Soen – Memorial

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J’ai donc enfin vu Soen en live. Et ils ont principalement joué leur dernier album Memorial bien évidemment. Sauf que je l’avais pas écouté sorti du single ‘Violence’ qui m’avait quelque peu déstabilisé.

Ben oui, Soen je le déguste principalement pour la sublime voix de Joel capable de m’émouvoir comme peu d’autres. Et là, surprise, il durcissait le ton, invitait une chanteuse à ses côtés et renonçait à ses talents de crooner. Pourtant, en live, sans doute fasciné par son aura magnétique, j’avais plutôt accroché aux nouveaux morceaux que je ne connaissais pas. Alors je suis parti du concert avec un exemplaire de Memorial dédicacé. Le lendemain, il tournait sur la platine et, nouvelle surprise, je l’ai tout de suite adopté.

Je disais souvent, en parlant de Soen, que j’aimais leur musique sans pouvoir en donner vraiment la raison. Eh bien c’est fini. J’adore Soen et je sais maintenant exactement pourquoi. Memorial, moins centré sur la voix de Joel, dévoile des musiciens talentueux qui jusque là restaient dans l’ombre du chanteur.

Memorial ce sont dix titres courts pour un peu moins de trois quart d’heure d’enregistrement. Deux des morceaux tranchent tout particulièrement ici, il s’agit de ‘Hollowed’ chanté à deux voix aux côtés de Elisa et du bluesy ‘Vitals’ au grand piano où le timbre de Joel est méconnaissable. 

Si Memorial débute de manière musclée, limite martiale avec un ‘Sincere’ rythmé et metal, au bout de trois minutes de maltraitance assumée, Soen livre un break apaisé aux couleurs chaudes avant de replonger dans la violence. C’est cette forme d’écriture, d’abord déroutante mais redoutablement efficace, qui prédomine sur tout l’album.

Le groupe use de refrains ravageurs comme dans ‘Unbreakable’, de soli de guitare à tomber par terre et de breaks au chant pour mieux revenir en force juste après. Les guitares de Cody s’expriment enfin pleinement sur Memorial. J’ai l’impression, qu’auparavant son travail restait nettement plus au second plan. Presque chaque titre livre son solo déchirant comme dans ‘Fortress’ ou floydien comme dans ‘Hollowed’.

Memorial se révèle rugueux et soyeux à la fois, une douce violence qui met en valeur le travail d’un groupe plus que la voix d’un chanteur. Evidemment, les aficionados de Soen pourraient être déstabilisés au début mais pour ma part, je classe Memorial dans les meilleurs albums écrits par le groupe à ce jour.

Encore un qui rentre dans mon top 2023 décidément de plus en plus chargé.

Sinon, Samedi prochain, Chez Paulette près de Nancy, l’association Arpegia organise un concert avec deux groupes dont je vous ai déjà parlé, Plus 33 et Amarok, alors si vous êtes dans le coin, déplacez-vous, ce sera forcément un beau concert.

Soen à la Laiterie

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Oui, j’ai enfin vu Soen en live !

Je ne compte plus le nombre de fois où ils sont passés près de Strasbourg sans que je puisse aller à leur concert. Mais cette fois c’est fait.

Soen jouait à la Laiterie à Strasbourg le mercredi 18 octobre et c’était mon premier concert depuis très très longtemps. Je n’avais pas encore eu le temps d’écouter leur dernier album Memorial sorti que quelques clips déroutants et c’est donc en live que j’ai découvert leur nouvelles compositions musclées. Et je suis venu en touriste, sans pass presse, ni matériel photo, juste un iPhone pour profiter pleinement de la soirée tant attendue.

Mais revenons au concert. 

A 19h30, les romains de Terra ouvraient la soirée, trois gars avec des dreads et un chauve, guitaristes percussionnistes batteurs chanteurs qui dès le premier titre captent mon attention. Ils arrivent sur scène et débutent le show par un trio de percussions qui va donner le ton d’un set très rythmique. Leur musique est tribale, world et metal et si leurs instruments ne rendent pas toujours honneur à leur musique, le résultat en live est saisissant. Pour ne rien gâcher le batteur chanteur Daniele possède une voix très intéressante et plus ils avancent dans les morceaux, plus je suis happé par leur musique. C’est donc décidé, à la fin du concert, j’irai m’offrir leur album.

Molybaron poursuivait la soirée. Si je ne connais pas le groupe plus que ça, j’ai déjà écouté leur dernier album et, je n’aime pas, mais pas du tout en fait. Je suis quand même resté au premier rang pendant leur performance, histoire de ne pas perdre ma place durement gagnée (pas tellement en fait, la grande salle de la Laiterie coupée en deux n’était pas bondée). Tout vêtus de noir, avec des instruments noirs, le quatuor se lance dans son set glacial à la rythmique très carrée, au son de guitare étranglé, un métal violent et aseptisé comme je le déteste. Si le groupe est né en France, leur chanteur est irlandais et s’exprime donc en anglais avec un accent plutôt ricain. Le gars n’a pas le profil d’une bête de scène et pourtant c’est ce qui va sauver leur show. Molybaron ne joue pas à l’économie sur scène et ça fonctionne assez bien en live. Techniquement les gars assurent vraiment. Leur jeu est précis, léché, presque trop en fait. Sur leur set d’un peu moins d’une heure, je ne rentre vraiment que ur deux titres sans pour autant grimper au rideau. Il faudra que je les réécoute à l’occasion mais clairement, je ne suis pas fan.

Et puis vers 21h30, c’est Soen qui monte sur scène. Rho putain Soen ! Je pars en vrille dès les premières notes. Oui je sais, c’est puéril à mon âge, mais j’étais aussi agité que les quatre bambins installés au premier rang sur ma gauche. Joel et sa voix me mettent en transe comme les soli de guitare de Cody. Leur groupe est venu faire la promotion de Memorial, un album très différent des précédents et que je n’avais encore pas écouté. C’est donc en live que je découvre leur nouveau bébé nettement moins mélodique que les précédents où Joel ne joue plus au crooner danseur mais au chanteur de metal.

De temps en temps ils intercalent des tubes de leur discographie et là je suis à chaque fois en extase, avec la petite larmichouillette au coin de l’œil. Oui je suis comme ça moi. 

Il y a du jeu de scène, ça bouge de droite à gauche et de gauche à droite, seul Martin en hauteur derrière ses fûts reste imperturbable, faut dire il a du boulot lui. On a droit à des soli de basse, de guitare, du chant à capella et la voix grave de Joel qui s’adoucit parfois pour devenir complètement envoûtante. Si le groupe donne la part belle au très metalleux Memorial – faut bien vendre le dernier album – il n’en oublie pas les classiques et au final leur set est très équilibré avec en plus une balance parfaite et un son pas trop fort. J’ai même pu enlever mes bouchons d’oreille pour profiter pleinement de la voix de Joel.

Après trois titres en rappel dont le fabuleux ‘Lunacy’ et ‘Violence’, le groupe tire sa révérence et je pars au stand de merch acheter Memorial en édition dédicacée. Mais c’est chez Terra que je vais casser ma tirelire. J’y prend le combo deux CDs et une teeshirt (la totale quoi), parce que les italiens m’ont vraiment impressionnés. Je me retrouve avec même album en version acoustique et éclectique, un CD coincé entre deux planches en bois retenues entre elles par des aimants. Je n’avais rien de tel dans ma collection.

Ce fut une fabuleuse soirée même si Molybaron ne m’a pas emballé outre mesure.

Le prochain concert est programmé le 18 novembre Chez Paulette pour écouter Plus 33 et Amarock, une date à ne pas manquer organisée par mes amis de ArpegiA.

Soen – Atlantis

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Je connais le groupe Soen depuis leur premier album Tellurian sans avoir jamais eu l’occasion de les écouter en live. Ils sont pourtant passés il y a peu de temps à la Maison Bleue à Strasbourg, mais je n’étais hélas pas en état de me déplacer ce jour-là.

Atlantis, leur dernier album, semblait l’occasion idéale pour les faire jouer dans notre salon. Un live studio enregistré avec un pianiste, un quatuor à cordes, deux choristes et une contrebasse. Treize morceaux de leur répertoire et une reprise revisités en version musique de chambre et metal dans une atmosphère intimiste.

Le groupe s’est réuni avec huit artistes supplémentaires dans les studios Atlantis Grammofon en Suède le 10 décembre 2021 pour capturer cet événement, donnant naissance à un CD, un DVD et des vinyles.

Sorti du morceau ‘Snuff’ du groupe Slipknot, on retrouve ici des titres de Lykaia, Cognitive, Lotus et Imperial.  Seul l’album Tellurian semble avoir été délaissé.

Des tubes du groupe joués en live mais pas enregistré d’une traite comme pour un vrai concert avec du public. On peut facilement imaginer qu’ils n’ont conservé ici que les meilleures prises.

Lumière chaudes, plans variés, je découvre le groupe dont un des guitaristes, Codi Lee Ford, me fait penser à Aragorn du Seigneur des Anneaux et la première violoniste du quatuor, Karin Liljenberg, à Tauriel, l’elfe de The Hobbit. Il y a même mon voisin déguisé en bassiste et l’autre guitariste, Lars Enok Ahlund qui ressemble à un viking, à moins qu’il ne soit vraiment un viking.

Joel, assis sur son tabouret, très concentré, face au microphone suspendu au plafond, doit se faire violence pour ne pas bouger. Il ne semble pas très à son aise avec la caméra qui le photographie en gros plan mais sa voix magnifique n’en est absolument pas affectée.

Sorti du viking chef d’orchestre qui passe sans cesse de l’acoustique à l’électrique puis au piano, les autres musiciens sont comme le chanteur, impassibles, concentrés sur la musique extraordinaire jouée ce jour-là dans les studios Atlantis.

L’équilibre entre metal progressif et musique de chambre frise la perfection grâce au travail de David Castillo. Rien à voir avec un Marillion With Friends par exemple. Atlantis est le genre d’album que l’on fredonne pendant plus d’une heure sans s’en rendre compte. Des morceaux comme ‘Monarch’, ‘Modesty’, ‘Illusion’, ‘Fortune’ ou ‘Lotus’ me nouent la gorge. A la base, il s’agissait déjà de pièces sublimes, mais là, revisitées avec des instruments à cordes, elles deviennent inoubliables.

Atlantis a éclipsé de nombreux albums arrivés à peu près au même moment. J’ai même délaissé le dernier Threshold pour l’écouter. Un album parfait pour découvrir la musique de Soen, pour les voir sur scène et un disque indispensable pour toute personne qui apprécie déjà le groupe.

Un magnifique cadeau de Noël à placer sous le sapin.

Soen – Imperial

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Teeshirt : Soen – Imperial (2021)

Pas facile de parler de Soen. Aucun de leurs albums n’a sut m’atteindre à la première écoute, d’ailleurs en première approche, ils se ressemblent beaucoup, n’empêche que je les suis depuis Tellurian. 

Soen est un peu le pépère tranquile du metal progressif nordique, des disques que j’aime sans vraiment comprendre pourquoi. Le groupe écrit des albums relativement homogène, où la basse de Oleskï et la batterie de Martin posent une ossature sur laquelle les guitares lâchent quelques soli, toujours débordés par la voix de Joël.

Imperial ne chamboule pas la donne. Avec son petit air de Riverside bourinneur saupoudré de cordes, le groupe suédois poursuit, imperturbable, son petit bonhomme de chemin.

La pochette noire au serpent argenté m’a convaincu d’acquérir cette fois la version 33 tours, et si sur le papier elle fait belle impression, j’ai été quelque peu déçu par son aspect décalcomanie, d’autant que le vinyle et le tee shirt m’ont coûté un bras.

L’album huit titres, quatre pour chaque face, possède la durée idéale  pour un vinyle, une seulle galette de 180 grammes dans son écrin noir argent, glissé dans une pochette également anthracite avec les paroles imprimées sur des crânes. J’en suis revenu des disques marathon d’une heure trente et je goûte de plus en plus ces enregistrements ristretto qui vont à l’essentiel.

Si d’ordinaire, la présence d’un quatuor à cordes est un plus, ici j’avoue ne pas lui trouver de grande intérêt, le mixage noyant violon, alto et violoncelle dans les instruments électriques. On va dire que Soen s’est fait plaisir, ce qui après tout n’est pas si mal.

Fidèle à moi-même, c’est le chant qui a guidé mon exploration de Imperial. Écoute après écoute, le jeu de batterie éblouissant de Martin s’est imposé à mes oreilles, un toucher sec et nerveux qui permet de s’extraire de la voix de Joël pour mieux découvrir les nuances des guitares comme dans ‘Modesty’. 

Imperial se révèle, strate après strate pour dévoiler à la fin les claviers minimalistes de Lars. Reste alors à lire les textes et à revenir au chant pour appréhender l’ensemble de l’album. De nombreuses écoutes qui mettent à jour un diamant brut.