Le monde à l’envers

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La planète ne tourne définitivement pas très rond. Aujourd’hui ce sont les musiciens qui interviewent les critiques. Mais où va-t-on ?

Guillaume, l’artiste qui se cache derrière The Odd Gallant, m’a contacté pour réaliser une interview du webzine Neoprog alors que j’aurai du, si j’en avais eu le temps, en réaliser une de lui, pour parler de son dernier et génial album Official One.

Ou comment flatter l’ego d’un chroniqueur prétentieux en le caressant dans le sens du poil pour s’assurer une prochaine bonne critique. Malin le Guillaume.

Lorsque les questions sont arrivées, j’ai eu immédiatement envie d’y répondre, mais ma chérie voulait se promener en forêt. Cruelle épouse. Elle sait bien pourtant que lorsque je reçois un paquet, il faut que je le déballe tout de suite. Une heure de supplice, à préparer des réponses dans ma caboche en marchant sous la frondaison avant de pouvoir coucher mes pensées sur le papier. Oui, je l’avoue, j’adore me raconter.

J’avais prévenu Guillaume, mes réponses ne seraient pas forcément consensuelles ni politiquement correctes. Cela n’a pas semblé le déranger un seul instant, alors je me suis lâché, vraiment, un pur bonheur, encore mieux que dans le blog. Le rock progressif français a sans doute été quelque peu égratigné au passage comme certains tourneurs, mais bon, peut-être est-ce mérité.

Ce n’était pas la première fois qu’un artiste me posait des questions sur le webzine, curieux de connaître son fonctionnement, ce qui m’a amené à cela, comment nous fonctionnons etc. Je n’imaginais même pas que cela puisse intéresser quelqu’un d’ailleurs. Mais c’est la première fois, hormis dans mes notes de blog, que cela est publié.

Les questions portaient sur le webzine, la musique, moi, le blog, vous pouvez, non vous devez aller les lire ici. C’est un peu comme un billet de blog au final, en plus dense, avec un parcours imposé par Guillaume au départ (ce que l’on appelle des questions). Ce fut une expérience très intéressante, jubilatoire même. J’ai répondu sans me poser de question, elles étaient déjà toutes rédigées, sans me censurer, je sais que tout n’est pas bon à dire, mais c’est si bon de le dire.

Pour les prochaines interviews voici les créneaux pour les phoners et Skype : 1er avril 2020 : 17h30, 18h00, 18h30, 19h30, 20h00.

Bonne lecture et merci à Guillaume !
http://theoddgallant.com/interview-de-jean-christophe-le-brun-neoprog/

Stars die

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Samedi dernier, je me rendais à la Laiterie à Strasbourg pour couvrir le concert de Steven Wilson pour un autre webzine.

Quoi ? Comment ça je travaille pour la concurrence ? Oui, je suis un vendu… Je respecte beaucoup le travail et je lis régulièrement le webzine en question – dont je tairais le nom pour ne pas leur faire de tord – . Ils n’avaient pas de photographe pour shooter le concert de Wilson à Strasbourg. Ils m’ont demandé gentiment et j’ai accepté avec plaisir. Honnêtement, je n’aurais pas été à ce concert sinon, l’ayant vu dans d’excellentes conditions à Fribourg cet été. La Laiterie à guichet fermé est plus étroite qu’une boite de sardines conditionnée avec 15% de rab.

Donc me voilà, un pass photo en main, un sac de plusieurs kilos sur le dos, prêt pour trois morceaux et puis dégage. Trois morceaux ? Non deux, ce soir, ce sera seulement deux morceaux. Wilson fait sa loi. Sachant qu’il aime bien tendre un voile entre le public et ses musiciens pendant son show, je suis un tantinet inquiet et lorsque que je rentre dans la salle, je prends peur. Le rideau translucide est bien là, descendu jusque environ 1.40 m du sol. La galère. Mais rassurons nous, il va bien le lever ce foutu rideau,
après le premier titre, comme à Fribourg. L’espoir fait vivre.

Un titre, deux titres, le rideau ne bouge pas d’un centimètre. Vautré par terre, je tente de trouver un angle favorable entre la base du rideau et la scène pour photographier la star. Rien à faire, même au 200 mm il me manque toujours un bout de crâne. En dix minutes je gâche 60 clichés moisis et torture mon hernie discale en salissant mon jean. Le webzine va adorer mes images… 

Bien évidemment, passé le second morceau, lorsque les gentils vigiles nous font signe qu’il faut dégager, devinez qui se lève ? Le rideau bien sûr…

Le concert se joue à guichet fermé. La Laiterie est bondée, impossible de se glisser dans le public avec deux APN et un gros sac à dos pour voler quelques photographies à la sauvette. Je ne peux même pas décemment profiter du concert, sauf du bar, affligeant. Trois heures il a dit le Steven ? Pas de Paul Draper en première partie, pas de photos acceptables, 180 minutes dans un hall plein de courants d’air à écouter les basses résonner sur les murs, sincèrement je préfère rentrer me glisser au chaud sous la couette.

Qu’un artiste ne veuille pas qu’on le photographie, je peux comprendre à la rigueur, pas de problème, moi-même je déteste être enfermé dans la boite à images. Mais que l’on invite des photographes à venir à un concert, même pour shooter pendant deux morceaux et que l’on fasse tout son possible pour les décourager de fabriquer un beau cliché, je trouve cela absolument débile, irrespectueux, même insultant.

La plus grande part des photographes comme moi font des photos pour assurer la promotion des artistes, rédiger des live reports, faire rêver ceux qui n’ont pas pu aller au concert, donner envie aux autres de s’y rendre. Nous ne gagnons pas d’argent avec nos clichés, nous faisons ça pour le plaisir.

Engagez-vous, rengagez-vous, qu’ils disaient !

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La rentrée musicale arrive à grand pas, les promotions pleuvent, les artistes deviennent vos amis, les labels vous approchent, des demandes d’interviews plus tentantes les unes que les autres nous sont proposées et pourtant nous ne recrutons plus de collaborateurs.

Pourquoi est-il si difficile de trouver des chroniqueurs de rock progressif de nos jours ? Y aurait-il trop de webzines en France pour le potentiel d’écrivains en herbe ? Neoprog véhiculerait-il une mauvaise image ?

Trouver un chroniqueur motivé sachant écrire correctement relève du chemin de croix. Il s’en présente toujours un, motivé, soit disant totalement en phase avec la philosophie du webzine, prêt à se lancer dans la grande aventure rédactionnelle, tout feu tout flammes, mais quand vient sa première bafouille, les outils de travail collaboratif à maîtriser,  les corrections à apporter, le format à respecter, il n’y a plus personne.

A chaque fois nous passons des heures à échanger, expliquer, à chaque fois nous avons en face de nous une personne motivée, volontaire, avec un pedigree intéressant qui après quelques échanges de plus en plus laconiques disparaît de la surface de la planète.

Par chance, quelques uns, heureusement vont au bout de leur démarche, rentrent dans le moule, et signent régulièrement de leur plume acérée des chroniques, live report et interviews. Hélas au fil des mois, et c’est bien naturel, l’engouement initial s’estompe, l’essoufflement gagne et les articles se font de plus en plus rares.

Il est vrai que nous n’y gagnons rien, si ce n’est de la reconnaissance et le privilège de découvrir des albums en avant première mais en mp3, alors que, en cherchant bien, il est possible de les télécharger illégalement sur de nombreuses plateformes russes avant même que la promotion nous arrive.

Pourtant, voici des années que je chronique et je ne m’en lasse pas. Chaque nouvel album me procure une joie nouvelle. J’y passe de nombreuses heures par semaine, mais principalement pour le travail administratif et relationnel et chaque semaine j’écoute un nombre assez important de nouveautés. Suis-je fou ? Certains penseront que je n’ai rien d’autre à faire dans la vie mais ne les croyez pas. J’ai un travail très prenant, une famille encore plus prenante, je lis beaucoup, je fais de la photographie, j’arpente les chemins de randonnées, je bois des bières avec mes amis, je bricole, je jardine, fais la vaisselle, un peu de ménage et je dors parfois. Qu’est-ce j’y gagne ? Un mois de salaire envolé chaque année en déplacements, billets, albums, hébergement, équipement. J’y gagne le droit d’approcher mes idoles, de les photographier, de les interviewer, de découvrir en avant première leurs créations.

J’aimerai bien trouver quelques nouveaux fous furieux, des passionnés désintéressés, acceptant de consacrer un peu de leur temps pour parler de musique. Il y a tant de fabuleux albums à découvrir, dont nous ne parlerons probablement jamais faute de temps, du metal, du progressif, de l’alternatif, de la pop/rock, qu’importe (sauf le punk et la new wave s’entend), la musique est tellement belle.

Alors si vous aimez la musique, vous voulez l’écouter et en parler, engagez-vous !

Dix jours

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Dix jours sans ouvrir Facebook, sans consulter Twitter, sans ouvrir Google+. Dix jours sans publier d’articles de blog, sans répondre à Messenger, sans gérer le webzine.

Dix jours durant lesquels, le matin au réveil, après un café, j’ouvrais un livre, écoutais un vieil album, lisais une BD, flânais dans le jardin. Dix jours presque déconnecté, pas totalement toutefois car je consultais les mails sans y répondre au cas où une guerre nucléaire aurait éclaté pendant la nuit, histoire de me tenir informé. Il n’y en a pas eu, heureusement.

Est-ce ça m’a manqué ? Le premier jour oui. Ne pas tenir mon sex toy en main en permanence, ne pas consulter les notifications, ne pas le laisser connecté tout le temps. L’objet devient vite flasque et inutile sans Internet. Le second jour je l’ai posé dans un coin et oublié.

Incroyable le temps libre qui soudain se libère, cette douce sensation d’ennui qui vous envahit, celle propice à la créativité. Le temps ralentit, la parole se libère, la sérénité vous gagne.

Je me demande parfois si je serai capable d’aller jusqu’au bout de la démarche, fermer les comptes Facebook, Twitter, Google ? Que deviendrait le webzine par exemple sans ces médias sociaux tout-puissants ? J’imagine que le nombre de visiteurs s’effondrerait brutalement, notre retrait déjà partiel de Facebook il y a un an a effectivement baissé la fréquentation. Le bon côté c’est que nous avons gagné en qualité de lecteurs.

Il est effrayant de constater tout le temps que nous gâchons connectés à la toile, regardant des vidéos de petits chatons ou de leur maman sur Youtube. Bien utilisé, Internet offre une source inépuisable d’informations souvent gratuites et pertinentes. Encore faut-il user de l’info-sphère à bon escient et ne pas s’abrutir devant comme sur La Cinq autrefois.

Vais-je un jour me retirer du NET ? J’en suis bien tenté parfois, mais où trouverai-je un exutoire à ma folie contenue à grand peine ? Vous savez ce qui m’a manqué le plus ? Publier ces articles sans intérêt et lire vos réactions.

Un peu de lecture

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J’ai pris la décision de lire plus régulièrement nos confrères musicaux, histoire de voir ce qui se chronique ces temps-ci et de découvrir leur perception des albums et concerts que nous avons nous également écoutés.

Bien évidement, je ne lis rien, tant que nous n’avons pas nous même publié quelque chose, sinon ce serait tricher, cela pourrait biaiser mon jugement, encore que.

Jusqu’à présent, je me contentais de passer sur le site de Chromatique que je trouve de bonne très tenue et avec lequel je suis le plus souvent en phase. Je vais plus rarement sur Music Waves qui ratisse large mais qui constitue une excellente base de connaissance musicale comme ProgArchives où je vais très souvent piocher des informations (oui je sais c’est mal).

Mais après être tombé sur des extrais de chroniques et live reports sur le net, des articles avec lesquels j’étais en total déphasage, j’ai voulu comprendre pourquoi nos avis divergeaient autant. Et j’ai été horrifié.

A quoi sert un article dithyrambique ? A lécher les bottes, semer le trouble, faire de la pub ? Parler d’une production exemplaire ou d’un sound check de haut vol alors que ce qui sort des enceintes est une bouillie informe, c’est mentir et ne pas rendre service. Les goûts et les couleurs ne se discutent pas, le domaine est forcément subjectif, mais la qualité sonore, l’enregistrement, la technicité, cela se quantifie, à condition d’avoir des oreilles. Soit celui qui chronique a les oreilles remplie de sable, soit il a passé toute sa vie dans des salles de concert avec un plafond à deux mètres du sol où l’on ne joue que du death metal à 99 dB, soit sa stéréo est bonne à jeter par le fenêtre, soit il est fan de punk.

A quoi sert une chronique musicale ? A se faire des amis dans le groupes de rock, à se faire inviter aux concerts, à recevoir des CDs gratos pour commencer une collection, à coucher avec la roadie tatouée pleine de piercings ?

A priori, une chronique donne un avis sur un album, un concert, un avis qui essaye d’être un temps soit peu objectif sur quelques critères, production, technique, son, subjectif inévitablement sur le feeling ressenti même si certains s’en défendent.

Je dois avouer que la tendance lèche boules très en vogue chez certains me tape furieusement sur le système mais je vais essayer de faire un effort et les lire. Je comprends l’envie de faire plaisir aux artistes, de mettre en avant des événements, mais un peu de lucidité ne fait pas de mal. A quoi sert une chronique si elle dit du bien de tout ? Ce n’est plus une chronique, c’est une publicité gratuite.

Papier caillou ciseaux

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J’aime les livres, les imprimés, le papier. Je n’aime pas lire sur un écran d’ordinateur, de téléphone, de liseuse. J’aime l’odeur de l’encre, de la pâte à papier, le grain de la feuille. Je n’aime pas la lumière d’une dalle OLED, son contraste, sa brillance. Je suis de la vieille école, celle où l’on traçait de belles majuscules avec une plume et un encrier. Je suis également un enfant d’Internet, un des pionniers qui utilisaient Compuserve. Je passe de nombreuses heures sur des ordinateurs et je publie des chroniques dans un webzine. Mais ces chroniques sont d’abord rédigées sur une feuille de papier, l’ordinateur éteint. Et j’écoute la musique, de préférence en analogique, sur des galettes vinyles. Un homme plein de contradictions.

Un texte publié sur Internet est fugitif, volatil alors que couché sur le papier, il devient éternel, immuable. S’il est aisé de zapper devant son écran, une fois un texte entre les mains, il est rare que l’on n’aille pas jusque son point final, quitte à lire en diagonale. Je sais que je ne suis pas le seul à préférer l’édition papier à l’immatériel, j’ai remarqué que les artistes appréciaient tout particulièrement les chroniques élogieuses au format A4.

Voila pourquoi j’ai décidé de me lancer dans la publication papier du webzine.

Ne vous affolez pas, vous ne trouverez pas Neoprog dans les kiosques à journaux, mais début juin, nous sortirons le n°1 en version PDF et nous en imprimerons quelques exemplaires pour les distribuer et qui sait, peut-être nous faire un peu de publicité gratuite. Nos lecteurs pourront télécharger le PDF et l’imprimer chez eux. L’étape suivante pourrait être de lancer un abonnement, d’imprimer les numéros et les expédier par la poste aux lecteurs, comme le font certains magazines de prog. Mais nous n’en sommes pas encore là. Nous allons déjà mesurer les retours de ce premier numéro, évaluer le temps passé et réfléchir à la suite.

Cette édition va demander une surcharge de travail non négligeable, même si les articles seront les mêmes qu’en version dématérialisée. Il faudra être plus vigilant à l’orthographe et la grammaire de même qu’au style car des phrases bancales sur une feuille, cela fait encore plus mal que sur un écran. Et impossible de corriger, une fois imprimé.

J’espère que vous apprécierez l’initiative et je compte sur vous pour nous faire des retours.

Soyons brefs

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L’idée m’est venue lorsque j’ai écouté l’album solo de Daniel Cavanagh, monochrome. Je suis un fan d’Anathema, d’Anneke van Giersbergen et j’avais beaucoup apprécié un live acoustique qu’ils avaient fait tous les deux dans un bled paumé au delà du cercle polaire, il y a quelques années. Mais quand j’ai écouté monochrome, grosse déception. Il s’agissait d’un achat perso, pas d’une promotion et vu l’avalanche d’albums envoyés par les artistes, labels et promoteurs, je manque de temps pour chroniquer mes dernières acquisitions. La rançon du succès sans doute.

Mais comment ne pas parler de ce si décevant monochrome ? Je n’avais pas envie de me le repasser une dizaine de fois pour le chroniquer, le masochisme a ses limites, donc impossible de le décortiquer, de souligner les temps forts, les emprunts, les faiblesses. Alors que faire ? Une mini chronique ? Un texte de quelques lignes, donnant juste mon impression à chaud après deux écoutes sans creuser le sujet ? La brève était née.

Rangées parmi les chroniques, les brèves bénéficient d’un agencement légèrement différent pour qu’on ne les confonde pas avec des chroniques en bon et du forme. L’avantage, est bien entendu de couvrir plus d’albums, l’inconvénient, c’est de ne pas aller au fond de l’analyse, de survoler. Dans la mesure du possible, je ne le ferai qu’avec des promotions que l’on aurait pas chroniqué de toute façon, avec des achats perso et cela ne changera pas la fréquence des chroniques dites normales.

L’Audi mate

Je l’avoue, j’ai longtemps couru après l’audimat, croyant qu’il en ressortirait quelque chose un jour. Pour améliorer le nombre de visites sur un site il existe de nombreuses techniques qui vont de la programmation pure, au référencement, jusqu’à la publication effrénée.

Je suis parti, il y a quelques années, d’un blog touchant une dizaine de personnes par jour pour arriver l’an passé à un webzine visité par plus de deux cent cinquante internautes quotidiennement.

La première étape fut d’augmenter le nombre de publications. D’une tous les mois, la fréquence est passée à une par semaine. Effet immédiat. Plus de public, plus de propositions de chroniques. La machine se mettait en marche, s’auto-alimentant.

Seconde étape, le référencement. Une technique connue des programmeurs internet pour faire connaître son site aux moteurs de recherche et le remonter le plus haut possible dans les classements. Cela passe par un code HTML, CSS, JS irréprochable, par l’utilisation de balises particulières, de fichiers sitemap.xml, une meilleure ergonomie, un site adapté aux solutions mobiles (css responsive) et du HTTPS.

Troisième étape, améliorer sa notoriété internet. Il est utile de se faire connaître des autres sites parlant de musique, avoir un lien chez eux conduisant chez vous, être cité par des artistes, des labels, bref des sites référents.

Quatrième étape, être présent sur le web. Avec l’avènement des médias sociaux, Facebook, Twitter, Google+, YouTube et j’en passe, être présent sur le web est devenu un jeu d’enfant à condition de ne pas s’y prendre avec les pieds. Un compte Facebook, une page, un groupe, un compte twitter, un profil et une communauté Google, une chaîne YouTube et vous êtes armé. Reste à alimenter la machine, partager vos publications dans l’info-sphère et les regarder se propager à toute vitesse dans les forums. C’est magique. Votre notoriété grimpe en flèche et au lieu de mendier des albums à droite et à gauche, vous croulez bientôt sous plus de musique que vous ne pouvez en écouter.

Cinquième étape, grandir. Plus de promotions nécessitent bien évidement plus de personnes pour les écouter et en parler. Alors on recrute. L’équipe s’agrandit. D’une personne, elle passe à deux, trois, quatre, cinq, six… Chaque jour une chronique, chaque jour une dizaine d’actualités. Une à deux heures quotidiennes de travail pour mettre en ligne, partager, répondre aux sollicitations diverses : interviews, contacts, chroniques, live reports, demande de management, conseils, envoi de maquettes, artistes qui discutent en tchat avec vous, une pure folie. Les groupes nous contactent pour tourner en France, pour leur trouver un manager, une salle, nous envoie même des maquette pour avis, nous sortons peu à peu de notre rôle initial.

Sixième étape, la diversification. L’équipe est nombreuse, réactive et l’éventails des goûts musicaux s’élargit. Nous commençons à parler alternatif, métal, hard-rock, pop et certains nous reprochent cette ouverture à la musique sous prétexte que le webzine se nomme Neoprog.

L’audimat explose, les chroniques sont lues des milliers de fois, on touche des lecteurs au Québec, en Suisse, en Italie, en Espagne, en Russie… Les tensions montent également dans l’équipe, trop de chroniques, des désaccords sur la musique, des anciens s’en vont, des nouveaux arrivent, il faut gérer la ‘formation’, les relectures, les publications, les rappels à l’ordre.

Septième étape, la rentabilité. Pourquoi ne pas la rechercher quand le nombre de visiteurs explose ? La tentation est grande, d’autant que le webzine coûte cher. Mise en place de publicité, recherche de partenaires, étude d’une boutique, sponsors, tout y passe et seule la publicité restera la solution retenue quelques temps.

Et puis arrive le clash. La notoriété internet est salie par une maladresse qui aurait pu être fatale. Les jalousies se cristallisent dessus, diffamation, attaques ridicules, stupidité. Facebook devient un temps, le lieu de règlements de comptes insupportables et le webzine a bien failli ne pas y résister. Nous étions sans doute à l’apogée de notre célébrité toute relative.

La publicité qui enlaidit le site ne rapporte pas assez et salit l’image des albums avec du Viagra, des call girls et autre stupidités. Après six mois, elle est retirée, elle n’aura même pas payé l’hébergement d’une année.

Huitième étape, lever le pied. La cadence infernale d’une chronique par jour devient un poids pour tout le monde et la qualité des chroniques s’en ressent. Nous ralentissons, trois par semaine, ce sera bien assez, nous respirons un peu plus. Après un petit sondage sur ce qui est vraiment lu et une étude poussée des scores d’audimat, il ressort que seules les chroniques sont réellement lues, les interviews sont boudées, les live reports également, sans parler des actualités qui sont survolées. Les interviews chronophages passent en priorité minimale, sauf pour se faire plaisir. Les actualités se concentrent sur l’essentiel, sorties d’albums, concerts, festivals.

Neuvième étape, se désengager des médias sociaux. Ceux qui nous avaient propulsés au sommet de notre gloire sont devenus des esclavagistes impitoyables. Chaque jour il faut partager dans les groupes et récolter en retour des commentaires parfois désagréables auquel il faut se retenir de répondre. Ce n’est le fait que de quelques pénibles, mais qu’est-ce qu’ils sont pénibles ! Alors progressivement, le groupe devient une page et nous ne partageons plus nos articles dans les diverses communautés progressives. Ceux qui nous aiment sauront où nous trouver.

Durant huit mois, l’audimat baisse régulièrement, passant de deux cent cinquante visiteurs en moyenne à cent cinquante les bons jours. Plus de tweet, de post, de publication, l’e réputation de Neoprog se fait plus discrète dans l’info-sphère. Messenger n’est plus saturé, la boite mail se remplit moins qu’avant et les commentaires désobligeants ont disparu de la toile.

A quoi servait cet audimat ? Il ne rapportait pas d’argent, donnait trop de travail à l’équipe, dégradait la qualité des chroniques, attirait les détracteurs, nuisait à nos relations avec d’autres webzines.

Depuis quelques temps, nous travaillons plus sereinement. Nos partenaires ne nous ont pas abandonnés pour autant et nous avons toujours un public fidèle mais moins nombreux. Force est de constater que ce public régulier, lit vraiment nos articles et ne fait pas que passer. Moins de personnes touchées et une meilleure consultation de notre contenu. Nous recevons toujours plus de musique, nous continuons à nous diversifier selon nos humeurs, n’en déplaise aux grincheux, et nous passons moins de temps sur Internet. Nous avons incontestablement gagné en qualité de vie.

Étrangement, nous recevons depuis, et régulièrement, des candidatures spontanées pour devenir rédacteur à Neoprog alors qu’à une époque nous tentions vainement de recruter sur Internet. Aujourd’hui je ne sais que répondre à ces demandes, si nous recrutons, nous n’augmenterons pas pour autant le nombre de publications, à moins de réorganiser tout le fonctionnement du webzine, et ça je n’y suis pas vraiment prêt. Chacun s’acquitte en moyenne d’une chronique par mois si l’on passe sous silence mon cas désespéré. Cela suffit pour assurer les trois chroniques par semaine et c’est bien assez ainsi. Alors pour l’instant, je suis bien embêté quand il faut répondre à ces demandes : « L’équipe est au complet, nous te recontacterons plus tard si nous recrutons à nouveau », bof.

Si la fréquentation du site me donnait des poussées d’adrénaline quelques fois, la sérénité actuelle me convient bien mieux aujourd’hui. Tant que nous aurons ces fidèles lecteurs, l’aventure vaudra la peine d’être poursuivie. Merci à vous.

Mais à quoi bon ?

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Pourquoi donc tenir un blog ou un webzine ? Qu’est-ce que ça rapporte ? Qu’est-ce que ça apporte ? A part soulager sa diarrhée verbale, s’entraîner à écrire, passer le temps, assouvir son besoin de reconnaissance ? Le blogueur serait-il un créatif raté, un peu comme le publiciste ? Pourquoi poster des articles sur la toile qui ne seront lus par quelques fêlés ? D’ailleurs pourquoi lisez-vous ceci ? Vous espérez y trouver le Saint Graal ou simplement passer ainsi quelques secondes de votre journée de travail qui traîne en longueur ?

Pour ma part, le blog est avant tout un défouloir, qu’importe qu’il soit lu ou non, cela me fait du bien de coucher noir sur blanc les idées loufoques qui me passent dans le ciboulot. Coup de gueule, coup de cœur, découverte, vitrine pour mes photographies, j’adore me raconter. Narcissisme, nombrilisme, assurément. C’est une soupape de sécurité devenue nécessaire avec la monté en puissance du webzine. De temps en temps, il faut que ça sorte.

Ce qu’il y a de certain, c’est que ça ne rapporte rien. Mais tenir un blog est plus simple d’aller se confesser (de toute façon ce n’est pas mon genre) et assurément moins cher que de payer les honoraires d’un psy. Ça donne également un objectif, finir ce bouquin pour en parler ensuite, persévérer dans la photo de rue histoire d’écrire une suite, parler des musiques que l’on aime afin d’échanger avec d’autres sur cette passion. C’est aussi le lieu du grand n’importe quoi, quand une idée saugrenue me passe par la tête et que j’ai envie de la coucher sur le papier. Je dois être un écrivain raté, il faudrait que je fasse un billet sur le sujet tiens…

Les retours, quand il y en a, sont parfois enrichissants, j’ai été surpris par exemple de toutes les réactions autour de mon dernier article sur le rock progressif. J’ai longtemps hésité avant de le poster, je craignais la curée. Ce sont des choses que je ne peux pas écrire dans le webzine, car elles ne reflètent à priori que mon opinion, je ne voudrai pas y associer à tord le reste de l’équipe.

Le webzine, c’est un peu plus compliqué. Il a commencé comme un blog avant l’ère des blogs, quand je codais en HTML sur Multimania (oui ça date d’il y a 20 ans). Tout d’abord blog, parlant de JDR, mégalithisme, photo, musique, le site s’est progressivement spécialisé dans la musique, plus particulièrement celle que j’aime le plus, le rock progressif. Neoprog était né. Au début je chroniquais pour parler de mes derniers achats coups de cœurs, puis sont venues les premières promos, des choses souvent zarbi, puis des labels se sont penchés sur mon berceau, puis d’autres, puis pleins d’autres. Maintenant je chronique plus les promos que mes coups de cœurs. J’écoute sans doute trop de musique et j’aimerai bien me poser une petite année histoire d’écouter une petite partie des vieux albums que j’ai beaucoup aimé. D’un autre côté, grâce au webzine, je découvre encore de temps en temps quelques perles rares, je m’ouvre à de nouvelles musiques et c’est toujours un beau moment. Lui non plus ne rapporte rien, bien au contraire mais qu’importe. Le webzine m’a permis d’approcher des artistes, des les interviewer, de les photographier, c’est le côté gratifiant du travail.

Je me suis pris au jeu du blog, postant des choses totalement insignifiantes comme des réflexions plus poussées. J’y note quelques idées de billets qui ne verront pas forcément le jour (des fois je suis très énervé et ça me défoule, mais il y a des choses qui ne sont pas publiables, ce n’est pas non plus la décharge Facebook). C’est un espace d’expression comme il en existe des millions sans doute, il ne sert à rien mais ne semble pas totalement inutile alors je continue.

Black Out

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Jeudi dernier, vers 21h, une panne électrique touchait un des data centers de la société OVH, mon hébergeur internet. Une grosse panne électrique. Vendredi matin, les bases de données mutualisées ne répondaient plus, le webzine et le blog devenaient muets.

Généralement ce genre de panne dure quelques heures au maximum et tout revient à la normale rapidement. Cette fois, le black out aura duré plus de 24 heures et il y aura eu de la perte en ligne. Les techniciens de la société OVH n’ont pu remettre qu’une ancienne sauvegarde des bases de données et en lecture seulement à partir du samedi matin. Plusieurs billets, chroniques, articles se sont perdu lors de cet accident car je ne fais pas de sauvegarde quotidiennement de mes bases.

Samedi midi, si on excepte les dernières transactions perdues, tout était de nouveau opérationnel à mon grand soulagement. Je voulais publier la chronique d’Anathema avant de fermer le webzine pour les vacances.

En règle générale, je suis assez satisfait de mon hébergeur, mais cette fois je suis un petit peu agacé. D’abord parce que l’information n’est arrivée que tardivement aux usagers, ensuite parce que les mécanismes de sauvegarde d’OVH n’ont pas fonctionné correctement, enfin parce que j’ai perdu des actualités, billets et chroniques au passage.

Je croyais être très prudent en faisant un backup complet du webzine et de la base une fois par semaine, il semblerait qu’il faille que j’augmente drastiquement cette cadence afin d’être tranquille. Un informatique, la paranoïa est de mise.