L’équation de Drake

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L’équation de Drake, inventé par Frank Drake en 1961, vise à estimer le nombre de civilisations extraterrestres avec qui nous pourrions entrer en contact.

Je vais vous proposer une nouvelle version de cette formule, afin d’estimer le nombre d’extraterrestres vivant aujourd’hui sur Terre comme ceux du film Men In Black ou bien de la série V.

Commençons par la première variable d’ajustement, le nombre d’êtres humains sur Terre. Pourquoi ce nombre ? Parce que tout le monde le sais, les extraterrestres se cachent sur notre planète en prenant l’apparence de l’espèce dominante, les humains. Vous n’avez pas regardé la série Les Envahisseurs avec David Vincent ?

Donc notre première variable P est de 8,000,000,000 à la louche. Ça en fait du monde.

Mais parmi les humains, combien sont des extraterrestres ? Déjà nous devons éliminer les femmes de l’équation, les aliens ne se cachent jamais dans le corps d’une femme. C’est beaucoup trop contraignant. Il n’y a que dans des films comme La Mutante que l’on fait croire ce genre d’inepties. 

Notre seconde variable d’ajustement S est donc 1/2 car il y a autant de femmes que d’hommes sur Terre, sauf en Chine suite à la politique de l’enfant unique.

Tous les aliens restent connectés à Internet 24 heures sur 24 pour communiquer entre eux. En effet leurs pouvoirs télépathiques sont fortement perturbés par la bêtise humaine qui parasite les ondes. D’après les statistiques, environ 70% de la population mondiale possède un accès à Internet. C’est notre troisième variable I qui a la valeur 7/10.

Les extraterrestres n’écoutent pas de musique contrairement à 90% de la population, ils écoutent du rock progressif, ce qui n’est pas la même chose notez bien. Il s’agit en effet de la seule construction sonore assez complexe pour chatouiller leur intellect évolué. C’est la variable M égale à 1/10. N’oublions pas que les amateurs de rock progressif ont presque tous plus de 50 ans. Et 30% de la population mondiale a plus de 50 ans. Voici notre nouvelle variable A qui est égale à 0.3.

Les aliens sont tous francophones, car il s’agit de la langue à l’orthographe la plus difficile à maîtriser, un challenge de plus pour nos aliens exilés. C’est la variable L. Les francophones représentent seulement 4% de la population, en forte baisse depuis la fin des colonies. Quelle misère !

Les extraterrestres vivant sur terre n’espèrent qu’une chose, quitter notre planète parce qu’elle est polluée et que son atmosphère sent les produits chimiques. Nous on appelle ça la chlorophylle. Du coup ils scrutent sans cesse le ciel avec des télescopes pour surveiller l’éventuelle arrivée d’un vaisseau mère. Et les astronomes amateurs ne représentent en France que 0,07% de la population. C’est la variable O

Les aliens lisent de la science-fiction, ça les fait mourir de rire tellement les récits sont absurdes. 86% des français lisent des romans et 82% d’entre eux lisent de la SF. C’est notre variable F égale à 0.7. 

Enfin les extraterrestres qui possèdent des matériaux rares en grande quantité, vivent très au-dessus de l’humain moyen. Ils rentrent tous dans le club très fermé des 1%, c’est à dire ceux qui possèdent plus de 1,8 millions d’euros de patrimoine brut. C’est notre dernière variable d’ajustement R qui est égale à 0.01.

Voilà, nous y sommes. Le nombre d’extraterrestres N se calcule ainsi avec l’équation Drake Le Brun :

N = P x S x I x M x A x L x O x F x R 

Il existe un moyen mémo technique tout simple pour se souvenir de la formule, c’est celui-ci : Forma Slip.

Quant au résultat théorique de cette équation, N égal à dix-sept.

Oui, l’équation Drake Le Brun prédit la présence sur Terre de seulement dix-sept extraterrestres cachés au milieu des huit milliards d’autres habitants. C’est peu. Ils pourraient être les rescapés d’un crash de vaisseau spatial, mais ce ne sont que des conjectures.

Ce qui est beau, c’est que la prédiction de l’équation Drake Le Brun est confirmée par l’observation. En moyenne, le blog Neoprog.eu reçoit un petite vingtaine de visiteurs par jour. Et ce blog parle principalement de rock progressif, d’astronomie et de science-fiction. Tous ses lecteurs sont donc des aliens.

Si vous ne vous reconnaissez pas dans cet échantillon, c’est certainement à cause de la dernière variable. Celle des 1%. Mais je ne suis pas dupe. Je sais bien que vous trichez lors de votre déclaration de patrimoine…

Cosmograf – The Orphan Epoch

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D’ordinaire je tombe amoureux d’un album de Cosmograf sur deux. Ne me demandez pas pourquoi, je serais bien en peine de vous l’expliquer. Après avoir adoré Heroic Materials, je m’attendais donc naturellement à bouder son successeur, The Orphan Epoch. Mais il n’en est rien, bien au contraire. 

Le nouveau Cosmograf propose 47 minutes de musique réparties en sept morceaux. Et s’il m’a probablement séduit, c’est qu’il est très différent de son prédécesseur. 

Tout d’abord ce n’est pas un concept mais plutôt un billet d’humeur. Un appel à la désobéissance, un coup de colère.

C’est Kyle Fenton (Steve Thorn, The Arrival, MUS3), un habitué de Cosmograf, qui joue derrière les fûts, pour le reste, Robin joue de tous les instruments, sorti du saxophone de Peter Jones (Tiger Moth Tales).

La pochette n’est franchement pas vendeuse. Elle possède un petit air de Anoracknophobia avec son bonhomme gribouillé sur une route recouverte de mots dans des cadres de couleur.

Musicalement parlant, on retrouve bien sur Pink Floyd de la période The Wall avec le titre ‘We are the Young’ et ses dix minutes qui évoquent les amis d’enfance. Mais il y également des choses nettement plus rugueuses comme le titre d’ouverture où Robin durcit la voix comme jamais après une magnifique ouverture au piano façon Sheller en Solitaire pour ceux qui connaissent ou bien ce motif de guitare folk façon Alan Stivell.

Et puis il y a ‘Séraphin Reels’ qui allie des touches à la Marillion et des soli de guitares agrémentées de saxophone joué par Peter Jones. Et n’oublions pas ‘King and Lords’ au final furieusement rock.

Alors vous me direz, saxophone, guitares, Marillion, Pink Floyd, voire Bowie sur le dernier titre, tout cela ressemble furieusement à du Cosmograf. Ben oui, mais non. 

Pourquoi ? Sans doute parce que l’album n’est pas un concept, que la musique n’est pas cinématique pour une fois et qu’il arrive que les guitares remuent la boue au lieu de tutoyer les éthers.

Mais si vous voulez retrouver le Cosmosgraf que vous connaissez bien, écoutez ‘Empty Box’ qui est certainement le morceau qui se rapproche le plus de ce que l’on attendrait d’un Robin Armstrong. Du mélancolique au chant doux qui hurle sur un solo de guitare stellaire. Oui mais voilà, c’est un peu l’exception de l’album.

Je préfère l’album Heroic Materials à The Orphan Epoch, certainement parce que c’est du Cosmograf tout craché. N’empêche, le dernier Robin Armstrong est un bon cru qui nous sort un peu de notre zone de confort. Donc je vous invite vivement à aller l’écouter, par exemple sur Bandcamp.

Mostly Autumn – Seawater

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Je sais, je sais, j’avais écrit que je ne chroniquerai pas le dernier album de Mostly Autumn. Mais il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis.

J’ai été les écouter en concert Chez Paulette, et ça été une belle soirée. Alors, un soir, je me suis replongé dans cet album qui m’avait laissé relativement indifférent, et j’ai aimé ce que j’ai écouté. Alors aujourd’hui, j’ai finalement décidé de vous présenter Seawater.

L’album dure plus d’une heure et quart avec dix morceaux dont le dernier, ‘Seawater’, qui approche les vingt minutes.

Mostly Autumn oscille entre prog symphonique et musique folk ce qui suffit à justifier la présence de Troy Donockley (Nightwish) sur les deux premiers titres de l’album, ‘Let’s Take a Walk’ et ‘Why Do Remember All the Rain’.

L’album s’ouvre et se conclut par des chants d’oiseaux, et entre les deux, parle de nostalgie (‘My Home’) et colère (‘Seawater’).

Je ne suis pas forcément fan du timbre d’Olivia lorsqu’elle pousse ses cordes vocales dans ses retranchements comme dans ‘If Only for a Day’, cependant il faut reconnaître qu’en live elle fait vraiment bien le job. Je me demande même si je ne la préfère pas en concert, sans tous les artifices de l’enregistrement studio.

Les guitares de Bryan et de Chris sont la clé de voûte de Mostly Autumn et les claviers de Iain les piliers du groupe. La batterie est sans doute leur point faible. On ne peut pas dire qu’elle brille par son côté progressif. Elle sonne clairement plus comme les musiques de fêtes foraines, écoutez ‘When We Ran’ pour vous en convaincre. Disons que je n’aime pas.

Comme dit plus haut, Seawater navigue entre ballades folk comme ‘Let’s Take a Walk’ et prog symphonique à la manière de ‘Seawater’ sur le duo vocal que forment Olivia et Bryan.

Si l’album dure plus de soixante quinze minutes tout de même, je ne lui ai pas trouvé de longueurs et il m’est arrivé de l’écouter trois fois d’affilée dans la même après-midi. Le dernier morceau ‘Seawater’, du haut des ses vingt minutes, est bien entendu le point d’orgue de l’album. Déjà sa durée en fait une pièce d’exception, ensuite, il s’agit d’un titre avec de grandes sections instrumentales et soli de guitares à tomber par terre. Enfin il y a le texte qui nous parle d’une vague géante qui engloutit toutes les misérables créations humaines sur cette Terre pour la purifier de notre espèce qui n’a pas su saisir sa chance lorsqu’il était encore temps.

Malgré quelques défauts, qui ne gênent peut-être que moi (le chant et la batterie), Seawater est un album dont je suis finalement tombé amoureux à force de l’écouter, à tel point que je regrette de ne pas l’avoir acheté en édition physique lors du concert de Mostly Autumn Chez Paulette. Parfois, pour rentrer dans certains albums, un certain temps est nécessaire.

Anathème Chez Paulette

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Non, ce n’est pas une faute de frappe, j’ai bien intitulé ce live report anathème Chez Paulette. Un anathème, pour ceux qui l’ignoreraient, est une malédiction religieuse, une vive réprobation, une excommunication.

Le vendredi 23 mai, Weather Systems jouait Chez Paulette à Pagney Derrière Barine. Une grosse prise de risque financière pour le trio ArpegiA qui espérait remplir salle pour ne pas vider les caisses de l’association.

Weather Systems est le projet de Daniel Cavanagh que l’on connait plus pour sa participation avec ses deux frères au groupe Anathema. Weather Systems est d’ailleurs le titre d’un des plus beaux albums d’Anathema, le Operation Mindcrime de Queensryche.

Si leur premier album Ocean Without A Shore ne m’avait pas totalement convaincu, j’avais très envie d’écouter Daniel jouer du Anathema, le groupe qu’il a contribué à détruire avant de s’enfermer dans le silence pendant près de cinq ans, incapable de remonter sur scène.

Daniel a forci, s’est laissé pousser les cheveux longs en dreadlocks et a adopté un look hippie pendant ce long hiatus. Un autre homme et pas forcément en bien.

Toujours est-il que notre Danny ne se portait pas bien ce vendredi 23 mai et ‘il menaçait d’annuler purement et simplement le concert Chez Paulette. Autant dire la catastrophe, surtout pour ArpegiA et pour ceux qui avaient fait beaucoup de route pour venir écouter Weather Systems.

Je passerai sous silence ici l’après-midi infernal qu’a connu le trio du fait des caprices de la diva, j’ai cru comprendre qu’il a fallu déployer force de diplomatie pour que le concert ne soit pas annulé. Ils se sont même fendu d’un communiqué sur scène avant que Daniel Cavanagh ne joue. Bref…

C’était à Haunt the Woods que revenait la difficile tâche d’ouvrir cette soirée sous haute tension. J’avais déjà entendu parler du groupe sans y prêter plus d’attention. Il s’agit d’un jeune quatuor de rock alternatif britannique aux cheveux longs qui a deux albums à son actif. Ce n’est pas forcément ce que j’écoute à la maison mais force est de constater qu’en live, les gars savent y faire et que ce fut une très belle première partie. Il y avait deux guitares, une basse, une batterie et un chant passant sans prévenir de douceur à hurlement. Leur musique était dynamique, parfois émouvante mais un peu répétitive malgré tout. A la fin de leur set, le groupe est descendu dans la foule chanter à capela pour terminer en beauté, à la manière des islandais d’Arstidir. Ce fut certainement est des moments les plus forts de cette étrange soirée Chez Paulette.

Après le communiqué où ArpegiA et Chez Paulette nous informait de l’état de santé de Daniel Cavanagh et le remerciait d’assurer quand même le show, Weather Systems se mettait en place. Danny est passé dans le public pour rejoindre la scène et presque personne ne l’a reconnu. Ben oui, c’est le gars d’Anathema, vous ne le reconnaissez pas ? Franchement, je ne vois pas pourquoi…

Il n’a effectivement pas l’air d’être au mieux de sa forme, mais lorsque je l’ai vu, avant le concert, au stand de merch, signant des autographes, il semblait bien portant bizarement. Ne serait-il pas totalement remis de ses cinq années de silence ? Serait-il malade à l’idée de monter sur scène ?

Le concert débute assez misérablement il faut l’avouer. Daniel est tout pâle, chante assez mal, ne cesse pas de réajuster sa guitare, ses manches et son micro, bref, il n’est clairement pas dans son assiette. Il commence à s’énerver contre un spectateur qui le filme de trop près avec son smartphone, lui signifiant d’arrêter ça avant de s’en prendre plus violemment à un autre et de se lancer ensuite dans un réquisitoire contre les réseaux sociaux ponctués de ‘fuck’.

Il y a soudain eu comme un malaise dans la salle, certains spectateurs ont fui le premier rang et les autres musiciens sont restés dans leurs petits souliers. C’est à ce moment que j’ai remballé le matériel photo. Il ne voulait pas d’images, il n’en aurait pas.

Après un nouveau titre assez chaotique, Daniel finira par s’excuser. Il demande pardon plusieurs fois, la journée a été difficile, il est malade et énervé, il a failli annuler le concert, bla-bla-bla. Désolé mec, tu n’es pas une diva, juste un artiste qui doit assurer un show. Mais c’est Daniel Cavanagh, et ce n’est pas la première fois qu’il pourrit un concert.

Après s’être presque fait pardonné, on ne voit plus de smartphone ni d’appareil photo dans le public et le concert reprend tant bien que mal. Mais quelque chose est brisé. Les musiciens font de leur mieux mais Danny ne chante pas très juste et quand son vocodeur est éteint, c’est pathétique. En plus sa voix s’accorde assez mal avec celle de Soraria, sa choriste qui se démène pour sauver les meubles avec toute l’énergie du désespoir.

Malgré tout la magie opère parfois, grâce au talent de l’autre Daniel à la batterie, d’André à la basse et des nombreux titres d’Anathema repris par le groupe. Le public est surtout venu pour écouter Anathema et pas les digressions métaphysiques d’un chanteur hippie sur le retour.

Bon d’accord, je suis méchant, mais je viens de me taper deux heures de route pour ça et il m’en faudra encore deux pour rentrer. Heureusement qu’il y avait les copains de Chez Paulette pour passer une bonne soirée et Haunt the Woods pour nous offrir un beau spectacle.

Je me suis couché à 3h du matin, j’ai mal dormi, j’ai mal au dos, j’ai mal de crâne, je pense que je vais annuler ce live report, qu’en pensez-vous ?

Merci tout de même à Chez Paulette et ArpegiA pour ces concerts. Le prochain rendez-vous est programmé le 25 octobre pour retrouver nos amis québécois de Mystery.

Les photos de Weather Systems sont ici.

Les photos de Haunt the Woods sont ici.

Brass Camel – Camel

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Dites donc, vous aviez remarqué que cela faisait un bail que je n’avais pas écouté de rétro prog, une éternité en fait. Bizarrement, c’est une musique qui me parle nettement moins aujourd’hui, même si de temps en temps, je me replonge dans la discographie de Genesis.

En surfant sur Bandcamp, à la recherche d’une pépite métal progressive que je n’ai jamais trouvé, j’ai affiné mes choix pour m’orienter vers des productions plus seventies. La majorité des albums proposés figuraient déjà dans ma discothèque jusqu’à ce que je tombe sur Camel du quintet de Vancouver Brass Camel.

Leur premier album sorti il y a trois ans s’intitule Brass, du coup, je me demande comment ils appelleront le troisième, Camel Brass ?

En voyant la pochette, le nom de l’album et du groupe, je me suis dit, encore un cover band de plus. Malgré tout, j’y ai jeté une oreille et ce que j’ai entendu m’a tout de suite plu.

Inévitablement, je retrouve des tonnes d’influences très appuyées sur l’album Camel, de Genesis en passant par Pink Floyd, Queen, IQ et bien entendu Camel. Après, ça ne me dérange pas, parce que je n’écoute plus beaucoup de rétro progressif ces dernières années, du coup, c’est avec plaisir que je retrouve ces sonorités vintages.

La liste des instruments utilisés pour enregistrer l’album est tout simplement impressionnante. Rendez-vous compte, trente-trois pour seulement cinq musiciens ! Il y a pléthore de synthés, Moog, Korg, Roland, Hammond et autres ainsi que plein de guitares Fender, bref du beau matos.

Brass Camel excelle sur les longs formats et naturellement mes deux morceaux préférés durent respectivement onze et douze minutes. Ils ouvrent et ferment l’album et entre eux sont coincés quatre petits morceaux de trois à cinq minutes, pour moins de trois quart d’heure de musique.

Si les guitares de Daniel de Dylan sont vraiment très cool, les claviers de Aubrey brillants, la basse de Curtis toujours très présente, c’est la batterie tenue par Wyatt qui est particulièrement éblouissante. J’avais oublié à quel point un bon batteur pouvait faire la différence dans un groupe de prog.

Si vous ne retrouvez le Genesis des seventies dans ‘Zealot’, Queen dans ‘Pick of the Litter’ ou Pink Floyd sur ‘On the other Side’ je veux bien manger mon chapeau. Et dans ‘Another Day’ vous entendrez toutes ces influences et bien d’autres mises bout à bout avec une étonnante cohérence très loin de certains patchworks progressif.

Bref Camel est un excellent album de rétro progressif qui devrait ravir les amateurs du genre.

Peut-être est-ce l’effet de la nouveauté ou bien le fait que cela faisait bien longtemps que je n’avais pas écouté ce genre de musique, toujours est-il qu’il rentre dans mon top 2025.

Baroness – STONE

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Aujourd’hui je sors de ma zone de confort, je vous avais prévenus. En farfouillant dans Bandcamp dans la catégorie métal progressif, je suis tombé sur l’album Stone de Baroness et aussi surprenant que cela puisse paraître j’ai immédiatement accroché.

Surprenant parce que Baroness joue plus du sludge stoner que du métal progressif et que leur chanteur John Dyer Baizley n’a vraiment pas le genre de voix que je kiffe, bien au contraire.

Bon j’avoue que c’est la pochette très colorée qui m’a d’abord interpellée ainsi que le nom du groupe qui ne m’était pas totalement inconnu. La pochette met en scène trois femmes plantureuses dont chacun des visages est prisonnier de cordes, de barbelés ou de chaînes. Est-ce une représentation allégorique des trois grâces, des éléments ou de tout autre chose ?Sans le paroles, je ne sais qu’en penser.

Stone est leur premier album qui ne fait pas référence à une couleur. Il est sorti en 2023 et comporte dix titres de une à sept minutes. Dedans vous entendrez du bon vieux hard-rock, de la musique acoustique, une chanteuse, du stoner ainsi qu’un morceau complètement expérimental relativement inclassable.

Comme dit plus haut, je n’aime pas vraiment le chant, sans doute parce qu’il est plus gueulé qu’autre chose ce qui n’empêche pas John Dyer de savoir poser sa voix lorsqu’il en a envie comme dans ‘Bloom’. Cela ne m’a pas découragé pour autant, car cela donne une énergie rugueuse à la musique, limite grunge, qui n’est pas déplaisante loin de là.

L’album s’ouvre et se conclut par un titre acoustique, le court ‘Embers’ et ‘Bloom’ qui est quatre fois plus long. Entre ces deux là, sorti de la première minute de ‘Shine’ qui est  relativement paisible et du bref ‘The Dirge’, Stone est rythmé, nerveux, tempétueux, avec une basse, une batterie et une guitare qui semblent se livrer un combat perpétuel.

N’empêche que Stone est aussi un album de rock progressif. Si vous faites abstraction du chant hurlé, de la batterie à donf, vous allez reconnaître les structures alambiquées des seventies comme le solo de guitare vintage pas vraiment très propre du second morceau, ‘Last Word’. Certes, l’album est plus proche du hard-rock comme dans ‘Anodyne’ et du stoner que d’un Selling England By The Pound, je vous l’accorde, n’empêche.

Stone est arrivé à point pour me changer les idées. Maintenant que j’ai découvert l’album, j’ai bien envie d’explorer la discographie du groupe pour voir où elle me mène.

En attendant, n’hésitez pas à découvrir l’album, il est sur Bandcamp.

Steven Wilson – The Overview

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Vous savez, moi et Steven Wilson ça a toujours été compliqué. 

Comme beaucoup d’entre vous, je l’ai découvert avec Porcupine Tree. J’ai été un inconditionnel du groupe britannique pendant des années, jusqu’à un certain incident qui reste pour moi le sommet de leur carrière. 

J’ai naturellement suivi Wilson en solo et là, on va dire qu’il y a eu des hauts et des bas. Des hauts avec The Raven That Refused to Sing et to the bone. Des bas avec The Future Bites et hand, cannot, erase. 

En plus, sa manie de préserver son image en pourrissant le travail des photographes de concert accrédités n’a pas amélioré nos liens, enfin mes liens avec lui. 

Alors quand la fan base s’est extasiée au sujet de son dernier album The Overview j’ai hésité. Hésité, car il n’est plus disponible sur Bandcamp, il en a été retiré, hésité aussi parce qu’après une écoute rapide, mon avis était mitigé.

Mais bon, un peu d’audimat ne fait pas de mal, même s’il m’a fallu débourser presque seize euros pour une version digitale sans parole avec les morceaux en double sur Apple Music.

L’album est court, deux titres de vingt-trois et dix-huit minutes plus dix autres qui ne sont que les deux précédents saucissonnés. Dans le premier, Wilson revient au rock progressif de The Raven, dans le second à de la pop alternative vaguement expérimentale.

Je comprends que les prog heads se réjouissent du retour de Steven Wilson aux sonorités des seventies. C’est vrai que ‘Objects Outlive Us’, comprenez les objets nous survivent, est proggy. Mais si je le compare le titre à ‘The Raven That Refused To Sing’ ou à ‘Luminol’, est-ce que Wilson joue vraiment dans la même cour de récréation ? Pour moi non. Je trouve qu’il y a beaucoup moins d’envie dans ce premier morceau même s’il est très agréable à écouter. De temps en temps, j’entends quand même une section instrumentale réellement éblouissante comme dans ‘Cosmic Sons Of Toil’, mais sans réinventer la poudre à perlimpinpin non plus. Le fait est que je ne trouve pas mes marques pendant plus vingt minutes et que tout se noie un peu, tant et si bien que je peux écouter le titre à deux reprises sans m’en appercevoir.

‘The Overview ‘ où Wilson s’extasie sur la complexité de l’univers (enfin, je crois), me touche encore moins. ‘Perspective’ aurait dû m’enthousiasmer avec son catalogue d’objets stellaires, mais il est juste étrange, ‘A Beautiful Infinity’ est d’une grande banalité dans l’œuvre de Wilson (il en a écrit combien de titres de cet acabit sérieusement ?). Certes la guitare est super travaillée quand même, mais est-ce que ça en fait une chez d’œuvre pour autant ? ‘Infinity Measured in Moments’ n’a franchement pas grand intérêt et ‘Permanence’ pourrait combler les angoisses des claustrophobes dans les ascenseurs. ‘The Sound of Muzak’ ça vous parle ?

Voilà, je crois que l’on a fait le tour du dernier Steven Wilson. C’est un album bien fait, relativement plaisant à écouter, mais certainement son chef-d’œuvre, disons que je n’ai pas ressenti le grand frisson. Que cela ne vous empêche pas de l’écouter, c’est du Steven Wilson tout de même.

Everon – Shells

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Aujourd’hui je vais vous présenter le groupe Everon et son dernier album Shells. Everon est une formation allemande de rock progressif née dans les années quatre-vingt dix qui n’avait pas donné de nouvelles depuis l’album North sorti en 2008. Du rock progressif symphonique à tendance grandiloquente chanté en anglais.

Shells, sorti seize ans après North, compte pas moins de douze titres dont un grand format final de presque quinze minutes. Alors asseyez-vous confortablement devant votre hifi avec une bonne bière pour l’écouter, car vous allez rester assis pendant soixante onze minutes.

Certaines mauvaises langues disent que je vis trop près de la frontière allemande et que cela a une mauvaise influence sur mes goûts musicaux. C’est vrai, j’avoue, j’aime beaucoup le rock progressif d’Outre Rhin, et ça depuis des années.

Les musiciens de Everon ne sont plus tout jeunes tout comme leur musique qui ne va pas insuffler une nouvelle dynamique à un genre passé de mode. Mais, sans se vautrer dans la nostalgie des seventies, le groupe propose un rock progressif symphonique qui emprunte de nombreux éléments au folk et même du métal.

Les morceaux dégoulinent d’orchestrations symphoniques avec force de violons, de piano, de flûtes, rien de franchement épuré et même parfois limite pompier.

C’est ‘No Embrace’, le premier morceau de l’album qui m’a donné envie de découvrir Everon. Des guitares lumineuses posées sur des claviers symphoniques propulsent un chant solaire. La musique emprunte autant au prog symphonique qu’au folk, le tout avec beaucoup d’emphase, rappelant souvent The Ancestry Program et Neal Morse.

Par contre le ‘Broken Angels’ m’a fait très vite douter avec son style lent à la frontière d’une complainte chantée par Demis Roussos vers la fin de sa carrière. Disons que le contraste est saisissant jusqu’au refrain façon oriental qui remet les pendules à l’heure. Maintenant, je l’écoute sans sourciller.

Une fois que l’on est prévenu que Shells ose le kitsch, le pompier et le symphonique programmé, on peut continuer à écouter l’album beaucoup plus sereinement.

En fait, avec Everon je retrouve un peu l’esprit de ASIA, TOTO et des super groupes du même tonneau. Il y a quand même ‘Grace’ qui atteint la limite de ce que je suis capable d’endurer, surtout à cause du chant féminin qui me met mal à l’aise avec son approche quasi lyrique.

Du folk à la musique médiévale il n’y a qu’un pas que le groupe franchit allègrement avec ‘Pinocchio’s Noise’ chanté à deux voix. Une fois encore le symphonique rencontre la musique traditionnelle et c’est assez bluffant de voir comme tout cela est parfaitement arrangé.

Et lorsque l’on découvre ‘Flesh’ et ses quatorze minutes et vingt-cinq secondes, on ne peut que constater que Everon est très à l’aise avec les compositions, même dans leur forme longue. Le titre est une machine de guerre prog symphonique qui vous vole quinze minutes de votre vie sans que vous vous en rendiez compte. Un morceau absolument magistral à la manière de Transatlantic.

Malgré quelques petits dérapages ici où là, Shells est un album qui renoue avec le prog fleuve à grand spectacle. Donc si vous aimez le genre, allez l’écouter, vous ne serez pas déçu.

Moonshine Blast – Realm of Possibilities

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Entre des écossais et des allemands, j’ai décidé de glisser un groupe français qui chante en anglais, histoire de changer un peu de langue.

Je ne sais plus vraiment comment j’ai entendu parler de Moonshine Blast et peu importe. Il s’agit de quatre musiciens de la région parisienne qui proposent du rock progressif à la sauce alternative.

J’avais survolé leur premier album Reality Fear sorti en 2018 sans être totalement convaincu et j’attendais leur prochain effort pour voir s’ils progresseraient. Et pas de doute, Realm of Possibilities change de braquet.

Leur nouvel album est ambitieux avec douze titres en comptant ‘The Cell’, le grand format de plus d’un quart d’heure. Realm of Possibilities explore de nombreuses facettes du rock progressif, des morceaux de quatre à seize minutes qui empruntent au prog, au métal, à l’alternatif et aussi à la pop.

Fatalement, on y retrouve de nombreuses influences comme celle de Porcupine Tree qui est certainement la plus flagrante. ‘Only You’ flirte plutôt avec la pop quand l’instrumental ‘Liquid Feels II’ porte clairement la marque du rock alternatif expérimental de Steven Wilson et que ‘Broken Arrow’ possède quelques passages néo-progressifs quand ‘Fractal’ emprunte des éléments à Opeth.

Pour continuer les comparaisons, j’entends dans Realm of Possibilities du anasazi avec ‘When The Wind Blows’, du Cris Luna sur le rageux ‘Strangled’, du Marillion ou du Peter Gabriel, mais l’influence la plus évidente reste, je l’ai déjà dit, celle de Porcupine Tree.

Le titre album compte peut-être parmi les plus originaux, disons que j’ai beaucoup plus de mal à le raccrocher au travail d’autres artistes que j’écoute régulièrement. J’aime beaucoup son ouverture à la basse et la guitare ainsi que l’énergie de la voix Nicolas.

Je trouve que le groupe ne maîtrise pas vraiment la forme longue. ‘The Cell’, du haut de ses seize minutes, est un titre prometteur sur le papier. Hélas, je me perds rapidement en route, passé sa première partie presque psychédélique. Au bout de quatre minutes, Moonshine Blast se lance dans un quasi cover Porcupine Tree qui traine ensuite en longueur, et là, je décroche à chaque fois.

Et c’est bien dommage, car l’album s’achève sur une petite pépite, le délicat ‘When The Wind Blows’ qui débute à la guitare acoustique et au chant pour s’enrichir progressivement de claviers, de batterie et de guitare électrique.

L’album est assez varié, ce qui est une bonne chose si l’on considère sa durée. Par contre, il lui manque une identité bien marquée, et le chant, pourrait être mieux maîtrisé et plus varié.

Realm of Possibilities est album intéressant, certes pas très original et sans doute trop long à mon goût, mais il mérite la découverte.

Dim Gray – Shards

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Après le magnifique Flown il y a cinq ans, un Firmament qui m’avait un peu déçu en 2022, Dim Gray revient cette année avec leur troisième album studio intitulé Shards. 

Le groupe norvégien, tout d’abord trio en 2020 puis devenu depuis quintette, sort un disque neuf titres d’une quarantaine de minutes. Du rock progressif folk symphonique dominé par le chant et une guitare à la signature très particulière.

Comme souvent dans mon cas, il est question de voix, de mélancolie et de piano. Avec cet album, Dim Gray coche toutes ces cases et plus encore. Comble du bonheur, mon épouse aime beaucoup leur musique, même si elle la trouve un peu bizarre, ce qui m’autorise à l’écouter à fond et en boucle dans le salon.

L’arrivée de Shards a encore une fois bousculé ma programmation musicale et deux de mes derniers achats de l’année attendent dans un coin que je daigne revenir vers eux. 

Du chant à deux, voire trois voix, avec Oskar, Hakon, au timbre très particulier, qui est lead sur trois titres et la chanteuse de pop-jazz norvégienne Vaarin sur le second morceau ‘Myopia’. Du rock progressif avec des violons, violoncelles, mandoline, sitar, santour, piano, synthétiseurs, guitares, basse et batterie, bref une musique très riche sans être écrasante.

Dès les premières notes de ‘Defiance’, j’ai su que j’allais tomber amoureux de cet album. La guitare au style americana conjuguée à la voix d’Oskar ainsi qu’aux notes de piano tissent immédiatement une ambiance assez unique, cinématique et mélancolique qui colle aux paysages et émotions décrits de la chanson.

‘Murals’, le troisième titre de l’album, impose tout particulièrement sa patte folk. Il me fait penser aux danses irlandaises endiablées et la voix étrange de Hakon renforce cette impression.

J’aime également beaucoup la ballade au piano de ‘Mooneater’. Mais bon, si je ne craquais pas pour ce genre de morceau, je ne serais plus moi. Le titre est mélancolique et cinématique, quasi religieux, le genre de merveille entre Anathema et Big Big Train que je peux écouter boucle pendant des heures.

Et après son début intimiste, ‘Little One’ emprunte quelques secondes au prog symphonique des seventies de Genesis avec des claviers à la Tony Banks pour revenir à une musique plus calme ensuite.

Il n’y a vraiment que des merveilles dans cet album, mais bizarrement, je n’accroche pas plus que cela avec ‘Attakulla’, le grand format de dix minutes qui clôture l’album. Je n’y trouve pas de vrai point d’ancrage sorti de sa très belle ouverture quasi à capella. Il lui manque peut-être quelques rebondissements dans sa structure.

Malgré ce bémol, Dim Gray revient avec un troisième et très bel album que je vais certainement acheter en vinyle, dès qu’il sera disponible en commande en Europe. Allez l’écouter d’urgence sur Bandcamp, vous m’en direz des nouvelles.