anasazi – cause & consequences

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Vous parler de cause & consequences, le dernier album d’anasazi, est à la fois simple et compliqué. Simple, parce que j’aime beaucoup l’album, compliqué, parce que je suis un fan de la première heure du groupe et que mon nom figure dans les remerciements du CD.

anasazi, en minuscules, qui se prononce anaSSAzi, est un projet né à Grenoble dans l’appartement de Mathieu Madani, disquaire et fan absolu de Dream Theater. A ses côté de nombreux musiciens ont gravités plus ou moins longtemps, Frederic Thevenet, Christophe Blanc-Tailleur, Romain Bouqueau, Jean-Rosset et plus récemment le guitariste Bruno Saget qui joue également dans Croak et Anthony Barruel batteur du groupe Collapse sans parler des artistes invités comme son épouse ou Tristan Klein.

Au fil des années, des influences et des albums, anasazi a flirté avec la pop, le metal et le rock alternatif, mais toujours de manière progressive.

cause & consequences est leur sixième album sans parler des trois EP, un beau palmarès pour un groupe amateur grenoblois. Soixante-trois minutes et huit morceaux, certainement les plus anasaziens de leur discographie. Le virage était déjà amorcé sur ask the dust en 2018 mais cause & consequences enfonce le clou.

Il ne s’agit pas ici d’influences à la Dream Theater comme dans origin’s ou à la Porcupine Tree dans playing ordinary people, il s’agit d’anasazi. cause & consequences est un album à guitares sur la voix éraillée de Mathieu. Les claviers ne sont ici qu’accessoires d’ornementation. Les grattes jouées par Mathieu, Bruno Saget et Tristan Klein sont au cœur de la musique avec la batterie d’Anthony.

L’album sonne clairement plus rock que prog, souvent rageur, torturé, déchiré, écartelé mais avec quelques éclaircies et même des réminiscences de Pink Floyd comme dans ‘space between’ sans parler du titre fleuve qui clôture le disque. Les ritournelles magiques des premiers albums, celles que l’on pouvait fredonner, disparaissent avec cause & consequences et il faudra une ou deux écoutes pour adopter ce nouvel anasazi.

cause & consequences s’écrit à l’envers, libérant la vapeur lentement au lieu de monter en pression. Vous prenez son atmosphère toxique à plein poumons et lorsque ses gaz brûlants et corrosifs commencent à vous asphyxier, un courant d’air tiède vient soulager votre gorge.

‘trapped’ démarre l’album sur une charge de guitares tempérée de rares accalmies à la basse et au chant. Une mise en bouche stoner metal dense et rugueuse que les paroles n’allègent pas, bien au contraire. 

Bienvenue dans l’univers d’anasazi.

‘324’ est plus récitatif même si Mathieu sort de gros riffs entre les couplets sans parler du long instrumental rageur où s’élève un solo de guitare signé Bruno Saget. Dans ‘death is (her) name’, c’est Tristan Klein qui joue du manche. Le titre, porté par une section rythmique très marquée, chemine cependant de plus en plus vers le progressif expérimental. Par contre, oubliez tout espoir, l’album s’enfonce dans la noirceur.

‘exit live’ atteint presque le sommet de ce vol parabolique. Les riffs rageurs sévissent encore mais une guitare électro acoustique s’invite dans la tempête comme l’orgue joué par Tristan. Et puis arrive ‘disheartening’, le titre le plus épuré de cause & consequences où le travail d’Anthony prend sa pleine mesure sur ces premiers couplets percussions, guitares et chant presque parlé.

‘into the void’ est doucement rattrapé par la pesanteur après un semblant de légèreté dans les premiers instants. Mais le calme floydien renaît avec ‘space between’ au sublime solo de guitare signé Tristan.

Un de mes morceaux préférés avec ‘disheartening’ et ‘the mourning’, la pièce progressive de l’album avec ses treize minutes aux multiples rebondissements qui relie tous les morceaux de cause & consequences.

anasazi est de retour, plus guitares que jamais, torturé et magistral. Il faudra sans doute consentir un effort pour rentrer dedans, ici pas d’easy listening au programme, alors poussez le son, revenez-y plusieurs fois, toujours d’une traite et vous réussirez à apprivoiser cette créature fantastique que vous pouvez écouter sur Bandcamp.

Adarsh Arjun – Aches And Echoes

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Vous connaissez probablement le guitariste australien Plini et ses guitares Strandberg. J’ai trouvé son alter égo indien, un certain Adarsh Arjun. Un artiste qui joue également dans le groupe de métal indien Agnostic et dans un genre plus traditionnel dans le morceau Hridaya.

Après avoir publié plusieurs singles sur Bandcamp depuis 2021, il arrive avec un premier album Aches And Echoes. Le disque se compose de dix pièces instrumentales de deux à cinq minutes où le musicien joue de tous les instruments.

Comme Plini, Adarsh joue principalement de guitares, usant de djent et de metal progressif sur des sonorités très lumineuses. Sa musique intègre également des éléments traditionnels, tout particulièrement dans le dernier morceau intitulé ‘Triade’.

Mais contrairement à Plini, il ne semble pas affectionner particulièrement les guitares Strandberg et si le titre ‘Hide N Seek’ ressemble beaucoup aux compositions de son modèle, le reste de l’album est assez différent.

Certaines pièces manquent de développement. Un thème à peine esquissé qui s’achève en fading out. Rassurez-vous, d’autres comme ‘Existential Mysery’ sont nettement plus riches en rebondissements.

Je n’ai pas l’impression qu’il y ait besoin d’être un fondu du manche et des six cordes pour apprécier Aches And Echoes. Batterie et claviers y occupent suffisamment d’espace pour séduire un très large auditoire, d’autant que la fibre métal de cet album est assez lache.

‘I Can’t Breathe’ est une des pièces qui tabasse le plus, usant de gros riffs, djent et motifs orientaux. Le titre joue de grands écarts entre metal rageur et danses colorées. A l’opposé, il y a ‘Existential Mysery’, qui tout particulièrement au début, livre de sublimes atmosphères planantes.

D’ordinaire les albums instrumentaux passent rapidement au second plan car je ne suis ni guitariste ni musicien. J’écoute pourtant Aches And Echoes en boucle depuis peu, pas en musique de fond, mais bien attentif à chaque note. Peut-être est-ce parce que j’ai l’impression qu’ici les guitares d’Adarsh chantent au lieu de plaquer des accords et des riffs. Des guitares qui tissent des mélodies dansantes comme des rayons de soleil au travers des feuilles, une musique lumineuse et colorée qui réchauffe au genre musical plutôt sombre d’ordinaire. 

Aches And Echoes est ma première sortie de l’année 2023 et je ne vous cache pas qu’il rentre de ce pas dans mon top de l’année, même si j’attends encore une fois beaucoup de merveilles comme anasazi et Klone.

Messa – Close

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J’ai écouté l’album Close de Messa sur un malentendu : un collègue s’était endormi au volant de sa voiture en écoutant un groupe seventies allemand psychédélique. Et dans ma tête, ce groupe semblait porter un nom aux consonances proches de Messa ou quelque chose d’approchant.

En allant sur Bandcamp, je suis tombé sur une formation drone, stoner italienne datant de 2014. En fait, rien à voir avec le somnifère psyché de mon collègue. Un album que j’avais pourtant déjà survolé à sa sortie sans m’y attarder outre mesure.

En le réécoutant par curiosité, j’ai finalement succombé à son charme. En partie pour la voix envoûtante de Sara mais également pour la musique du groupe qui sait s’affranchir des codes en vigueur dans le monde du rock.

Close est le troisième album de Messa. Plus d’une heure d’écoute et dix morceaux dont cinq dépassent les sept minutes. Close propose des influences orientales, jazzy, world-music, doom et psychédéliques avec même un zeste de growl ainsi que deux courts instrumentaux ‘Hollow’ et ‘Leffotrak’.

La pochette sépia donne dans le psyché chamanique avec ses trois danseurs en pleine transe. Je vous l’avoue, ce n’est pas l’artwork qui m’a incité à acheter l’album, d’ailleurs, il ne semble pas que ce soit le point fort des italiens au regard des autres disques. Peut mieux faire de ce côté là.

La signature doom de Messa à la basse et chant lancinant est régulièrement mise à mal par des accélérations metal comme dans ‘Dark Horse’ et la world-music n’est jamais très loin comme au début de ‘Orphalese’ ou de l’oriental ‘Hollow’ sans parler du final jazzy de ‘Suspended’ ou le growl dans ‘Leffotrak’.

La voix de Sara à la fois chaude et brillante s’envole dans les aiguës quand elle ne donne pas dans le gospel, pas du tout ce que l’on attendrait d’une italienne brune aux cheveux bouclés. Le genre de timbre qui vous ensorcelle avant de tomber définitivement amoureux.

Close possède un je ne sais quoi de monotone, à la mani!re d’une marche funèbre (écoutez l’ouverture de ‘Suspended’). Mais ce qui aurait pu se transformer en un long album un peu barbant, se métamorphose en une délicieuse transe musicale, un trip chaminique envoûtant ponctué de temps forts.

Si vous avez l’impression que je vous vends très mal ce Close, surtout zappez la chronique pour écouter l’album. Je suis certain que vous ne le regrettez pas. En plus, vous n’avez aucune excuse, Messa dispose d’une page Bandcamp.

Obsidious – Iconic

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Meilleurs voeux musicaux pour cette nouvelle année qui démarre. Prions pour que 2023 soit au moins aussi riche que 2022 en découvertes musicales et que l’enfer énergético-politico-sanitaire-mondial dans lequel nous baignons s’apaise un peu.

Pour démarrer en beauté, revenons sur un superbe album de l’année 2022 :

Lorsque Katha et KmanRiffs recommandent de concert le même album, tout métalleux qui se respecte se doit d’y jeter une oreille curieuse. Iconic du groupe Obsidious est de ceux-là. 

Une heure de metal progressif à growl et chant clair qui ravira les esthètes.

Le quatuor allemand sort ici son premier album dix titres dans la plus pure tradition du symphonico poutrage technique grandiloquent. Leur travail se rapproche d’un Persefone, d’un Wilderun ou d’un Dream Theater. Trois groupes de référence dont deux figurent dans mon top 2022. C’est vous dire qu’il s’agit d’une très belle découverte.

Oui, il y a du growl. Beaucoup de growl. Mais qui épicé de chœurs, de symphonique, de chant clair et de guitares éblouissantes, se digère parfaitement bien. Guitares et claviers rappellent beaucoup de groupe de James Labrie mais le chant et les arrangements symphoniques très présents sur cet album font la différence. La batterie n’est pas en reste même si elle ne saurait rivaliser avec celle de Mike Portnoy mais Sebastian Lanser ne se contente pas de bourriner à la double pédale et Linus Klauseniter à la basse s’aventure parfois sur des notes assez hautes.

Alors oui, le début de l’album pourrait rebuter un progueux timoré. D’emblé ‘Under Black Skies’ part dans le growl caverneux, la double pédale, les choeurs et le symphonique. Du metal prog pas très subtile d’autant que le chant clair est assez rare sur ce premier titre. 

Mais tenez bon jusqu’au solo de guitare de Rafael Trujillo à la quatrième minute. Après ça, vous pourriez avoir envie d’aller plus loin.

Pour le chant clair au timbre latino de Javi Perera, dôle de nom pour un teuton, il faudra attendre le titre album aux claviers dignes d’un Jordan Rudess en pleine forme. Et même ici, le growl s’invite encore pas mal.

Mon titre préféré sur cet album, même si je les adore vraiment tous, est le très Dream Theater ‘Nowhere’. Une des pièces les plus courtes, à peine plus de quatre minutes, pleine de pathos et d’emphase, qui sans le growl, aurait pu être confondue avec un morceau de ses pères.

Question originalité, Obsidious ne va pas faire des étincelles. Mais pour la technique, la puissance et la production aux petits oignons, l’album Iconic est une tuerie.

Allez le découvrir, vous pouvez l’écouter sur Bandcamp

Threshold – Dividing Lines

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Dans les grands noms du métal progressif, on oublie parfois de citer les britanniques de Threshold. Peut-être encore un des multiples effets indésirables du Brexit. 

En près de trente-quatre années de carrière, le groupe a connu de nombreux changements de line up. Le plus notable fut sans doute le remplacement de Damian Wilson par Glynn en 2017.

Leur nouvel album Dividing Lines sorti cette année, propose dix morceaux pour une heure cinq de musique dont deux pièces épiques de plus de dix minutes, ‘The Domino Effect’ et ‘Defence Condition’.

La pochette reflète bien la noirceur du propos du dernier Threshold. Un paysage en ruines dans le ciel duquel flotte une demi sphère de roche sur laquelle repose un massif montagneux idyllique. Un bout de planète préservée arraché à la terre. Au milieu des gravats, un homme à genoux, tend le bras vers ce paradis perdu désormais inaccessible.

On pourrait dire que ce nouvel opus est sans surprise. Il s’agit d’un Threshold classique, de belle facture, confortable, efficace, assez éloigné de leur précédent double album Legends Of The Shires qui voyait le retour de Glynn. Du metal progressif easy listening que l’on adopte dès la première écoute.

L’album prend parfois des airs d’Arena ou de Saga comme dans ‘Lost Along The Way’. Le solo de guitare de ‘The Domino Effect’ fait penser à du Pendragon et les claviers virtuoses s’apparentent parfois, comme dans ‘Silenced’, à du Dream Theater.

Tout cela pour vous dire qu’avec Dividing Lines, le progueux restera clairement dans sa zone de confort de ‘Haunted’ jusqu’ à ‘Defence Condition’.

Si j’adore la voix de Damian Wilson, j’avoue que Glynn Morgan est particulièrement convaincant ici. On ne perd pas au change, même si ça me fait mal de le reconnaître.

Mon morceau préféré s’appelle ‘Silenced’. Un titre qui débute sur du chant vocodé, et qui poursuit avec des claviers brillantissimes et un refrain dans la veine de ‘The Show Must Go On’ de Queen.

J’ai adopté l’album dès la première écoute. Cela signifie qu’il est possible que je l’oublie également assez vite, même s’il est très bien. Il ressemble en effet à de nombreux autres classiques du genre ce qui le rend à la fois très confortable mais également peu original.

Mais ne boudez pas votre plaisir, vous pouvez l’écouter sur Bandcamp.

Soen – Atlantis

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Je connais le groupe Soen depuis leur premier album Tellurian sans avoir jamais eu l’occasion de les écouter en live. Ils sont pourtant passés il y a peu de temps à la Maison Bleue à Strasbourg, mais je n’étais hélas pas en état de me déplacer ce jour-là.

Atlantis, leur dernier album, semblait l’occasion idéale pour les faire jouer dans notre salon. Un live studio enregistré avec un pianiste, un quatuor à cordes, deux choristes et une contrebasse. Treize morceaux de leur répertoire et une reprise revisités en version musique de chambre et metal dans une atmosphère intimiste.

Le groupe s’est réuni avec huit artistes supplémentaires dans les studios Atlantis Grammofon en Suède le 10 décembre 2021 pour capturer cet événement, donnant naissance à un CD, un DVD et des vinyles.

Sorti du morceau ‘Snuff’ du groupe Slipknot, on retrouve ici des titres de Lykaia, Cognitive, Lotus et Imperial.  Seul l’album Tellurian semble avoir été délaissé.

Des tubes du groupe joués en live mais pas enregistré d’une traite comme pour un vrai concert avec du public. On peut facilement imaginer qu’ils n’ont conservé ici que les meilleures prises.

Lumière chaudes, plans variés, je découvre le groupe dont un des guitaristes, Codi Lee Ford, me fait penser à Aragorn du Seigneur des Anneaux et la première violoniste du quatuor, Karin Liljenberg, à Tauriel, l’elfe de The Hobbit. Il y a même mon voisin déguisé en bassiste et l’autre guitariste, Lars Enok Ahlund qui ressemble à un viking, à moins qu’il ne soit vraiment un viking.

Joel, assis sur son tabouret, très concentré, face au microphone suspendu au plafond, doit se faire violence pour ne pas bouger. Il ne semble pas très à son aise avec la caméra qui le photographie en gros plan mais sa voix magnifique n’en est absolument pas affectée.

Sorti du viking chef d’orchestre qui passe sans cesse de l’acoustique à l’électrique puis au piano, les autres musiciens sont comme le chanteur, impassibles, concentrés sur la musique extraordinaire jouée ce jour-là dans les studios Atlantis.

L’équilibre entre metal progressif et musique de chambre frise la perfection grâce au travail de David Castillo. Rien à voir avec un Marillion With Friends par exemple. Atlantis est le genre d’album que l’on fredonne pendant plus d’une heure sans s’en rendre compte. Des morceaux comme ‘Monarch’, ‘Modesty’, ‘Illusion’, ‘Fortune’ ou ‘Lotus’ me nouent la gorge. A la base, il s’agissait déjà de pièces sublimes, mais là, revisitées avec des instruments à cordes, elles deviennent inoubliables.

Atlantis a éclipsé de nombreux albums arrivés à peu près au même moment. J’ai même délaissé le dernier Threshold pour l’écouter. Un album parfait pour découvrir la musique de Soen, pour les voir sur scène et un disque indispensable pour toute personne qui apprécie déjà le groupe.

Un magnifique cadeau de Noël à placer sous le sapin.

Dim Gray – Firmament

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Il y a peu de temps, je vous parlais de Flown du jeune groupe norvégien Dim Gray. Leur second album Firmament est dans les bacs depuis plusieurs semaines, alors pourquoi ai-je tant tardé à en parler ici ?

J’avoue que j’ai eu du mal à rentrer dedans, tout simplement.

Attention ne me faites pas dire ce que je n’ai pas écrit. Firmament est un très bel album. Sauf qu’il est assez différent de son prédécesseur. Le folk s’est effacé à la faveur d’une pop progressive symphonique tout à la voix d’Oskar.

Du coup, j’ai été assez déstabilisé.

Firmament, ce sont douze titres pour une durée totale de trois quart d’heure. Des morceaux de trois à quatre minutes qui débutent par un ‘Mare’ assez abrupt pour ouvrir un album.

C’est le dernier morceau de Firmament, ‘Meridian’, qui a tout d’abord fait vibrer mes enceintes. Un croisement improbable entre la musique de Vangelis avec une orchestration symphonique et la voix d’Oskar. Une pièce majestueuse, intimiste et grandiose, peuplée de piano, de synthétiseurs et d’une orchestration numérique.

Rassurez-vous, ce n’est pas la seule. Il y a ‘Undertow’ par exemple avec son ambiance à la Tim Burton  qui monte en puissance avec force de cordes, orgues et percussions. Je pourrais l’écouter en boucle.

Mais la tendance de l’album est nettement plus pop que dans Flown. ‘Long Ago’ est un bon exemple. Cependant ‘My Barrel Road’ et ‘Iron Henry’ renouent avec les ambiances irlandaises de leur premier effort. Il y a également le chant assez étrange de Hakon qui tranche sur le morceau ‘Cannons’ comme lorsqu’il accompagne Oskar sur trois autres titres. Un morceau qui casse avec l’apparente homogénéité de Firmament. 

L’album est en effet plus lisse que son prédécesseur. Il ne possède plus l’effet nouveauté et fraîcheur que Flown avait pû avoir sur le public.

Firmament poursuit l’exploration des sentiments de solitude et de mélancolie déjà abordés dans Flown, une continuation de leur premier album aux coloris acoustiques du piano, de la mandoline, du violon, du violoncelle ainsi que de l’électronique avec les claviers, les orchestrations et les guitares.

Après plusieurs écoutes j’ai apprivoisé Firmament. La production très soignée rend sa découverte très agréable. Cependant, malgré de très beaux morceaux , je lui préfère toujours Flown.

Hypnagone – Qu’il Passe

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Si vous appréciez Gojira et Klone et que êtes un peu chauvin, difficile de passer à côté du premier album du jeune groupe français Hypnagone.

Le quatuor metal progressif n’a pas froid aux yeux. Il mélange growl, atmosphères floydiennes, influences jazzy, chant clair, cinématique space rock et metal. De fait, l’album intitulé Qu’il Passe, séduira forcément un prog head pendant au moins quelques minutes, quitte à l’effrayer un peu à d’autres moments. Et des moments, il va y en avoir beaucoup pendant plus d’une heure et onze morceaux. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’album n’a rien de monotone. Cela va en effet du très planant ‘Moss’ au ‘White Fields’ écartelé.

Voilà plus d’une année que j’attendais la sortie de Qu’il Passe, après avoir découvert leur single ‘Shibboleth’ sur Youtube. Si ce premier titre m’avait emballé, j’avoue qu’il m’a fallu pas mal de temps ensuite pour apprivoiser l’album.

Parce que voilà, Hypnagone se vautre parfois dans le metal extrême et le growl est tout particulièrement goret, limite s’il ne déchire pas les tympans comme dans ‘White Fields’. ‘Spannungsbogen’ est également pas mal dans son genre question gueulante mais il est à classer à part, tant son écriture est juste géniale, limite expérimentale avec même des passages de chant clair.

Il y a également ‘Dross’, truc assez barré, metal jazz cinématique growlé, que l’on aurait tendance à rejeter au premier contact et qui s’avère au final incroyablement complexe et perturbant. Mais comme le titre précédent, il est génial.

Heureusement pour vous, les titres extrêmes alternent avec des choses nettement plus mélodiques qui atténuent pas mal la violence de la musique comme dans ‘The Step Inward’ qui succède au terrifiant et génial ‘Spannungsbogen’.

Plusieurs pièces flirtent avec les huit minutes, des longs formats très progressifs qui laissent du temps à la musique de prendre sa pleine mesure. L’album est encadré par deux instrumentaux façon post-rock, ‘Arrival’ et ‘Light Bulb’, une habile manière d’entrer en matière et d’en ressortir en douceur.  A tel point que l’on se demande, à la fin de ‘Light Bulb’, pour quelle raison on se retrouve avec des ecchymoses aux oreilles. Du coup, on repart pour un tour, et arrivé à ‘Spannungsbogen’, on se souvient.

N’oublions pas le troisième instrumental ‘Elegy’ qui fait suite à l’éprouvant ‘White Fields’. Une pièce de moins de trois minutes sur des enregistrements audio en français. Pas mal de morceaux jouent de compromis. Le chant clair et le growl se partagent équitablement le temps de parole comme dans le titre ‘The Step Inward’ et cela rend l’écoute nettement plus facile pour un prog head.

Mais surprise, au milieu de l’album pousse un arbre, un titre jazzy à souhait, sorte de parenthèse au milieu de cette tempête de métal où brille un sublime solo de guitare d’anthologie signé Eric Hurpeau.

Il y du pour et du contre sur ce premier album du groupe Hypnagone. Le growl phagocyte un peu trop la partition pour l’ancien baba cool que je fus et si je n’ai rien contre les cris, ici je suis moyennement fan du timbre. Après, il y a des compositions éblouissantes comme ‘Shibboleth’, ‘Spannungsbogen’, ‘Dross’ ou ‘L’arbre’, alors si le growl ne vous fait pas peur, allez y jeter une oreille attentive il est sur Bandcamp

Kite Parade – The Way Home

Derrière le nom Kite Parade se cache le guitariste et chanteur Andy Foster inconnu jusqu’au jour où Pete Jones en a fait la promotion lors d’un Bandcamp friday. Je serai certainement passé à côté de l’album The Way Home sans le message de Pete et cela aurait été vraiment dommage. Donc merci Pete.

Kite Parade donne dans la pop rock progressive à la manière de It Bites ou de The Urbane si vous connaissez. Des titres qui ne prennent pas la tête et qui rappellent certains titres de John Mitchell ou de Lifesigns.

Chant, basse et guitares sont à l’honneur avec de temps en temps du saxophone et des claviers, tous joués par Andy. Pour la batterie, c’est Nick D’Virgilio et Joe Crabtree qui s’y collent.

Un projet solo furieusement accrocheur.

Les sept titres de l’album vont du très long ‘Stranded’ et son quasi quart d’heure au plus raisonnable ‘Going Under’ qui atteint presque les quatre minutes trente tout de même.

Le prog élitiste ne trouvera probablement pas son content dans The Way Home. L’album ressemble en effet à pas mal d’autres formations, ne cherchant pas la démonstration et s’acoquinant souvent avec la pop. C’est justement ce qui fait son charme, une évidente fraîcheur qui cache pourtant des formes progressives assez élaborées.

La voix d’Andy comme son jeu à la guitare contribuent beaucoup au plaisir de cet album. Un chant médium clair qui possède un peu le phrasé de John Mitchell mais avec un timbre plus agréable.  Sa technique de guitare très variée à l’acoustique comme à l’électrique complète d’agréables mélodies. Les claviers sont plus plan plan, souvent neo-prog eighties inspirés de Tony Banks ou John Beck sorti de ‘Sufer No Longer’ qui nous livre du piano et de l’orgue.

‘Stranded’ juxtapose  cinématique, blues, jazz et neo-prog, rappelant un peu Gary Moore ou Kino. Un titre à tiroirs d’une quinzaine de minutes qui tient merveilleusement bien la route, prouvant si besoin était que Andy est très à l’aise avec la forme longue. ‘Strip The Walls’ et ‘Going Under’, au milieu de morceaux pop rock progressifs, imposent un ton plus musclé. Le premier ‘Ship The Walls’ est tout particulièrement rock par rapport au reste du disque. 

The Way Home est une très belle découverte. Un album qui pourrait toucher un large public et pas uniquement la sphère vieillissante des progueux à condition de se faire connaître un peu plus. Pour ma part il rentre dans ma petite liste des albums de l’année.

Grima – Frostbitten

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Parmi les albums dont je ne devrais sans doute pas parler ici, il y a Frostbitten du groupe Grima. Pour quelles raisons ?

Tout d’abord, ils sont russes, et par les temps qui courent, les russes, bof quoi. Ensuite l’album s’appelle la morsure du froid, et même si l’hiver approche, cela fait un bail que je ne l’ai pas sentie cette morsure. Enfin parce que c’est Stéphane Gallay qui a acheté cet album sur Bandcamp, et rien que pour ça, il vaut mieux se méfier.

Grima est un duo de doom black metal au growl clair qui donne également dans l’atmosphérique et le folk. Déjà, le growl c’est difficile à comprendre, mais écrit avec des caractères cyrilliques, là c’est mort. Tout ce que je peux vous dire, c’est que Frostbitten parle de magie et de créatures gardiennes de la nature.

Le metal de Grima possède un côté post-rock cinématique luciférien très mélodique débordant de double pédale et de growl. Si quelques mots dans la phrase précédente semblent se contredire, leurs compositions, elles, sont très cohérentes.

L’album sept titres dure près de cinquante minutes avec deux pistes frisant les dix minutes, ‘Gloom Heart of the Coldest Land’ et ‘Winter Morning Tower’. Guitare mandoline, double pédale trépidante, accordéon et growl démoniaque, limite vomito, peuplent ce metal déchirant et mystique qui devrait effrayer plus d’une ménagère.

D’ailleurs, j’avoue que Grima ne fait pas l’unanimité à la maison. Le chat fuit du salon quand je l’écoute, ma femme me demande de couper cette horreur, mes enfants (oui ils sont encore à la maison) me regardent de façon étrange et les voisins me détestent, mais ça, ce n’est pas nouveau. Il faut dire que lorsque je l’ai écouté la première fois, je passais une semaine vraiment difficile et les seules musiques qui me faisaient du bien, étaient quelque peu extrêmes.

Frostbitten joue de grandiloquence, du mysticisme enfoui dans les tréfonds de notre âme, des terreurs anciennes tapies dans notre cortex reptilien, usant d’un folk démoniaque détourné avec des instruments metal. Si ‘Hunger God’ est un peu trop frontal, j’adore ‘Gloomy Heart of the Coldest Land’, ‘Winter Morning Tower’ qui débute à l’accordéon et le délicat instrumental ‘Mana’.

Je ne recommanderai Frostbitten qu’aux métalleux aguerris, majeurs et vaccinés prêts pour de nouvelles expériences. Grima n’en n’est pas à son premier essai puisqu’ils sévissent depuis 2014, alors si vous avez eu comme moi une semaine de merde, vous savez quoi écouter…