Rétrospective

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Depuis peu, j’ai remis en place l’archive du webzine Neoprog fermé en mai 2020. Et tant qu’a disposer de cet outil, je me suis dit, pourquoi pas l’alimenter avec les chroniques rédigées depuis ?

On parle ici de près de trois années d’écoute à raison d’un disque par semaine à rentrer dans la base de données. Un travail fastidieux que j’entreprends lorsque je m’ennuie. Si si, ça m’arrive même à moi.

Je retombe sur des albums que je n’ai parfois pas écouté depuis très longtemps. Et j’avoue que c’est assez troublant de les redécouvrir.

Je me souviens le plus souvent des morceaux, de l’atmosphère du disque mais il arrive aussi que je tombe sur une pochette et un nom de groupe qui ne m’évoque plus rien du tout. Je l’exhume alors de ma collection et me plonge dans sa musique, comme si c’était la première fois. Et des fois, je me dis, « j’ai vraiment aimé cette horreur ? » ou bien, « mais pourquoi suis-je passé à coté de cette merveille ? ».

La musique est question de moment, d’état d’âme. Son appréciation est éminemment subjective et les chroniqueurs qui se disent objectifs dans leurs avis me font bien rire. 

Il y a des critères solides comme la qualité de la production et le mixage. Ceux-là ne se discutent pas vraiment, encore que, un enregistrement live analogique n’aura pas la même perfection que des prises en numérique piste par piste. Même si la restitution du premier sera plus organique.

Après il y ne reste que des notions subjectives, le timbre du chanteur, le style du guitariste, le genre musical, l’émotion provoquée par les paroles, les couleurs du mixage, l’enchaînement des morceaux, leur durée…

Une chronique c’est avant tout un feeling entre un être humain dans un certain état d’esprit à un instant t et un album écrit et mixé par plusieurs personnes sur plusieurs mois. La probabilité que ces temporalités et personnalités entrent en phase est assez faible au final.

Bref, tout ça est très subjectif et sujet à changements.

Night Verses – Every Sound Has A Color In The Valley Of Night

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Night Verses

Vous savez sans doute combien les albums instrumentaux peinent à atteindre la zone du plaisir de mon cerveau. C’est principalement dû à mon appétence toute particulière pour les voix. Mais de temps en temps, un disque vient bouleverser l’ordre établi et je tombe amoureux d’une galette de post-rock.

Alors merci à Alice de Bandcamp qui m’a fait découvrir, sans le savoir, le groupe Night Verses et leur dernier album Every Sound Has A Color In The Valley Of Night. Une heure cinq quasi instrumentale en quatorze morceaux.

Le trio californien joue du rock progressif instrumental entre djent, post-rock et cinématique où de rares invités poussent la chansonnette.

Si le post-rock ne trouve pas souvent grâce à mes oreilles, c’est que souvent il tourne en rond et qu’au bout de trois titres je m’assoupis.

Every Sound Has A Color In The Valley Of Night

Ici, Night Verses ne se répète pas une seule fois pendant plus d’une heure. Chaque morceau est une nouvelle expérience sensorielle qui ne laisse aucun répit aux neurones.

On retrouve dans leur musique des influences comme Toundra, Plini, Tesseract, Earthside mais également des passages stoner, space rock et même folk.

Outre les voix enregistrées qui hantent certains morceaux, deux titres sont chantés : ‘Glitching Prims’ avec Brandon Boyd du groupe Incubus et ‘Slow Dose’ au chant féminin non crédité. J’avoue que la performance de Brandon m’enthousiasme assez peu, par contre j’aime beaucoup la voix sur ‘Slow Dose’ qui lui donne une touche folk.

D’autres invités jouent sur Every Sound Has A Color In The Valley Of Night comme le bassiste de Tool, Justin Chancellor, Author & Punisher ou bien Anthony Green.

On ne va pas se mentir, parfois Night Verses met la patate comme dans ‘Arrival’, ‘Karma Wheel’, ‘Plaque Dancer’ ou ‘Phoenix V: Invocation’. On rencontre également des écritures plus subtiles à la manière de Plini dans ‘Aska’ ou ‘Cristal X’ par exemple.

Every Sound Has A Color In The Valley Of Night m’a pris par surprise. Je ne m’attendais pas à accrocher autant sur un album instrumental. Pourtant c’est bien ce qui m’arrive et il va de ce pas rentrer dans la liste des sérieux candidats à l’album de l’année.

Ne passez surtout pas à côté de cette merveille.

Big Big Train – The Likes Of Us

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Sachant que cette chronique allait être publiée un premier avril, je me suis demandé ce que je pourrais faire pour l’occasion. Il fallait marquer le coup, ça n’arrive pas tous les jours. Alors pour une fois, amis lecteurs, je vous invite à regarder la version Youtube qui se trouve à la fin de cet article. Ce n’est pas grand chose, mais sur le moment ça m’a fait rire (pardon)…

Big Big Train devait négocier un virage très délicat après la disparition de David. Remplacer un chanteur dans un groupe est toujours une affaire complexe, surtout lorsque celui-ci possèdait une telle personnalité.

The Likes Of Us est le premier vrai album du groupe sans David, trois années après le fabuleux Welcome To The Planet.

N’étant pas aussi fan de la voix d’Alberto Bravin, je redoutais l’arrivée de ce nouvel opus et j’ai finalement été agréablement surpris.

The Likes Of Us ce sont neuf morceaux dont un version single edit pour près d’une heure et quart de musique. Alors fatalement il y a quelques longs formats. Deux en fait : ‘Beneath The Masts’ et ses dix sept minutes au compteur ainsi que le plus modeste ‘Miramare’.

Pour cet album Big Big Train à mis le paquet sur la musique, peut-être pour compenser le manque d’émotions dans le chant. Et cette musique renoue avec le prog symphonique des seventies, du moins nettement plus que sur les précédents albums du groupe.

Toutefois, je trouve The Likes Of Us un petit peu longuet et j’aurai pu me contenter du quatuor formé de ‘Light Left In The Day’, ‘Beneath The Masts’, ‘Miramare’ et ‘Love Is The Light’. Et justement, puisque l’on parle de ‘Love Is The Light’, je trouve que c’est le titre de l’album sur lequel Alberto insuffle le plus d’émotion. Bon il faut bien reconnaître que le thème s’y prête beaucoup, mais cela fait du bien de vibrer à l’unisson pour une fois avec le chanteur.

Parce que sur le reste de The Likes Of Us, je fonctionne au diapason de la partition plus que du texte.

Les influences à la Genesis ou bien The Tangent s’entendent principalement sur les deux longs formats mais également sur le troisième titre en durée, ‘Last Eleven’, grâce à la guitare et au Mellotron qui ouvrent le morceau et reviennent à plusieurs reprises comme dans ‘Bookmarks’.  Le violon de Clare Lindley, très présent sur cet album, y sème toutefois le trouble à plusieurs reprises.

Je m’aperçois finalement que je n’ai pas grand chose de plus à vous raconter sur The Likes Of Us. J’ai été séduit par son évidente facture rétro progressive et les pièces à rallonge.

The Likes Of Us reste trop long à mon goût, raison pour laquelle il n’entrera pas dans ma collection de vinyles, mais c’est un très bel album.

Je vais certainement regretter encore longtemps la disparition de David. Toutefois, je trouve que Big Big Train a su poursuivre son chemin malgré le décès de leur chanteur.

The Pineapple Thief de retour à La Laiterie

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Après une nuit blanche au travail, une sortie astronomique avortée et une réunion éco responsable tardive, je suis allé écouter The Pineapple Thief en fin de semaine à La Laiterie. Et comme j’y suis allé avec des personnes peu fréquentables, tout à commencé au Cul Terreux encore une fois.

Après une bière et quelques amuses bouche typiquement alsaciens, nous avons marché jusqu’à la salle de concert où nous attendait une très longue file d’attente. La Laiterie serait quasiment remplie.

En première partie, un chevelu seul avec sa guitare et ses loops chantait d’une voix haut perchée des trucs pas vraiment transcendants. Le gars en question, c’était Randy Mcstine qui jouait autrefois avec Porcupine Tree. Encore une fois, le groupe à Bruce Soord rassemblait des membres éparpillés de la bande à Wilson. Le bon côté c’est que Randy ne va pas cette fois éclipser la prestation de The Pineapple Thief.

Vers 21h, alors que nous sommes tassés sur les gradins, le groupe arrive et attaque directement avec leur dernier album It Leads To This pour mon plus grand bonheur. Ils vont le jouer dans son intégralité, intercalant des titres plus anciens dont un album de 2016.

Autant la dernière fois qu’ils jouaient à La Laiterie je les trouvais fatigués et la salle trop grande pour leur prestation, autant cette fois, ils sont en forme et occupent vraiment bien la scène. Entre jeux de lumières, alternance de douceur et d’énergie, leur set est dynamique et forcément trop bref. Le public répond présent et Bruce tente quelques mots en français pour nous parler. C’est la troisième fois qu’ils jouent à la Laiterie et c’est la cinquième fois que je les vois en live après deux concerts à Karlsruhe. 

Et de ces cinq dates, il s’agit de leur meilleur performance sans aucun doute. Bref j’ai adoré. 

J’ai souvent fermé les yeux pour me concentrer sur la batterie de Gavin Harrison qui joue souvent, mine de rien,  une rythmique dans la rythmique. J’ai aussi dégusté les couleurs des multiples guitares de Bruce Soord qui change sans cesse d’instrument, même au cours des morceaux. Je me demande combien de grattes il trimbale dans son tour bus.

Il y aura tout de même des petits bémols à ce fabuleux concert : au début de la prestation de The Pineapple Thief une voix GPS annoncera qu’il est interdit de filmer,.. Quoi, Bruce Soord nous fait  une crise à la Steven Wilson ? Le guitariste qui chante de temps en temps est toujours à un peu à côté du diapason, rien de grave mais ça a tendance parfois à me déconcentrer. Et beaucoup plus grave, ils n’avaient plus d’exemplaires vinyles de It Leads To This a stand de merch, j’ai dû me rabattre sur une édition hors de prix de Luminescence pour me rattraper…

Après le concert je suis tombé sur quelques amis qui d’ordinaire hantent les concerts de Chez Paulette, salle fermée pour une durée indéterminée hélas. J’ai également rencontré deux lecteurs réguliers du blog que je salue au passage ici, merci pour vos encouragements et votre fidélité. Une épouse jalouse m’a affirmé que ma trombine passait trop souvent sur le petit écran de leur domicile conjugal, encore désolé Pierette, et bisous !

Ce fut un concert exceptionnel et malgré la fatigue accumulée au cours de la semaine. Merci M. Soord.

Steve Hackett – The Circus and the Nightwhale

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Des fois j’adore Steve Hacket, des fois je le boude un peu. Disons que sa carrière est inégale comme mon humeur. Mon dernier coup de cœur s’intitulait Under A Mediterranean Sky. Les extraits de son nouvel album The Circus And The Nightwhale faisaient pencher mon avis du mauvais côté. Mais comme Inside Out publie son catalogue maintenant sur Bandcamp, je l’ai fait tourner dans le salon avant de l’acheter pour être sûr, et après cette écoute, je l’ai immédiatement commandé en vinyle et numérique pour faire bonne mesure.

Avec treize morceaux pour trois quart d’heure de musique, je le trouve finalement trop court. En fait, non, il possède la durée parfaite pour être écouté sur un tourne disque. Retourner un vinyle passe encore, changer de galette pour écouter la suite de l’album, non.

Steve donne dans le prog symphonique mariné de steampunk, de world music, de blues et d’atmosphères désuètes sur des guitares toujours plus époustouflantes et au final assez peu de chant.

Steve raconte dans The Circus And The Nightwale l’histoire de Travla, allusion probable au voyageur (traveler) plutôt que travelo j’imagine. Un garçon qui naît dans les ruines enfumées de l’après-guerre, qui se découvre une passion pour la guitare, connaît la gloire et en oublie l’essence même de la musique avant de retrouver sa passion intacte, en partie grâce à l’amour. Un récit romancé qui ressemble beaucoup à la vie de l’artiste, de Genesis jusqu’à sa carrière solo.

‘People of the Smoke’ entre bruitages, extraits sonores et cris de nourrisson démarre l’album avec la naissance de Travla, le personnage de notre histoire. Le titre, centré sur la guitare de Steve et les harmonies vocales, avec ses interruptions et son atmosphère steampunk Bouglione est écrit comme une ouverture d’opéra, reprenant les thèmes qui seront développés dans les morceaux suivants.  S’il m’avait déstabilisé à la première écoute, c’est maintenant une de mes pièces préférées de l’album.

Écoute après écoute, ‘Taking You Down’ me semble toujours un peu étrange, peut-être à cause de la voix de de Nad Sylvan. Un titre très rock avec un solo de saxophone et un chant qui tranche beaucoup avec le reste de l’album sans parler de ce son de guitare plein de reverb qui revient sans cesse.

Et est-ce mon oreille qui me joue des tours ? Les premières mesures de ‘Enter The Ring’ me rappellent furieusement les atmosphères du groupe Genesis des seventies où alors est-ce parce que je confonds parfois le personnage au guitariste du groupe de l’époque ?

Je vais encore parler de ‘Circo Inferno’ ou Steve emprunte à la musique orientale pour raconter avec des notes plus qu’avec des mots la spirale infernale dans laquelle Travla se trouve piégé.

Je ne peux pas parler ici de tous les morceaux sinon nous y serions encore demain. Mais je vais encore m’attarder sur un petit dernier :

Steve conclut l’album avec ‘White Dove’, une douceur acoustique mandoline et guitare dont il a le secret et qui n’est pas sans rappeler Bay Of Kings ou son dernier album instrumental Under A Mediterranean Sky.

Je pense que Steve Hackett tient ici son chef d’œuvre, un album qui résume une immense carrière en nous racontant son histoire tout en se réinventant. Il a de très bonnes chances de s’asseoir sur la première marche du podium 2024.

Karmamoi – Strings From The Edge Of Sound

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Karmamoi vient de Rome et joue du rock progressif. Un duo formé d’Alex et Daniele, qui, contrairement à nombre de leurs compatriotes, ne se complait pas dans le rétro progressif mais plutôt dans un prog cinématique alternatif. Ils restent, malgré leur talent et cinq albums magnifiques, assez méconnus dans la sphère progressive, peut-être parce qu’ils n’ont pas conservé la même voix au fil des années.

En 2013, Serena chantait sur Odd Tripp, en 2016 Serena, Sara et Irene chantaient sur Silence Between Sounds, puis de 2017 à 2021 Sara devenait leur chanteuse avec deux albums, The Day Is Done et Room 101. Enfin en 2023, pour Strings From The Edge Of Sound, l’album dont nous allons parler aujourd’hui, c’est un homme qui reprend le pupitre laissé vacant, Valerio Sgargi.

Strings From The Edge Of Sound est-il bien un album d’ailleurs ? Parce que ce dernier disque reprend cinq anciens titres de leur répertoire. Oui, cinq pièces mais totalement réinventées pour l’occasion. Tout d’abord avec la voix de Valerio, des arrangements à cordes, numériques mais réussis et une réécriture de chacun des morceaux qui les réinventent sans les dénaturer.

Je vais vous présenter les quatre petits nouveaux : 

‘Black Hole Era’ long de près de huit minutes se partage entre guitare acoustique, arrangements à cordes, chant et chœurs. Une magnifique manière de découvrir le style de Valerio qui au final est assez raccord avec la technique de Sara même s’ils ne possèdent pas du tout le même timbre. Et même si c’est un homme qui chante cette fois, celui qui connaît bien Karmamoi ne sera pas déstabilisé.

‘Telle Me’ au refrain stellaire, joue beaucoup plus sur les claviers et arrangements orchestraux de Daniele, rejoint pas la guitare floydienne d’Alex vers la cinquième minute.

Dans ‘I Will Come In Your Dreams’, Valerio se fait crooner sur les notes de piano de Daniele. Un bel interlude épuré qui se poursuit en apothéose orchestrale avant de revenir au piano.

Enfin, le court titre ‘Strings From The Edge Of Sound’ termine l’album de manière cinématique orchestrale avec un texte quasiment parlé.

Si l’album est réussi dans son ensemble, il pêche cependant par sa durée. Je décroche régulièrement à partir du long format ‘Zealous Man’. Douze minutes qui manquent de dynamique pour tenir sur la durée et ce malgré les cordes un un final instrumental qui relance pourtant bien la machine.

Malgré ce petit défaut, je vous recommande chaudement Strings From The Edge Of Sound. Si vous ne connaissez pas Karmamoi, c’est une belle entrée en matière dans leur discographie. Si vous avez déjà écouté le groupe, c’est une agréable manière de découvrir leur nouveau chanteur.

Tous leurs albums sont sur Bandcamp, alors n’hésitez pas.

Peter Gabriel – i/o

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Voici vingt et un ans que l’ex leader de Genesis n’avait pas sorti d’album.

A chaque pleine lune, au rythme d’un morceau de viande fraîche par mois, Peter Gabriel, tel un lycanthrope, a dévoilé son nouveau disque i/o décliné à chaque fois en deux mixes, le bright side et le dark side.

Aujourd’hui, alors que les douze titres sont sortis et gravés sur deux CD, la question n’est pas de savoir si j’aime i/o, elle ne se pose même pas, la question est de décider laquelle des deux versions a ma préférence.

Peter Gabriel je le pratique depuis mon adolescence, d’abord avec Genesis puis en solo. C’est même le premier artiste de rock que j’ai écouté en concert.

Avec Manu Katché, Tony Levin, David Rhodes et Brian Eno, on retrouve le Peter Gabriel que l’on connait bien et inévitablement qui ressemble quand même furieusement à ce qu’il a déjà enregistré auparavant. Cela ne me pose pas de problème, bien au contraire, je suis un fan totalement aveuglé par le talent du bonhomme depuis trop longtemps.

i/o ce sont soixante huit minutes de musique (une de plus pour la version dark) qui résument assez bien le travail de Peter depuis So. Un album expurgé des tubes tapageurs qui ont fait sa célébrité, encore que ‘Road To Joy’ n’est pas si éloigné de ces morceaux à succès.

J’ai commencé par écouter Bright Side et j’ai été surpris par quelques titres. Car Peter publiait chaque mois un nouveau morceau décliné dans l’une des deux versions avant de sortir l’autre mix. C’est dans ce désordre que j’ai découvert l’album, une fois Dark, une fois Bright, selon l’humeur de l’artiste. Du coup, écouter les douze pièces dans le même mix m’a semblé un peu étrange tout d’abord. Et puis je me suis plongé dans la Dark Side of the Moon en ressentant le même malaise.

Il y a des titres que je connais par coeur comme le génial ‘Panopticon’ qui ouvre i/o et d’autres que je n’ai pas eu vraiment le temps d’apprivoiser comme le tout dernier sorti le 1er décembre, ‘Live and Let Live’.

Dans les merveilles il y a encore le ‘Playing for Time’ très solennel, ‘For Kinds of Horses’ ou le lent ‘So Much’.

Sur i/o, Peter emprunte encore des motifs à la world music tout particulièrement dans ‘Road to Joy’,’ Olive Tree’, ‘This is Home’ et ‘Live and Let Live’ même si ce dernier commence à la manière des Beatles.

Je m’aperçois que je n’ai toujours pas répondu à la seule question que pose vraiment cet album : Bright ou Dark ? Je suis un grand défenseur du côté obscur de la force car j’ai toujours préféré les méchants. Mais selon l’humeur du jour, à la faveur d’un rayon de soleil sur la neige, j’adopterai la version Bright.

Etait-il nécessaire de presser ces deux versions ? Sans doute pas mais puisque vous avez le choix, choisissez !

i/o ne figurera pas dans mon top 2023 malgré le culte que je voue à l’artiste. Il ressemble trop à tout ce que Gabriel a déjà composé pour en faire l’album de l’année même s’il reste un évènement. Allez l’écouter sur Bandcamp

Il s’agit probablement du dernier album studio que sortira le maître avant de tirer sa révérence.

Earthside – Let The Truth Speak

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Il y a huit ans, le magazine Neoprog recevait en promotion un petit bijou signé par une formation toute jeune : le premier album de Earthside, A Dream In State.

Il aura fallu patienter cette année pour que le groupe sorte son second opus Let The Truth Speak. Une longue attente amplement récompensée.

Une des particularités de Earthside est de ne pas avoir de chanteur. Toutefois, leurs albums ne sont pas composés que de titres instrumentaux. Pour la voix, ils font appel à des pointures comme Daniel Tompkins.

Leur musique navigue entre post-rock, cinématique, metal et tout ce qui leur fait envie en fait comme le prouve par exemple ‘The Lesser Evil’. Cela donne un album de plus d’une heure et quart qui s’écoute en musique de fond comme en immersion au casque. Parfois on se laisse porter, parfois on s’accroche au bastingage pour ne pas chavirer.

Une heure et dix-huit minutes c’est la durée de deux 33 tours rouges bien remplis, et pourtant qui passent trop vite. Il faut dire que le paysage musical est varié comme les voix qui se succèdent. Et ce qui aurait pu devenir un patchwork sonore se révèle finalement d’une grande unité narrative grâce au génie de Earthside.

Sur les dix morceaux de l’album, quatre tournent autour des dix minutes et le plus court, ‘Vespers’, ne dépasse pas les trois minutes. Parfois la musique déborde de cordes comme dans ‘Let The Truth Speak’ mais le groupe s’essaye également aux cuivres, ce qui est plus inhabituel, dans ‘The Lesser Evil’.

Le style symphonique post-rock cinématique djent est presque la norme sur cet album avec des sections de batterie souvent époustouflantes et des guitares mandolines comme dans le dernier titre.

Durant ces soixante-dix-huit minutes, plusieurs morceaux m’ont tout particulièrement interpellés.  Le premier est ‘We Who Lament‘ avec Keturah au chant qui apparaît sur second titre. Sans être franchement démonstratif, il dégage une grande puissance intérieure sur une forme quasi post-rock cinématique. Ensuite il y a le magnifique instrumental post-rock ‘Watching The Earth Sink’ de près de douze minutes qui après un début intimiste explose un peu avant la moitié pour retomber rapidement. Impossible de passer sous silence également le très cuivré ‘The Lesser Evil’ qui nous prend presque à chaque fois par surprise, d’autant qu’il dure pas loin de onze minutes. J’ajoute à la liste ‘Denial’s Aria’, le seul titre avec du chant féminin accompagné au violon et pour finir je termine avec ‘All We And Ever Loved’ post-rock cinématique à souhait avec un délicieux passage de guitare mandoline et des grandes orgues.

J’attendais tellement le nouveau Earthisde qu’il risquait d’être propulsé directement au sommet du podium avant même d’être écouté. Sa découverte n’a pas refroidi mon enthousiasme donc dépêchez-vous d’aller sur Bandcamp écouter la merveille, vous m’en direz des nouvelles.

Photographe de rock

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En quelques jours je me suis vu créditer dans deux albums de rock progressif coup sur coup, celui de Plus 33 et celui de Melanie Mau & Martin Schnella.

D’accord, il ne s’agit pas de groupes de prog mainstream comme Marillion ou Ayreon

Soyons clair, je n’ai pas fait payer mes services, j’ai juste envoyé les photographies aux artistes, n’empêche, cela fait plaisir d’apparaître dans le livret, même avec une erreur sur l’orthographe du nom.

Ce n’est pas la première fois que cela se produit, cela doit être la troisième ou quatrième fois, des albums distribués à quelques centaines d’exemplaires chacun, en auto production, mais qu’importe, cela veut dire qu’ils apprécient un peu mes clichés contrairement à d’autres ou qu’ils n’avaient rien pour illustrer leur musique (oui c’est possible également).

Pour Plus 33, le groupe avait organisé un shooting qui m’a appris beaucoup sur ce travail. Après, ce n’était que ma seconde expérience de ce genre après avoir réalisé quelques images pour un atelier de musique de chambre. Pour Melanie et Martin, il s’agit d’une photo de concert prise pendant leur dernière tournée acoustique, si je me souviens bien. Je leur avais envoyé les photos pour qu’ils les utilisent librement. Je ne pensais pas la voir un jour dans le livret de leur dernier CD de reprises.

Bien entendu, un de mes rêves, serait d’en faire mon métier. Photographe pour les groupes, la classe, mais comme tout travail mérite rétribution et que mes ‘clients’ restent des formations à petite audience, il est fort probable que mon carnet de commande resterait vide et que les fins de mois seraient très difficiles, surtout lorsque l’on considère l’investissement nécessaire pour ce travail. Et serait-ce encore un plaisir ?

Je vais me contenter d’un pass presse par ci par là, d’être occasionnellement contacté pour un shooting amateur et de retrouver mon nom parfois crédité dans un album. C’est déjà pas si mal pour un amateur même si certains diront que je tue le marché.

Plus 33 – I Want

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Je connais Plus 33 depuis que Philippe Rau, le guitariste de Out5ide, m’a annoncé qu’il participerait au second album du groupe. J’ai écouté Open Window, leur premier opus et rencontré plus tard, lors d’un concert, Didier Grillot, l’homme derrière le projet. De fil en aiguille, je me suis retrouvé à faire un shooting avec son groupe pour la sortie de l’album I Want. Voilà pourquoi, vous trouverez mon nom dans les crédits et remerciements de l’album. Cela explique également la raison pour laquelle j’ai reçu un exemplaire du CD il y a quelque temps déjà.

Plus 33 est une formation instrumentale alsacienne dans la mouvance prog atmosphérique fusion où les claviers de Didier occupent un bel espace.

I Want délivre cinq morceaux dont trois dépassent les treize minutes. Oui, pas de doute, c’est du prog.

Claviers, guitares, basse, batterie, flûte, saxophone, trombone, piano et orgues participent à la musique de ce second opus avec quatre musiciens et plusieurs invités. Vous entendrez également des chœurs en la personne de Coralie Vuillemin et Yann Grillot comme narrateur sans parler de Lucas Grillot à la guitare acoustique. Une histoire de famille.

L’album est made in Alsace puisqu’il a été enregistré dans le même studio que le dernier Out5ide, à Boersch, pas très loin de chez moi. 

Dans I Want on retrouve le style pianistique de compositeurs français classiques du début du vingtième siècle, tout particulièrement dans le titre fleuve ‘To Have’ qui est un savant assemblage de près de vingt minutes de musique. A contrario, ‘To Know’ joué à la guitare par Lucas, est une pièce toute simple et pourtant délicieuse.

Je suis relativement mal à l’aise avec la flûte dans ce titre et le texte déclamé de ‘Ouvrir la Fenêtre’. Pour la flûte, je n’irai pas par quatre chemins, j’ai entendu de bien meilleurs interprétation mais j’ai cru comprendre que la flûtiste avait dû improviser, technique avec laquelle elle n’est pas à l’aise. Pour le texte parlé, c’est un exercice passé de mode que l’on retrouvait chez les grands anciens des seventies et dont je n’ai jamais été friand. Le choeurs de Coralie qui ouvrent ‘To Be’ font également datés et soyons clair, ce ne sont pas les sœurs McBroom qui chantent ici. Je leur préfère le thème genesissien qui suit où la guitare de Philippe et les claviers de Didier font des étincelles.

Parlons maintenant de ‘The Fleetings Moments Of Eternal Harmony’, ce morceau très cuivré de plus de treize minutes qui ouvre I Want. La première chose qui saute aux oreilles est ce mixage très clair, limite brillant de Mike et Stéphane qui nous accompagne sur les cinq morceaux. Sur ce premier titre, il est particulièrement marqué pour la batterie et les cuivres. Un son que nous n’avons plus l’habitude d’écouter dans notre univers saturé de basses. Le titre d’ailleurs fait songer à du Phil Collins sans le chant. Cela ne l’empêche pas de s’aventurer également sur des terrains plus orientalisants. Une grande pièce pour claviers très rythmée où chaque instrument possède son moment de gloire.

Sur I Want je me délecte de quelques mouvements, mais rarement d’un morceau entier.  Seul le bref ‘To Know’ me convainc de bout en bout. L’album n’est pas parfait mais n’oublions pas qu’il s’agit d’un projet amateur.

Les amoureux des seventies devraient y trouver leur bonheur. Alors n’hésitez pas à l’écouter, d’autant qu’il est sur Bandcamp.