La vitesse de la pluie

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Vous êtes vous déjà posé la question suivante : faut-il courir sous la pluie ou bien marcher tranquillement ? Parce que après un hiver très sec, nous redécouvrons les charmes des précipitations abondantes.

Un copain de lycée, en première ou terminale, voulait mettre le problème en équations à l’époque. J’ignore s’il est allé jusqu’au bout de sa démarche scientifique, mais je me propose aujourd’hui de poser ici le problème.

Car ce n’est pas aussi simple qu’il y parait.

Il y a plusieurs type de précipitations, je suis bien placé pour en parler, la brève averse, le crachin continu, la tempête… La direction et la force du vent sont à prendre en compte évidemment comme la durée de l’épisode pluvieux, la température des gouttelettes, celle de l’air, le sens de déplacement du piéton par rapport à la pluie, la distance à parcourir et la configuration du terrain.

Pour commencer quelques échelles de grandeur : 

Un millimètre de précipitations correspond à un litre d’eau tombée par mètre carré. Une pluie de l’ordre de cinquante millimètres en une heure relève de situations météorologiques relativement rares. Un vent de cent kilomètres par heure est considéré comme une tempête même si ce genre de rafale se produit plusieurs fois par an. Plus le vent est fort, plus les précipitations ont tendance à avoir une forte composante horizontale. Lors de phénomènes convectifs comme les orages, le déplacement des précipitations et la direction du vent peuvent être très différents de la circulation générale de la masse d’air.

Une fois ceci posé, regardons les informations à notre disposition : nous avons les lames d’eau prévues, la direction et la force du vent, le temps sensible, les rafales, le temps du trajet, la direction du vent relative à votre déplacement, la distance à parcourir etc.

Grace aux services de prévisions météorologiques, nous avons l’intensité des précipitations, la force du vent et sa direction, avec vos yeux vous constatez l’angle incident de la pluie, il suffit maintenant de calculer la surface qui va rentrer en contact avec l’eau en fonction de votre déplacement et de votre corpulence. Oui les grands baraqués sont désavantagés. Deux formules de trigonométrie et quelques calculs de géométrie plus tard, vous aurez une idée de ce qui vous attend.

C’est là que vous pouvez faire varier quelques facteurs afin d’optimiser votre déplacement sous la pluie. Pas les paramètres météorologiques bien sûr, mais humains. Votre vitesse de déplacement, votre angle par rapport à la pluie, votre proximité avec des obstacles occultants, la marque de vos chaussures de sport et l’état de votre calvitie naissante. Après plusieurs calculs et itérations, vous trouverez la trajectoire de moindre mouillage.

Bien entendu, si le déplacement dépasse les trois cent mètres, à moins que vous ne soyez un marathonien, inutile de courir, vous finirez par marcher, complètement essoufflé, et trempé jusqu’aux os. 

L’application Marchons sous la pluie est disponible sur l’Apple Store. Avec un abonnement mensuel de 59.99 € elle vous fournira les données météorologiques, géographiques ainsi que de santé et calculera pour vous le meilleur itinéraire possible pour éviter d’être trempé. 

Si vous n’avez pas d’iPhone, vous pouvez tout simplement attendre que l’averse passe pour sortir dehors ou bien ouvrir votre parapluie. Caren fait, ne l’oublions pas, c’est normal qu’il pleuve, c’est même rassurant par les temps qui courent.

Five Days at Memorial

Je vous avais déjà parlé de la tempête Katrina avec Treme, une autre série il y a quelques temps.

Cette fois l’histoire se passe dans un hôpital de la Nouvelle Orléans. La série se débute avec les cinq journées de la tempête Katrina, le passage de l’ouragan, la rupture des digues, l’inondation de la ville et la suite de la catastrophe. Un drame dans le drame en fait.

Un hôpital c’est déjà compliqué en temps normal. Cela devient tendu lorsque les urgences se remplissent, explosif lorsque des personnes s’y réfugient, dramatique quand l’alimentation secteur s’arrête, cauchemardesque au moment où les groupes électrogènes sont noyés.

Dans ce microcosme en pleine crise, les personnes se révèlent pour le meilleur et pour le pire. Les soignants doivent décider qui évacuer en priorité et qui sacrifier. La climatisation s’arrête, les médicaments viennent à manquer, l’eau est rationnée, les premiers patients meurent.

C’est un peu Urgences et The Good Doctor sans les histoires d’égo, de fesses, sans les diagnostics abracadabrants et les infirmières 90 B. Bref ça n’a rien à voir sorti du fait que cela se passe dans un hôpital.

La série est très tendue dès les premières images qui montrent une équipe d’enquêteurs découvrant, après l’évacuation de l’hôpital, les quarante-cinq cadavres déposés dans sa chapelle.

Les premiers épisodes se construisent autour des témoignages du personnel soignant qui raconte, chacun avec ses souvenirs, ce qui s’est passé pendant ces cinq terribles journées. Puis la série bascule sur l’enquête elle-même, et onze mois plus tard, sur le procès avec de nouveaux personnages. Le débat sur l’euthanasie commence alors.

Fallait-il abandonner certains patients seuls et sans soins dans un hôpital abandonné, quitte à les laisser agoniser dans d’épouvantables conditions ou fallait-il les aider à partir en douceur sans leur demander leur autorisation ?

Je vous laisse le soin de trancher. Je ne crois pas que la réponse soit vraiment des plus simples.

La série Five Days at Memorial apporte un autre éclairage sur la catastrophe de Katrina et ouvre un débat nécessaire sur les décisions que doivent prendre les soignants dans des conditions extrêmes.

Quarante-deux

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La réponse à toutes les questions de l’univers est 42. 

J’avoue que je me suis longtemps demandé pourquoi. J’ai lu comme tous les geeks H2G2 ou Le Guide du Routard Galactique renommé depuis pour de mauvaises raisons, le premier succès de la carrière de Douglas Adams. Je n’avais pas vraiment compris ce 42, mais ça m’avait faut rire.

Aujourd’hui je connais la réponse. C’était si simple. Au début du roman de Douglas Adams, la Terre est purement et simplement annihilée pour faire place à une autoroute spatiale.

C’est ce qui va se produire lundi prochain. L’Alsace sera détruite, pas par des aliens, mais par la faute à la connerie humaine. 

Lundi prochain, les modèles météorologiques prévoient 42 degrés Celsius à Strasbourg. La fin du monde pour un petit gars né sur la côte nord de la Bretagne, dont le métabolisme est entraîné à respirer entre 10 et 25 degrés.

La faute à qui ? Au réchauffement climatique bien sûr ! 

Après une caniculette en juin, on attaque les choses sérieuses en juillet. Vous n’avez pas l’impression que cela arrive de plus en plus souvent ? Ceci dit, cela fait un petit moment que l’on en parle du réchauffement climatique mais j’ai l’impression que personne ne veut y croire vraiment.

Je ne parle même pas des politiques qui font à peine semblant de décider des demi-mesures, je parle de vous, amis lecteurs, qui ne voulez pas prendre conscience du problème. 

Vous pensez être trop vieux pour en subir les conséquences ? Vous pensez que vos enfants règleront le problème ? Vous prendrez de bonnes résolutions après vos vacances à New-York ? Vous pensez que c’est aux autres de donner l’exemple ? Vous-vous en foutez ?

Ok, je l’avoue. Ce n’est pas parce que vous ne prendrez plus l’avion, que vous changerez votre chaudière au mazout par une pompe à chaleur, que vous roulerez en voiture électrique et que vous mangerez du tofu à la place du bœuf que l’on évitera le pic de chaleur lundi prochain. Ça ne marche pas comme ça. Par contre, si tout le monde fait un gros effort, gouvernement compris, on a peut-être une chance d’éviter le pire vers le milieu du siècle.

La belle saison

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L’hiver est bien terminé, d’ailleurs , l’a-t-on vu passer ? Le mercure dépasse les 30 degrés à la mi mai. Tout va bien. 

C’est la saison des apéros en terrasse, des barbecues et des soirées dehors. Les bricoleurs reprennent leurs activités, les chiens aboient, la caravane passe.

Les peuple est à la fête, le beau temps est enfin de retour, mais sérieusement 31 degrés en mai, cela n’est pas normal. 

Comme disait très justement une personne sur Internet, il serait bon que les journalistes cessent de se réjouir lors du bulletin météo de ces belles journées ensoleillées. Ça n’est pas une bonne nouvelle. C’est la preuve que le réchauffement climatique gagne du terrain. 

Les gens font installer des climatisations dans leurs logements, j’y songe moi même tant je souffre lors des canicules. Beaucoup d’électricité consommée et de l’air chaud rejeté dans l’atmosphère bouillante, la meilleure manière d’accélérer l’embolie climatique.

Les seuils de températures mortelles pour l’homme ont été dépassés en Inde et au Pakistan. Le niveau des mers monte inexorablement et d’anciennes capitales sont sous les eaux. Pendant ce temps, nous bâtissons des EPRs pour produire plus d’électricité afin de charger nos voitures électriques, alimenter les climatisations et fabriquer de l’aluminium pour envoyer des touristes dans l’espace.

Par chance, nous avons trois ministres en charge du problème cette fois. La première ministre en chef Elisabeth Borne, Amelie Montchalin, ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires et Agnès Pannier-Runacher à La transition énergétique. J’espère qu’elles s’entendent bien sinon ce sera encore une jolie cacophonie. Ceci dit, les ministres ne suffisent pas, il faut une vraie volonté derrière, on l’a vu avec le Petit Nicolas.

« CE QUINQUENNAT SERA ÉCOLOGIQUE OU NE SERA PAS »

Il y a de l’eau dans le gaz

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J’utilise une énergie fossile pour chauffer la maison et je n’en suis pas fier. Mais voilà, fut un temps le gouvernement encourageait les propriétaires à se chauffer au gaz plutôt qu’au fioul ou à l’électricité. En plus, les tarifs étaient très attractifs.

Comme il s’agit d’une énergie fossile et que la maison est une vénérable jeune fille de plusieurs siècles, autant dire une passoire, et que j’ai la fibre de chanvre écologique, je me suis efforcé de diminuer notre empreinte carbone depuis que nous vivons entre ces quatre murs.

En chauffant moins et plus intelligemment, en remplaçant les deux chaudières par une à condensation, en isolant les combles et les pièces qui le pouvaient et en posant du double vitrage, nous avons divisé par deux notre consommation de gaz.

Certes, le réchauffement climatique nous a bien aidé. Lorsque nous sommes arrivés en Alsace il y a trente ans, les températures descendaient parfois sous les -15 degrés Celsius avec des vagues de froid sans dégel d’une dizaine de jours nous permettant de traverser les étangs à sec. Aujourd’hui si nous avons -5 degrés, il s’agit d’un matin exceptionnellement froid et le gel ne dure jamais longtemps.

Ma consommation de gaz a baissé et mes factures également. Sauf cette année. Cette année ma facture de gaz a explosé. Je suis passé de 1137 € à 1549 € ! 36% d’augmentation alors que chaque année je voyais ma facture diminuer. J’en suis tombé sur le cul.

Évidemment, j’ai cherché à comprendre, j’ai inspecté les chiffres. 

Oui l’hiver 21/22 avait été plus froid que le précédent, mais bon, rien de terrifiant non plus. Oui, avec l’âge on se fait plus frileux, mais on porte des pulls brise amour et devant la TV on se cache sous des plaids bien épais. Oui les prix du gaz ont flambé, mais quand même. 

Surprise, entre 2021 et 2022, nous avions encore moins chauffé que d’habitude. Pas beaucoup certes mais quand même 5% de moins. Donc nous aurions pu espérer une facture plus légère. Mais non, c’est tout le contraire en fait. 

Le kilowattheure de gaz coûtait 0,0363 € en avril 2021. Un an plus tard il est facturé 0,06079 €, soit une augmentation de 68% ! Imaginez notre facture en 2023 à ce rythme là sans parler du problème de l’approvisionnement en gaz russe.

L’installation d’un poêle à granulés ou d’une pompe à chaleur dans notre domicile relève un vrai défi technologique. Nous dormons déjà avec les animaux dans la pièce commune, ou presque. Nous portons des vêtements bien épais tue l’amour à l’intérieur, nous limitons l’usage de l’eau chaude. Les appareils électriques non indispensables ne restent pas en veille, nous roulons le moins possible en voiture, nous ne prenons plus l’avion, nous mangeons nettement moins de viande, j’achète même de plus en plus de musique dématérialisée, j’évite les plateformes d’achat comme Amazon, que puis-je faire de plus ?

Avec deux salaires et quelques efforts sur la température dans la maison, 17 degrés au lieu de 18 actuellement, en augmentant l’isolation des combles, nous ferons sans doute face au problème, mais quand est-il des smicards vivant dans une passoire thermique ? 

Sidérations

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Le roman de Richard Powers est une histoire d’amour et de fin du monde.

Theo, un exo biologiste qui a perdu sa femme Aly, élève tant bien que mal son fils Robin depuis quelques années. 

Robin n’est pas un enfant comme les autres, il explose en colères terribles et peine à s’adapter à la vie. Alors pour l’apaiser, Theo l’emmène dans ses étoiles, découvrir des planètes inconnues et leurs habitants. 

Pendant ce temps, la terre se réchauffe, les espèces animales disparaissent, l’Amérique devient xénophobe et les politiciens dictateurs. 

Un jour un chercheur propose à l’enfant une thérapie révolutionnaire, à base d’IRM, d’intelligence artificielle et des enregistrements cérébraux des émotions d’autres personnes. Une thérapie expérimentale qui peu à peu éveille Robin au monde qui l’entoure et à son inexorable déclin.

Sidérations est un roman d’amour entre un père et un fils auréolé par le souvenir d’une épouse, mère, biologiste et activiste écologiste exceptionnelle. Un roman d’amour pour cette Terre qui se meurt et que l’homme oublie de regarder. Un récit qui mêle habilement science-fiction et actualité climatique brûlante. Un roman qui est le cri de révolte d’un enfant confronté à la folie des hommes, notre folie. Un livre sans doute inspiré par Trump et Greta qui vous fera certainement pleurer, si vous avez encore une âme.

C’est la crise

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Je lis partout que le marché du vinyle est en pleine crise et que les prix flambent. La faute à une trop forte demande à ce qu’il paraît. 

Ma faute ? C’est vrai que j’achète beaucoup de vinyles depuis quelques temps et que cela me pose de sérieux problèmes de stockage. D’autant plus que j’essaye de me procurer le CD en même temps pour des écoutes moins studieuses. 

Je n’ai pas encore constaté de flambée du prix de la galette noire chez mes fournisseurs habituels. Par contre j’ai été horrifié par l’explosion des frais de port, que ce soit pour les CDs ou les vinyles. 

Il y a peu j’ai renoncé à faire venir une galette depuis les U.S.A. à cause du transport qui doublait la facture. Un simple vinyle à soixante-dix euros, cela devient franchement dissuasif. 

J’ai commandé un CD au Brésil, le second album d’un obscur duo que j’aime beaucoup, le genre d’album tout simplement introuvable en Europe. Je l’ai payé plus de quatre fois son prix à cause du transport.

Autrefois je trouvais que faire venir un vinyle d’Allemagne était hors de prix, aujourd’hui je trouve ça très abordable en comparaison du Royaume-Uni et du continent américain. 

Etrangement, le double vinyle Aphelion, le dernier album de Leprous, ne m’a coûté que deux euros de frais de port. Sans doute venait-il de France.

Je me suis résigné à contre coeur à acheter de la musique sans support physique pour éviter de plomber mon budget pourtant généreux en ce qui concerne la musique.

Pourquoi de tels tarifs ? La crise sanitaire, des accords économiques, des taxes douanières, le prix du pétrole, du carton, du scotch ? Je n’en sais rien, je ne m’intéresse pas du tout à l’économie mondiale. Je sais juste que les prix des transports ont augmenté.

Les frais de ports flambent et après tout c’est une bonne chose. Cela me sensibilise d’autant plus au bilan carbone de les achats. Du coup, avant de commander depuis n’importe quel pays, un produit que je peux trouver plus près, je réfléchis un peu. 

La tentation est hélas grande d’acheter sur amatruc où les frais d’expédition sont offerts et où le colis arrive le lendemain, même le dimanche. Heureusement je résiste mais c’est la crise.

La Défense du Paradis

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La Défense du Paradis de Thomas Von Steinaecker est un roman road movie post apocalyptique parlant du réchauffement climatique, des migrants et de la fin du monde. Un roman qui emprunte un peu l’esprit de La Route de Comac McCarthy.

Un roman allemand dense et parfois laborieux à lire, écrit comme un journal qui raconte la vie de Heinz, un adolescent qui a survécu avec une poignée d’adultes à la fin du monde. 

Après avoir résisté dans les alpages sous un dôme protecteur, la petite communauté part sur les terres brûlées à la recherche du mythique Camp A, lieu de tous leurs espoirs.

Un ancien politicien, une vieille dame atteinte par la maladie d’Alzheimer, un ancien militaire souffrant de ESPT, un couple et un jouet robot-fennec accompagnent l’adolescent dans un périple périlleux à travers l’Allemagne dévastée, laissant derrière eux leur paradis alpestre qui les a protégé des années durant. Chaleur, radiations, faim, soif, violences, morts parsèment leur chemin de croix vers un ailleurs incertain.

L’écriture de Thomas déborde de tendresse pour cet adolescent encore naïf et ses compagnons d’infortune. Il y a de la violence dans leur rapports parfois conflictuels mais également beaucoup d’amour et de poésie malgré tout. Au fil des pages le lecteur passe du sourire à la tristesse, de la peur à l’espoir.

Les quatre cahiers (le noir, le bleu, le vert et le jaune) noircis par Heinz relatent leur vie en montagne, leur voyage, un camp et les derniers jours de sa vie mais contiennent également de courtes nouvelles écrites par l’enfant durant ses moments de tranquillité. Des textes qui reflètent ses peurs et ses rêves dans un monde dévasté.

Si j’ai eu parfois du mal à avancer dans cette histoire, je ne regrette pas d’être allé jusqu’à son dénouement. Le roman sous prétexte d’anticipation post apocalyptique aborde de nombreux thèmes humains et sociaux sous la plume de cet adolescent.

Coup de pompe

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Cet été, je n’ai pas une seule fois utilisé ma pompe à eau au fond du jardin. Il pleut quasiment chaque après-midi, sous forme d’orage, d’averse, de front, il pleut. Les températures sont fraîches la nuit et le ciel reste couvert toute la journée. 

Mes tomates étaient pourries dès la mi juillet alors que d’ordinaire elles tiennent jusque fin octobre, mes semis se sont noyés dans leurs pots, la vigne se meurt du mildiou, les herbes folles prospèrent et les poireaux deviennent des arbustes. 

La saison débutait pourtant bien avec plusieurs kilos de fraises à la chantilly et de groseilles en tartes meringuées et gelées. Il y aura sans doute des pommes à croquer, des prunes en confiture et des poires tatin mais pour les cucurbitacés c’est mort.

Ce n’est pas moi qui vous parlais du réchauffement climatique il y a peu ? Il est où ton réchauffement bouffon ? En Espagne, en Grèce, au Groenland, au Canada et ailleurs avec des canicules records, la fonte des glaciers et la sécheresse sans parler de quelques endroits au monde devenus inhabitables pour l’homme à cause de la conjugaison des effets de la température et de l’humidité.

L’augmentation des précipitations en Europe du Nord fait partie des prédictions des modèles climatiques. Ce n’est pas parce que chez nous le temps est pourrit qu’il n’y a pas de réchauffement climatique global sur Terre.

Ceci dit, j’aime bien ce temps frais et humide, j’ai l’impression d’être en Bretagne, ma terre natale. Pour une fois je ne suffoque pas la nuit, les voisins ne plongent pas dans la piscine et leur chien reste au sec. Je dors comme un bébé, bercé par le bruit de la pluie sur la fenêtre.

Pour bien comprendre

Ce n’est pas moi qui l’écrit mais le GIEC, la Terre se réchauffe depuis le début de l’ère industrielle, et le phénomène va en s’aggravant. Selon les projections, nous pourrions voir la température moyenne de l’atmosphère augmenter de 0.2°C à 3.3°C d’ici la fin du siècle selon les scénarios. Je ne vous demande pas de me croire sur parole mais plutôt de lire le Résumé à l’intention des décideurs du rapport GIEC dans sa version française.

Pourquoi tant d’écarts entre les cinq scénarios proposés ? Un des scénario (en orange) part du postulat que nous cessons tout de suite de produire des gaz à effets de serre (plus de moteurs thermiques, voitures, camions, bateaux, avions, plus de centrale à charbon, plus de chaudière à fioul et gaz), bref ce n’est pas gagné. En rouge, nous continuons gaiment nos conneries.

Vous me direz, 3.3°C c’est peanuts, entre l’hiver où il fait -5°C et l’été où ça cogne à 30°C, il y a trente-cinq degrés d’écart, alors trois degrés de plus ou de moins… Oui mais non, on parle ici de températures moyennes. La température moyenne en France en 2020 était de 14°C. Si nous prenons l’hypothèse pessimiste, elle pourrait aller jusqu’à 17,3°C. Trois degrés de plus en moyenne peuvent avoir des conséquences catastrophiques, fonte des glaciers, du permafrost, de la banquise, changement de circulation des courants marins, augmentation des phénomènes violents comme les cyclones.

Elévation du niveau de la mer en 2050

Vous me direz, vous ne vivez pas sur la banquise et les cyclones c’est pour les autres. Oui mais non. La fonte de la banquise entraine l’augmentation du niveau de la mer, donc la disparition de zones habitables (New York, une partie des Pays-Bas). Vous pouvez chercher votre plage préférée sur Climate Central pour voir ce qu’elle deviendra en 2050. Les courant marins eux régulent énormément notre climat comme Le Gulf Stream qui donne à l’Europe un climat tempéré ou El Nino et La Nina qui affectent les régimes de précipitations. Pour les cyclones, ouf, nous sommes épargnés. Ben non justement, en mer Méditerranée il y a ces Médicanes comme Ianos en 2020.

Plus près de nous il y a les sécheresses, les canicules, les fortes précipitations, les supers orages, tous ces phénomènes violents et rares qui deviennent de plus en plus fréquents avec le réchauffement climatique. Vous pouvez par exemple consulter le site des Pluies Extrêmes de Météo-France pour vous faire une idée.

Alors bien entendu, vous pouvez dire, tout ça c’est des conneries, on nous enfume comme pour le COVID-19, les températures n’augmentent pas. En fait si, regardez :

Voici l’augmentation de la température moyenne en France depuis 1900. On part d’une température moyenne calculée sur trente ans, ce que l’on appelle une normale (1961 à 1990) et on calcule l’écart à cette température pour chaque année depuis 1900. En bleu c’est plus froid, en rouge, c’est plus chaud. Regardez ce qui se passe depuis 1990, c’est rouge tous les ans. Et ça ce sont des mesures, vous pouvez même récupérer les données et faire les calculs vous même si vous doutez encore.

Et puis n’avez-vous pas remarqué que les hivers sont plus doux et les étés plus chauds ? Oui je sais, ce printemps a été particulièrement frais cette année, mais cela n’enlève rien à la tendance générale climatique. Et puis, la fin du printemps 2021, moi je l’ai trouvé plutôt caniculaire, pas vous ?

Il y a des hauts et des bas par rapport à la moyenne des températures, des petits incidents, plus froids en bleu ou plus chauds en rouge, mais qui ne remettent pas en question l’augmentation de la température planétaire globale.

Quelle est la cause du réchauffement climatique ? La Terre se rapproche du soleil ? Non. C’est lié à l’activité solaire ? Non plus. Enfin je ne suis pas astronome même si ça m’intéresse mais d’autres scientifiques se sont penchés sur le problème. « L’activité du Soleil ne peut donc être le facteur dominant de ce réchauffement, même si des corrélations entre l’activité solaire et certaines variations à court terme de la température terrestre ont été mises en évidence, qui pourraient être le signe d’un couplage. », le pouvez lire le rapport de l’Académie de Sciences si vous avez un doute. Alors c’est quoi ? C’est lié au pêts des vaches ? Oui entre autre. C’est lié aux gaz à effet de serre et le méthane (les prouts) en est un.

Voila ce que montrent les statistiques (source GIEC), quand les émissions de C02 augmentent, la température augmente. C’est ce que l’on appelle une corrélation statistique, un peu la corrélation entre la consommation de bière et le développement d’un bidon au fil des années.

Alors vous me direz, on peut faire tout dire aux statistiques, oui effectivement, lorsque l’on utilise pas des ensembles de données significatifs ou qui comprenant des données erronées ou biaisées. Mais là pour le coup l’Organisation Mondiale de la Météorologie dispose de données quotidiennes fiables sur plus d’un siècle et sur la Terre entière alors voila quoi, l’échantillon statistique est suffisamment grand et de bonne qualité, j’en sais quelque chose, j’ai travaillé à collecter ces données et à les valider.

Bon si ça se réchauffe vraiment, que peux-t-on faire ? Installer des climatisations pour rendre ça supportable ? Non ça c’est juste crétin. Les clims rejettent de l’air chaud et consomment beaucoup d’énergie. Elles ont tendance à augmenter le phénomène d’ilot de chaleur urbain, c’est à dire ces zones de plus fortes chaleurs dans les zones habitées. Nous allons donc devoir faire avec l’augmentation des températures, s’adapter, fermer les volets la journée, aérer tôt le matin, au minimum de température, éviter de bétonner les sols, planter des arbres pour ombrager les rues, végétaliser les toits et les façades.

Il va surtout falloir réduire notre consommation en énergies fossiles afin de diminuer notre production de CO2. Le pétrole, le gaz, le charbon, les constructions en béton. Remplacer le pétrole par l’éolien, le solaire et l’hydroélectrique est une douce utopie, du moins pour l’instant, car nous consommons trop et ces installations ne possèdent pas que des bons côtés, loin de là. Je ne dis pas qu’il faut arrêter les énergies « vertes », mais plutôt que nous devons réduire notre consommation énergétique.

La grande solution que nous font miroiter les industriels et politiques est la voiture électrique. Ok, d’après le Parlement européen la voiture individuelle représenterait 43% des émissions de CO2 en Europe pour les transports. C’est pas mal. Mais avec quoi allons-nous faire rouler les voitures électriques, avec de l’électricité non ? Et avec quoi va-t-on produire de l’électricité, nos éoliennes, du charbon ?

Je ne parle même pas de l’impact carbone de la construction d’une voiture électrique car tout le monde n’est pas d’accord mais vous pouvez lire cette article. « la fabrication d’une voiture électrique pèse plus lourd en bilan carbone : 32 g/km éqCO2 pour la Mercedes Classe C 220d, contre 51 g/km éqCO2 pour la Tesla Model 3, dont 23 grammes pour la batterie de 75 kWh de capacité énergétique » mais « Selon les chercheurs, il ne faut que 30.000 kilomètres pour compenser les gaz à effet de serre libérés spécifiquement lors de la fabrication du pack 75 kWh de la Model 3. ». Après, j’ai roulé en Zoé, pas longtemps parce que l’autonomie annoncée de 370 km s’est réduite comme peau de chagrin à 200 km. J’habite une région pluvieuse, froide et montagneuse. Il y a un simulateur optimiste sur Automobile Propre si ça vous tente. Je ne suis pas certain que nous tenons là la solution miracle, si ce n’est relancer l’industrie automobile artificicellement.

J’ai discuté il y a peu avec des pro nucléaires qui voient dans les centrales la solution ultime à nos problèmes énergétiques et climatiques. Ils ne m’ont pas convaincu, sans doute parce que je suis farouchement opposé au nucléaire, une source d’énergie que je trouve un tantinet dangereuse, il n’y a qu’à voir le dernier incident en date. Mais c’est clair, nous, nous sommes les meilleurs, les américains, les russes, les chinois et les japonais sont des débiles. N’est-ce pas ?

Donc la Terre se réchauffe et c’est un peu tard pour renverser la vapeur. C’est cool (non justement). Si vous n’êtes pas d’accord, reprenez la lecture de l’article depuis le début et essayez d’ouvrir les yeux cette fois.

Maintenant que peut-on faire sans bâtir des EPRs aux quatre coins de la France ? Parce que le but est bien de baisser notre production de gaz à effet de serre pour limiter la casse et espérer atteindre seulement une augmentation de 1.5°C (les accords de Paris) d’ici la fin du siècle (je ne vais pas vous mentir, c’est très mal barré).

La clim ? Non. La voiture électrique ? Bof. Partir vivre au Groenland ? Nous sommes quand même sept milliards d’habitants, on va être serrés. Ne manger que du quinoa et du tofu ? Pas enthousiaste désolé.

Nous pouvons commencer par rouler moins, par ne prendre l’avion que lorsque c’est indispensable, manger moins de viande, nous déplacer à vélo ou à pied, utiliser les transports en commun, changer moins souvent de gadgets électroniques, limiter notre temps sur Internet (on peut lire des livres à la place, c’est sympa), chauffer moins (il suffit de mettre des pulls en hiver), acheter local pour limiter les transports longue distance, favoriser l’achat d’occasion pour donner une nouvelle vie aux produits, végétaliser autant que possible les zones urbaines, sanctuariser les portions de territoire non bétonné, et pourquoi pas voter pour des politiques aux réelles sensibilités écologiques histoire de faire réagir ceux qui nous gouvernent.

En attendant, je vous souhaite une bonne prochaine canicule.