TANYC versus RPWL

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Je vous avais prévenu, le groupe de prog allemand RPWL jouait Chez Paulette le 8 avril, unique date française de leur pourtant grande tournée européenne. Un événement à ne pas manquer.

Et je ne l’ai pas manqué pour plein de bonnes raisons : parce que j’aime ce groupe, que leur dernier album crime scene figure dans mon top 2023, que j’adore les concerts organisés par l’Association ArpegiA et que là bas, à Pagney derrière Barine, je retrouve à chaque fois plein d’amis et des amoureux du prog.

Après des embrassades lorraines, des poignées de mains viriles et des échanges passionnés sur l’actualité musicale, les portes du saint des saints s’ouvrent enfin. 

La salle est vite remplie, au bas mot trois cent spectateurs dont la moyenne d’age dépasse largement cinquante ans. Oui, c’est un concert de prog…

La chanteuse autrichienne (merci Jean-Noël pour le correctif) TANYC ouvre la soirée avec Kalle Wallner à la guitare. Comme le dira ma voisine Catherine, on dirait la Vanessa Paradis allemande. Et non, dans sa bouche, ce n’est pas forcément un compliment. Beauté froide germanique en robe longue moulante, la chanteuse ne brille pas pour autant par son magnétisme et sa voix ne me touche pas. Quant à la musique, malgré les efforts de Kalle pour lui donner vie, elle est à cent lieu du rock progressif que tout le monde est venu écouter ce soir. Ceci dit, je m’y attendais, et donc j’ai patienté tranquillement en faisant quelques photos.

RPWL arrive juste après, sans changement de scène. TANYC et une seconde choriste plus ronde rejoint le groupe composé de deux nouveaux membres, un claviériste dont j’ignore le nom et Marcus Grützner, le nouveau bassiste.

Le set commence par leur dernier album crime scène joué dans son intégralité. Yogi armé d’une feuille de papier, de quelques mots et de ses souvenirs de collège, nous décrit en français chacun des titres de l’album : un tueur en série, un cannibale, un meurtre non élucidé, les scènes de crimes ordinaires de leur dernier chef d’oeuvre. Ne nous mentons pas, c’est du pur bonheur d’autant que les deux choristes apportent quelques variations intéressantes à la version studio comme l’entrée en matière de l’album chantée à capella. 

J’avoue que je regarde plus le groupe que je ne le photographie. Je ne suis pas missionné pour cela ce soir même si j’ai emmené mon matériel. Et puis la performance de RPWL est tellement belle que ce serait pécher que de ne pas en profiter. Kalle est juste devant moi, trop près pour bien le cadrer et Marc est caché derrière un écran en plexiglass où se reflètent les projecteurs. Yogi est le plus souvent masqué par les micros et le reste du groupe se perd dans la fumée. Bref c’est compliqué.

Après cette première partie tout simplement extraordinaire – je ne trouve pas d’autre qualificatif – RPWL se lance dans un second set de tubes tous aussi beaux les uns que les autres en commençant par ‘Hole in the Sky’. Le public, déjà au taquet, vire à l’extase. Après ce trop court best of qui revisite une partie de leur carrière, RPWL revient pour deux rappels dont l’emblématique ‘Roses’ qui conclut la soirée avant que les musiciens ne se mêlent aux fans dans la salle pour discuter et dédicacer les albums.

Ce fut encore une fabuleuse soirée arpégienne. La prochaine, et non des moindres, aura lieu le 3 juin avec nos amis de Lazuli et d’Esthesis. Je serai certainement là.

Toutes les photos de la soirée sont sur Flickr.

The Watch plays Genesis

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Après Genesis en 1977, Steve Hackett en 2022, le groupe italien The Watch joue Seconds Out, un des plus fabuleux live des britanniques.

Leur tournée passait par la salle du Grillen à Colmar le vendredi 17 mars, l’occasion de les revoir après leur passage Chez Paulette il y a quelques années.

Le concert se jouait à guichet fermé mais par chance pour moi, l’association Zik’Inside, qui organisait l’événement, m’avait donné une accréditation photo pour la soirée, merci à eux.

Du coup je suis arrivé très à l’avance pour être certain de trouver une place acceptable et m’installer, car shooter lors d’un concert sold out peut s’avérer compliqué. J’inaugurais ce soir là un harnais photo acheté cet été après le festival Rock Your Brain Fest, un genre de gilet pare-balles permettant d’accrocher les boîtiers et les optiques afin de libérer les mains. J’avoue que c’est très pratique et cela fait presque oublier que l’on trimballe plusieurs kilos de matériel sur soi. Je dis bien presque.

Dans la fille d’attente puis à l’intérieur j’ai retrouvé plein de vieux comme moi, deux trois jeunes égarés et des amis, connaissances et musiciens de la scène prog locale. J’ai rencontré également, pour la première fois, Didier Grillot qui est derrière le projet Plus 33 et avec qui il est prévu de faire une séance de shooting pour son prochain album.

Vers 20h30 The Watch monte sur scène et dès les premières notes je suis sous le charme, il faut dire que Genesis et moi, c’est une vieille histoire d’amour de plus de quarante ans. Un message enregistré de Steve Hackett (non, il n’était pas caché en coulisses, présente le live). Steve joue des guitares sur le dernier album solo du groupe. Car si The Watch est un tribute à Genesis, il enregistre également d’excellents albums de rétro prog qu’hélas il ne joue que trop peu en live. Ce soir, nous n’aurons droit qu’à du Genesis.

Contrairement à la soirée Chez Paulette en 2018, le concert est un véritable show de lumières qui compense le côté très statique de la prestation. Pour résumer, seul le bassiste et chanteur sont debout. Simone Rossetti s’adresse régulièrement au public en anglais, car s’il passe ses vacances dans notre beau pays, il n’en parle pas beaucoup la langue. Il présente brièvement l’historique de ce live et s’attarde sur quelques rares titres comme ‘The Cinema Show’.

Le concert se déroule en deux parties avec une courte pause vers 21h30, le temps pour moi de changer de côté et de discuter un peu avec Didier Grillot. Après un seul rappel, The Watch tire sa révérence. Il faut dire que les morceaux de Genesis sont souvent des titres fleuve et que le lendemain ils doivent être à Paris pour une nouvelle date.

Le son était de qualité étant donné la salle, leur prestation à la hauteur de mes espérances et les morceaux joués tout simplement sublimes, mais c’est normal, c’est du Genesis. J’ai quand même entendu ici ou là quelques doigts palmés et canards mais quand la musique est là…

Un grand merci à Zik’Inside d’avoir organisé cette soirée et à The Watch pour leur fabuleuse prestation. En espérant qu’ils reviendront un jour jouer leur répertoire dans la région.

Toutes les photos sont sur Flickr.

Prochains concerts le 1er avril au Münsterhof à Strasbourg, classique cette fois, c’est ma femme qui joue avec ses amis, et le 8 avril Chez Paulette avec RPWL.

Chez Paulette

Chez Paulette

Cela faisait tout juste deux années que je n’étais retourné écouter un concert à Pagney-derrière-Barine, Chez Paulette, le pub rock perdu dans la campagne lorraine.

Deux années sans un seul live, sauf à rester assis comme un con devant un écran à écouter tout seul de la musique préenregistrée.

Bas les masques ! L’association ArpegiA relançait les festivités ce samedi 9 octobre avec une double affiche, les français de Esthesis et les suisses de Galaad. Une soirée sous le signe du passe sanitaire pour les quelques amateurs de rock progressif lorrain vaccinés.

Pour tout vous dire, je pensais d’abord ne pas venir. Le dernier album d’Esthesis ne m’a pas franchement enthousiasmé et je me suis pris le bec avec Pyt (le chanteur de Galaad) sur le blog d’Alias à la sortie de Paradis Posthumes.

Mais voilà, je garde également un souvenir ébloui de la précédente performance des jurassiques lors de leur passage Chez Paulette pour la sortie de Frater. 

Alors j’ai pris la route. Deux heures, le soleil braqué sur mon pare brise comme un projecteur de scène déclinant dans le ciel bleu. Arrivé à Pagney, la Lune et Venus jouaient les amoureuses à l’horizon.

Pour le bilan carbone de la soirée on repassera. Quatre heures de route aller retour, seul dans la voiture pour trois heures de spectacle. C’est mal. Mais c’est tellement bon !

Je me suis demandé si j’allais venir tout nu, avec quand même le masque et le teeshirt de Galaad. Après tout, j’allais au concert pour le plaisir. J’ai envisagé ensuite de voyager léger avec seulement le Panasonic GX9, puis j’ai opté pour le Nikon D810 et le 70-200 pour finalement embarquer aussi le Nikon Z6 II avec le 24-70. Bref, je suis arrivé chargé comme une mule.

Bon il semblerait que mes photographies soient attendues, j’ai donc bien fait.

Difficile de se garer dans le petit village, le terrain vague qui faisait office de parking est devenu une résidence et les rues étroites ne se prêtent guère à accueillir toutes les voitures d’un concert de rock.

C’est avec joie que j’ai retrouvé sur place quelques vieilles connaissances de concert, des anciens lecteurs du webzine Neoprog et le trio arpégien toujours fidèle au poste. Il manque des amis que j’aurais bien aimé revoir et dont je n’ai plus de nouvelles depuis que j’ai quitté Facebook, j’espère que l’on se croisera bientôt pour un nouveau concert.

Esthesis

Esthesis ouvre le bal, un projet solo devenu groupe, naviguant entre Porcupine Tree, Airbag et Pink Floyd. Leur musique bien écrite, manque encore d’identité pour qu’elle arrive à me toucher complètement, mais les gars défendent admirablement bien leurs morceaux en live.

Fumigènes, lumières rouges et bleues, me voici replongé dans l’enfer du photographe et même mon nouveau Nikon Z6 II que j’étrenne sur ce concert est souvent en panique totale. J’avais oublié comme la photographie de concert reste un exercice délicat. 

Guitariste dans la brume

J’ai ouï dire que le prochain album d’Esthesis serait très différent du précédent. Peut-être vont-ils s’affranchir de leurs mentors et trouver leur identité propre ? Je suis curieux d’écouter ça maintenant que je les ai vu en live.

Après une heure trente qui passe assez vite et un Coca tiède bu au comptoir pour faire passer un triptan, Galaad monte sur scène et immédiatement, je comprends qu’une fois encore, cela va être énorme. Malgré un mal de tête insistant je suis au taquet.

Galaad

Si, j’écoute rarement leurs albums studio à la maison, sorti de Vae Victis, en live leur musique prend tout son sens avec l’incroyable présence de Pyt sur scène. Quel bonhomme ! Les musiciens ne sont pas en reste et franchement leur set est un concentré de bonheur. Les titres studio un peu bof bof fonctionne à merveille ici et le public reprend quelques tubes en coeur. Pyt, très présent, parle, explique, plaisante, livre ses états d’âmes et chante évidemment.

Nous avons droit à des extraits de Frater, de Paradis Posthume et pour finir même du Vae Victis. Énergie et émotions s’entremêlent, entre larmes et colère soufflant le chaud et le froid sur un public conquis.

Pyt

Deux cent photos plus tard dont les trois quarts sont bonnes à jeter, à minuit et demi je suis vidé. Demain il faudra trier et développer. Pour l’instant restent deux heures de route dans les brumes naissantes avant de retrouver le lit douillet. La lune et Vénus se sont couchées depuis longtemps, j’écoute sur France-Inter une artiste parler de l’inceste qu’elle a subi enfant. Ça pourrait faire un texte pour Galaad.

Merci à ArpegiA, chez Paulette, Esthesis et Galaad pour ce magnifique début de saison progressive qui continuera avec Lazuli à Pagney, The Pineapple Thief, Ray Wilson et Soen à Strasbourg.