baroque, classique et contemporaine pendant plus d’un demi siècle ce qui explique en partie mes goûts étranges en plus d’écouter du metal et du prog.

C’est sur Twitter que je suis tombé sur une vidéo de Jo Quail jouant du violoncelle. Un message relayé par le gars de Cosmograf. Robin saluait la performance d’une belle femme se déchaînant sur son instrument à cordes. Il n’en fallait guère plus pour que je cherche à connaître la dame.

Par chance, Jo possède un Bandcamp où j’ai pu découvrir son travail, des titres au violoncelle électrique entre musique atmosphérique et contemporaine. Restait à trouver un album. J’ai jeté mon dévolu sur Five Incantations, une édition vinyle remasterisée pour l’occasion. Une première écoute au travail, une seconde sur la hifi et me voilà convaincu de dépenser une cinquantaine d’euros pour m’offrir le double vinyle alors que je viens de commander le prochain Marillion, le dernier Dream Theater, un ancien Cult of Luna, le Neal Morse Band et le Leprous. 

Nous allons manger des pâtes cet automne. M’en fou, j’adore les pâtes !

L’édition vinyle est superbe. Outre la pochette à deux volets, les vinyles colorés 180 grammes, un code de téléchargement, vous trouverez deux très belles photographies cartonnées et peut-être qui sait, un mot de remerciement de Jo. Seul hic, la version dématérialisée n’est disponible qu’avec le vinyle, à moins d’acheter chaque morceau séparément sur Bandcamp.

La musique de Jo Quail se situe à la croisée des chemins du classique, du post-rock, de l’ambient et du contemporain, du moins sur cet album, avec même une touche lyrique sur la dernière piste enregistrée en live et qui n’est d’ailleurs pas ma préférée. 

La première partie de ‘Between Two Waves’ risque de dérouter un non initié au festival Musica et la version de ‘The Breathing Hand’ en live ne sera pas du goût de tout le monde. Le reste de l’album et tout particulièrement ‘Gold’, de plus de onze minutes, devraient ravir les amateurs de post-rock atmosphérique. A condition bien entendu d’apprécier les sonorités trafiquées d’un violoncelle.‘White Salt Stag’ entre world et cinématique pose une ambiance sombre sur le début de cet album atypique alors que ‘The Breathing Hand’ se rapproche plus d’un nocturne romantique joué au violoncelle. Vous entendrez aussi quelques influences orientales sur ‘Between Two Waves Part 2’ et dans une moindre mesure dans ‘Salamander’.

Allez sur Bandcamp écouter le travail de Jo. Attention, si vous accrochez, vous risquez comme moi de tomber amoureux.

Sel Balamir – Swell

Image

Teeshirt : en chasseur d’images 2021

En 1956, le capitaine Cousteau dynamitait les atolls au nom de la science, éventrait les cachalots et massacrait les requins dans le documentaire le Monde du Silence. En 2021 Sel Balamir, le frontman du groupe Amplifier, lui rendait un vibrant hommage dans son album Swell avec la chanson ‘Jacques Cousteau’.

Moi aussi j’ai rêvé avec les expéditions de la Callipso lorsque j’étais gamin. Mais j’ai grandi et je ne rendrais certainement pas hommage à Cousteau pas plus qu’à Nicolas Hulot et son émission sponsorisée par le laboratoire Rhône Poulenc.

Le groupe britannique prog expérimental Amplifier n’a pas fait beaucoup parler de lui ces dernières années à part pour des rééditions. Et puis soudain Sel a annoncé un album solo.

J’ai eu ma période Amplifier  mais elle est derrière moi. Par contre j’étais curieux d’écouter ce que Sel Balamir pourrait proposer en solo. 

Swell est composé de trois morceaux très instrumentaux et relativement longs dont le fameux ‘Jacques Cousteau’. Une invitation au voyage de quarante minutes assis dans un canapé.

Pas de CD ou de vinyle pour l’instant, juste de l’ALAC et une image naïve peinte par Esther, un voilier voguant de nuit au clair de lune pour illustrer le massacre des cachalots.

‘Swell’ du haut de ses vingt minutes et quelques, dont plus de la moitié est instrumentale, n’échappera pas à la comparaison avec Pink Floyd, Nosound et Amplifier. Une musique toute en attente où le motif répétitif à la guitare appartient à Amplifier et où les digressions rappellent les Floyds. Niveau originalité ce n’est pas terrible, mais pour ce qui est de l’écoute, rien à dire c’est confortable.

Le capitaine du baleinier japonais dure le temps de mettre une douzaine d’ailerons de requins en conserve. Plus court et plus verbeux que son prédécesseur, il s’étend un peu moins sur la musique pour mieux explorer  les cimetières de cachalots et nager à dos de tortue géante asphyxiée. Le titre nous plonge sous la surface de l’océan de manière très visuelle avec une basse ronde et des notes de claviers telles des bulles remontant  à la surface. Ça fait mal de l’avouer, mais ‘Jacques Cousteau’ est une vraie réussite.

‘Seagull’ s’élève au-dessus des flots pendant un peu plus de neuf minutes au son d’orgues métalliques et d’une section rythmique assez présente. On ne peut pas dire qu’ici Sel se soit dépassé pour la composition. Sorti d’un long passage de guitare inspiré, la mouette de Tchekhov tourne en rond.

Swell permet de s’évader du monde pendant une quarantaine de minutes. Et si on passe la faute de goût (il ne savait peut-être pas après tout le pauvre), l’album est une jolie découverte.