Wormsand – You, The King

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Ce n’est pas souvent que j’écoute du stoner, encore moins du stoner français. Pourtant je suis tombé, je ne sais plus comment, sur l’album You, The King du groupe Wormsand et j’ai craqué.

Un album de huit titres de deux à sept minutes chanté en anglais et joué par un trio de Menton. Il s’agit de leur troisième production après un EP en 2019 et un premier album en 2021.

Stoner est clairement trop réducteur pour décrire la musique du ver des sables. Sludge psyché stoner serait plus approprié en réalité.

Ne nous mentons pas, la pochette du disque réalisée par l’illustrateur Johrice m’a tout de suite tapé dans l’œil, je la trouve magnifique. Un roi vêtu de bleu au visage grisâtre partiellement masqué par sa couronne imposante. Une image totalement raccord avec le thème de ce concept album puisque l’on parle ici du déclin d’un roi.

C’est pourtant la musique qui m’a amené à cet album. Un stoner lent, appuyé, frisant souvent le psychédélique où scream et chant clair racontent la chute du souverain sur des guitares saturées et pesantes d’où surnagent quelques accords plus clairs.

De prime abord, la musique et le concept font de You, The King un album très homogène. Mon oreille n’étant pas vraiment familiarisée avec les subtilités du stoner, j’ai tout d’abord entendu le gros son des coups de boutoirs de la basse de Clément et de la guitare de Julien. Du coup ce sont les contrastes vocaux (et il y en a pas mal) qui ont commencé par rythmer l’histoire. Le chant clair de Clément me fait penser à Ghost quand le growl bien épais de Julien nous ramène à du post hardcore démoniaque.

Au gré des immersions successives dans l’album, les soli de guitares comme dans ‘Digging Deap’, les subtils breaks à la ‘Daydream’ et les intros inventives comme celle de ‘You, The King’ (second du nom), m’ont prouvé que Wormsand ne se contentait pas de jouer un stoner basique. En réalité leur musique est complexe, très écrite, bien loin des standards du stoner. Je trouve d’ailleurs You, The King nettement plus subtil et mieux produit que leur premier album Shapeless Mass sorti il y a trois ans.

Si je critique souvent les groupes français essayant de chanter en anglais, sincèrement je trouve que Wormsand s’en sort avec les honneurs. Disons qu’avec mon niveau dans la langue de Shakespeare je n’y vois que du feu.

Si vous aimez le stoner raffiné, je vous recommande chaudement la découverte You, The King, vous ne serez pas déçu du voyage.

Obiat – Indian Ocean

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Le stoner, c’est un peu du rock progressif graisseux joué avec une basse, une batterie et une guitare. Alors quand le stoner se pare de trois voix, de cuivres et de flûte, doit-on le reclasser dans le rock progressif ? Je n’en sais franchement rien.

Tout ce que je sais, c’est que l’album Indian Ocean du groupe OBIAT, du prog stoner psychédélique venu de Londres, m’a clairement tapé dans l’œil. 

On parle ici de quatre artistes, cinq invités et huit morceaux dont un titre de dix minutes pour une heure de musique. Voilà pour les chiffres.

Les compositions flirtent avec le shoegaze, le post-rock, le psychédélique, le doom et le rock progressif. Une musique riche en sonorités, relativement inclassable au final, qui fait du bien aux oreilles. 

Le terreau de base reste tout de même stoner et des pièces comme ‘Ulysses’, ‘‘Eyes and Soul’, ‘Ad Meliora’ ou ‘Sea Burial’ vous le rappelleront. 

La production un peu graisseuse également hélas. La mise au premier plan de la guitare parfois très sludge nuit à la lisibilité des autres instruments. Peut mieux faire donc.

Il ne vous aura sans doute pas échappé, si vous avez observé la pochette, écouté les paroles ou simplement lu les titres des morceaux, que l’album possède un rapport avec la mer et le voyage. 

De la Grèce avec ‘Ulysses’ on se déplace jusqu’au Japon dans ‘Lightness of Existence’, deux titres diamétralement opposés, séparés par l’Océan Indien, qui ouvrent et ferment ce disque.

La présence de chant féminin en la personne de Sofia DeVille, de trombone et de saxophone aux côtés du quatuor londonien dans le magnifique ‘Nothing Above’ est assurément une des raisons de la beauté de cet album atypique comme l’audacieux mélange des genres.

Le titre fleuve ‘Beware The North Star’ avec une basse très en avant, une guitare pour une fois lisible où s’invite des sonorités cuivrées et des percussions, suit les codes du post-rock, du progressif et du psychédélique sans faillir pendant dix minutes.

Plus étonnant encore est le titre final, ‘Lightness of Existence’. Un texte déclamé en japonais sur une musique de théâtre nô post-rock cinématique.

OBIAT compte parmi mes fabuleuses découvertes de l’année. Un groupe que je vais suivre de très près, à condition qu’ils sortent un prochain album avant ma mort. En effet Indian Ocean est leur second effort en treize ans. C’est peu.