Avkrvst – The Approbation

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Je suis certain que vous êtes très nombreux à être passés à côté du dernier Porcupine Tree. Non, pas Closure / Continuation mais The Approbation. Ben c’est bien dommage, d’autant que le groupe s’est enfin séparé de son chanteur bigleux aux cheveux mis longs.

Désolé, on vient de m’informer que The Approbation n’était pas un album de Porcupine Tree mais du groupe Avkrvst. Bon j’ai l’air malin maintenant. La faute encore à ce petit suisse qui m’a vendu ça pour de la musique de la bande à Wilson.

Bref, The Approbation est un album sept titres de trois quart d’heure qui, ressemble à s’y méprendre à du Porcupine Tree. Enfin non, il y a quand même des différences. Le chanteur growle parfois et le batteur n’est pas Gavin Harrison.

Avkrvst est un quintet de rock progressif norvégien qui signe chez Inside Out son premier album.

Je râle souvent contre les formations qui copient d’autres groupes. Parce que bon, c’est sympa d’explorer de temps en temps de nouveaux horizons. Mais comme j’étais prévenu par Stéphane et que personne ne m’a forcé à écouter l’album, ben ça ne m’a pas dérangé. J’ai même trouvé ça plutôt sympa cette ressemblance.

Même les textes font référence à Porcupine Tree comme par exemple sur le titre ‘Anodyne’, enfin, je crois. D’ailleurs, puisque l’on parle des textes, ceux-ci ne sont pas vraiment à la fête puisque Simon, le chanteur, nous entraîne dans l’antichambre de la mort.

The Approbation ressemble à du Porcupine Tree sans être du Porcupine Tree. Les guitares acoustiques et les riffs électriques s’en approchent beaucoup, la batterie et la basse nettement moins. Et pour le chant, je n’imagine pas Steven Wilson se lancer dans un growl.

Ceci-dit, ça pourrait être pour lui un nouveau départ après avoir donné dans l’électro pop commerciale.

L’album contient deux instrumentaux , ‘Osterdalen’ et ‘Cold Days’, la seconde partie de ‘Isolation’, ainsi que deux titres fleuves qui terminent la disque, ‘Anodyne’ et ‘The Approbation’. Si Avkrvst se rapproche beaucoup de qui vous savez, vous trouverez également des inspirations venant de Opeth à certains endroits quand ‘Isalosation’ emprunte certains motifs à Dream Theater. C’est assurément le titre album, une pièce d’un quart d’heure qui est la plus proche de Porcupine Tree. On y retrouve le chant vocodé, des motifs de guitares bien connus et ces expérimentations que le groupe jouait en seconde partie de concert après avoir vendu leur dernier album.

Vous l’aurez compris, The Approbation ne va pas changer la face du prog. Ceci dit, rien d’étonnant à cela puisqu’il est sorti chez le label Inside Out. N’empêche, c’est un très chouette album. On peut juste espérer que le groupe s’émancipe de son modèle et nous propose quelque chose de plus original dans les années à venir.

Esthesis – Watching Worlds Collide

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Il n’ y a pas si longtemps, nous parlions ici des imitateurs de Porcupine Tree. Figurez-vous que le sujet revient sur la table avec le second album du groupe Esthesis.

Esthesis est un projet français qui après un EP en 2019 accouchait d’un premier album un an plus tard. Un projet ultra centré sur Aurélien Goude, chanteur, compositeur, guitariste et claviériste manifestement très influencé par Wilson et sa bande.

Pour ne pas vous mentir, The Awakening sorti en 2020 ne m’avait pas emballé. D’ailleurs, je n’avais pas l’intention d’écouter la suite après avoir vu leur concert Chez Paulette. Puis Watching Worlds Collide est sorti, sept morceaux pour près d’une heure de musique. 

La première écoute m’a beaucoup rappelé leur proximité avec Porcupine Tree ainsi que leur premier album alors j’ai décroché au quatrième morceau. J’ai quand même réessayé un peu plus tard pour finalement acheter l’album.

Oui, ne nous mentons pas. Watching Worlds Collide emprunte encore beaucoup à Porcupine Tree. La bande à Wilson hante tous les morceaux de manière plus ou moins prononcée et c’est sans doute sur le dernier titre jazzy que cela s’entend le moins. Toutefois, les maladresses de jeunesse semblent oubliées et Esthesis est allé un peu plus loin dans son approche jazzy et dans ses couleurs cuivrées.

Si ‘Amber’ est un quasi cover de Porcupine Tree agréable à écouter mais sans grand intérêt malgré le saxophone de Maceo et la batterie bluffante d’Arnaud, ‘57th Street’ est une pièce particulièrement originale. Un titre cinématique de douze minutes à l’atmosphère de film noir. Plus surprenant encore est ce ‘Skimming Stones’ au piano qui s’enrichit du violon de Mathieu Vilbert. Ce titre figure parmi mes préférés de l’album. ‘Place Your Bet’, un peu comme l’instrumental ‘Vertigo’ est une chose hybride entre funk, alternatif et jazz, qui malgré quelques passages très wilsonniens, tire bien son épingle du jeu.

Watching Worlds Collide se révèle finalement être une très belle surprise. Esthesis affirme son identité musicale et s’il n’y avait cette forte proximité avec Porcupine Tree, il aurait pu devenir l’album de l’année.

Porcupine Tree – Closure/Continuation

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J’ai découvert Porcupine Tree avec l’album Lightbulb Sun il y a vingt-deux ans. J’ai immédiatement adopté leur univers musical novateur pour l’époque et j’ai poursuivi le voyage avec eux, d’alternatif expérimental en metal et même parfois progressif.

Ce qui ne devait être tout d’abord qu’une blague entre musiciens est devenu un groupe de référence pour de nombreuses formations contemporaines. Aujourd’hui les imitateurs de Porcupine Tree sont légions.

The Incident fut leur chant du cygne et pour moi un de leur meilleurs albums. Colin a rejoint O.r.k. et d’autres projets, Gavin est devenu le batteur officiel de The Pineapple Thief, Steven a poursuivi sa pop électro en solitaire et Richard a commis des trucs étranges et inaudibles.

Qui eut cru que Steven, Gavin et Richard se réuniraient à nouveau pour un album ? Treize ans plus tard, voici Closure/Continuation, un double vinyle sept titres et quarante-huit minutes.

Pas de doute, c’est bien du Porcupine Tree amputé d’un bassiste génial. Le son est au rendez-vous, la forme également, mais quid de l’âme de la bande à Wilson ?

Lors de la première écoute, je n’ai rien ressenti jusqu’à la face B du second vinyle, le dernier morceau ‘Chimera’s Wreck’. Non, j’exagère un peu, ‘Walk the Plank’ m’avait déjà tiré de ma torpeur juste avant. Bon, j’avoue, je faisais une sieste au casque.

Closure/Continuation donne l’impression que Porcupine Tree a recyclé du vieux matériel en virant la basse et en ajoutant des touches électroniques. Je n’entend pas ici ces grosses prises de risque que l’on trouvait sur leur précédents albums ni ces titres frisant le génie et qui ont construit la légende du groupe. C’est le son de Porcupine Tree, parfaitement maîtrisé, mais rien qui ne me fasse grimper au rideau.

L’ouverture basse/guitare/batterie de ‘Harridan’ annonce la couleur. Porcupine Tree est de retour et Porcupine Tree c’est eux. D’emblée, on reconnaît la patte des trois mousquetaires, un peu trop peut-être, comme s’ils craignaient de nous surprendre. La prod est super léchée et les sections instrumentales nombreuses sur les quatre morceaux qui dépassent les sept minutes. Il y a même un zeste expérimental dans l’avant dernier titre ‘Walk the Plank’ et quelques idées nouvelles dans ‘Chimera’s Wreck’.

Closure/Continuation s’écoute vraiment bien même s’il ne va pas changer la face du monde. Après plusieurs passages sur la platine, je trouve ‘Rats Return’ et ‘Dignity’ fort sympathiques même s’ils sont d’un grand classicisme Wilsonien.

Mike Portnoy a élu Closure/Continuation album de l’année. Le pauvre a dû bosser comme un fou et ne pas écouter grand chose depuis janvier ou alors il était tellement en manque de Porcupine Tree qu’il est complètement aveuglé. Pour ma part, je n’en attendais pas grand chose, du coup j’ai été quand même agréablement surpris.

Ho yes, it bites !

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Les prog heads forment des couples inséparables jusqu’à la mort d’après la légende, ils suivent aveuglément leurs artistes, quel que soient leurs éventuelles défaillances. 

Si en amour je suis fidèle, en musique il m’arrive de donner de sérieux coups de canif dans le contrat.

Comme beaucoup de personnes, j’ai découvert Steven Wilson avec Porcupine Tree et l’album Stupid Dream. J’ai suivi le groupe avec plus ou moins de bonheur jusque l’incident qui mit fin à leur collaboration. Et lorsque Steven s’est lancé en solitaire dans une nouvelle traversée, j’ai suivi à la nage, parfois à la traîne derrière, parfois bord à bord. 

La première grosse dispute vint avec Hand. Cannot. Erase. pourtant largement salué par la critique et les fans. Cela ne m’a pas empêché, lorsqu’il osa la disco dans son avant dernier album, de saluer l’audace et même d’apprécier la musique de ce touche à tout de génie.

La seconde grosse dispute, non artistique cette fois, tient à la manière dont il traite les médias pendant ses concerts, mais ça je vous l’ai déjà raconté je crois.

Puis vint la campagne de promotion de son dernier album, The Futures Bites, un épouvantable matraquage publicitaire en totale contradiction avec le message véhiculé par au moins un de ses morceaux (Personal Shopper). 

Coffret, K7, vinyle, CD, blu-ray, digital, tee-shirt, PQ, horloge, coque de téléphone, pilules, la boutique vendait n’importe quoi. 

Aucun des trois singles ne m’ayant convaincu, car j’aime la guitare, la batterie, les claviers, les belles voix et pas vraiment l’électronique, j’ai hésité à rester un fidèle imbécile. Mais j’ai finalement et presque à contre coeur, commandé le minimum acceptable pour moi afin d’écouter de la musique, à savoir le CD. Je ne voulais pas mourir idiot.

Wilson fait ce qu’il veut de sa vie comme de sa musique et a tout fait raison de se réinventer tant qu’il se fait plaisir et n’écrit pas pour garnir son compte bancaire. Je ne lui jèterais jamais la pierre pour cela.

Par contre, cette fois, lui sa musique et moi, nous n’avons vraiment plus rien à nous dire alors je crois qu’il est temps de couper les amarres une bonne fois pour toutes. Peut-être nous retrouverons-nous un jour, comme un vieux couple séparé de longue date, qui après des années a pardonné. 

Contrairement aux prog heads fidèles qui cherchent à tout prix à entendre du prog dans son électro commerciale, j’arrête les frais, j’ai versé mon ultime obole à sa musique et le CD, après quelques écoutes circonspectes, va rejoindre la pile des disques à revendre à l’occasion.