Doom

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Toujours dans les ruines du fort, je suis tombé sur ce « Doom » gigantesque. Il m’a rappelé mes jeunes années lorsque je jouais à ce jeu en 3D sur mon premier PC. Les détails du mur sont tout aussi intéressants que le graffitis lui-même. Avec le recul, la photographie ne présente pas de grand intérêt sorti des couleurs mais il m’en fallait trois pour ma série hebdomadaire, désolé.

Nikon Z8, Nikkor Z 24-200 mm, 1/800s, f/5,6, ISO 64, 44 mm

Illuminated Void – Veriditas

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Lorsque mes yeux se sont posés sur la pochette de Veriditas, la curiosité l’a emporté sur la défiance et je me suis plongé dans ces cinq titres combinant presque toutes les étiquettes du metal et du prog.

Psyché, doom, sludge, stoner, post metal, desert rock, Illuminated Void est inclassable, un peu dans la veine de King Buffalo, le growl en prime. Le groupe né en 2021 dans le Wisconsin, sort ici son troisième album. Leurs influences sont à chercher du côté d’Anathema, de Paradise Lost et même de Pink Floyd, et les thèmes abordés dans les textes s’inspirent de l’ésotérisme.

Veriditas s’ouvre et se clôture sur deux titres fleuves de seize minutes et trente-trois secondes au milieu desquels prennent place trois autres pièces nettement plus raisonnables.

‘The Maze of Sleep’ et ‘Veriditas/Equinox’, en plus de posséder la même durée, ont globalement la même structure. Ils sont écrits en deux parties avec la seconde qui est acoustique. Le chant y est growlé au début et les pièces sont principalement instrumentales.

Mais revenons à la pochette, ce visage buisson nimbé de lumière froide qui s’ouvre comme un chemin et que deux silhouettes empruntent pour atteindre un havre de lumière, peut-être le chemin de l’âme. Si l’édition vinyle de cette merveille existait, je serais bien tenté pour me l’offrir tellement j’aime le visuel.

Veriditas est un album solo signé Matt Schmitz. Les quarante-huit illustrations noir et blanc du livret comme la couverture couleur sont l’oeuvre du même bonhomme, aidé de l’IA Midjourney. Un truc de fou, comme les paroles bien fumées.

‘Virgo Luciferia’ est certainement le titre qui se rapproche le plus de l’univers de King Buffalo. Nous nageons en plein psyché au chant scandé comme une transe même si ici, les textes sont un peu criés quand même. Son écriture est aussi moins linéaire et laisse place à un break suivi d’un solo de guitare de derrière les fagots avant de revenir au trip initial.

‘The Narrow Gate’ est un instrumental où flotte un growl évanescent (oui je sais, dit comme ça, ça fait bizarre) et des chœurs lointains sur quelques notes électroniques.

‘God Is An All Consuming Fire’ est une chanson jouée au coin du feu (pardon, j’ai honte). Un titre acoustique à la Anathema soutenu par des choeurs samplés où, pour la première fois, je sens la marque du projet solo, le côté minimaliste du pauvre qui aurait bien eu besoin de la contribution d’autres musiciens pour vraiment fonctionner.

Partagé par Katha sur twitter, ce troisième album de Illuminated Void est une très belle découverte disponible sur Bandcamp pour tous les amateurs de psyché, stoner, sludge, doom etc, etc. Je vous le recommande, surtout si vous aimez King Buffalo et le metal.

FVNERALS – Let the Earth Be Silent

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Noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir. Ben c’est un peu ça FUNERALS et leur doom ambiant chanté par Tiffany Ström.

Le duo allemand donne dans la musique atmosphérique doom post indus cinématique chamanique. Chant, basse, guitares, arrangements et percussions hantent les sept titres de Let the Earth Be Silent.

Un album de quarante minutes qui imagine le monde après une extinction de masse de l’humanité, une terre déserte et silencieuse où résonnait la musique du groupe. Mon rêve en fait. Les morceaux vont du bref ‘Rite’ au plus ambitieux ‘Barrent’ qui dépasse les huit minutes tout de même. Mais l’album est un tout qui s’écoute comme une seule piste, d’une traite, en fond sonore comme en immersion au casque.

C’est la pochette en noir et blanc, ce corps androgine nu recroquevillé dans un nid de branches qui a attiré mon regard. Et d’un bel artwork à l’écoute d’un album, il y a souvent qu’un pas que je franchis assez souvent.

Le chant évanescent, façon new age, posé sur des textures sonores sombres et lentes, domine l’album, offrant assez peu de contrastes, ce qui relègue vite Funerals dans les musiques à écouter en faisant autre chose ou pour les jours de très grosses déprime.

‘Descent’ est l’exemple même de cette musique atmosphérique au chant éthéré. Quelques accords de guitares isolés, pas de montée en puissance, ni de thème ou de refrain. Un morceau tout en attente qui ne décolle jamais vraiment malgré un passage un peu plus lumineux vers la troisième minute avant de retomber dans l’ombre oppressante. Presque un pont entre ‘Aschen’ et ‘For Horror Eats The Light’.

Je vais encore une fois citer Birdy ou La dernière tentation du Christ de Peter Gabriel, mais les atmosphères de Let the Earth Be Silent me font souvent penser à sa musique. Des trames graves, de rares percussions espacées, des sonorités étranges et un chant difficilement lisible, noyé dans les effets et les ténèbres, comme une incantation.

Mon titre préféré est le troisième, ‘For Horror Eats The Light’, sans doute parce qu’il est l’un des plus long et des plus construit des sept avec ‘Barren’.

Faites gaffe quand même, si vous êtes au bout du rouleau, Let the Earth Be Silent pourrait vous amener à commettre l’irréparable. Alors, avant d’aller l’écouter sur Bandcamp, consultez quand même votre psy.

Shores of Null – The Loss Of Beauty

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En 2019, le groupe Shores of Null m’avait fait très forte impression avec Beyond The Shores, un titre album de trente-huit minutes accompagné d’un film qui racontait les étapes du deuil. Alors, lorsqu’ils ont annoncé leur nouvel album studio The Loss Of Beauty, je n’ai pas hésité une seconde et j’ai commandé la totale.

Quand je dis la totale, c’est la totale. L’enregistrement numérique, le digipack, le tee shirt et deux éditions vinyles différentes limitées respectivement à 100 et 300 exemplaires. Oui des fois je déconne complètement, surtout ici, parce que je n’avais pas vu qu’il y avait deux fois le même vinyle sorti de la couleur.

Et pour tout vous dire, je regrette un peu la dépense. The Loss Of Beauty ne possède pas la puissance évocatrice de Beyond the Shores. Il faut dire que cette fois, nous avons à faire à onze morceaux de une à six minutes avec seulement deux instrumentaux et pas de violon ni de chant féminin en contrepoint du growl.

Il s’agit d’un album doom gothique et sombre on ne peut plus classique au final qui manque de caractère. The Loss Of Beauty parle de la beauté que l’on découvre dans tous les petits moments éphémères et imparfaits de la vie. Un thème à l’image de la pochette minimaliste , ces branches dépouillées où ne subsistent que quelques fruits rouges.

Au milieu de ce doom post-metal hurlé, deux titres brisent la monotonie ambiante : l’instrumental ‘The First Son’ où pointe un violoncelle et du piano et ‘Nothing Left To Burn’ où la voix de Davide sort un peu du registre habituel. Chant clair un tantinet théâtral et growl se partagent les paroles sur des guitares électriques mandolines, riffs chargés et double pédale trépidante. Une musique qui se rapproche plus du post metal que du doom du fait de son tempo infernal.

Je serai tenté de dire que cela manque de nuances et que sans la voix de Davide qui sait m’émouvoir parfois comme dans ‘Darkness Won’t Take Me’, j’aurai été vraiment déçu. Il est vrai que dans le cas ‘Beyond The Shores’, le support visuel du clip contribuait pour une bonne moitié à la fascination de cet album. En plus la musique flirtait nettement plus avec un doom qui convient mieux à ma mélancolie naturelle.

J’aurai aimé un peu plus de ‘The First Son’ et un peu moins de ‘Destination Woe’ dans ce nouvel album même si à gré des écoutes, un titre comme ‘A Nature In Disguise’ se détache agréablement de l’ensemble.

Bon, ça m’apprendra à acheter sans lire la composition sur l’étiquette. Mais si je ne vous ai pas dégoûté, vous pouvez l’écouter sur Bandcamp.

Messa – Close

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J’ai écouté l’album Close de Messa sur un malentendu : un collègue s’était endormi au volant de sa voiture en écoutant un groupe seventies allemand psychédélique. Et dans ma tête, ce groupe semblait porter un nom aux consonances proches de Messa ou quelque chose d’approchant.

En allant sur Bandcamp, je suis tombé sur une formation drone, stoner italienne datant de 2014. En fait, rien à voir avec le somnifère psyché de mon collègue. Un album que j’avais pourtant déjà survolé à sa sortie sans m’y attarder outre mesure.

En le réécoutant par curiosité, j’ai finalement succombé à son charme. En partie pour la voix envoûtante de Sara mais également pour la musique du groupe qui sait s’affranchir des codes en vigueur dans le monde du rock.

Close est le troisième album de Messa. Plus d’une heure d’écoute et dix morceaux dont cinq dépassent les sept minutes. Close propose des influences orientales, jazzy, world-music, doom et psychédéliques avec même un zeste de growl ainsi que deux courts instrumentaux ‘Hollow’ et ‘Leffotrak’.

La pochette sépia donne dans le psyché chamanique avec ses trois danseurs en pleine transe. Je vous l’avoue, ce n’est pas l’artwork qui m’a incité à acheter l’album, d’ailleurs, il ne semble pas que ce soit le point fort des italiens au regard des autres disques. Peut mieux faire de ce côté là.

La signature doom de Messa à la basse et chant lancinant est régulièrement mise à mal par des accélérations metal comme dans ‘Dark Horse’ et la world-music n’est jamais très loin comme au début de ‘Orphalese’ ou de l’oriental ‘Hollow’ sans parler du final jazzy de ‘Suspended’ ou le growl dans ‘Leffotrak’.

La voix de Sara à la fois chaude et brillante s’envole dans les aiguës quand elle ne donne pas dans le gospel, pas du tout ce que l’on attendrait d’une italienne brune aux cheveux bouclés. Le genre de timbre qui vous ensorcelle avant de tomber définitivement amoureux.

Close possède un je ne sais quoi de monotone, à la mani!re d’une marche funèbre (écoutez l’ouverture de ‘Suspended’). Mais ce qui aurait pu se transformer en un long album un peu barbant, se métamorphose en une délicieuse transe musicale, un trip chaminique envoûtant ponctué de temps forts.

Si vous avez l’impression que je vous vends très mal ce Close, surtout zappez la chronique pour écouter l’album. Je suis certain que vous ne le regrettez pas. En plus, vous n’avez aucune excuse, Messa dispose d’une page Bandcamp.

Sorcerer – The Crowning of the Fire King

Je précise tout de suite que je ne suis pas tombé dans la marmite doom quand j’étais petit. Mais en trainant sur Twitter, un dimanche pluvieux, j’ai lu un tweet de Doomedparade qui parlait d’un album de 2017 sorti par un groupe qui m’était totalement inconnu. Un groupe de heavy doom mélodique suédois né à Stockholm en 1988 au nom quasi caricatural.

J’ai cherché l’album The Crowning of the Fire King sur Bandcamp et, miracle, il existait. Alors je l’ai écouté, téléchargé, réécouté, encore, encore et encore et le lendemain je le commandais en vinyle cette fois. Je crois que l’on appelle ça un coup de foudre.

Le roi aux yeux de feu, enchaîné à son trône en plein air, tel le souverain du Trône de Fer, cache deux vinyles turquoises translucides et un poster. Le double panneau s’ouvre sur les paroles des titres de l’album ainsi que sur la ligne up et les remerciements. Un très bel objet, acheté sur un coup de tête et que je ne regrette absolument pas. Je ne suis ni très doom ni très heavy pourtant. Mais là, respect. 

The Crowning of the Fire King de Sorcerer ne révolutionne pas le genre mais est super bien foutu avec quatre morceaux de plus de huit minutes, un délicat instrumental acoustique, une histoire et pas loin d’une heure heavy à souhait sans parler des deux morceaux bonus à la fin.

Bon oui, la voix de Anders Engberg m’a scotché comme les guitares heavy de Kristian Niemann et Peter Hallgren, mais c’est ce mélange heavy et doom improbable qui a certainement été le déclencheur compulsif. Car associer la pesanteur du doom aux hurlements du heavy, ça n’a rien d’évident. Des bruitages, des voix, des chœurs et des soli achèvent de rendre cet album totalement épique, entre Star One, Queenrÿche et Evergrey.

L’album démarre sur un ‘Sirens’ bien rentre dedans et se poursuit par le long ‘Ship of Doom’ qui s’offre une lente mise en place et une écriture plus doom, émaillée par le bruit de la mature, de la houle et des galériens enthousiastes. A partir de ‘Abandoned by the Gods’, Sorcerer donne dans une délicieuse routine metaleuse avant le court entracte de ‘Nattvaka’, qui, en sudéois, signifie “pendant la nuit”. Puis on repart bien lourd avec ‘Crimson Cross’ avant un solo heavy de derrière les fagots. L’histoire s’achève sur ‘Unbearable Sorrow’ qui propose pas loin de dix minutes qui pour le coup sonnent vraiment très Queensrÿche. Reste à profiter encore de deux titres bonus sur la face D avant de repasser la première galette une nouvelle fois. 

L’album n’a rien de révolutionnaire mais il fonctionne à merveille. Reste à savoir si sur la durée, il continuera à m’emballer autant, pour l’instant, ça déchire toujours autant.

Teeshirt : Lacrimas Profundere