Capri, c’est fini !

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Trouver un créneau pour partir en vacances est une gageure chez nous. Entre le planning musical infernal de mon épouse et les contraintes du travail, cela relève clairement de l’exercice d’équilibriste. J’ai quand même mis en demeure ma chérie de me dégager une semaine rapidement parce que j’avais furieusement besoin d’une pause.

Restait à trouver une destination de rêve, et là c’était compliqué. Pour moi le rêve c’est une semaine à la maison à jardiner, me promener et faire de la photo. Pour elle, c’est partir de préférence vers le soleil alors que pour ma part j’aurais tendance à me reprocher du Pôle Nord. 

Toutefois, nous rêvions depuis longtemps de visiter les ruines de Pompéii, comme quoi nos rêves ne sont pas si inaccessibles. Alors, d’un commun accord, nous avons choisi Naples, le Vésuve, Herculaneum et Positano pour poser nos bagages. Après avoir trouvé un vol jusqu’à Rome, une location de voiture, un hébergement à Castellammare di Sabia, une carte de la côte amalfitaine et un guide de la région, nous sommes partis pour l’Italie.

Cependant, avant de monter dans l’avion, il fallait programmer la semaine d’absence du célèbre influenceur que je suis. En effet, pas question de renoncer à mes précieux revenus publicitaires issus de YouTube et du blog. C’est vrai quoi, avec une centaine d’abonnés, une vingtaine de vues, mon activité Internet génère facilement cinquante pour-cent des revenus familiaux.

Il me fallait une chronique en images, trois clichés et deux articles de blog pour passer la semaine en douceur. Pour les chroniques, j’ai toujours un temps d’avance, ça ne posait pas de problème, il fallait juste que je m’assure qu’il n’y aurait pas une réclamation à la noix pour droits d’auteur comme avec Riverside. Floor Jansen n’a pas crié. Tout allait bien. Pour les articles de blog, j’avais également un peu de réserve, quelques brouillons en attente que je pouvais terminer et mettre en ligne. 

Restaient les photos, et là, c’était plus compliqué. Car depuis quelques mois, sorti des concerts, des tentatives astronomiques, je n’ai pas grand chose en stock. Par chance il a beaucoup plu ce qui m’a permis de faire enfin une sortie arrosée en ville, objectif les reflets dans les flaques d’eau, un exercice au raz du sol et trempé pour des résultats finalement intéressants.

J’ai développé quatre photographies en noir et blanc, parmi les plus pertinentes de l’exercice, pour figurer sur mon compte Flickr. J’étais sauvé même si j’ai fait un bide total avec ces images.

Restait à arriver Naples. Et comme toujours, la galère commença dès Strasbourg avec un vol Volotea annoncé avec trente minutes de retard. Comme d’hab… Et trente minutes annoncées, c’est au moins une heure effective. Vivement la téléportation. Étrangement, l’avion arriva avec cinq minutes d’avance à Rome. Par contre il nous fallut une heure pour récupérer les bagages dans l’immense dédale de l’aéroport international et atteindre le parking où nous attendait la voiture de location.

Au lieu d’une Clio diesel, nous répartîmes avec un SUV hybride confortable ce qui n’était pas pour me déplaire étant donné la route à parcourir. Vers minuit trente et quelques errements, nous arrivâmes enfin au pied du Vésuve dont le cône se détachait dans la nuit noire.

Si l’avion et la voiture remplirent leurs promesses, la location fut plus décevante. Méfiez vous des photos sur les annonces. Notre deux pièces avec vue sur mer était en fait en sous-sol avec une cour à poubelles et mouches où un petit coin de grande bleue pointait le bout de son nez en haut des escaliers, le long d’une plage grise et très sale. Pour couronner le tout, la cloison entre notre chambre et celle de nos voisins devait être papier mâché. Le moindre bruit filtrait. Question pour intimité, bof.

Le premier jour, après une courte nuit, nous partîmes pour les ruines millénaires de Pompéii. Découvrir cette ville figée dans le temps depuis l’éruption cataclysmique du Vésuve est tout simplement incroyable. Rues, maisons, fresques, mosaïques, jardins, statues, commerces, temples, sépultures et habitants, tous figés dans la cendre pour l’éternité. Quatre heures de marche, une centaine de photographies, les premiers coups de soleil, les milliers de touristes, les guides, le soir nous étions sur les rotules.

Qu’à cela ne tienne, le lendemain, après une nuit ponctuée de sirènes d’alarmes, nous grimpâmes sur le Vésuve sans pouvoir accéder jusqu’au cratère faute de réservation en ligne. Puis nous suivîmes la coulée de lave jusqu’à Herculaneum où nous attendait une seconde cité romaine disparue, plus petite mais beaucoup mieux préservée que Pompéii. Une pizza napolitaine, un expresso et trois heures de marche plus tard nous nous écroulâmes sur le lit, vaincus par l’épuisement. Mais quel spectacle ! Des villas parfaitement conservées, du mobilier, des fresques couvrant les murs, des mosaïques, des barreaux aux fenêtres, il était aisé d’imaginer les romains vivant dans cette petite ville bâtie au bord de la mer, sur les premières pentes du Vésuve. 

La troisième nuit fut sans sirène mais secouée par un feu d’artifice aussi bref qu’intense. Les Napolitains jouaient un match de foot de la coupe d’Italie le lendemain et comptaient bien le faire comprendre à tout le monde. Les rues étaient décorées aux couleurs bleues et blanches de l’équipe, banderoles, fanions, maillots, un vrai festival.

Nous, nous abandonnions les romains pour aller à la rencontre de la Grèce antique, un peu plus au sud de Salerne. Paestum, trois temples grecs et une ville dans un magnifique site classé par l’Unesco, les ruines grecques les mieux préservées au monde à ce qui paraît, des colonnes qui se dressent dans les prés fleuris non loin de la mer. Encore un site archéologique unique en son genre.

Après une quatrième nuit presque paisible, les averses calment les ardeurs des italiens, des chiens, des scooters, des alarmes et des feux d’artifices, nous partons sous la pluie pour la côte escarpée amalfitaine équipés de Kway. C’est le déluge ! Pour les belles lumières, on repassera. 70 km en trois heures sur des routes sinueuses et étroites où des voitures garées sur le bas côté bloquent la circulation. Un chaos total et impossible de s’arrêter à Positano où Amalfi à cause du manque de place de stationnement au bord de la route. L’enfer d’un premier mai pluvieux, en dehors de la saison touristique. Je pense qu’il faut le faire en bus pour ne pas se trouver à devoir rouler tout le temps. Nous avons pu nous arrêter tout de même deux fois, mais dans des villages nettement moins touristiques, qui malgré tout valaient le détour, même sous une pluie battante.

Après une nuit diluvienne, la météo ne semble pas s’arranger le matin. De très fortes averses inondent la cour intérieure de la location. Au programme Napoli, à condition d’arriver jusqu’à la gare sans se noyer. Une heure de train de banlieue dans des friches industrielles pour arriver au cœur de Napoli, des klaxonnes, du CO2, des cris et des rues vivantes. 

Pourquoi en train lorsque l’on conduit un SUV hybride dernière génération ? Parce que c’est un gros SUV neuf et que les napolitains n’ont pas la même manière d’interpréter la signalétique routière qu’un Alsacien. Un stop signifie passe en force, la ligne blanche sert de médiane pour le châssis, les feux tricolores sont des restes des décoration de Noël, la voie de droite sert à circuler dans les deux sens, l’accélérateur se situe sur le klaxonne, les clignotants décorent les manèges des fêtes foraines et les rayures sur la carrosserie font partie des options gratuites du constructeur.

Pas de chance, c’est jour de grève, problèmes de transports, musées fermés, il va falloir improviser ce qui n’est finalement pas si mal car nous découvrons les rues milanaises qui regorgent de vie. Nous arrivons tout de même à visiter la magnifique église Gésu Nuovo, le musée religieux à proximité (les curés ne font pas grève) et à monter en funiculaire au château Sant Elmo qui domine la ville. Pour le retour, après une longue marche, il nous restait encore le train. Sachez que deux lignes de transport, la une et la deux, avec deux gares différentes et plusieurs compagnies déservent Castellemmare di Sabia où nous logions. Autant au départ ce fut relativement simple, autant au retour ce fut l’enfer. A la gare centrale nous avons acheté les billets mais lorsque nous avons cherché notre train, nous ne savions pas d’où nous partions, avec quelle compagnie et à quelle heure. Heureusement pour nous les napolitains sont affables, serviables et patients. En France, on nous aurait certainement envoyé paitre depuis longtemps.

Il ne restait plus qu’une journée à passer en Italie sans parler du retour sur Rome avec encore une fois une météo maussade au programme. Allions-nous visiter Capri, la villa de Poppée, retourner à Pompéii, tenter la côte ? Suspens… Il fallait déjà sécher nos guêtres dans un appartement mal aéré, au sous-sol, sans chauffage avec deux clims poussives.

Le matin, après avoir écouté le film et les rires de nos voisins allemands jusqu’à 00h30, nous avons voté pour un retour à Pompéii, afin de visiter des parties du site que nous avions négligé de voir le premier jour. Et finalement, la météo était nettement plus clémente que prévue. Une longue promenade de 10h30 à 15h30, de l’amphithéâtre jusqu’au forum en passant par des palais et villas romaines, en empruntant les rues pavées, bordées de publicités datant d’il a plus de deux millénaires. Dépaysement garanti malgré les groupes de touristes. 

Il fallait bien neuf heures pour visiter ce site d’exception. On y serait bien resté encore une journée d’ailleurs si nous avions pu. Car oui, nous aimons les ruines, les mégalithes, les vestiges romains ou grecques, sans doute plus que les plages de sable fin et les mers azurées. Nos vacances, nous les passons ainsi, sans pour autant nous cultiver réellement, juste pour le plaisir des yeux, pour cette sensation de voyage dans le temps.

Le lendemain, nous répartîmes au 21eme siècle, ses autoroutes et ses aéroports. Deux heures trente de route sous le soleil printanier et un avion à l’heure à Rome. Les vacances étaient terminées.

Le régime miracle

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Tous les magazines ne parlent que de ça chaque année sans apporter de solution : comment perdre quelques kilos avant les fêtes pour ne pas finir obèse au premier janvier ?

Moi j’ai la solution infaillible. Écoutez bien.

Je tombe souvent malade pendant les vacances. Tout particulièrement pendant les fêtes, à Noël ou au premier de l’an. 

Pourtant je vous assure, je ne suis pas de ceux qui détestent la période de la fin d’année, tout simplement parce que j’adore les pâtes de fruits, les marrons glacés et les cadeaux.

Avec une migraine en moyenne tous les cinq jours, les chocolats, la nourriture grasse et l’alcool, la probabilité de crise monte en flèche inévitablement pendant cette période, même si je fais très attention.

Il y a également l’effet dépressurisation. Car à force de repousser les congés pour une réunion, un déplacement ou pour assurer l’intérim d’un collègue, je finis par trop tirer sur la corde.

Le 23 décembre tout allait bien avant de commencer à tousser juste avant de me coucher. Le 24 j’avais de la fièvre, le nez qui coule et une toux de chien crevé. 

Nous, Noël on le fête le 24. Pas de chance… J’ai mangé deux pâtes de fruits, une noix de Saint-Jacques, un marron glacé, j’ai déballé mes cadeau, perdu toutes mes courses à Mario-Kart et regardé des épisodes de Camelot saison 3. A 21h30 j’étais au lit, laissant mon fils et mon épouse devant la bûche au chocolat.

Le 25 je suis resté au lit avec un ramequin de compote et une bouteille d’eau, alternant triptans et Doliprane, glissé sous la couette avec une capuche, hésitant entre frissons, bouffées de chaleur et nausées.

Le 26 j’avais contaminé toute la famille. Par chance, moi j’allais un peu mieux. Pendant la nuit j’étais quand même tombé en sortant du lit, renversant au passage un des projecteurs du studio où j’avais ironiquement élu domicile pour éviter d’infecter tout le monde. Plus de peur que de mal, seules deux baleines de la soft box sont pliées. 

Le 27 je me réveillai dans la purée de poix avec un appétit de moineau après une nuit fiévreuse. Et pour faire bonne mesure, une nouvelle migraine pointait son nez. Il faut dire que la veille j’étais resté debout au moins une heure pour préparer un repas que personne n’a mangé. 

Nous sommes aujourd’hui le 28 décembre je crois. Je ne suis pas bien certain… Le jugement de la balance est sans appel : j’ai perdu trois kilos à Noël. Probablement trois kilos de masse cérébrale vu que je n’ai pas de gras et que je me traîne comme un légume dans la maison.

Le talon d’Achille

Deux semaines de vacances à la maison en septembre. Le bonheur ! La saison idéale pour des promenades dans les Vosges, le jardinage, la photographie et la lecture sur un transat.

Je suis ce que l’on appelle vulgairement un pantouflard, quelqu’un qui aime sa maison, son jardin et les promenades dans la région.

Peu avant de profiter de ces congés mérités, je traînais un peu la patte, une douleur sourde dans le talon, rien de grave, sans doute de la fatigue. Mon hernie discale était également de la fête comme un truc coincé à l’épaule. Rien qu’un bon repos ne saurait réparer.

Le premier lundi des vacances, je pris la route du Parc de Sainte-Croix pour saluer les loups, les ours et les ratons laveurs. Mon traditionnel safari photo de la fin de l’été. Trois heures de route, six heures de marche, six kilos de matériel photo sur le dos, autant dire que je suis revenu cassé en deux, mais heureux. Ceci dit, une petite douleur irradiait du talon jusque mes orteils et mon dos était en compote. Du coup le mardi, j’ai zombifié.

Mercredi, pluie. J’ai acheté quelques albums sur Bandcamp et en ai écouté beaucoup d’autres. Jeudi, pluie, musique. Après un été de sécheresse, il fallait que le ciel me tombe sur la tête pendant les vacances. Du coup, le jardin c’est brutalement transformé en jungle.

Vendredi, débrousaillage, tonte, désherbage, jardinage et passages aux déchets verts. Une écharde d’un bon centimètre s’est plantée dans mon pouce gauche. L’opération pince à épiler a été un pur régal et je crois qu’un petit bout est resté coincé sous la peau, histoire de me rappeler de porter des gants plus épais la prochaine fois.

Lundi, je suis reparti dans les Vosges, à la cascade du Nideck en traînant un peu la patte ce qui ne m’a pas empêché de prolonger la marche. Mardi j’ai fait une nouvelle promenade plus longue encore, du côté de l’étang de Hanau, et mercredi je suis allé voir le médecin, car même la nuit, mon talon me lançait. Verdict, un truc au nom imprononçable de la famille des tendinites, le genre de chose qui met du temps à guérir à condition de rester au repos total.

Mercredi soir, c’était soirée Star Wars, trois épisodes de la nouvelle série Andor à déguster au calme. Enfin en théorie, car à table, après avoir avalé un anti inflammatoire pour le talon, avec pour effet secondaire d’affaiblir la coagulation du sang, je me suis planté un couteau très pointu dans la paume de la main gauche. Planté oui, et profondément vous voyez. Alors ça s’est mis à pisser rouge.

Un dénoyautage d’avocat bien mûr qui s’achève aux urgences. Trois points de suture plus tard me voilà avec un énorme pansement à garder pendant trois semaines, le genre de truc qui vous empêche de conduire, de tenir un appareil photo, de taper au clavier, sauf d’une main, de découper un avocat en deux et d’en extraire le noyau. Ceci dit, pour cette dernière activité, ça n’est peut-être pas plus mal…

Le jeudi, ce furent des visites au pharmacien qui m’avait vu la veille, à l’infirmière pour programmer ses prochains passages à la maison pour changer le pansement, au radiologue hilare de photographier mon pied alors que ma main est bandée, à l’autre radiologue pour l’échographie, amusé de retrouver ma bosse sur le gros orteil et pour finir au médecin étonnée de me revoir si vite. Un tout nouveau programme de vacances qui vont se prolonger, en survêtement et sandales, parce que les ceintures, les boutons et les lacets, c’est devenu trop compliqué pour l’instant. Quelqu’un peut me couper la viande ? S’il vous plait…

La chasse à la Galinette

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Pendant ma semaine de vacances, je suis retourné à la Volerie des Aigles à Kintzheim. J’y avais déjà été en famille quand mes garçons étaient tout petits.

Le site se trouve dans les ruines du château, au pied du Haut Koenigsbourg. Nous sommes en plein triangle des Bermudes touristique de l’Alsace. Il y a le vignoble, les châteaux, la Serre aux Papillons, la Montagne des Singes, Cigoland et la Volerie des Aigles sur quelques kilomètres carrés.

La Volerie des Aigles est un conservatoire pour oiseaux, aigles, faucons, vautours, un lieu pour sauver certaines espèces en voie de disparition et pour les présenter au grand public.

Et du public il y en avait pour un mercredi de juillet, des familles entières ainsi qu’un paumé solitaire avec son appareil photo. 

Car je n’étais pas venu pour visiter le château que je connais déjà, ni pour regarder des gros oiseaux en cage, mais pour les photographier en vol. En effet plusieurs fois par jour, et pendant une quarantaine de minutes, les soigneurs font évoluer quelques oiseaux en toute liberté au-dessus des spectateurs médusés.

L’exercice s’apparente à la chasse. Faut bien viser et tirer juste. Les oiseaux passent à toute vitesse au raz du sol ou juste au-dessus de nos têtes. Il faut les suivre et shooter au bon moment. L’avantage, c’est qui si on tire à côté, personne n’est blessé et que si on vise dans le mille, l’oiseau continue son vol. De la chasse écologique quoi.

J’y suis allé avec le D810 et le 70-200 stabilisé sport. Un combo de concert parfaitement adapté à l’exercice. C’était un après-midi ensoleillé avec quelques cumulus et une trentaine de degrés à l’ombre. Chapeau obligatoire. 

Dans le ciel, l’autofocus en mode auto C, ça passe mais au raz du sol le mode pin était nécessaire. Avec une ouverture à 5.6 ou 2.8, en rafale haute, je pouvais shooter sans peine au 1/1000 ce qui était parfois insuffisant. Car c’est comme photographier une voiture de course. Les oiseaux peuvent atteindre des vitesses proche de 200 km/h en passant à quelques mètres de l’objectif. Ça va très très vite.

J’ai rapidement compris qu’il était plus facile de suivre un rapace venant vers moi que s’éloignant de l’objectif. Il suffisait de repérer le soigneur tenant l’oiseau et celui vers lequel il allait se diriger pour calculer la trajectoire optimale de l’objectif sans éborgner mes voisins. Je m’étais d’ailleurs mis en bout de banc, en plein soleil, à cinquante centimètres de toute personne pour éviter un accident de chasse.

Au final, je ne suis pas très content du résultat. La plupart des clichés manquent de netteté, mise au point ou léger bougé, et je n’ai pas capturé les moments les plus spectaculaires. C’est vrai que je suis assez lent à la détente. Si j’avais eu un fusil, je serai certainement entré bredouille de la chasse à la Galinette.

Le Batteur

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Que serait un groupe de metal sans le batteur ? Imaginez Dream Theater sans Mike Portnoy, en fait, pas besoin d’imaginer si on réfléchit bien…

Les autres membres du groupe se calent sur lui pour jouer, le bassiste jette toujours un oeil de son côté et les autres suivent. Le batteur est la colonne vertébrale du groupe, le piller. Sans lui pas de musique encore que certains le remplace par de la programmation de nos jours. Mais c’est mal.

Alors j’ai une question. Comment se fait-il que le batteur soit le plus éloigné du public, noyé dans les fumigènes et souvent mal éclairé ?

Ok, le gars sue comme un bœuf, sent la transpi, menace d’éborgner ses potes avec ses sticks et fait un potin du diable avec sa grosse caisse. C’est une bonne raison pour le mettre au coin.

Photographier un batteur, oui c’est là où je voulais en venir, relève de l’art. De base, photographier un groupe en live c’est chaud. Les lumières changent tout le temps, il y a des fumigènes, les mecs bougent tout le temps. f 2.8, 4000 ISO au 1/100 suffisent à peine pour chopper les gars. Alors imaginez le batteur.

Il est loin ce con, à plusieurs mètres, dans un coin sombre, noyé dans les fumigènes et en plus il n’arrête pas de bouger. Sur les grandes scènes, l’angle de vue depuis la fosse est juste impossible pour choper le tatoué qui s’excite au fond, à moins de soulever à bout de bras les trois kilos de matos sans trembler et cadrer à l’aveugle. L’autre solution est de poser le matos sur le bord de scène et de tenter de passer entre les projos, les retours, les câbles et les pieds pour dégager une vue sur le batteur. C’est là que le chanteur, le guitariste ou le bassiste masque le champ, juste au moment où il n’y avait plus de fumigènes.

Un batteur se choppe avec une focale de 200 mm au minimum. Pour lutter contre la brume, j’ouvre un plus plus, f 3.5 jusque 4.6 si je peux, j’ajoute du contraste et de la correction de voile en baissant les niveaux de blanc. Pour la vitesse, je monte à 1/400 et même là les sticks peuvent être flous, après ça peut être sympa aussi. Pour les ISO ben je monte, je monte, tant pis pour le bruit. Je cale la mise au point sur un des montants du kit ou sur le visage du batteur quand c’est possible parce mon Tamron est vite en panique sinon avec l’autofocus en mode pin. 

Ce qui est pas mal, c’est d’être autorisé à monter sur scène pour shooter – c’est rare mais n’hésitez pas à demander à la sécurité – derrière la scène c’est pas mal également comme sur les escaliers d’accès avec en bonus la vue sur le public. 

Reste le trop rare solo de batterie. Le moment parfait pour shooter. Encore faut-il qu’il y en ait un et que vous arriviez à temps pour photographier. A ce moment-là, les places sont chères dans la fosse.

Mais généralement, quand toutes ces conditions idéales sont réunies, c’est le moment où le titre s’achève, que le groupe se lance dans un morceau acoustique ou que le batteur se gratte son eczéma.

Bref j’ai trop peu de belles photos de batteurs. J’en ai une vraiment sympa de Lazuli et je crois que c’est tout. Un jour j’y arriverai, enfin peut-être.

Elle te plaît pas ma soeur ?

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Depuis une trentaine d’années, mon épouse et moi-même allons sur l’île de beauté. En avion, en bateau, en voiture, en location, en camping, en famille, entre amis, nous y retournons régulièrement.

La Corse est pour nous l’exotisme à moins de mille kilomètres. Des plages de rêve, de la haute montagne, des villages escarpés, des ruines romaines, des mégalithes, des calanques, des promenades en mer et de vastes espaces sans aucune présence humaine.

Tout d’abord il y a l’odeur du maquis et de la mer qui vous assaille à la descente de l’avion avec celle du kérosène. Vient ensuite celle des cochons sauvages, attention pas les sangliers domestiques, en saucisson, jambon, pâté et le fromage qui fait exploser les galères romaines.

Ensuite il y a les corses au caractère de cochon (pas pire qu’un basque, un breton ou un alsacien en fait) qui aiment qu’on leur dise que leur pays est magnifique.

Enfin il y a les routes tortueuses, parfois sommairement goudronnées, où l’on se croise prudemment à cinquante kilomètres à l’heure et ou on se fait doubler à cent dans les virages.

Nous avons posé nos pénates dans les golfes de Porto, de Saint-Florent et de Porto-Vecchio, visité les citadelles génoises de Bonifaccio, Calvi, la ville de Napoléon Bonaparte, l’université de Corte, les ruines d’Aleria, le désert des Agriates, le cap corse. Nous avons mangé des fiadones, du brucho, de la coppa, des fromages de brebis qui bougent tout seuls, du cabri roti, des aubergines farcies et même du faux saucisson d’âne.

Après plusieurs voyages en Corse, nous sommes parti vers l’île plus au sud, sa cousine la Sardaigne, assez similaire, plus sauvage, riche d’un incroyable patrimoine mégalithique, avec des sardes et des routes encore plus défoncées. 

Mais cette année, après six mois sans une seule pause, nous sommes reparti en Corse, notre premier amour. Après moult discussions sur la destination, Saint-Florent, Golfe de Porto, Porto-Vecchio, ma femme a jeté son dévolu sur la Balagne précisément sur Algajola, une petite ville sur la côte ouest entre Calvi et l’IIe Rousse. Pourquoi Algajola ? Pour la plage d’Aregnu située au nord du village. 

Car nous sommes des fans de plage. Il faut que notre location se situe à moins de cent mètres du sable, c’est essentiel. Ainsi nous pouvons, en maillot de bain, pieds nus avec une serviette, aller nous baigner deux fois par jour dans la Méditerranée. J’ai bien dit nous baigner. Nous posons nos affaires et plongeons aussitôt dans l’eau puis une fois rassasiés, nous repartons nous mettre à l’ombre de notre location, de préférence avec une bonne bière. Nous avons regardé trop d’épisodes de V pour rester sur le sable.

Oui mais bon, si nous n’aimons pas lézarder au soleil, que faisons-nous de nos vacances ? Une journée nominale ressemble à ceci :

8h00-10h30 promenade en voiture avec de nombreux arrêts dans les villages soit une quarantaine de kilomètres en fonction de l’état des routes.

10h30-11h30 plouf

11h30-15h00 bière corse agrémentée de fromages locaux, pain, cochon mort, sieste crapuleuse

15h00-18h00 marche à pied ou visite d’un site (dans tous les cas on marche et le soleil cogne, même en juin)

18h00-19h00 re plouf

19h00-20h00 bière locale agrémentée de biscuits corses, charcuterie insulaire, fromage explosif et éventuellement une tomate

21h00-23h00 cinéma, oui parce que, contrairement au reste de l’année, pendant les vacances, nous allons au cinéma, pas tous les jours, mais souvent, et pour voir n’importe quoi en fait

00h00-07h00 dodo

Nous avons vu la citadelle de Calvi, des pointes balayées par le vent, Top Gun, le village de Sant’Antonino, la plage d’Ostriconi, Hommes au bord de la crise de nerf, Pigna, trois tours génoises, le maquis, The Blues Brothers, le petit train qui relie Calvi à l’Ile-Rousse, le phare de la Pietra, Montegrosso, la chapelle San Michel de Murato et plein d’autres merveilles.

Comme nous partions avec Volotea, j’ai du faire des choix difficiles pour le matériel photo. Il fallait que mon bazar tienne dans un sac 40x20x20 cm à placer sous le siège. Oui parce que vous imaginez bien que je ne suis pas parti sans appareil photo. D’ailleurs, il m’a suivi partout, sauf dans l’eau. J’ai emporté le bon vieux D810 avec un 24-70 et un 70-200. Ça rentrait juste avec le chargeur de batterie. De quoi couvrir pas mal de situations même si j’aurais apprécié un 200-500 pour les surfers et les oiseaux.

Les lumières dures de la Corse ne sont pas toujours propices aux belles images surtout avec la brume de mer persistante et le vent à plus de 50 km/h en rafales. Difficile de stabiliser un 70-200 face au vent et impossible de nettoyer les embruns sur l’optique en pleine action. Je partais parfois tôt le matin et tard le soir en solitaire à la recherche des bonnes lumières mais ça n’a pas toujours été possible et puis, j’étais quand même en congés.

Je suis revenu avec deux cent clichés que je commence à trier, développer et publier tranquillement. Il y aura bien entendu un album photo de Balagne, le deuxième traitant de l’île de beauté depuis notre premier album en 2013. L’album photo des vacances est devenu une tradition.

Elle te plaît pas ma soeur ?

Un bout de Mars

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C’est en regardant l’épisode Tombée du Ciel de Hugo Lisoir sur YouTube que j’ai entendu parler de Spacefox

Hugo Lisoir est une excellente chaîne YouTube qui parle d’espace. Technologies, couverture de lancements, astronomie, astrophysique et questions réponses se partagent ces vidéos geeks de vulgarisation plusieurs fois par semaine.

Depuis qu’un collègue m’en a parlé un jour au travail, je ne manque aucun épisode.

Donc dans l’épisode Tombées du Ciel, Hugo parlait des météorites et à la fin faisait la publicité d’un site commercialisant des bracelets avec des bouts de ces roches qui ont traversé l’espace. Bien évidemment, je suis allé sur leur site, ça va de soit, mais les tarifs m’ont dissuadés de commettre une nouvelle geekerie irresponsable. Car voila, je suis geek, mais assez raisonnable finalement, la preuve, je n’ai pas encore commandé le dernier Nikon Z9, c’est tout dire.

Oui, mais voilà, à la maison, il y a nettement plus geek irresponsable que moi j’en ai bien peur… Il y a mon fils aîné, celui qui a pourri mon avenir en m’offrant une Saturn V en Lego l’an passé. Un acte cruel qui m’oblige depuis à rester à quatre pattes sur le tapis à chercher des yeux de minuscules briques multicolores.

Noël est arrivé avec ses traditionnels cadeaux, que j’avais décrétés raisonnables et éco responsables cette année. Il semblerait que le mouvement n’ai pas été suivi par la majorité des protagonistes de la fête…

Bref, j’ai reçu en cadeau, un cube noir de 7 cm d’arrête, avec inscrites en lettres d’or Spacefox Collisions sur une face. Sur le côté opposé, un code barre surmonté d’un Mars donnait quelques indications supplémentaires. 

A l’intérieur de la boite, un bracelet plastique soutien un plaque de métal orangée dans laquelle est incrustée un minuscule fragment gris.

Une roche venue du manteau martien, éjectée un jour par un volcan, ayant erré des millions d’années dans l’espace avant d’être attiré un jour par la gravitation terrestre et de tomber en 2020 en Afrique du Sud.

Oui, j’ai autour du poignet, un fragment de roche martienne. Complètement dingue pour un geek spatial de mon genre.

J’ai reçu également un parfum qui m’accompagne depuis près de vingt ans et la saison 2 de Kamelot que je n’avais toujours pas visionnée.

Mais mon plus beau cadeau de Noël, je l’ai reçu le 25 décembre peu avant 14h, lorsque le télescope spatial James Webb s’est séparé du lanceur Ariane 5 pour voler de ses propres ailes. Depuis j’essaye de modéliser le télescope en Lego avec Studio mais je crois que j’ai été doublé encore une fois par Lego Rocket Collection.

Une semaine pluvieuse

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Je sais maintenant pourquoi personne ne prend de congés en Novembre. Les journées sont brèves et il fait un temps de chiotte. A moins de partir pour une destination exotique dans l’hémisphère sud en explosant son bilan carbone déjà guère glorieux, passer une semaine de vacances par 48 degrés de latitude nord en Novembre est une véritable sinistrose.

Mais voilà, il me restait plein de jours de congés à prendre en 2021 et la belle saison avait été bien trop chargée en travail pour que je puisse quitter le navire en perdition. Et non, je n’en suis pourtant pas le capitaine, mais les femmes et les enfants d’abord, n’est-ce pas ?

Bref me voilà à la maison, seul avec le chat, fin Novembre, à regarder la pluie et la neige tomber par les fenêtres. Ne goûtant guère les sports de glisse, la randonnée dans la poudreuse, la course sur chaussée glissante, je suis resté au chaud, à me disputer les meilleures places avec le chat.

Bien sûr j’aurais pu faire des choses, le bricolage sans cesse reporté (j’ai quand même recollé deux bouts de papier peint), des achats pour les fêtes (deux pantalons car mon vieux jean s’est déchiré en deux), trier le bazar, nettoyer la maison de fond en combles, au lieu de quoi, je n’ai rien fait, enfin rien…

La nature a horreur du vide, surtout moi en fait, alors j’ai écouté de la musique, beaucoup et fort, de vieux disques trop longtemps oubliés, j’ai bouquiné, regardé des films et des séries, enregistrés quelques épisodes de Chroniques en Images. Bref je me suis occupé. 

En réalité j’attendais des LEGO, la Soyouz WO et les pièces pour le North American X 15. Du coup, chaque jour, je guettais le passage du facteur plein d’espoirs. Le X 15 arrivait en trois livraisons, deux germaniques et une thaïlandaise. La fusée Soyouz en un seul envoi, mais via Mondial Relay, ce qui peut prendre une bonne semaine parfois.

La Soyouz est arrivée mercredi midi, ce qui a fait le bonheur de mon après-midi.  Le soir, la fusée russe était parée pour son lancement. Une magnifique réalisation que l’on doit à LegoRocketCollection.

Le jeudi, il pleuvait encore comme vache qui pisse. J’ai sorti d’anciens albums de IQ et me suis lancé dans la construction d’un appareil photo. J’avais déjà réalisé le Nikon D810 à l’échelle 1:1 et le boîtier LEGO réservé aux VIP me faisait envie. Mais faute des deux mille points nécessaires, je ne pouvais le commander. Alors je me suis lancé dans le Panasonic Lumix GX9 que j’ai à la maison en recyclant les briques à ma disposition dans les jouets des enfants.

La chose a bien occupé mon temps libre, car plusieurs parties sont mobiles sur le boîtier, comme l’écran arrière, le flash et le viseur orientable. Pour les arrondis, j’avais perfectionné la technique avec le Nikon donc c’était plus simple, mais ce qui a été redoutable, c’est de le travailler qu’avec le stock de pièces disponibles, certes important, mais limité tout de même, surtout en slope et tiles. (Je parle comme un pro du pot là). Bref voilà le GX9, assez ressemblant mais perfectible à condition de passer commande de nouvelles briques.

Le samedi j’ai reçu le propulseur arrière du X 15. Le lundi une partie du fuselage. C’est le vendredi suivant que le reste de l’avion fusée, après avoir payé huit euros de frais de douane, est arrivé à bon port. En tout plus de six-cent briquettes noires à assembler avec le plan de montage assez foireux livré par le logiciel Studio. J’aurai pu enfin me lancer dans son montage mais j’ai attendu le soir. En effet, pour la première fois en sept jours, le temps était enfin sec et je suis allé marché dans la neige, en montagne, histoire de ne pas trop sentir le renfermé.

Assembler ailes, ailerons, nez et cockpit n’a pas posé de grosse difficulté. Les problèmes ont commencé avec la dérive qui devait être orientable sur la modélisation Studio et qui, confrontée aux théories de Newton, s’est révélée fragile.

Ensuite, la carlingue, que studio n’avait pas réussi à décrire correctement sur le plan d’assemblage, m’a donné du fil à retordre. Elle est constituée de deux demis cylindres de cinquante centimètres de long pas facile à assembler et quasiment impossible à relier l’un à l’autre, d’autant qu’il fallait en même temps fixer le propulseur à l’arrière. Ce qui, en théorie semblait réalisable avec le logiciel, s’est avéré très complexe à mettre en oeuvre sous 1 G.

Après quelques galères et erreurs, j’ai pu fixer les ailes, la verrière, le nez, les ailerons, les dérives et le réacteur au fuselage. Yes ! Restaient trois détails importants à terminer. Les marquages sur la carlingue, les skis arrières que je n’avais pas modélisé et l’équipement de l’habitacle que j’avais totalement zappé.

Pour les marquages, j’ai fait avec des autocollants de Discovery histoire de mettre quelque chose. On trouve des sites qui impriment ça sur Internet, dingue !

Pour les skis, j’ai bidouillé un truc sans savoir réellement comment ils étaient fixés sur l’avion fusée. Et pour l’habitacle, j’ai fais avec une photo et les moyens du bord. 

Samedi, n’ayant plus rien à brique olé !, j’ai rangé les caisses de LEGO, installé les projecteurs et le vrai Nikon D810 pour photographier mes bêtises.

Police, au secours

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Samedi fut une journée compliquée. Je devais m’évader dans les Vosges pour capturer les couleurs de l’automne mais le destin en a décidé tout autrement. 

La voiture étant à sec, je suis passé à la pompe faire le plein. L’automate  agaçant refuse ma carte pour cause de piste magnétique illisible. Connaissant le problème, je me rends à une autre crèmerie où d’ordinaire ma carte passe bien. 

Mais la loi des séries est contre moi et je ne peux remplir mon réservoir. 

Je reprenais le volant pour passer à la maison voler la Visa de mon épouse quand je tombe sur une voiture arrêtée au milieu de la rue. 

Comme tout bon connard qui se respecte je m’apprête à klaxonner pour faire dégager l’emmerdeur quand j’entends la personne pleurer au volant. 

Je descends pour aller voir ce qui se passe et découvre une femme en pleine panique, les deux mains agrippées au volant, versant toutes les larmes de son corps. 

Après avoir tenté de la calmer, entre deux crises de larmes, la dame m’explique que pour éviter un chauffard, elle a foncé dans la bordure du trottoir. Un tour de la voiture me confirme en effet que trois des quatre roues sont à plat. 

Entre temps des voitures se sont accumulées derrière moi et les klaxonnes commencent à hurler. 

Je tente vainement d’apaiser la conductrice afin qu’elle gare sa voiture pour dégager la chaussée. J’aurais pu prendre sa place au volant si la dame n’était pas handicapée moteur et ne pouvait pas sortir simplement de son véhicule. Il faut la calmer pour qu’elle puisse manœuvrer. 

Arrive alors une dame pressée, prête à hurler sur la conductrice en larmes. Je dois la calmer avant qu’elle n’explose et aggrave la panique de la victime. Un homme furieux déboule à son tour et après lui avoir expliqué la situation, nous arrivons tant bien que mal à faire stationner la voiture accidentée sur le bord de la route. 

Je me gare à mon tour pour libérer la rue, laissant le chemin aux deux conducteurs pressés qui abandonnent la femme paniquée à son triste sort.

Je n’ai pas l’âme d’un sauveteur ni celle d’un bon samaritain mais je ne me vois pas abandonner cette personne seule sans aide.

Sa voiture ne peut plus rouler, la personne est handicapée et en pleine crise d’angoisse. Je me dis que le mieux serait d’appeler Police Secours. Mais le 17 n’en a rien à battre de cette petite dame accidentée et handicapée au bord de la crise de nerf. Elle n’est pas blessée ? Non. Appelez le 15 si elle pète un câble…

La pauvre dame est en larmes. Elle pense à ses courses rangées dans le coffre, à sa voiture dont elle a besoin pour se déplacer et au salop qui lui a coupé la route et s’est enfuit sans demander son reste.

Il faut un bon moment pour l’apaiser, trouver sa carte verte et appeler l’assurance. Contrairement au 17, la personne au bout du fil est nettement plus humaine et compréhensive. Une dépanneuse passera d’ici trois quarts d’heure et la conductrice sera prise en charge par un taxi. Heureusement que cette dame possède un contrat tout risques, sinon comment aurait-elle fait.

Reprenant un peu ses esprits, elle pense alors à appeler son fils. Celui-ci arrivera quelques minutes plus tard en voiture avec un voisin, car il se déplace à vélo. Je leur explique la situation : le chauffard est en fuite, l’assurance prévenue, la dépanneuse en route et la police avertie. Mon rôle s’arrête là.

Je remonte dans ma voiture et retourne à la maison chipper la carte bleue de mon épouse qui elle, miracle, fonctionne. Avec une bonne heure de retard je prends la route des Vosges pour une promenade écourtée.

A l’entrée de la quatre voies, la police effectue des contrôles au facies sur les conducteurs. Ils étaient donc là nos agents, à cinq cent mètres de l’accident…

En vacances

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Coucher de soleil sur la presqu’île de Quiberon

J’étais en vacances et vous n’en avez rien su, c’est ça la magie d’Internet. Des vacances en train pour traverser la France et retrouver la terre de mes ancêtres, la Bretagne. La Bretagne oui, mais celle du sud histoire d’avoir une petite chance de se baigner dans la mer en septembre.

Carnac

Destination le golfe du Morbihan, au sud de Vannes, un territoire parsemé d’îles et de rivières qui ont façonné au fil des millénaires un paysage absolument unique. C’est également un paradis pour le passionné de mégalithisme que je suis. Ici les menhirs se dressent à dix-sept mètres du sol, les cairns cachent des dolmens sculptés et les cailloux poussent dans les champs comme sur le site de Carnac.

Cairn de Gavrinis

Durant sept jours, je n’ai pas trouvé le temps d’écouter Aphelion de Leprous, trop occupé que j’étais à tremper mes pieds dans la mer, même parfois la tête, à me bâfrer de kouign amann, de galettes au beure, gâteau aux pruneaux, crêpes et galettes de sarrasin (l’objectif principal étant bien entendu de s’alimenter en circuit court bio) et à battre la campagne à la recherche de cailloux dressés il y a six millénaires par nos ancêtres les… qui a dit gaulois ou celtes ?

Armé du bon vieux Nikon D810 équipé d’un Nikkor 24-85 et d’un Tamron 70-200 plus le petit GX9 en dépannage, j’ai pris des clichés de ces cailloux sculptés, des tombaux collectifs, ces sépultures d’une élite, cairns monumentaux qui dessinent le paysage de la région. Le Petit Mont, Gavrinis, la Table des Marchands, les alignements de Carnac, le Tumulus Saint Michel, les menhirs géants de Locmariaquer figurent parmi les plus impressionnants vestiges de cette époque où l’homme s’est sédentarisé et a commencé à cultiver la terre.

Le port d’Arzon

J’avoue avoir croisé plus de camping-cars que de menhirs sur les chemins du golfe, des campings-cars conduits lentement par des têtes blanches, des petits vieux retraités, bronzant leurs rides sur le sable chaud et fêtant leurs dernières années avec force d’apéritifs bien arrosés. Pas encore ces vieux en Ehpad qui attendent la mort comme mon père qui voit son fils une fois l’an quand il passe en Bretagne. Pour peu on se serait cru en Floride sans les bombasses.

Nous avions prévu beaucoup de choses et nous n’avons pas pu tout faire évidemment faute de temps. Une des huit journées était consacrée à la visite à l’Ehpad, cinq heures de route pour trente minutes de visite sous masque. Deux autres au voyage lui-même, Strasbourg-Nantes en train puis Nantes-Arzon en voiture soit 7h30 de trajet contre 12h par autoroute. Le reste s’est partagé entre baignades sur la plage à 20 mètres de notre appartement où les Venettes se sont probablement pris la trempe de leur vie par les armées de César, visite de monuments, promenades sur la côte, lecture et cinéma. Cinéma ? Oui car sans Apple TV il nous fallait bien un grand écran le soir et à Arzon il y a la Locomotive et ses deux salles d’un autre temps où des films sont projetés pour quelques spectateurs égarés.

Château de Suscinio

Le château de Suscinio, la presqu’île de Quiberon et sa magnifique côte sauvage, les alignements de Carnac, la croisière au cairn de Gavrinis, Locmaraiaquer, le Tumulus de César, le Petit Mont, le Golfe du Morbihan, nous avons vécu du néolithique au moyen âge pendant une semaine tout en restant connecté à minima avec notre époque.

L’arc et le flèche

L’exercice photographique ne fut pas des plus aisés. Photographier des menhirs ne pose pas de problème en soit, ce ne sont après tout que des cailloux immobiles, mais il faut réussir à traduire leur grandeur, leur immoralité, éviter les touristes en mal de selfies et pour certains, comme à Gavrinis où nous ne disposions que de cinq minutes dans le couloir obscur à sept entassés à poser au trentième à f 2.8 pour capturer les gravures millénaires. Les immenses champs de pierres levées de Carnac ne furent pas aisés non plus, à cause de l’immensité de la chose et finalement j’ai opté, plutôt qu’un grand angle, pour le 70-200 mm et des échantillons du site. Pas sûr d’avoir réussi mes clichés mais au moins j’ai essayé. Je rêvais de brumes à Carnac, un rayon du levant dans Gavrinis, je me suis contenté du couchant sur le petit mont. On ne peut pas tout avoir.

Je reviens avec deux-cent clichés, deux livres lus, quelques kilos d’embonpoint, requinqué, prêt à affronter mon agent comptable et la centaine de mails en attente.