Mother of Millions – Magna Mater

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Je connais le groupe grec Mother of Millions depuis l’album Sigma en 2017. Et si vous vous souvenez bien, leur précédent EP Orbit sorti il y a deux ans m’avait fait forte impression.

Ils reviennent ce mois-ci avec Magna Mater, un album neuf titres d’un peu moins de quarante cinq minutes.

Clairement ce n’est pas la pochette de cette reine brune déguisée de rideaux pastels qui m’a vendue l’album. Il y a peut-être un message caché dans l’image, dans ce cas je ne l’ai clairement pas compris. Je ne vois pas Cybèle la mère des dieux dans ce déguisement ridicule.

Par contre la musique est des plus réussie. Ici le djent côtoie le symphonique, l’électro, le cinématique et plusieurs voix dont une féminine se rencontrent sur les morceaux.

Le groupe considère à raison qu’il s’agit de son album le plus intense mais aussi le plus pêchu de leur carrière. C’est vrai que l’on s’éloigne du post rock pour aborder des rivages post metal progressifs plus intenses.

Magna Mater donne le ton dès les premiers titres ‘Inside’, ‘Feral’ et ‘Magna Mater’ qui lancent des charges lourdes mais n’oublie pas également de faire vibrer notre corde sensible avec du chant débordant d’émotion et des passages épurés au piano comme dans ‘Space’. ‘Magna Mater ‘ ose même le growl, chose pour le moins inhabituelle chez Mother of Millions.

La musique de ce nouvel album n’est pas sans rappeler Leprous comme dans ‘Liminal’ même si la performance vocale n’est pas forcément du même niveau. D’ailleurs, en parlant de chant, il y a celui de ‘Celestial’ qui me chagrine un peu. Il semblerait que le lead ne soit pas tout à fait au diapason de la trentième seconde à la fin de la première minute.

‘Irae’ qui est au passage le titre le plus long de l’album avec un peu plus de six minutes, donne dans le post-metal cinématique symphonique grandiose. Après quatre minutes vocales lentes et solennelles portées par quelques claviers, guitares et percussions, le morceau gagne en puissance pour culminer dans les dernières secondes.

‘Space’ qui conclue l’album est quasiment son négatif. Une partition piano et guitares toute simple agrémentée d’une petite ritournelle pour enfants en guise de refrain. Un titre qui contraste beaucoup avec le reste de l’album nettement plus pêchu et qui permet de sortir en douceur de la musique.

Si Magna Mater n’est pas follement original, il se rapproche trop de Leprous ou de Earthside pour cela, c’est un magnifique album qui prouve la fabuleuse progression musicale du groupe depuis leurs débuts.

Il s’agit de leur plus bel album à ce jour même si le groupe a peut-être perdu un peu de son identité originelle au passage en devenant plus mainstream. Ne passez pas à côté, d’autant que vous pouvez le découvrir sur Bandcamp par exemple.

verbal delirium – Conundrum

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Verbal Delirium est né au pied du Pirée en 2006. Un quintet de rock progressif dont le quatrième album Conundrum voyait le jour en novembre de l’année dernière.

Je dois cette découverte à Gerlinde Roth, une parfaite inconnue avec qui je partage des goûts musicaux et des amis Facebook.

Outre les cinq musiciens du groupe, chant, basse, claviers, guitares et batterie, Verbal Delirium s’entoure de nombreux artistes avec, sur cet album, un violoniste, un saxophoniste clarinettiste et plusieurs chanteurs. 

Leur musique est d’une grande richesse, mêlant folk, symphonique, metal, rock, progressif, chœurs et si les mélodies sont extrêmement variées, l’album ne part pas pour autant dans toutes les directions.

Verbal Delirium puise ses inspirations chez Queen, The Beatles ou encore Pain of Salvation. Autant dire que leur musique est riche et un petit peu barrée.

L’album Conundrum se décline en huit morceaux pour cinquante minutes avec deux pièces qui dépassent allègrement les neuf minutes : ‘The Watcher’ et ‘Neon Eye Cage’.

Verbal Delirium passe du grandiloquent ‘Falling’ aux influences symphoniques et metal à l’improbable titre album instrumental ‘Conundrum’. Un titre folk dansant digne des excès du rock progressif des seventies.

‘In Pieces’ vous fera songer aux Beatles mais également à Pink Floyd. C’est si bien écrit que je n’y vois aucun plagiat, tout au plus un très bel hommage. Et son final improbable à la Carl Orff s’intègre étonnamment bien dans le morceau.

‘Intruders’ fait beaucoup penser à Queen de part son exubérance, quelques passages vocaux fabuleux et même les guitares.

Mon titre préféré s’intitule ‘Children Of Water’ où le chant de Jorgon fait des étincelles sur une musique assez géniale, proche du Pain Of Salvation période Scarsick. ‘The Watcher’ est également assez barré dans le genre, limite grotesque avec un refrain en total contrepoint avec les couplets qui virent au metal.

Enfin la ballade violon piano de ‘Fall From Grace’ vous emportera tel un ‘Gentlemen’s Excuse Me’ de Fish avec en prime une magnifique section de guitare dans les dernières secondes.

Conundrum n’est pas le genre d’album que j’affectionne particulièrement d’ordinaire. Les trucs un peu barrés, les rythmes dansants et les mélanges ne font pas bon ménage sur mes enceintes. Pourtant j’adore cet album. Je ne peux que vous le recommander chaudement.

Je vais d’ailleurs explorer leurs autres compositions pour me faire une meilleure idée de ce groupe atypique et talentueux grec.

I Abyssick – Ashes Enthroned

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Teeshirt : The Pineapple Thief – Built A World (2013)

Je vous emmène à l’Acropole.

Les clichés véhiculés par dépliants touristiques peuvent cacher une toute autre réalité : riffs graisseux, batterie parkinsonienne et chant caverneux, bienvenus en Grèce. Ames sensibles, fuyez, aujourd’hui je vous présente le premier album d’un groupe de heavy metal cadencé comme du doom. Et pour tout vous dire, mon épouse déteste ce CD, je suis obligé de l’écouter en cachette.

I Abyssick est un quatuor athénien né en 2017 et qui début juillet nous livrait son premier effort intitulé Ashes Enthroned. Une heure et neuf morceaux pour un concept album de fin du monde, écoutez plutôt : “Réveillez-vous dans un monde totalement détruit, face à une lumière aveuglante…”. 

Premier album, concept, Grèce, non il ne s’agit pas d’une de ces promotions improbables que je recevais autrefois à Neoprog mais d’un coup de cœur de K-ManRiffs sur Twitter où il comparait nos gars à Nevermore et Paradise Lost. De quoi titiller ma curiosité.

L’album débute sur une explosion suivie des crépitements d’un compteur geiger. Si vous n’avez pas compris quel est le problème, je peux vous faire un dessin. 

Basse lourde, chant virile, guitare hennissante, batterie au taquet, nos quatre grecs jouent un heavy qu’ils tirent derrière eux comme un boulet de forçat. C’est noir, sombre, pesant, désespéré et l’histoire ne fait que commencer. Le pire est à venir.

Sorti d’un récitant et de quelques bruitages, ici pas de fioritures pour alléger les compos. Toutefois vous retrouverez dans cet album un peu de l’ame de de Queenrÿsche et de Paradise Lost, disons leurs côtés obscurs. Les titres ne possèdent pas tous une écriture archi compacte comme le prouve ‘In A Land Of Ash And Debris’ mais dans l’ensemble l’album reste tout de même assez dense.

Dans le registre basses, Constantin Moris assure, secondé par trois autres chanteurs invités sur cet album. A la batterie Aggelos offre un feu d’artifice parfaitement dosé, qui avec le chant, font beaucoup à l’atmosphère. 

Ashes Enthroned ne réinvente pas la Moussaka mais si vous aimez le heavy sombre, prenez le temps de l’écouter, il est sur Bandcamp. L’album vous plonge dans un cataclysme musical vraiment réussi. Vous pourriez y prendre goût.

Erreur d’aiguillage ?

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La boite aux lettres est une pochette surprise et une boite de pandore. Ce matin, une enveloppe brune trônait dans le cube de tôle vert devant mon portillon. Origine, la Grèce. Je me creuse le ciboulot pour me souvenir quel album j’ai pu commander là bas, mais je ne vois rien. J’ouvre donc la pochette et tombe sur non pas un CD mais trois. Deux EPs et un LP de groupes grecs qui me sont totalement inconnus : Warship, Terra Incognita et Project Renegate.

D’où viennent ces disques ? Sans doute d’un promoteur grec avec lequel j’ai du être contact il y a quelques temps (pardon si j’ai oublié, je n’ai pas la mémoire des noms). Je vous rassure, ce genre d’arrivage surprise est assez exceptionnel, surtout en format physique, car en mp3, nous recevons tout et n’importe quoi.

Maintenant, reste à savoir ce que nous allons faire avec tout cela. Warship, son destin est déjà scellé, il n’ira même pas jusque l’écoute complète j’en ai bien peur. On dirait du punk façon heavy métal. Ouille ça pique ! Pour Terra Incognita, même si on parle de heavy metal, une écoute s’impose je pense, on verra cela à la maison ce soir. Enfin, pour le petit dernier [pr:oj.ect] Renegate, il est évident que l’on va en faire quelque chose car ce metal alternatif à chanteuse sonne vraiment bien, je vous invite à y jeter une oreille attentive, d’autant que c’est un EP trois titres téléchargeable librement sur Bandcamp.

Vous pourriez vous demander pourquoi les promoteurs envoient du heavy metal à des webzines de rock progressif. Deux raisons à cela :

  1. De temps en temps, il nous arrive de déraper fortement de la ligne éditoriale, quand un album nous tape dans l’oeil. Cela fait du bien de changer d’horizon de parfois.
  2. Seconde raison, la principale, les promoteurs sont rétribués pour expédier aux médias un certain nombre d’exemplaires d’albums, on ne leur demande pas forcément de cibler finement l’objectif. Alors si vous chroniquez une fois du métal, vous risquez de recevoir quelques wagons de death, heavy, trash, sluge, doom, stoner, drone, symphonique, pagan, math, mélodique… metal.

Mauvais aiguillage ou pas, distribution large bande, promotion de la scène grecque, toujours est-il que le promoteur a réussi son opération séduction avec au moins un album sur les trois, c’est déjà un bon score lorsque l’on sait que plus d’un album sur dix ne passe même pas l’étape de l’écoute complète chez nous.