David Kerzner – The Traveler

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Il n’est pas évident de s’y retrouver parmi toutes les éditions que propose David Kerzner sur Bandcamp.  The Traveler se décline en effet en sept versions différentes sur la plateforme de streaming entre Super Delux, Hi Res 24 bit 96K, Singles digital EP, Special Edition et autres. Pour ma part, je me suis contenté de la version standard après bien des tergiversations.

J’ai connu David du temps de Sound Of Contact. En 2014, il sortait son premier album solo New World, qui je l’avoue, ne m’avait pas franchement convaincu, contrairement au magnifique Static arrivé trois ans plus tard.

J’ai hésité à commander The Traveler parce que David venait de sortir Heart Land Mines Vol 1. Ce qui m’a décidé paradoxalement, c’est le titre ‘A Time In Your Heart’ qui me rappelle furieusement l’album Abacab de Genesis que je n’aime pas du tout. Il est d’ailleurs possible que je vous parle beaucoup de Genesis et des Beatles dans cette chronique.

The Traveler poursuit l’histoire commencée dans New World, ce qui à la base n’était pas forcément une très bonne nouvelle. En effet, le premier opus, furieusement floydien, se diluait beaucoup, tout particulièrement dans sa version deluxe au vingt-trois titres dont le dernier qui culmine avec vingt et une minutes.

Ici, dans sa version standard, pas de folie, seulement neuf morceaux de deux à six minutes qui séduiront les prog head grisonnants comme moi. Il faut dire qu’il y a clairement un air de déjà entendu dans les mélodies de The Traveler, un côté Ray Wilson pour le premier titre ‘Another Lifetime’, du Abacab et RPWL dans ‘A Time In Your Mind’ ou du And Then They Were Three sur ‘Here and Now Part Two’ pour ne citer que ces trois morceaux.

The Traveler s’écoute remarquablement bien, sans doute parce que du beau monde joue avec David, voyez plutôt : Randy McStine, Nick D’Virgilio, Marco Minnemann, Billy Sherwood, Jon Davidson, Durga McBroom pour n’en citer que quelques uns.

Au début de la chronique, je faisais référence aux Beatles. Ce n’est pas pour parler ici de l’affligeant ‘Now And Them’ mis de ‘Better Life’ où vous reconnaîtrez peut-être des couleurs propres aux quatre garçons dans le vent.

Sur The Traveler, vous entendrez également de beaux arrangements au violon et violoncelle comme dans les deux parties de ‘Here and Now’ ou les deux premiers titres. Une belle manière d’enrichir la partition sans la saturer de synthés.

The Traveler n’était pas vraiment programmé dans mon agenda musical, principalement parce qu’il s’agit d’un album de 2022, mais après l’avoir fait tourner en boucle à la maison comme au travail, j’ai eu envie de le partager avec vous.

 Vous pouvez le découvrir dans toutes ses version sur Bandcamp et si je ne craignais pas de payer plus cher de taxes et de frais de port, je l’aurai commandé en CD.

Big Big Train – Ingenious Devices

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En attendant de retrouver une certaine stabilité après la brutale disparition de David, Big Big Train recycle du matériel.

Ingenious Devices met au goût du jour trois grands formats de leur discographie, des morceaux ré enregistrés chez Peter Gabriel avec des cordes. Il nous offre également un titre live et y ajoute un inédit d’une minute et vingt secondes.

Je connais tous ces titres sortis de court ‘The Book of Ingenious Devices’ ce qui ne m’a pas empêché de m’offrir l’album. En fait pour tout vous dire, je n’avais même pas réalisé qu’il s’agissait de morceaux déjà enregistrés sur de précédents albums.

Je me suis dit, chouette, un nouveau Big Big Train. Et bien non. Suis-je déçu pour autant ? Ben non, pas vraiment en fait. Car si j’ai presque toute la discographie de Big Big Train, je ne l’écoute pas très souvent. A la sortie de l’album le disque tourne en boucle à la maison et une fois rangé, je n’y revient plus beaucoup. Il y a tellement de musique à écouter.

L’album est une sorte de compilation musicale et technologique avec une trilogie des rails jusqu’à l’espace.

Le premier morceau ‘East Coast Racer’ est tiré de English Electric Part Two. Le titre gagne trois secondes et beaucoup de cordes au passage ainsi que plein de cuivres, des arrangements que le groupe ne pouvait s’offrir à l’époque.

‘The Book of Ingenious Devices’ jette un pont entre ‘East Coast racer’ et ‘Brooklands. Le huitième titre de Folklore perd quelques secondes mais gagne une nouvelle section rythmique au passage. Il s’agit, d’après moi, du plus réussi des trois morceaux de cet album. Je trouve que l’apport des cordes est particulièrement brillant ici.

La sonde ‘Voyager’ en sept parties est né dans Grand Tour en 2019. Le titre était déjà enregistré à l’époque avec un bel ensemble à cordes.

Enfin la version live de ‘Atlantic Cable’, un titre de Common Ground, n’a hélas pas trouvé grâce à mes oreilles et la raison de ce désamour n’est pas bien compliquée à comprendre. Ce n’est pas David qui chante mais Alberto Bravin. Et vous savez comme je suis douillet avec les voix. Déjà que la version studio de 2021 ne m’avait pas vraiment fait grimper au rideau, je trouve celle-ci relativement bordélique.

Ingenious Devices n’est clairement pas indispensable. Les fans de Big Big Train agrémenteront leur collection avec, pour ma part je vais me contenter de la version digitale.

Tout plein de musique

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Depuis une grosse quinzaine je ne sais pas ce qui m’arrive, mais j’écoute tout plein de musique. 

D’ordinaire je survole deux à trois albums par semaine, là c’est plutôt le nombre de disques que je commande, quand à ceux dont j’écoute des extraits, j’en ai perdu le compte.

J’ai presque l’impression d’être revenu à la période de forçat du magazine Neoprog, sauf que là je le fais principalement par curiosité et plaisir.

Il y a bien entendu la rentrée de septembre  qui se profile avec toutes ses nouveautés mais je me penche également beaucoup sur des sorties plus anciennes, proposées par des blogueurs et mes contacts sur Twitter, pardon, X.com.

Le contenu de ces musiques est relativement éclectique : rock progressif, metal, metal progressif, djent, art-rock, synthwave, post-rock… Bref un peu tout le temps la même chose au final.

Il faut dire qu’avec Bandcamp c’est facile de découvrir de la musique, encore plus de la commander ensuite. Du coup j’ai acheté des albums de Amarok, de The Resonance Project, de Marek Arnold, de Ne Obliviscaris, de Pendragon, de Quadrivium, de Voyager, de Illuminated Void, de Atomic Symphony, de Aisles, de Karmamoi, de AVKRVST ou encore de Nine Skies sans parler de Peter Gabriel avec son dernier titre ‘Olive Tree’.

Je commande en édition physique les trucs introuvables sur Bandcamp comme AVKRUST, le label Inside Out n’ayant toujours pas créé un compte sur cette plateforme, et également quelques albums qui sont tellement bons qu’il me faut un support car sinon le digital va s’user (vous savez ces petits 0 et 1 émoussés à force de les passer dans un microprocesseur) comme pour Voyager ou Einar Solberg. Du coup mon disque dur se remplit plus vite que mes étagères ce qui n’est pas plus mal pour la planète.

Je ne vais pas tout chroniquer bien évidemment, avec deux à trois achats par semaine et une chronique le lundi, il n’y a pas de place pour tout le monde. Je rédige beaucoup plus de brouillons de critiques que je n’enregistre de vidéos. Du coup, le vendredi, jour de l’enregistrement le plus souvent, je pioche parmi les textes déjà finalisés pour réaliser la Chronique en Images.

Alors je ne parlerai peut-être pas du très bel EP de Pendragon, des morceaux de I/O avant la sortie de l’album de Peter Gabriel, de Ne Obliviscaris ou de Bahamut de Aisles pour vous faire découvrir à la place Quadrivium, Amarok ou The Resonance Project. L’idée c’est de vous présenter de nouvelles choses même si ce sont les groupes mainstream qui sont plébiscités sur mes vidéos : Lazuli et Marillion en tête.

Comedy Of Errors – Threnody For A Dead Queen

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Il me semble que c’est bien la première fois que je parle du groupe Comedy of Errors. Un quintet progressif né en 2011 à Glasgow et qui mélange néo-classique avec du rock seventies.

Threnody For A Dead Queen, qui sait, peut-être un hommage posthume à la reine Victoria, surprenant tout de même pour des écossais, est un album huit titres, très instrumental comprenant trois pièces de plus de douze minutes.

D’entrée de jeu, je dirai qu’il y a à boire et à manger sur Threnody For A Dead Queen. Le néo classique aux synthés piquera clairement les oreilles d’un mélomane averti comme le titre final, ‘Funeral Dance’ qui emprunte beaucoup à Mike Oldfield sans la richesse instrumentale. Dans les influences du groupe je retrouve principalement Yes et le géniteur de Tubular Bells, deux formations qui n’ont pas forcément ma préférence dans l’univers du rock progressif.

Mais comme je sortais d’une grosse période metal, mon cerveau avait envie de revenir aux territoires moins violents des seventies et c’est là que je suis tombé sur les derniers achats de Gerlinde sur Bandcamp, dans lequel figurait cet album. Parmi sa sélection très éclectique, Threnody For A Dead Queen semblait le plus audible, sorti de ceux que je connaissais déjà.

Le premier titre de plus d’un quart d’heure, ‘Summer Lies Beyond’, m’a bien fait saliver. Si je ne suis pas forcément fan du chant transformé de Joe Cairney pour faire plus yessien, la musique centrée sur les claviers de Jim Johnston et les guitares de Mark Spalding, a réveillé en moi d’agréables souvenirs progressifs.

Ok, malgré une pathétique tentative vers la treizième minute, la batterie de Bruce Levick peine à tenir la comparaison face à un Phil Collins, un Gavin Harrison ou un Mike Portnoy et la basse de John Fitzgerald brille par son absence, mais dans l’ensemble, la pièce se tient assez bien.

‘The Seventh Seal’ aux influences yes/genesis/iq/marillion et fort de plus quatorze minutes arrive également à donner le change. Lui aussi est très instrumental et la basse y fait même des apparitions, pas remarquables, mais des apparitions. Par contre la batterie, bon voilà quoi.

Après ces deux monstres, l’album se lance dans trois courts formats avant d’attaquer le ‘God Save The Queen’ ou un truc du genre. ‘We Are Such Stuff As Dreams Are Made On’ est un instrumental façon interlude sur lequel il ne se passe pas grand chose. ‘Jane’ joue d’une balade plutôt sympatoche avec son refrain à reprendre en choeur en live et ‘Throught The Veil’, encore une fois un titre instrumental, donne dans la musique de messe à la guitare et claviers sur boite à rythme ou batterie à deux balles.

Et puis arrive le titre album ‘Threnody For A Dead Queen’, douze minutes et vingt huit secondes principalement instrumentales dans lequel on se rend compte, si ce n’était pas déjà le cas, que c’est sur la forme longue que Comedy Of Errors arrive à exprimer tout son potentiel créatif. Les références progressives sont ici également multiples, avec du Genesis, du Marillion, et du Mike Oldfield, mais une fois que vous avez accepté cette contrainte, vous pouvez prendre plaisir à écouter la musique. C’est un peu facile et répétitif, on est loin de la virtuosité des modèles précités, mais le titre construit une certaine ambiance propice à l’introspection chamboulée à la fin du morceau par la section vocale à la manière de Yes.

Restent deux petites pièces pour terminer l’album :

‘And Our Little Life Is Rounded With A Sleep’ dont le titre est plus long à prononcer que la musique à écouter, un instrumental qui semble d’abord sans grande prétention et qui au final est le morceau court le plus intéressant de cet album et puis le dramatique ‘Funeral Dance’, pseudo néo classique au claviers, à fuir si vous avez un tant soit peu d’oreille.

Threnody For A Dead Queen n’est assurément pas l’album de l’année, ni de la décennie, encore moins du siècle. Il contient des titres fleuves de bonne tenue malgré leur manque d’originalité et des choses intercalées vraiment discutables.

Le vieux proghead intégriste y trouvera peut-être son bonheur, pour ma part, c’était l’occasion de découvrir le groupe Comedy Of Errors. Voilà, c’est fait.

Je vais passer à autre chose maintenant.

FVNERALS – Let the Earth Be Silent

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Noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir. Ben c’est un peu ça FUNERALS et leur doom ambiant chanté par Tiffany Ström.

Le duo allemand donne dans la musique atmosphérique doom post indus cinématique chamanique. Chant, basse, guitares, arrangements et percussions hantent les sept titres de Let the Earth Be Silent.

Un album de quarante minutes qui imagine le monde après une extinction de masse de l’humanité, une terre déserte et silencieuse où résonnait la musique du groupe. Mon rêve en fait. Les morceaux vont du bref ‘Rite’ au plus ambitieux ‘Barrent’ qui dépasse les huit minutes tout de même. Mais l’album est un tout qui s’écoute comme une seule piste, d’une traite, en fond sonore comme en immersion au casque.

C’est la pochette en noir et blanc, ce corps androgine nu recroquevillé dans un nid de branches qui a attiré mon regard. Et d’un bel artwork à l’écoute d’un album, il y a souvent qu’un pas que je franchis assez souvent.

Le chant évanescent, façon new age, posé sur des textures sonores sombres et lentes, domine l’album, offrant assez peu de contrastes, ce qui relègue vite Funerals dans les musiques à écouter en faisant autre chose ou pour les jours de très grosses déprime.

‘Descent’ est l’exemple même de cette musique atmosphérique au chant éthéré. Quelques accords de guitares isolés, pas de montée en puissance, ni de thème ou de refrain. Un morceau tout en attente qui ne décolle jamais vraiment malgré un passage un peu plus lumineux vers la troisième minute avant de retomber dans l’ombre oppressante. Presque un pont entre ‘Aschen’ et ‘For Horror Eats The Light’.

Je vais encore une fois citer Birdy ou La dernière tentation du Christ de Peter Gabriel, mais les atmosphères de Let the Earth Be Silent me font souvent penser à sa musique. Des trames graves, de rares percussions espacées, des sonorités étranges et un chant difficilement lisible, noyé dans les effets et les ténèbres, comme une incantation.

Mon titre préféré est le troisième, ‘For Horror Eats The Light’, sans doute parce qu’il est l’un des plus long et des plus construit des sept avec ‘Barren’.

Faites gaffe quand même, si vous êtes au bout du rouleau, Let the Earth Be Silent pourrait vous amener à commettre l’irréparable. Alors, avant d’aller l’écouter sur Bandcamp, consultez quand même votre psy.

Omnerod – Arteries

Devinez qui m’a fait découvrir le groupe Omnerod ? Oui, c’est encore lui… Mi avril, il nous présentait, en avance de phase, leur dernier album The Amensal Rise que j’ai acheté depuis. Et ce que j’en ai lu et entendu m’a donné furieusement envie d’en écouter plus. Mais voilà, l’album n’étant pas encore sorti, j’ai dû me rabattre sur leur précédente production, Arteries sortie en 2019.

Omnerod est une formation belge de death post métal progressif qui existe depuis 2014 avec trois disques à leur actif.

Dans Arteries, vous allez entendre du chant clair, du growl, du djent, du post métal, de la guitare acoustique et une écriture complexe, riche, voire alambiquée qui les propulse dans les sphères progressives malgré certains aspects brutaux de leur musique. L’album dure soixante neuf minutes pour huit morceaux dont un qui approche du quart d’heure. Les deux plus courts sont des instrumentaux, ‘Lines’ qui ouvre l’album et ‘Newt’ placé en troisième position.

Omnerod se rapproche de bien des manières d’un Haken, d’un Devin Townsend ou d’un Wilderun. En effet, chaque morceau apporte sa dose de surprises et il est impossible d’écouter l’album sans s’immerger totalement dedans sauf à être vacciné avec plusieurs doses de Ziltoïd.

Bon, pour être tout à fait honnête avec vous, Omnerod, ça pique un peu parfois. Par exemple, l’avant dernier titre ‘Far from the Tree’ ne fait pas vraiment dans la dentelle. C’est de la charge lourde de guitares, basses et batterie sur du growl d’outre tombe avec quelques fioritures électroniques. Et ça dure quand même sept minutes !

À côté de cela, il y a des titres fleuves comme le dernier morceau ‘Sleep’, long de quatorze minutes. Quatre longs formats à la sauce progressive qui dépassent les neufs minutes. Des pièces riches en rebondissements, bruitages en tout genre, changements de rythme, de chant, alternant métal et acoustique, bref de quoi remplir l’espace sans donner l’impression de se répéter une seule fois.

Le second titre ‘Guide Them’, par exemple, fort de presque dix minutes, alterne chant clair fragile, solo de basse, growl démoniaque, chœurs épiques, charges de métal, chant façon années folles et farandoles de guitares sans parler de quelques touches acoustiques.

Cela fait beaucoup à écouter pour seulement deux oreilles et pourtant ça passe comme une lettre à la Poste et on en redemande.

Je pourrais vous parler de la musique Bouglione de ‘Newt’, du génial refrain de ‘Ascaris’, de la guitare électro acoustique en mineur de ‘Nothing Was Vain’ mais je pense que le mieux, c’est que vous écoutiez l’album sur Bandcamp.

ArcAnica – Elemental

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Cette chronique annule et remplace celle de Riverside bloquée sur Youtube pour des raisons de droits d’auteur. Ceci dit, à mon avis, vous gagnez au change.

Quatre titres, à peine vingt minutes d’écoute, je vous présente l’EP Elemental du groupe ArcAnica. Un quintet de metal progressif venu de Philadelphie, enfin, je crois. A priori, il s’agit de leur premier effort et honnêtement, je ne me souviens plus où j’ai entendu parler d’eux.

Toujours est-il qu’Elemental m’a suffisamment intéressé pour que je lui consacre cette chronique. 

Une basse, une batterie, trois guitares, un micro et peut-être quelques samples de claviers constituent l’attirail de ces chevelus qui louchent du côté du sludge, du black et du metal prog avec un petit air à la Opeth, Tool ou Haken. Les titres vont de quatre à cinq minutes. Ce n’est donc pas sur la durée qu’ils s’inscrivent dans la mouvance progressive mais nettement plus dans l’écriture.

Le chant clair omniprésent qui côtoie un growl assez rare a certainement éveillé tout d’abord mon intérêt pour cet EP.

Il s’agit encore d’un album ayant pour thème les éléments, ici dans l’ordre, l’eau, l’air et le feu, une thématique qui revient un peu trop souvent à mon goût dans les œuvres de jeunesse des groupes. Au moins, pour une fois, ArcAnica n’a pas composé un double concept album.

L’EP semble développer en dix-neuf minutes une histoire cataclysmique et mystique. Tout un programme… Si les paroles des quatre morceaux sont liées, il se pourrait que ArcAnica parle ici d’un exode pour échapper à un déluge purificateur. Vu comme ça, ça a l’air complètement fumé du paillasson et comme la musique flirte avec le psyché violent, tout est possible.

La production est clairement perfectible, le son manque de mordant et les aiguës bavent un peu, surtout sur les crashs de batterie. Mais après tout, c’est un premier effort et avec un casque pas trop pointilleux, cela passe très bien.

‘Black Fire’ est certainement le plus black des quatres morceaux. Il use d’une voix démoniaque et de notes de guitares angoissantes. C’est aussi mon morceau préféré même si tout l’EP tient parfaitement la route.

Outre le black metal progressif, il y a quelque chose de théâtral cinématique dans leur musique comme en témoigne le début de ‘Against the wind’. Il faut également souligner ces guitares torturées qui se déchaînent dans ‘The Fool’s Garden’ sur une batterie qui cogne les fûts sans ménagement.

Pour un premier EP, Elemental de ArcAnica, fait preuve d’originalité. Les quatre morceaux sont de très bonne facture et les musiciens maîtrisent leur sujet. En plus le dosage entre metal et prog est finement dosé pour séduire un large public. Il s’agit assurément d’un groupe prometteur et leur EP mérite amplement le détour. Alors n’hésitez pas à les découvrir sur Bandcamp, vous m’en direz des nouvelles.

Hypno5e – Sheol

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Un samedi après-midi ensoleillé, alors que le groupe français Hypno5e allait se produire à la Laiterie, j’ai téléchargé leur dernier album Sheol avant d’aller au concert, histoire de mieux connaître leur musique.

Je dois une fois encore, la découverte de ce quatuor à Stéphane Gallay qui avait parlé à plusieurs reprises de leurs albums et écrit un live report sur leur passage à Genève. J’avoue que comme lui, je n’étais pas à 100% convaincu par leur musique jusqu’à Sheol, mais un concert de post metal atmosphérique près de la maison, cela ne se refuse pas.

J’ai fait tourner Sheol à plusieurs reprises dans le salon et me suis dit que finalement, la soirée pourrait être plus intéressante que prévue.

Sheol est un album six titres d’un peu plus d’une heure avec trois morceaux de plus douze minutes où se mélangent metal, post-rock, instruments à cordes, extraits audios, growl et chant clair. Un savant mélange de genres et de langues puisque vous pouvez y entendre du français, de l’anglais ainsi que de l’espagnol dans les textes.

Hypno5e joue de contrastes avec leur musique, de l’éthéré au gros poutrage se succèdent comme le chant clair et le growl. Une écriture qui me fait songer parfois aux jeunes années de Haken.

Pour vous donner une petite idée, le titre ‘Sheol’ se joue à la mandoline sur un poème de César Vallejo déclamé en espagnol et se poursuit par une charge de growl et du chant clair mélancolique avant de donner dans le djent post-rock.

Vous me suivez ?

Tant mieux, parce que ‘Tauca’ ressemble à s’y méprendre à du Genesis avec sa guitare acoustique et son chant à la manière d’anasazi. Et puis, il y a des morceaux qui soufflent le chaud et le froid comme ‘The Dreamer and his dream’ qui alterne chant délicat et growl dévastateur. En plus de tous ces mélanges de genres, Hypno5e n’est pas avare de sonorités, instruments classiques, bruitage, extraits de film comme celui des ‘Enfants du Paradis’ ou de poèmes avec ‘Heces’.

Sheol va au-delà du simple album de post-metal. C’est une exploration sonore d’une infinie richesse, cinématique, violente et poétique.

A ma propre surprise, je suis tombé amoureux de cet album et il rentre de ce pas dans mon top 2023. N’hésitez pas à les écouter. Leur discographie est à découvrir sur Bandcamp sans modération, et en live, c’est vraiment excellent.

Carcariass – Planet Chaos

Une fois encore, je dois la découverte de Carcariass à Stéphane Gallay et ses chroniques musicales. Il était tombé sur le groupe lors d’un concert à l’Usine et avait ensuite fait la retape de leur album Planet Chaos.

Carcariass est un quatuor franc-comtois de death metal progressif qui existe depuis 2009 devenu quintet depuis peu et qui vient de sortir leur nouvel album Afterworld le 3 mars dernier. On y reviendra.

Mais comme Stéphane, je vais d’abord vous parler de Planet Chaos sorti en 2019. Pour quelle raison ? Tout simplement parce que cet album est une tuerie.

Le projet est porté par Pascal Languetin qui compose et joue des guitares heavy et des claviers progressifs. Il y a également de la double pédale frétillante en la personne de Bertrand Simonin assis sur le tabouret et une basse bien présente tenue par Raphael Couturier.

Malgré un artwork assez gore, Planet Chaos se révèle être un concept album futuriste plus proche du metal progressif que du death. Ok, le chanteur Jérôme Thomas use et abuse de growl caverneux mais sur les treize morceaux que comporte le disque, il y a de nombreux instrumentaux.

Écouter Carcariass, c’est un peu comme plonger dans un album de Ayreon musclé qui se serait concentré sur les guitares. Vous voyez le genre ? Les morceaux vont de trois à huit minutes pour le plus long, offrant une heure neuf d’écoute. Alors installez-vous confortablement.

Après avoir saccagé leur planète, les humains s’exilent vers un autre monde et comme l’échec se résumerait à l’extinction de la race, l’espèce est transformée génétiquement pour réussir coûte que coûte.

Evidemment cela se passe très mal comme en témoigne le titre ‘Letter From The Trenches’, inspiré par des lettres de soldats de la première guerre mondiale.

Carcariass arrive, malgré un métal musclé, à rendre très mélodique cette heure science-fictionnesque, sans doute grace aux pauses instrumentales, aux claviers et à des refrains très bien fichus comme dans ‘Psycotic Starship’. 

Certes Carcariass n’y va pas avec le dos d’une cuillère. Pour la musique méditative, vous attendrez la prochaine chronique. Le growl n’arrange rien à l’affaire et l’abondance de guitares et de claviers ne calme pas vraiment le jeu. Il s’agit pourtant d’un death metal très mélodique (oui je sais, il y a une petite contradiction dans la phrase). L’écriture très progressive de Planet Chaos pourrait séduire plus d’un baba cool maqué à une métalleuse.

Planet Chaos s’achève par un morceau instrumental épique de presque neuf minutes. Une pièce magistrale, parfaitement maîtrisée, riche en rebondissements, qui devrait vous en boucher un coin, même si vous êtes un vieux con blasé comme moi.

Si Carcariass n’est pas un des grands noms de la scène metal française, ils font preuve d’un évident savoir faire dans le death metal progressif avec Planet Chaos et si leur nouvel album Afterworld est plus direct, il prouve par sa maîtrise que Planet Chaos n’était pas juste un miracle isolé dans leur carrière. D’ailleurs on devrait y revenir bientôt. En attendant, vous pouvez les écouter sur Bandcamp.

Katatonia – Sky Void Of Stars

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Le plus catatonique des chanteurs de métal, semble avoir trouvé un remède à sa mélancolie maladive si belle. Jonas va mieux et son groupe Katatonia revient avec un nouvel album intitulé Sky Void of Stars, le premier de leurs disques que j’achète en digital.

Pourtant, la pochette est tout simplement sublime avec ce puits de lumière verte dans un paysage urbain et ces corbeaux en contre jour, le genre d’artwork à déguster en vinyle. Mais voilà, je ne me suis pas résolu à la dépense, peut-être parce que Sky Void of Stars ne le mérite pas.

Le nouveau Katatonia propose onze morceaux que l’on pourrait qualifier de pop metal progressive pendant cinquante minutes. Exit la mélancolie douloureuse qui faisait la beauté de leur musique. Ici le metal prog est sans réelle surprise, parfois vaguement mordant comme dans ‘Austerity’, souvent terriblement convenu comme dans ‘Colossal Shade’. Il est vrai que le groupe a dû se réinventer avec deux départs majeurs en 2014, ceux de Daniel et Per. Mais cela n’excuse pas tout.

Sur cet opus, les claviers sont très présents comme dans ‘Opaline’ et les refrains à répétition meublent des paroles moins inspirées. N’empêche, la voix ensorcelante de Jonas fait toujours mouche même s’il abuse d’effets à mon goût comme par exemple dans ‘Drab Moon’. On se laisse prendre par les différentes atmosphères de l’album mais je n’entre pas en transe pour autant.

Plusieurs titres retiennent toutefois mon attention comme le sublime ‘Author’ qui est certainement mon préféré des onze. Il dégage une belle énergie, le chant y est particulièrement soigné et les guitares nous livrent un fabuleux solo, tout le contraire de ‘Impermanence’.

‘Sciera’ est un bon exemple de cette pop metal, un semblant d’énervement, une rythmique de supermarché, un non instrumental et un refrain à deux balles. Et même si ‘Atrium’ pourrait rentrer dans cette catégorie, car il est composé comme un tube, il fonctionne, sans doute grâce à son refrain accrocheur.

‘No Beacon To Illuminate Our Fall’ prend un peu plus de libertés musicales avec le carcan catatonique, notamment les claviers et les guitares qui prennent leurs aises pour une fois et le chant qui sort de sa ligne mélodique de confort. Et puis ‘Absconder’ termine l’album de manière relativement abrupte, genre on ne savait pas comment finir, vous savez, nous ne voulions pas rater notre avion.

Il ne faudrait pas comparer Sky Void of Stars avec un Dead End King ou un City Burials, mais comment faire, à part sombrer dans l’amnésie. Ceci dit, après les avoir réécouté, je me rends compte que je suis nettement moins avide de ce metal mélancolique qu’à une certaine époque.

Sky Void of Stars plaira au plus grand nombre mais sans doute pas aux puristes de Katatonia. Vous pouvez toutefois le découvrir sur Bandcamp pour vous faire une idée.