I wanna live in America

Après un voyage en Bretagne suivi de plusieurs jours de pluies diluviennes, j’étais en manque de ciel étoilé. Une fenêtre incertaine s’ouvrait le dimanche soir, incertaine car jusqu’à dix-neuf heures les averses arrosaient encore l’Alsace sous de fortes rafales. Mais depuis trois jours les modèles météorologiques votaient pour un ciel clair sans vent à partir de vingt-deux heures. Hélas la Lune était presque pleine, c’était le week-end de On The Moon again. Elle n’était pas très haute dans le ciel mais pour la photo, c’est toujours un problème.

Qu’importe, confiant en ma bonne étoile, j’ai chargé la voiture avec le télescope et la lunette et emmené mon petit dernier, de passage à Strasbourg pour un mariage, à mille mètres d’altitude et quatre degrés Celsius pour observer les étoiles.

Arrivés là haut vers vingt-une heure, je n’en menais pas large. Le ciel était encore bien chargé et le vent qui soufflait d’ouest risquait de compromettre la soirée. La météo disposait encore de deux bonnes heures pour corriger le tir avant que je commence les photos.

Nous avons tranquillement installé le télescope pour observer la Lune encore cachée par d’épais cumulus puis j’ai mis en place la lunette pour la session photo. Ce soir là j’étrennais pour la première fois le filtre Triband sur la lunette. Il devait m’aider à oublier la luminosité de notre satellite.

J’avais prévu de refaire la nébuleuse América déjà photographiée avec mon appareil photo l’été dernier. Cette fois j’utilisais une caméra, un filtre et la lunette. Même avec la pleine lune j’espérais faire mieux.

En parlant de la Lune, notre satellite commençait à sortir des nuages, alors j’ai chargé mon garçon de la pointer au télescope pendant que je discutais avec deux membres de l’association montés malgré la météo incertaine. Des visiteurs, venus passer une nuit romantique dans leur mini van, sont venus jeter un œil à l’oculaire et parler astronomie. À notre manière nous avions contribué à l’évènement On the Moon Again, presque malgré nous. Il y a toujours des curieux au Champ du Feu.

Le vent s’est calmé, les nuages se sont dispersés et la Lune est montée dans le ciel. Avec une atmosphère très humide et chargée en poussières venues des incendies canadiens, sa lumière créait un voile blanchâtre qui masquait les étoiles. On ne verrait pas la Voie Lactée ce soir mais avec le filtre Triband je pourrais quand même photographier ma nébuleuse.

Une fois la lunette correctement mise en station et calibrée, j’ai pointé la constellation du Cygne, près de Deneb où s’étend le vaste nuage de la nébuleuse NGC 7000 dite America ou cou du pélican à cause de sa forme très particulière. 

Entre la qualité très moyenne du ciel et le filtre gourmand en lumière j’ai dû pousser le temps de pause. Un premier essai à 300 secondes, un second à 600 pour finalement revenir à la première valeur. Car en dix minutes, bien des choses peuvent se produire comme le passage de satellites ou un problème technique qui me ferait perdre une image perdre et autant de temps de photographie.

Après quelques derniers réglages, j’ai laissé la lunette travailler comme une grande, retournant au télescope pour observer à nouveau la Lune puis la nébuleuse de la Lyre et l’amas d’Hercule. Rien de bien exotique mais je connais très mal mon ciel.

Mon fils, fatigué et frigorifié, s’est réfugié dans la voiture. Je l’avais prévenu pourtant. L’astronomie c’est vivifiant. Moi, protégé par trois couches de vêtements, j’ai continué à observer et surveiller mon setup, qui pour une fois, a fonctionné comme une horloge, sans doute grâce au nouvel équilibrage de la lunette. Au bout de deux heures trente de photo, j’ai eu quand même pitié de mon fils et j’ai remballé tout le matériel.

Christophe était rentré depuis longtemps et Antoine s’acharnait encore sur la nébuleuse du croissant avec son objectif Samyang 135 f2. Il repartira avec quatre heures trente d’images et une magnifique photographie.

Rentré à 3h30, j’étais debout devant l’ordinateur six heures plus tard pour regarder mon travail de la nuit. 30 images, aucun rejet soit deux heures trente de photographie. Le résultat était nettement différent du premier essai. Mais je n’arrive pas encore à décider laquelle des deux photos je préfère.

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