Adarsh Arjun – Aches And Echoes

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Vous connaissez probablement le guitariste australien Plini et ses guitares Strandberg. J’ai trouvé son alter égo indien, un certain Adarsh Arjun. Un artiste qui joue également dans le groupe de métal indien Agnostic et dans un genre plus traditionnel dans le morceau Hridaya.

Après avoir publié plusieurs singles sur Bandcamp depuis 2021, il arrive avec un premier album Aches And Echoes. Le disque se compose de dix pièces instrumentales de deux à cinq minutes où le musicien joue de tous les instruments.

Comme Plini, Adarsh joue principalement de guitares, usant de djent et de metal progressif sur des sonorités très lumineuses. Sa musique intègre également des éléments traditionnels, tout particulièrement dans le dernier morceau intitulé ‘Triade’.

Mais contrairement à Plini, il ne semble pas affectionner particulièrement les guitares Strandberg et si le titre ‘Hide N Seek’ ressemble beaucoup aux compositions de son modèle, le reste de l’album est assez différent.

Certaines pièces manquent de développement. Un thème à peine esquissé qui s’achève en fading out. Rassurez-vous, d’autres comme ‘Existential Mysery’ sont nettement plus riches en rebondissements.

Je n’ai pas l’impression qu’il y ait besoin d’être un fondu du manche et des six cordes pour apprécier Aches And Echoes. Batterie et claviers y occupent suffisamment d’espace pour séduire un très large auditoire, d’autant que la fibre métal de cet album est assez lache.

‘I Can’t Breathe’ est une des pièces qui tabasse le plus, usant de gros riffs, djent et motifs orientaux. Le titre joue de grands écarts entre metal rageur et danses colorées. A l’opposé, il y a ‘Existential Mysery’, qui tout particulièrement au début, livre de sublimes atmosphères planantes.

D’ordinaire les albums instrumentaux passent rapidement au second plan car je ne suis ni guitariste ni musicien. J’écoute pourtant Aches And Echoes en boucle depuis peu, pas en musique de fond, mais bien attentif à chaque note. Peut-être est-ce parce que j’ai l’impression qu’ici les guitares d’Adarsh chantent au lieu de plaquer des accords et des riffs. Des guitares qui tissent des mélodies dansantes comme des rayons de soleil au travers des feuilles, une musique lumineuse et colorée qui réchauffe au genre musical plutôt sombre d’ordinaire. 

Aches And Echoes est ma première sortie de l’année 2023 et je ne vous cache pas qu’il rentre de ce pas dans mon top de l’année, même si j’attends encore une fois beaucoup de merveilles comme anasazi et Klone.

Dark Light – In Space And Time

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Bangalore est la capitale de l’état de Kamataka dans le sud de l’Inde. Ce n’est pas moi qui l’affirme, c’est Wikipedia. Bangalore est également le berceau du groupe Dark Light. Une jeune formation de rock progressif indienne dans la veine de Pink Floyd et de Marillion, composée de cinq musiciens.

Je dois cette découverte à Launis (oui encore lui) que je suis sur Twitter. Il faisait il y a quelque temps la promo du clip de ‘Satellite’ et vu que nous partageons pas mal d’intérêts en commun sorti du foot, j’ai écouté le morceau. 

Et comme ‘Satellite’ est une merveille, j’ai voulu écouter tout l’album. Pas de bol, il n’est pas disponible sur Bandcamp alors j’ai dû donner de l’argent à Tim Cook au lieu de soutenir le groupe.

Pour résumer Dark Light en quelques mots, ce sont de très belles guitares avec une voix médium feutrée en anglais qui s’envole parfois dans les aiguës. Du néo-prog très influencé par Marillion, Gilmour et Rothery donc pas franchement révolutionnaire.

Si le groupe vient de Bangalore, il aurait très bien pu sortir d’un quartier londonien. Rien dans leur musique n’indique son origine indienne. Aucune chance qu’ils écrivent un jour une BO pour Bollywood.

Leur premier album In Space And Time, sorti en 2020, ne comporte que quatre pistes pour une grosse demi-heure et ‘Satellite’, son titre phare, dure plus de dix minutes.

Si les claviers ne sont pas d’une folle inventivité, ils sont même un peu cheap parfois comme dans ‘Mountain Boy’, les guitares compensent largement avec des soli magnifiques comme par exemple dans ‘Circles’.

‘Planet Goodbye’ vous plonge immédiatement dans un néo-prog pop à la manière des premiers pas de Hogarth chez Marillion. Ici c’est la basse qui mène la danse avec le chant et le piano. Le solo de batterie ne casse pas des briques mais a le mérite d’exister. ‘Satellite’ chanté très haut, est nettement plus construit avec des sections instrumentales, des reprises, des voix off, des changements de rythme et un solo gilmourien. Une merveille. ‘Circles’ s’ouvre sur un 8instrumental aux tonalités vaguement indiennes avant de donner dans un ‘Sugar Mice’ sur le couplet. Franchement, c’est ici que les guitares se dépassent. On finit avec le ‘bref’ ‘Mountain Boy’ qui parle probablement des racines du chanteur. Le duo claviers batterie rappellera celui de ‘The Space’ mais sans le talent de Mark Kelly.

In Space And Time est assurément un sous Marillion pas franchement original et à la production hasardeuse. N’empêche, j’ai bien aimé. Alors pourquoi pas vous ?

Infinités

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Je lis trop rarement des nouvelles, préférant des récits de plus longue haleine. Mais quand Alias a parlé dans son blog de Infinités de Vandana Singh avec enthousiasme, j’ai su qu’il fallait que j’ajoute ce livre à mes lectures. L’auteure est indienne, à priori musulmane et se passionne pour le genre littéraire fantastique, autant dire un joli mélange d’univers. 

Infinités ce sont dix nouvelles et un court essai sur le fantastique spéculatif, essai qu’il faudrait lire en guise d’introduction aux nouvelles. 

Vandana n’écrit pas à proprement parler de la science-fiction ici. Elle dépeint la vie quotidienne de la société moyenne en Inde avec ses conflits religieux, sa misère, ses saisons, glissant dans le récit de subtiles touches de fantastique.

Pour un européen qui n’a presque jamais voyagé, le recueil offre un voyage dépaysant dans un pays et une culture très éloignée de notre société matérialiste. Parfums, couleurs, paysages, bruits, chaleur, moiteur, les mots de Vandana nous plongent dans un autre univers, souvent celui de femmes au foyer, reléguées à leurs tâches domestiques avec des mots emplis d’humanité.

Toutes les nouvelles n’auront pas eu le même impact sur mon imaginaire. Infinités qui donne le titre au livre m’a laissé indifférent avec ses mathématiques pourtant étudiées à la faculté de sciences. Par contre La chambre sur le toit, Delhi, l’Epouse et d’autres m’ont fasciné.

L’univers de Vandana Singh semble imprégné des mots et de la sagesse d’Ursula le Guin, une de mes auteure préférée, tout genre confondue. Il va falloir que je procure son unique roman de science-fiction Distances, histoire de poursuivre un bout de chemin avec elle, avant qu’elle ne se fonde avec l’encre et le papier de tous les romans écrits de par le monde, à la fin de la mousson.