La petite fille sous la neige

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Mise en garde : j’ai commencé ce roman un dimanche alors que j’étais en panne de livre. Ma librairie préférée était fermée (mais que font les libraires le week-end ?) et que ce bouquin traînait dans notre bibliothèque. 

C’est certainement la phrase « Le nouveau phénomène littéraire. » signée Joël Dicker en haut de la couverture qui a motivé son achat un jour d’égarement.

Kiera Templeton, une petite fille de trois ans, disparaît lors de la grande parade de Thanksgiving à New-York en 1998. Miren, une jeune étudiante en journalisme, touchée par le fait divers, se lance dans l’enquête et infatigable, la mènera jusqu’à son terme douze ans plus tard.

Le roman de Javier Castillo, salué par Joël Dicker dont il reprend un peu les codes, est une enquête policière qui voyage dans le temps de 1998 jusqu’en 2013, avec de multiples aller-retour et plusieurs récits parallèles. Un artifice littéraire qui permet au lecteur de ne pas s’ennuyer alors que l’histoire de cette disparition, expliquée assez rapidement dans le livre, ne possède rien d’extraordinaire au final.

Le roman s’attache beaucoup à la vie de la journaliste Miren ainsi qu’à ses traumas qui en ont fait d’elle  cette femme pugnace qui ne lache rien, même une enquête vieille de douze ans. Le style est efficace et le rythme soutenu, sans réel temps mort à la manière d’un thriller. Un livre qui se lit vite mais qui s’oublie très rapidement. Ce n’est pas La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert.

J’ai de nombreux reproches à faire à cette histoire block buster. Pourquoi un auteur espagnol transporte-t’il son récit aux États Unis si ce n’est pour mieux vendre ? Pourquoi fait-il également l’apologie de l’auto justice et de la détention d’arme à feu dans ce livre ? Certes l’histoire se déroule à New-York, mais cela n’excuse pas tout. Enfin, la très longue captivité de la petite Kiera est clairement tirée par les cheveux même si l’auteur use de quelques artifices pour la justifier.

Un roman de gare tout au plus qui se lit très vite mais qui ne mérite pas forcément le temps passé. Sauf si vous n’avez plus rien à lire bien sûr… Il a été adapté en série TV en 2023.

Elon Musk

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Elon Musk interviewed by Chris Anderson at TED2017 – The Future You, April 24-28, 2017, Vancouver, BC, Canada. Photo: Bret Hartman / TED

Je ne manque jamais de regarder un décollage du Starship. J’utilise PayPal pour mes achats en ligne. Je possède une Falcon Heavy en Lego et porte un teeshirt Space X de temps en temps. 

Cela ne signifie pas pour autant que je sois un fan de l’homme le plus riche du monde. Je ne conduis pas de Tesla et je déteste les satellites Starlink qui pourrissent mes nuits d’observation. Je suis juste un vieux geek fasciné par ces machines phalliques qui s’élèvent hors de notre atmosphère.

Mon petit dernier, sans doute inquiet pour ma fascination pour l’empire d’Elon Musk, m’a offert pour Noël le roman graphique Enquête sur un nouveau maître du monde de Darryl Cunningham. Une BD de 180 pages qui raconte l’ascension du milliardaire Elon Musk.

De son enfance en Afrique du Sud jusqu’au second vol du Starship en mars 2024, l’auteur raconte comment se fils de riche a su construire un empire, commençant avec X.com pour finir avec Space X. Il relate l’affaire Twitter, son virage à droite lorsque un de ses enfants a changé de genre, ses mariages, ses coups de tête, les gens qu’il a viré, ses projets avortés comme l’Hyperloop et d’où provient l’argent qui a permis à Tesla et Space X de rester à flot.

Si la plus grande partie du roman graphique semble très factuelle, les dix dernières pages sont clairement à charge. L’auteur se lache et il n’aime manifestement pas Elon Musk, moi non plus au demeurant, surtout depuis qu’il bosse pour Trump.

Je connaissais bien certains épisodes de la vie du milliardaire comme l’épisode X Twitter puisque j’avais un compte sur ce réseau à l’époque. Par contre je n’avais pas entendu parler des déboires de Tesla. La partie Starlink est traitée trop rapidement si l’on considère l’impact que devrait avoir cette entreprise dans le futur. Et j’ai noté que l’auteur passe sous silence le cadeau fait à l’Ukraine au début du conflit avec la Russie mais relate ensuite la tentative de fermeture du réseau de terminaux pour empêcher une attaque de drones. Du coup j’ai l’impression que certains épisodes de la carrière de Musk ont été passés sous silence pour noircir le tableau.

Alors roman graphique journalistique ou enquête à charge contre Elon Musk ? Je pense que c’est un peu les deux à la fois. J’ai appris pas mal de choses sur le bonhomme, détrôné quelques mythes sur son empire et me suis bien amusé en lisant la BD. 

Le bilan de l’année 2024

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Bonne année à tous et toutes !

L’année 2024 ne fut pas de tout repos croyez-moi. Entre la photographie, la musique, l’astronomie, le travail, des problèmes familiaux et de santé, le temps a passé très vite, au point de ne pas vraiment trouver le temps de prendre de vraies vacances.

Du coup cette année je n’ai écouté qu’une soixantaine d’albums de rock et je n’ai assisté qu’à quatre concerts de prog. 

Pour les albums, c’est devenu ma moyenne et elle me semble parfaite pour prendre le temps d’écouter de la musique. Pour les concerts c’est vraiment peu mais la salle de la Laiterie à Strasbourg est en travaux et l’association ArpegiA a été contrainte au repos forcé avec la fermeture temporaire de Chez Paulette. Heureusement cette année ils organisent trois soirées de rock progressif. J’ai quand même assisté à quelques des concerts classiques et participé aux shooting de différents événements locaux comme le Printemps des Bretelles.

La chaîne YouTube a dépassé le cap des 200 abonnés (merci à vous) et certaines vidéos ont été visionnées plus de 900 fois.

Le blog, lui, se maintient à 500/600 pages vues par semaine ce qui est amplement suffisant pour justifier son existence même si ce sont principalement quelques amis qui me lisent.

L’astronomie a pris beaucoup d’importance cette année (vous l’avez peut-être remarqué) avec plusieurs sorties en montagne avec les copains pour photographier le ciel et pas mal d’expérimentations en tout genre afin d’améliorer mon setup. Ce sont aussi mes premières images de ciel profond acceptables, du moins dont je n’ai pas trop honte.

La photographie ‘artistique’ reste une de mes grandes activités chronophage. Je publie toujours trois clichés par semaine contre vent et marées et cette année j’ai eu un déclic avec la couleur. Dix de mes photos ont eu l’honneur de figurer dans groupe Explore de Flickr c’est à dire d’être vues plusieurs milliers de personnes chacune et mon exposition 2024 s’est nettement mieux passé que l’année précédente.

J’ai lu seulement une quinzaine de livres (et pas toujours des meilleurs) principalement par flemme. J’ai compensé en regardant en moyenne un épisode de série TV par soir soit pas loin de 35 saisons et une vingtaine de séries différentes. Par contre je n’ai pas été une seule fois au cinéma, oui, je sais c’est mal.

La santé a suivi inexorablement la courbe inverse de celle de l’âge et cette année j’ai réalisé un véritable marathon d’examens suite à de mauvais résultats sanguins. Un épisode stressant où pour la première fois de la vie un médecin m’a parlé de cancer droit dans les yeux. Je vous assure, ça fait flipper. Bon il semblerait que pour l’instant j’échappe au pire mais ce n’est que partie remise. Je vais devoir me faire suivre de très près. À côté de ça, le rein donne les signes de faiblesse habituels et mon hernie discale est de retour en force. Bref je passe beaucoup plus de temps que je ne le voudrais chez les médecins. Par contre je ne fais presque plus de migraines. On ne peut pas tout avoir.

Le travail ressemble toujours à un cauchemar qui se passerait dans la bonne humeur. Plus que six années à tenir si le gouvernement ne change pas à nouveau les règles du jeu. Je ne vous le cache pas, j’ai hâte d’en finir avec ça. 

Si vous n’êtes pas né dans une éprouvette et que avez décidé un jour de fonder une famille, arrive un temps où vos enfants deviennent grands et vos parents très vieux. Une période difficile de la vie où les enfants ne sont pas encore vraiment des adultes responsables et où les parents redeviennent des enfants. Bref beaucoup de problèmes. Cette année les vacances ont été utilisées pour faire des aller retours pour aider la famille.

Une année ordinaire qui a filé à toute vitesse et qui annonce une nouvelle année à priori riche en péripéties. Youpi !

Pour les publications je pense conserver le même rythme à savoir une vidéo, trois billets de blog et trois photos par semaine, une exposition photographique, quelques nuits blanches à plus de mille mètres sous les étoiles et des prises de sang régulières.

Mais en attendant les prochaines publications, je vous souhaite une merveilleuse année 2025 !

Les secrets de l’astrophoto

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Alors oui, je lis aussi des livres d’astronomie. En fait ça n’est pas nouveau mais maintenant j’en parle après avoir dévoré l’œuvre de Huber Reeves et Carl Sagan. 

C’est à la SAFGA, l’association astronomique que je fréquente, que j’ai entendu parler en bien du livre Les secrets de l’astrophoto. Et comme je débute dans cet exercice, j’ai décidé de le lire pour aplanir certaines difficultés.

Les secrets de l’astrophoto propose d’expliquer aux novices comment réaliser des images du ciel avec un appareil photo numérique. Matériel, équipement, objets, limitations, trucs et astuces, normalement avec ce livre et un peu de pratique vous devriez réussir vos premiers clichés.

Pour ma part, ce livre est arrivé sans doute trop tard. Je sais qu’il faut mettre une doudoune la nuit, qu’il faut aller loin des éclairages publics, combien de temps poser sur un trépied avec tel ou tel objectif, comment photographier la lune ou la Voie lactée. Ça n’est pas non plus bien sorcier. 

Le livre arrive trop tard et pour certains chapitres, comme celui sur le ciel profond, il est bien trop léger. Le passage sur l’alignement polaire d’une monture équatoriale ne vous aidera pas, sauf si vous êtes un génie et le traitement des longues poses sous Photoshop devrait décourager tout être humain normalement constitué. Il existe des logiciels gratuits comme Siril qui font bien mieux le travail.

Le bouquin survole les problématiques et n’explique pas vraiment comment les résoudre, sauf pour les problèmes élémentaires, enfin pour moi. Les milliers de tutoriels présents sur la toile vont bien plus loin et souvent bien plus au fond du sujet.

Les secrets de l’astrographie, qui s’adresse clairement au débutant n’ayant jamais photographié le ciel, risque également de le décourager rapidement s’il veut aller plus loin qu’un filé d’étoiles ou une image de la lune.

Kirinyaga

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(C) SERGEY PESTEREV

Avez-vous déjà lu un livre de science-fiction qui ressemble à une compilation de contes à la manière du dessin animé Kirikou et la Sorcière ?

Kirinyaga est un recueil de nouvelles que l’on compare souvent aux Chroniques Martiennes de Ray Bradbury. Pourtant dans ces histoires courtes, la science-fiction n’est qu’une toile de fond pour raconter une histoire. Ici pas de robots, de technologies, ni de vaisseaux spatiaux, mais une planète où un peuple a décidé de recommencer une nouvelle vie loin de la Terre. Ce peuple, ce sont les paisibles Kikuyu, qui vivaient autrefois au Kenya avant que l’homme blanc ne détruise leur pays et leur culture.

Une poignée de Kikuyu a fuit la Terre pour créer une utopie sur une nouvelle planète, loin de la civilisation européenne.

Les nouvelles, toujours centrées sur le sage de la communauté, racontent des épisodes de cette vie utopique où les humains mettent souvent à mal leur idéal de vie. Des nouvelles écrites un peu à la manière des contes et dans lesquelles le mundumugu (comprenez le sage) raconte des paraboles mettant en scène des animaux et le dieu Kai.

Le sage et fondateur de cette utopie, un certain Koriba, un homme cultivé et fanatique qui a vécu en Europe avant de retourner au Kenya, me rappelle beaucoup le patriarche du roman Ravages de Barjavel pour son intransigeance et son refus de tout retour à la technologie.

A la fin de la série de nouvelles de Kirinyaga prend place Kilimandjaro, un mini roman qui raconte cette fois l’utopie réalisé plus tard par le peuple Massaï. Une tout autre manière de considérer l’utopie africaine, en prenant cette fois beaucoup plus de distance avec le poids de la tradition. Cette suite est un complément indispensable à Kirinyaga, apportant un tout autre regard sur l’utopie.

Est-ce qu’une utopie peut survivre à la nature humaine et aux passage des générations ? Un vaste sujet souvent traité dans la science-fiction comme par exemple dans Les Dépossédés d’Ursula le Guinn. Le livre Kirinyaga apporte quelques réponses mais pose beaucoup plus de questions.

Un fabuleux recueil de nouvelles à lire absolument.

Les sept Divinités du bonheur

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Ce livre est le troisième roman de Keigo Higashino que je lis. Un auteur japonais de  policiers traduit chez Acte Sud. Pourquoi ai-je porté mon dévolu sur ce poche plutôt qu’un autre ? A cause du petit carton accroché à la couverture du livre et qui saluait d’une jolie écriture manuscrite cette nouvelle histoire de l’auteur. J’adore lorsque les libraires donnent leur avis sur un bouquin.

Les Sept Divinités du bonheur raconte le meurtre de Aoyagi Takeaki, un homme d’affaires assassiné au couteau dans un passage souterrain à Tokyo. Un coupable présumé est rapidement appréhendé, après s’être fait renverser par un camion. Plongé dans le coma suite à l’accident, celui-ci ne peut hélas livrer sa version des faits.

Mais l’inspecteur Kaga, arpentant inlassablement à pied le quartier qui a été le théâtre du crime, se forge lentement une opinion sur ce fait divers déjà classé par les médias. Le coupable que tout accuse ne serait pas le meurtrier.

J’ai peiné à rentrer dans le roman en partie à cause de la profusion de personnages aux noms difficiles à retenir. J’ai également été déçu par l’apparente froideur du récit. Et puis tout a basculé lorsque j’ai découvert la vie secrète de cet homme d’affaires poignardé, sa famille et celle de l’accusé. L’histoire devient un pèlerinage des sept divinités du bonheur, des visites dans des cafés, restaurants et boutiques du quartier où Aoyagi Takeaki se rendait en secret de sa famille.

Finalement Les Sept Divinités du bonheur est une très belle histoire pleine d’humanité mais je lui préfère Le Nouveau du même auteur et que j’avais lu en premier. Mais manifestement le libraire n’était pas de mon avis.

Central Station

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Central Station est un roman de cyber punk religieux israélo palestinien. Oui c’est possible. 

Il s’agit également du second roman Lavie Tidhar que je lis. Le premier, Aucune Terre n’est promise, ne m’avait pas emballé outre mesure. Tout le contraire de Central Station. 

Pourtant tous deux racontent presque la même histoire, celle d’un fils revenu à la maison pour assister à la mort de son père.

Lavie Tidhar décrit un univers futuriste pas forcément alléchant, des portraits de personnages vivants en territoire israélien autour d’un astroport. Il y a des robots, une vampire, un bouquiniste, des bébés éprouvettes devenus des enfants étranges, un martien venu dire au revoir à son père, des dieux et que sais-je encore.

Des êtres dissemblables et pourtant reliés par une histoire qui se construit au fil des chapitres et qui s’achève peu après la mort d’un père.

Le monde de Central Station est exotique, original, complexe, numérique et profondément humain. Un très beau livre.

Je me suis aperçu en préparant cet article qu’Alias en avait également parlé sur son blog. Les grands esprits se rencontrent.

Veiller sur Elle

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Le roman de Jean-Baptiste Andrea est une fresque historique des deux grandes guerres, une saga familiale, une histoire d’une pieta et la vie d’un enfant devenu sculpteur. C’est un peu Les Piliers de la Terre racontant le début du vingtième siècle.

Le sculpteur Michelangelo Vitaliani aussi surnommé Mimo, se meurt dans une abbaye, emportant avec lui le secret de son chef oeuvre, une pieta que le vatican cache jalousement tant elle trouble ceux qui l’ont admiré.

Mimo a été pauvre, nain de cirque, dépravé, mondain, sculpteur convoité, jouet d’une grande famille et par dessus tout l’ami de sa muse, l’indomptable Viola Orsini.

L’histoire débute vraiment dans le village de Pietra d’Alba par l’enfance de l’artiste en tant qu’apprenti sculpteur, la rencontre avec la puissante famille Orsini et Viola leur fille rebelle. Elle se poursuit à Florence, Rome mais revient toujours dans ce petit village isolé où la famille Orsini règne presque sans partage. 

Le roman se lit à la première personne comme une fresque historique et familiale italienne où les destins croisés du couple Mimo et Viola nouent et dénouent les intrigues politiques et religieuses de la famille Orsini de 1904 à 1986. 

Une lecture distrayante pour un prix Goncourt même s’il ne s’agit pas d’un chef d’œuvre contrairement à la pieta dont on apprend le secret prévisible dans les dernières pages du roman.

Kallocaïne

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Comme l’annonce le résumé du livre, Kallocaïne est le chaînon manquant entre Fahrenheit 451, Le meilleur des mondes et 1984. 

Dans un état totalitaire où les habitants vivent sous surveillance dans la crainte permanente d’une dénonciation, un chimiste zélé et ambitieux met au point un sérum de vérité.

Ce Léo Kall, époux fidèle, père de trois enfants, est un chimiste dévoué à la cause de son gouvernement, un rouage docile et bien huilé qui contribue au bon fonctionnement de sa cité.

Mais alors qu’il expérimente son invention sur des volontaires puis des prisonniers, sa perception de la société se distord en écoutant les sujets soumis à une injection de Kallocaïne livrer leurs pensées les plus secrètes.

Ecrit en 1940, neuf ans avant 1984 par Karin Boye, une suédoise quarantenaire homosexuelle pacifiste et anticapitaliste, le roman s’inspire de ses voyages en Union Soviétique et en Allemagne. Son dernier roman, écrit quelques mois avant son suicide, dépeint une société totalitaire en guerre dans laquelle le camarade soldat n’est que le rouage d’une grande machine où le sacrifice de soi est l’obligation et la liberté une hérésie.

Un classique d’un genre indémodable et intemporel comme 1984 et Le meilleur des mondes, qui eux sont plus connus du public.

Terrasses

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C’est sur la route du sud de la France, dans des embouteillages, qu’à la radio j’ai entendu parler du dernier roman de Laurent Gaudé. Un livre sur les attentats du Bataclan. 

Les romans de Laurent Gaudé sont toujours très forts et je redoutais de me plonger dans ses mots tellement vrais. Pourtant j’ai lu son roman, pour le souvenir.

C’était le 13 novembre 2015. Je me souviens bien de cette date car le lendemain j’étais dans une petite salle de concert en province et que l’émotion était vive parmi les artistes et le public. Quelle étrange soirée partagée entre la joie de la musique et le deuil !

Dans Terrasses Laurent Gaudé emprunte les voix des parisiens assis dans les cafés, celles des fans de Eagles of Death Metal, des supporters de foot, des badauds, des policiers, des ambulanciers, des infirmiers, des amoureux entraînés bien malgré eux dans cette nuit d’horreur. Des centaines de voix et de cris anonymes au milieu des tirs de Kalachnikov et des sirènes de secours.

Le roman fonctionne au rythme de toutes ces voix qui rêvent d’une belle soirée d’automne, d’un verre en terrasse pour terminer la semaine, d’un rendez-vous tant attendu, d’un concert. Et puis tout bascule dans l’horreur, l’horreur du hasard qui décide de celui qui va vivre et celui qui va mourrir. 

Un livre qui chapitre après chapitre déroule cette nuit interminable pour les victimes comme pour les secours et qui s’achève par l’après, lorsque la vie doit reprendre ses droits traînant derrière elle le poids du souvenir et de la perte.

N’en doutez pas Terrasses est difficile à lire. Si 128 pages sont peu de mots, il faut souvent reprendre son souffle entre les courts chapitres. Il faut même parfois faire des pauses. Mais c’est un roman fort comme les faits qu’il raconte. Alors lisez le.