The Young Gods – Appear Disappear

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The Young Gods est un vieux trio suisse de rock électro indus qui sévit depuis 1985.

C’est en allant au concert de Oh Hiroshima en décembre dernier avec mon ami Seb que j’ai découvert ce groupe de Fribourg. Seb, au volant de son bolide rugissant, écoutait un de leurs albums en musique de fond sur son autoradio, alors que nous avalions les kilomètres sur l’autobahn en direction de Karlsruhe.

J’ai ajouté The Young Gods à la longue liste des formations qui m’intéressent sur Bandcamp et puis, ben, j’avoue, je les ai oubliés. Mais lorsque la plateforme m’a notifié la sortie de leur dernier album Appear Disappear, je n’ai pas hésité une seconde à l’acheter.

L’univers sonore de The Young Gods, oscille entre Noir Désir et Archive. Franz chante en anglais comme en français à la manière d’un Bertrand Cantat qui ne battrait pas les femmes sur les samples d’albums de rock de Cesare et la batterie nerveuse de Bernard. Il est possible que vous entendiez également au milieu des samples quelques notes de guitares jouées par Franz. En fait, il s’agit de samples de ses propres enregistrements de guitare.

Le résultat est une musique électro relativement épurée, fortement rythmée, pas très loin du trip-hop, parfois expérimentale, sur un chant quasi parlé. Autant dire, une musique très éloignée de ma zone de confort.

Avec dix titres, moins de trois quart d’heure d’enregistrement, et la plus longue pièce qui n’atteint même pas les sept minutes, on est très loin du format progressif.

J’y retrouve pourtant dans ‘Hey Amour’ chanté en français, un petit côté Anoraknophobia de Marillion mais aussi l’esprit du Live au Presbytère de Grandjacques dans ‘Tu en as mis du temps’ ou encore la world music de Peter Gabriel sur ‘Intertidal’. Alors difficile de ne pas accrocher avec toutes ses références mises bout à bout.

Si les trois titres chantés en français ont un peu ma préférence avec leur air de Noir Désir électro, sans parler du fait que je comprends les paroles sans faire trop d’effort, je dois reconnaître que le titre album ‘Appear Disapear’ est celui que je prèfère. C’est pourtant une petite pièce de moins de trois minutes au texte minimaliste. Mais son côté tribal indus électronique déchiré d’arcs électriques de guitare me fait dresser les poils des bras à chaque écoute.

Appear Disappear est un excellent album qui m’a sorti de ma routine progressive. Alors soyez curieux, allez y jeter une oreille, vous pourriez adorer si vous ne les connaissez pas déjà. J’espère pouvoir les voir en live un de ces quatre. D’après Seb, c’est une expérience assez unique.

AVKRUST – Waving at the Sky

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En 2023, je suis tombé sur le premier album d’un groupe norvégien qui se prenait pour Porcupine Tree. Ils remettent le couvert cette année avec Waving at the Sky, un disque de trois quarts d’heure et sept morceaux dont un final de plus de douze minutes.

Si The Approbation m’était apparu comme un quasi cover Porcupine Tree, le moins que l’on puisse dire, c’est que Avkrvst a pris ses distances avec la bande à Wilson pour composer son second opus. Et pour moi, c’est toujours une bonne nouvelle.

The Avkrvst joue un rock metal progressif alternatif à chant clair avec quelques poussées de growl qui arrivent toujours un peu comme un cheveu sur la soupe.

Sans renoncer à la guitare wilsonnienne et parfois à la rythmique de Porcupine Tree, Waving at the Sky possède également un côté expérimental à la Radiohead comme dans ‘The Trauma’ ou ‘Conflating Memories’ et joue beaucoup plus de claviers symphoniques que par le passé.

L’album s’ouvre sur ‘Preceding’, un instrumental de trois minutes aux voix enregistrées qui se poursuit encore dans ‘The Trauma’ pendant plus de deux minutes avant de laisser place à un chant à la Tom Yorke. Ces deux morceaux et le titre album ‘Waving at the Sky’ constituent à mon avis les temps forts du dernier disque de Avkrvst. Ce sont aussi les pièces les plus instrumentales de l’album.

Mais rassurez-vous, le reste est également très bien.

C’est sur ‘The Trauma’ que se pointe le premier growl rocailleux de Waving at the Sky. Comme dit plus haut, il arrive à brûle-pourpoint et j’aurai pu m’en passer sans problème.  Je ne suis pas certain que cela apporte grand-chose à la musique. Celui qui émaille ‘Families Are Forever’ est nettement plus percutant et souligne, si besoin était, que l’album ne parle pas de petites fleurs, mais poursuit le sombre récit entamé dans The Approbation.

Waving at the Sky ne figurera probablement pas dans mon top de l’année mais il constintue néanmoins une bonne surprise, et si le groupe continue sur cette voie, le prochain Avkrvst devrait être un très bon cru.

J’ai oublié de mentionner, pour les fans du groupe Haken, que Ross Jennings chante aux côtés de Simon sur le titre ‘The Malevolent’. Cela reste relativement anecdotique pour moi, d’autant que j’ai pas mal déroché de Haken depuis pas mal d’albums, mais j’imagine que certains s’achèteront Waving at the Sky rien que pour cette brève apparition.

https://youtu.be/9XjfH4qFPLw

Cosmograf – The Orphan Epoch

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D’ordinaire je tombe amoureux d’un album de Cosmograf sur deux. Ne me demandez pas pourquoi, je serais bien en peine de vous l’expliquer. Après avoir adoré Heroic Materials, je m’attendais donc naturellement à bouder son successeur, The Orphan Epoch. Mais il n’en est rien, bien au contraire. 

Le nouveau Cosmograf propose 47 minutes de musique réparties en sept morceaux. Et s’il m’a probablement séduit, c’est qu’il est très différent de son prédécesseur. 

Tout d’abord ce n’est pas un concept mais plutôt un billet d’humeur. Un appel à la désobéissance, un coup de colère.

C’est Kyle Fenton (Steve Thorn, The Arrival, MUS3), un habitué de Cosmograf, qui joue derrière les fûts, pour le reste, Robin joue de tous les instruments, sorti du saxophone de Peter Jones (Tiger Moth Tales).

La pochette n’est franchement pas vendeuse. Elle possède un petit air de Anoracknophobia avec son bonhomme gribouillé sur une route recouverte de mots dans des cadres de couleur.

Musicalement parlant, on retrouve bien sur Pink Floyd de la période The Wall avec le titre ‘We are the Young’ et ses dix minutes qui évoquent les amis d’enfance. Mais il y également des choses nettement plus rugueuses comme le titre d’ouverture où Robin durcit la voix comme jamais après une magnifique ouverture au piano façon Sheller en Solitaire pour ceux qui connaissent ou bien ce motif de guitare folk façon Alan Stivell.

Et puis il y a ‘Séraphin Reels’ qui allie des touches à la Marillion et des soli de guitares agrémentées de saxophone joué par Peter Jones. Et n’oublions pas ‘King and Lords’ au final furieusement rock.

Alors vous me direz, saxophone, guitares, Marillion, Pink Floyd, voire Bowie sur le dernier titre, tout cela ressemble furieusement à du Cosmograf. Ben oui, mais non. 

Pourquoi ? Sans doute parce que l’album n’est pas un concept, que la musique n’est pas cinématique pour une fois et qu’il arrive que les guitares remuent la boue au lieu de tutoyer les éthers.

Mais si vous voulez retrouver le Cosmosgraf que vous connaissez bien, écoutez ‘Empty Box’ qui est certainement le morceau qui se rapproche le plus de ce que l’on attendrait d’un Robin Armstrong. Du mélancolique au chant doux qui hurle sur un solo de guitare stellaire. Oui mais voilà, c’est un peu l’exception de l’album.

Je préfère l’album Heroic Materials à The Orphan Epoch, certainement parce que c’est du Cosmograf tout craché. N’empêche, le dernier Robin Armstrong est un bon cru qui nous sort un peu de notre zone de confort. Donc je vous invite vivement à aller l’écouter, par exemple sur Bandcamp.

Mostly Autumn – Seawater

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Je sais, je sais, j’avais écrit que je ne chroniquerai pas le dernier album de Mostly Autumn. Mais il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis.

J’ai été les écouter en concert Chez Paulette, et ça été une belle soirée. Alors, un soir, je me suis replongé dans cet album qui m’avait laissé relativement indifférent, et j’ai aimé ce que j’ai écouté. Alors aujourd’hui, j’ai finalement décidé de vous présenter Seawater.

L’album dure plus d’une heure et quart avec dix morceaux dont le dernier, ‘Seawater’, qui approche les vingt minutes.

Mostly Autumn oscille entre prog symphonique et musique folk ce qui suffit à justifier la présence de Troy Donockley (Nightwish) sur les deux premiers titres de l’album, ‘Let’s Take a Walk’ et ‘Why Do Remember All the Rain’.

L’album s’ouvre et se conclut par des chants d’oiseaux, et entre les deux, parle de nostalgie (‘My Home’) et colère (‘Seawater’).

Je ne suis pas forcément fan du timbre d’Olivia lorsqu’elle pousse ses cordes vocales dans ses retranchements comme dans ‘If Only for a Day’, cependant il faut reconnaître qu’en live elle fait vraiment bien le job. Je me demande même si je ne la préfère pas en concert, sans tous les artifices de l’enregistrement studio.

Les guitares de Bryan et de Chris sont la clé de voûte de Mostly Autumn et les claviers de Iain les piliers du groupe. La batterie est sans doute leur point faible. On ne peut pas dire qu’elle brille par son côté progressif. Elle sonne clairement plus comme les musiques de fêtes foraines, écoutez ‘When We Ran’ pour vous en convaincre. Disons que je n’aime pas.

Comme dit plus haut, Seawater navigue entre ballades folk comme ‘Let’s Take a Walk’ et prog symphonique à la manière de ‘Seawater’ sur le duo vocal que forment Olivia et Bryan.

Si l’album dure plus de soixante quinze minutes tout de même, je ne lui ai pas trouvé de longueurs et il m’est arrivé de l’écouter trois fois d’affilée dans la même après-midi. Le dernier morceau ‘Seawater’, du haut des ses vingt minutes, est bien entendu le point d’orgue de l’album. Déjà sa durée en fait une pièce d’exception, ensuite, il s’agit d’un titre avec de grandes sections instrumentales et soli de guitares à tomber par terre. Enfin il y a le texte qui nous parle d’une vague géante qui engloutit toutes les misérables créations humaines sur cette Terre pour la purifier de notre espèce qui n’a pas su saisir sa chance lorsqu’il était encore temps.

Malgré quelques défauts, qui ne gênent peut-être que moi (le chant et la batterie), Seawater est un album dont je suis finalement tombé amoureux à force de l’écouter, à tel point que je regrette de ne pas l’avoir acheté en édition physique lors du concert de Mostly Autumn Chez Paulette. Parfois, pour rentrer dans certains albums, un certain temps est nécessaire.

IQ – Dominion

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Oui, je suis passé à côté de la sortie du dernier album du groupe IQ. Ça arrive, même au meilleur. Et c’est par hasard que je suis tombé sur Dominion en surfant sur Bandcamp.

IQ est un des fers de lance de la mouvance néo-progressive. Le groupe est né en 1981 sous l’impulsion de Mike Holmes et de Martin Orford alors que le prog était déjà moribond. Ils ont composé quelques un des chefs-d’œuvre du genre comme Subterranea ou Road of Bones, des albums qui resteront assurément des références dans le petit monde du rock progressif.

En live, le groupe connaît des hauts et des bas, souvent à cause de la voix capricieuse de leur chanteur, Peter Nicholls. Mon unique expérience avec eux a été tout simplement désastreuse, Nicholls était grippé. Mais ce ne fut quand même une meilleure prestation que celle de Weather Systems.

Mais revenons à Dominion.

L’album d’un peu moins d’une heure comporte seulement cinq morceaux dont deux pièces de choix, ‘The Unknown Door’ qui dure vingt-deux minutes et ‘Far From Home’ qui avoisine les treize minutes.

La première impression que m’a laissé l’album, c’est l’apparente tranquillité des compositions. Il y a bien quelques parties plus denses et énervées, mais globalement, je trouve l’album assez apaisé. On est loin de l’univers torturé de Road Of Bones.

Pourtant l’album parle de la mort, oui encore. ‘The Unknown Door’ s’ouvre sur l’annonce radiophonique du début de la seconde guerre mondiale, un thème récurrent chez Nicholls que l’on retrouve dans The Seven House ou encore Frequency.

Après, pas de doute, c’est bien du IQ, limite sans grosse surprise.

Le problème, c’est qu’avec ce groupe, une certaine monotonie s’installe au fil des morceaux. Et Dominion n’échappe pas à la règle. Ce ne sont pas les quelques claviers symphoniques de ‘No Dominion’, les cuivres de ‘The Unknown Door’, le trop court solo de basse de ‘Neverland’ ou bien la boîte à musique de ‘Far From Home’ qui vont y changer quelque chose. La voix si particulière de Nicholls imprime sa marque sur chacun de leurs albums.

Il y a pourtant il y a ‘One of Us’, la petite respiration acoustique de Dominion, qui contraste avec la grandiloquence des claviers de ‘The Unknown Door’, un titre qui, lui-même, prend le temps de respirer à partir de la quatorzième minute.

Si vous n’y prenez pas garde, vous vous perdez rapidement pendant l’écoute de Dominion. Personnellement, je m’égare dès la seconde moitié de ‘No Dominion’, lorsque la musique reprend du poil de la bête.

Et c’est bien dommage, car si le dernier IQ n’est pas leur chef-d’œuvre, il s’agit tout de même d’un très bel album. Alors, écoutez-le au casque pour ne pas en perdre une miette, concentré avec le livret sous les yeux puisque même en digital, vous le recevrez avec un PDF de seize pages contenant les paroles et l’artwork.

Anathème Chez Paulette

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Non, ce n’est pas une faute de frappe, j’ai bien intitulé ce live report anathème Chez Paulette. Un anathème, pour ceux qui l’ignoreraient, est une malédiction religieuse, une vive réprobation, une excommunication.

Le vendredi 23 mai, Weather Systems jouait Chez Paulette à Pagney Derrière Barine. Une grosse prise de risque financière pour le trio ArpegiA qui espérait remplir salle pour ne pas vider les caisses de l’association.

Weather Systems est le projet de Daniel Cavanagh que l’on connait plus pour sa participation avec ses deux frères au groupe Anathema. Weather Systems est d’ailleurs le titre d’un des plus beaux albums d’Anathema, le Operation Mindcrime de Queensryche.

Si leur premier album Ocean Without A Shore ne m’avait pas totalement convaincu, j’avais très envie d’écouter Daniel jouer du Anathema, le groupe qu’il a contribué à détruire avant de s’enfermer dans le silence pendant près de cinq ans, incapable de remonter sur scène.

Daniel a forci, s’est laissé pousser les cheveux longs en dreadlocks et a adopté un look hippie pendant ce long hiatus. Un autre homme et pas forcément en bien.

Toujours est-il que notre Danny ne se portait pas bien ce vendredi 23 mai et ‘il menaçait d’annuler purement et simplement le concert Chez Paulette. Autant dire la catastrophe, surtout pour ArpegiA et pour ceux qui avaient fait beaucoup de route pour venir écouter Weather Systems.

Je passerai sous silence ici l’après-midi infernal qu’a connu le trio du fait des caprices de la diva, j’ai cru comprendre qu’il a fallu déployer force de diplomatie pour que le concert ne soit pas annulé. Ils se sont même fendu d’un communiqué sur scène avant que Daniel Cavanagh ne joue. Bref…

C’était à Haunt the Woods que revenait la difficile tâche d’ouvrir cette soirée sous haute tension. J’avais déjà entendu parler du groupe sans y prêter plus d’attention. Il s’agit d’un jeune quatuor de rock alternatif britannique aux cheveux longs qui a deux albums à son actif. Ce n’est pas forcément ce que j’écoute à la maison mais force est de constater qu’en live, les gars savent y faire et que ce fut une très belle première partie. Il y avait deux guitares, une basse, une batterie et un chant passant sans prévenir de douceur à hurlement. Leur musique était dynamique, parfois émouvante mais un peu répétitive malgré tout. A la fin de leur set, le groupe est descendu dans la foule chanter à capela pour terminer en beauté, à la manière des islandais d’Arstidir. Ce fut certainement est des moments les plus forts de cette étrange soirée Chez Paulette.

Après le communiqué où ArpegiA et Chez Paulette nous informait de l’état de santé de Daniel Cavanagh et le remerciait d’assurer quand même le show, Weather Systems se mettait en place. Danny est passé dans le public pour rejoindre la scène et presque personne ne l’a reconnu. Ben oui, c’est le gars d’Anathema, vous ne le reconnaissez pas ? Franchement, je ne vois pas pourquoi…

Il n’a effectivement pas l’air d’être au mieux de sa forme, mais lorsque je l’ai vu, avant le concert, au stand de merch, signant des autographes, il semblait bien portant bizarement. Ne serait-il pas totalement remis de ses cinq années de silence ? Serait-il malade à l’idée de monter sur scène ?

Le concert débute assez misérablement il faut l’avouer. Daniel est tout pâle, chante assez mal, ne cesse pas de réajuster sa guitare, ses manches et son micro, bref, il n’est clairement pas dans son assiette. Il commence à s’énerver contre un spectateur qui le filme de trop près avec son smartphone, lui signifiant d’arrêter ça avant de s’en prendre plus violemment à un autre et de se lancer ensuite dans un réquisitoire contre les réseaux sociaux ponctués de ‘fuck’.

Il y a soudain eu comme un malaise dans la salle, certains spectateurs ont fui le premier rang et les autres musiciens sont restés dans leurs petits souliers. C’est à ce moment que j’ai remballé le matériel photo. Il ne voulait pas d’images, il n’en aurait pas.

Après un nouveau titre assez chaotique, Daniel finira par s’excuser. Il demande pardon plusieurs fois, la journée a été difficile, il est malade et énervé, il a failli annuler le concert, bla-bla-bla. Désolé mec, tu n’es pas une diva, juste un artiste qui doit assurer un show. Mais c’est Daniel Cavanagh, et ce n’est pas la première fois qu’il pourrit un concert.

Après s’être presque fait pardonné, on ne voit plus de smartphone ni d’appareil photo dans le public et le concert reprend tant bien que mal. Mais quelque chose est brisé. Les musiciens font de leur mieux mais Danny ne chante pas très juste et quand son vocodeur est éteint, c’est pathétique. En plus sa voix s’accorde assez mal avec celle de Soraria, sa choriste qui se démène pour sauver les meubles avec toute l’énergie du désespoir.

Malgré tout la magie opère parfois, grâce au talent de l’autre Daniel à la batterie, d’André à la basse et des nombreux titres d’Anathema repris par le groupe. Le public est surtout venu pour écouter Anathema et pas les digressions métaphysiques d’un chanteur hippie sur le retour.

Bon d’accord, je suis méchant, mais je viens de me taper deux heures de route pour ça et il m’en faudra encore deux pour rentrer. Heureusement qu’il y avait les copains de Chez Paulette pour passer une bonne soirée et Haunt the Woods pour nous offrir un beau spectacle.

Je me suis couché à 3h du matin, j’ai mal dormi, j’ai mal au dos, j’ai mal de crâne, je pense que je vais annuler ce live report, qu’en pensez-vous ?

Merci tout de même à Chez Paulette et ArpegiA pour ces concerts. Le prochain rendez-vous est programmé le 25 octobre pour retrouver nos amis québécois de Mystery.

Les photos de Weather Systems sont ici.

Les photos de Haunt the Woods sont ici.

Brass Camel – Camel

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Dites donc, vous aviez remarqué que cela faisait un bail que je n’avais pas écouté de rétro prog, une éternité en fait. Bizarrement, c’est une musique qui me parle nettement moins aujourd’hui, même si de temps en temps, je me replonge dans la discographie de Genesis.

En surfant sur Bandcamp, à la recherche d’une pépite métal progressive que je n’ai jamais trouvé, j’ai affiné mes choix pour m’orienter vers des productions plus seventies. La majorité des albums proposés figuraient déjà dans ma discothèque jusqu’à ce que je tombe sur Camel du quintet de Vancouver Brass Camel.

Leur premier album sorti il y a trois ans s’intitule Brass, du coup, je me demande comment ils appelleront le troisième, Camel Brass ?

En voyant la pochette, le nom de l’album et du groupe, je me suis dit, encore un cover band de plus. Malgré tout, j’y ai jeté une oreille et ce que j’ai entendu m’a tout de suite plu.

Inévitablement, je retrouve des tonnes d’influences très appuyées sur l’album Camel, de Genesis en passant par Pink Floyd, Queen, IQ et bien entendu Camel. Après, ça ne me dérange pas, parce que je n’écoute plus beaucoup de rétro progressif ces dernières années, du coup, c’est avec plaisir que je retrouve ces sonorités vintages.

La liste des instruments utilisés pour enregistrer l’album est tout simplement impressionnante. Rendez-vous compte, trente-trois pour seulement cinq musiciens ! Il y a pléthore de synthés, Moog, Korg, Roland, Hammond et autres ainsi que plein de guitares Fender, bref du beau matos.

Brass Camel excelle sur les longs formats et naturellement mes deux morceaux préférés durent respectivement onze et douze minutes. Ils ouvrent et ferment l’album et entre eux sont coincés quatre petits morceaux de trois à cinq minutes, pour moins de trois quart d’heure de musique.

Si les guitares de Daniel de Dylan sont vraiment très cool, les claviers de Aubrey brillants, la basse de Curtis toujours très présente, c’est la batterie tenue par Wyatt qui est particulièrement éblouissante. J’avais oublié à quel point un bon batteur pouvait faire la différence dans un groupe de prog.

Si vous ne retrouvez le Genesis des seventies dans ‘Zealot’, Queen dans ‘Pick of the Litter’ ou Pink Floyd sur ‘On the other Side’ je veux bien manger mon chapeau. Et dans ‘Another Day’ vous entendrez toutes ces influences et bien d’autres mises bout à bout avec une étonnante cohérence très loin de certains patchworks progressif.

Bref Camel est un excellent album de rétro progressif qui devrait ravir les amateurs du genre.

Peut-être est-ce l’effet de la nouveauté ou bien le fait que cela faisait bien longtemps que je n’avais pas écouté ce genre de musique, toujours est-il qu’il rentre dans mon top 2025.

Church of the Sea – EVA

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Je suis très en retard dans mes chroniques et j’ai en plus du mal à trouver mon bonheur ces dernières semaines, la faute à un emploi du temps bien chargé. Heureusement Alice est là avec ses suggestions judicieuses pour me sauver la mise.

Cette fois, l’héroïne de Lewis Carroll m’a donné envie d’écouter un trio venu d’Athènes portant le nom singulier de Church of the Sea. Eva, leur dernier album en date, ne dure que trente et une minutes pour sept morceaux. Donc ici pas de grand format au programme. Le groupe propose un doom au chant féminin envoûtant. 

En découvrant le titre ‘How To Build Universe, Pt I’, la voix d’Irène m’a tout de suite fait songer au chant des elfes dans la trilogie du Seigneur des Anneaux et ça a été certainement l’élément déclencheur de cette chronique coup de cœur.

Autour de cette voix il y a les synthétiseurs et samples d’Alex ainsi que les guitares de Vangelis, non pas celui-ci, il est mort il y a trois ans si vous ne le saviez pas. Une musique minimaliste et pour partie programmée qui n’a pas à rougir de sa production.  Et malgré le peu d’instruments, Eva tient parfaitement la route. Même la section rythmique donne le change.

Le doom est une musique le plus souvent sombre, pensante et lente, un métal prog dépressif qui s’accorde à la perfection avec le chant féminin. Celui Irène est magnifique, une voix médium à la tessiture assez large pour grimper parfois dans les aiguës et redescendre au niveau des basses. Elle chante des paroles en grec malgré les titres en anglais, ajoutant une touche d’étrangeté à cette musique souvent éthérée et incantatoire qui flirte avec le shoegaze comme dans ‘Churchyard’. 

Je verrais aisément des instruments médiévaux et des percussions remplacer la guitare mandoline et les synthés sur la plupart des morceaux de l’album. Eva possède quelque part un côté folk médiéval comme la musique de Malicorne, même si ces deux groupes ne viennent clairement pas du même monde. 

Eva me semble presque une synthèse des albums Spin de Messa et Abur de Pothamus que j’ai chroniqué il y a quelques semaines. Serais-je en train de tourner en rond ?

Le court album fait référence à la Bible, plus précisément à la Genèse. Il présente Eve comme une femme rebelle qui refuse les interdits plutôt que comme une pécheresse. Je laisse les théologiens trancher le débat.

Si vous aimez les atmosphères à la fois sombres et éthérées avec de belles voix, ne vous privez pas, allez écouter Eva ne serait-ce qu’une fois sur Bandcamp, vous pourriez y revenir.

N’oubliez pas, on se retrouve vendredi Chez Paulette à Pagney Derrière Barine pour écouter Weather Systems, le nouveau projet de Daniel Cavanagh.


Baroness – STONE

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Aujourd’hui je sors de ma zone de confort, je vous avais prévenus. En farfouillant dans Bandcamp dans la catégorie métal progressif, je suis tombé sur l’album Stone de Baroness et aussi surprenant que cela puisse paraître j’ai immédiatement accroché.

Surprenant parce que Baroness joue plus du sludge stoner que du métal progressif et que leur chanteur John Dyer Baizley n’a vraiment pas le genre de voix que je kiffe, bien au contraire.

Bon j’avoue que c’est la pochette très colorée qui m’a d’abord interpellée ainsi que le nom du groupe qui ne m’était pas totalement inconnu. La pochette met en scène trois femmes plantureuses dont chacun des visages est prisonnier de cordes, de barbelés ou de chaînes. Est-ce une représentation allégorique des trois grâces, des éléments ou de tout autre chose ?Sans le paroles, je ne sais qu’en penser.

Stone est leur premier album qui ne fait pas référence à une couleur. Il est sorti en 2023 et comporte dix titres de une à sept minutes. Dedans vous entendrez du bon vieux hard-rock, de la musique acoustique, une chanteuse, du stoner ainsi qu’un morceau complètement expérimental relativement inclassable.

Comme dit plus haut, je n’aime pas vraiment le chant, sans doute parce qu’il est plus gueulé qu’autre chose ce qui n’empêche pas John Dyer de savoir poser sa voix lorsqu’il en a envie comme dans ‘Bloom’. Cela ne m’a pas découragé pour autant, car cela donne une énergie rugueuse à la musique, limite grunge, qui n’est pas déplaisante loin de là.

L’album s’ouvre et se conclut par un titre acoustique, le court ‘Embers’ et ‘Bloom’ qui est quatre fois plus long. Entre ces deux là, sorti de la première minute de ‘Shine’ qui est  relativement paisible et du bref ‘The Dirge’, Stone est rythmé, nerveux, tempétueux, avec une basse, une batterie et une guitare qui semblent se livrer un combat perpétuel.

N’empêche que Stone est aussi un album de rock progressif. Si vous faites abstraction du chant hurlé, de la batterie à donf, vous allez reconnaître les structures alambiquées des seventies comme le solo de guitare vintage pas vraiment très propre du second morceau, ‘Last Word’. Certes, l’album est plus proche du hard-rock comme dans ‘Anodyne’ et du stoner que d’un Selling England By The Pound, je vous l’accorde, n’empêche.

Stone est arrivé à point pour me changer les idées. Maintenant que j’ai découvert l’album, j’ai bien envie d’explorer la discographie du groupe pour voir où elle me mène.

En attendant, n’hésitez pas à découvrir l’album, il est sur Bandcamp.