Les douces nuits provençales

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Nous sommes descendus dans le sud-est de la France jeudi en voiture pour troisième fois cette année. Ce n’est pas forcément notre destination de vacances favorite, nous préférons l’Italie, la Corse  ou la Sardaigne mais dans la vie, difficile d’échapper à  certaines obligations.

Avant de partir pour cette longue route, je suis passé dans un garage pour monter deux pneus neufs à l’avant car l’un d’entre eux donnait des signes d’usure inquiétants. Vous vous en foutez probablement pour l’instant de cette affaire de pneus mais c’est important pour la suite de l’histoire, alors notez le dans un coin.

Neuf heures de route passant de la pluie diluvienne au soleil de plomb pour prendre possession d’un gîte pas terrible mais doté d’une piscine afin que le séjour ait des airs de vacances.

La première nuit fut très calme, il faut dire que nous étions aussi les seuls locataires. Et sorti des deux gros chiens bergers du propriétaire qui aboyèrent de concert jusque minuit, pas un bruit. Le matin c’est aux aurores que le coq annonça à son harem qu’il était l’heure de passer à la casserole. Bienvenu à la campagne !

La seconde fut un enfer ! Des vosgiens venus en force pour un mariage ont pris possession de la maison mitoyenne à la nôtre. Après s’être installés, ils ont discuté bien fort dehors puis dedans jusqu’à point d’heure. 

C’est là que nous avons découvert que les murs du gîte transmettaient tous les sons, le bruit de l’eau de la douche, le bruits des pas sur les marches d’escalier, les voix etc. Alors les éclats de rire et les chasses d’eaux…

Quelques heures plus tard, le coq se réveillait, encore…

La bonne nouvelle c’est que la troisième nuit nos fêtards n’étaient pas là. Ils se rendaient à un mariage et ne devaient que rentrer très tard. 

Vous avez déjà été réveillés à trois heures du matin par une bande de jeunes imbibées qui fait un bordel monstre avant de se coucher. Bonne nouvelle vraiment ? Damned !

Le dimanche matin, le coq était toujours vivant.

La tête dans le fondement, nous aurions dû repartir dans l’autre sens pour plus de huit cent kilomètres d’autoroute avant une difficile journée de reprise du travail le lundi. 

Mais voilà, la veille au soir vers 20h, voulant céder le passage à une voiture pressée, j’ai embrassé un trottoir avec mon pneu avant tout neuf. Le pneu a explosé propre et net, et c’est la galette qui l’a prestement remplacé grace au bons soins du petit jeune qui conduisait l’autre véhicule. 

C’est là que l’on se dit que l’on rentre dans le troisième age. Lorsque un petit jeune a pitié de vous et remplace votre roue crevée… Bref.

Une galette signifie une vitesse maximale limitée à 80 km/h et pas de long trajet. Impossible de reprendre le chemin de l’Alsace le lendemain. Car le dimanche, les garagistes et vendeurs de pneumatiques sont fermés, même dans le sud-est de la France où tout le reste des commerces est ouvert.

Nous avons contacté l’assurance qui ne pouvait nous envoyer qu’une dépanneuse pour monter la roue de secours, ce qui était déjà fait. Nous avons recherché sur le Net des services de pneumatiques ouverts H24 qui se sont avérés fermés le dimanche. Nous avons cherché des garages ouverts, des stations services avec des pneus, mais rien dans un rayon de moins de 50 km. 

Alors nous avons patienté jusqu’au lundi matin, passant un dimanche pluvieux chez les parents de mon épouse. Nous n’avions plus de gite, de chiens, de coqs ni de fêtards pour animer notre nuit provençale, juste une galère de pneu à trouver d’urgence pour meubler notre insomnie.

Lundi à 8h30 la voiture était fin prête pour reprendre la route équipée de deux nouveaux pneus 4 saisons 205/50 17 89 V. Oui car à force d’appeler les garages, je connais les dimensions de mes pneus par coeur. Sauf que manifestement l’équilibrage a été bâclé ou alors le train de direction a pris un pet dans casque. Car à partir de 120 km/h le volant de titine souffrait de la maladie de parkinson.

Malgré cette galère, nous avons trouvé le temps de visiter le magnifique prieuré de Ganagobie, les champs de lavande de Valensole, la piscine au combien vivifiante du gîte et surtout nous sommes rentrés entiers à la maison, certes fatigués et avec un jour de retard mais vivants. Ça aurait pu être pire.

1277m

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Un violoncelle sur la banquette arrière, une valise pour les slips, une monture équatoriale et une lunette dans le coffre, nous sommes partis vers le sud, dans les Alpes de Haute-Provence. 

A 1277 mètres d’altitude et un peu moins d’habitants, au coeur de la vallée de la Blanche, non loin du lac de Serre-Ponçon, se dresse le village de Seyne les Alpes et sa citadelle Vauban.

C’est là, au-dessus des maisons, au milieu des pâturages, qu’a été construit le petit chalet de mes beaux parents. Une maison minuscule sur un terrain en pente avec une vue imprenable sur les montagnes.

A 22 heures dans ce paradis perdu, les lumières du lotissement s’éteignent, le silence envahit la montagne et les premières étoiles scintillent. 

A 23h30  la Voie Lactée s’illumine tel un néon gigantesque, les étoiles du Cygne brillent au zénith et la constellation du Sagittaire frôle les sommets vers le sud.

C’est le plus beau ciel que je connaisse. Bleu azur le jour, noir constellé d’étoiles la nuit. Ici les yeux émerveillés découvrent les couleurs des étoiles et certaines nébuleuses sont visibles à l’oeil nu.

J’ai installé mon instrument dans l’ancien potager aujourd’hui à l’abandon. Aux dernières lueurs du jour j’ai pointé la monture vers le Nord et j’ai ajusté les trois pieds au niveau pour que le suivi des étoiles soit le plus parfait possible. Vers 22h30 j’ai aligné l’instrument sur l’étoile polaire afin de parfaire la mise en station et compenser la rotation de la terre. Les étoiles ne tourneront pas dans l’objectif.

La nuit astronomique débute vers 23h30. Les étoiles brillent de toute leur puissance thermonucléaire et la Voie Lactée déroule son voile du Nord au Sud.

C’est l’heure où la lunette de 72 pointe une nébuleuse ou bien une galaxie. Les moteurs de la monture équatoriale ronronnent dans le silence surnaturel, les LEDs rouge et verte clignotent dans le noir et après quelques tâtonnements, l’objectif trouve sa cible et réalise une première photographie.

Malgré le soleil qui a brillé toute l’après midi, il fait frais sous la voute étoilée. Chaudement emmitouflé, je surveille l’électronique en plein travail. Le suivi est correct, l’empilement se passe bien, aucun nuage ne vient troubler les photographies mais de temps en temps le wifi de l’ordinateur est capricieux.

Image après image, toutes les trente secondes, l’objet dévoile un peu plus de détails et de couleurs sur l’écran de la tablette. Tout d’abord ce n’est qu’une ébauche floue au milieu de milliers de points brillants, puis des structures se dessinent, de nouveaux objets apparaissent et des couleurs, de plus en plus saturées peignent le ciel, bleu, jaune, rouge, orangé. La magie opère, la nébuleuse ou la galaxie ressemble peu à peu aux images des livres d’astronomie de mon enfance.

Au cours de cette semaine de vacances passée en montagne, trois nuits furent exceptionnelles, sans nuage, sans lumière et peu de vent, autant que depuis le début de l’année en Alsace. 

Pour la première nuit j’ai pointé une galaxie facile à capturer, au zénith, au bout de la queue de la grande casserole. M 51, un classique que j’ai déjà photographié mais jamais sous de tels cieux. Au bout d’une heure j’avais déjà plein de détails sur la spirale elle même et de nombreuses galaxies plus lointaines se sont petit à petit dévoilées dans le champ large de l’instrument.

Le second soir, malgré un ciel fabuleux, je ne me sentais pas la force d’une nuit blanche après un aller retour chez mes beaux parents. J’ai attendu que la nuit tombe pour montrer la Voie Lactée à mon épouse et prendre quelques photos pause longue du ciel, sans la lunette. C’est là que j’ai réalisé que les constellations du Sagittaire et du Scorpion étaient nettement plus hautes à l’horizon qu’en Alsace. Cela m’a donné le sujet de ma troisième nuit d’observation.

Pour la dernière nuit j’ai tenté M 20, la nébuleuse trifide que je n’ai jamais pu observer et encore moins photographier. Comme elle est relativement basse sur l’horizon, l’emplacement du potager ne faisait plus l’affaire. Alors je me suis installé sur la terrasse du chalet qui donne plein sud. Une fois le matériel installé, j’ai pu le laisser travailler, confortablement installé dans le canapé. Le large champ de la lunette de 72 mm me permettait d’englober plusieurs objets sur la photographie en même temps. Les nébuleuses M 8 et M 20, l’amas d’étoiles ouvert M 21 et plein d’objets NGC noyés dans le nuage de gaz de la Lagune. Une merveille !

Dès les premières images, les couleurs rouges et bleues de la trifide ont éclaboussé l’écran de la tablette. Je n’en croyais pas mes yeux. Les pastels de la nébuleuse de la Lagune se sont plus lentement dévoilées, la faute à mon appareil qui filtre le rayonnement infrarouge. Tout le monde n’a pas un James Web sous la main. Les milliers d’étoiles constituant notre galaxie tissaient un tapis scintillant autour des deux nuages de gaz colorés tel un diadème de l’espace. Tellement lumineux que j’ai dû baisser fortement la sensibilité de l’appareil pour ne pas bruler les images.

Je ne suis pas certain d’avoir bien réussi la mise au point et le suivi des étoiles fut chaotique faute de pouvoir réaliser un alignement sur l’étoile polaire. Si la photographie ne sera pas parfaite, elle reste une des plus magiques que j’ai réalisé.

La cargaison

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Comme vous ne le savez pas, nous sommes partis en vacances pendant une semaine dans le sud-est de la France. Une semaine au soleil dans un gite pas très loin de ma belle famille.

Qu’est-ce que vous emportez lorsque vous partez en vacances ? Un maillot de bain, un bouquin, des lunettes de soleil, ce genre de truc. Ben pas nous. Enfin si mais pas que ça.

Pour ma part, je prends toujours un appareil photo, parce que les vacances c’est l’occasion de capturer de nouveaux paysages. Mais depuis quelques temps, j’ai renoué avec l’astronomie qui est une vielle passion et étant donné que le ciel n’est pas vraiment clément depuis le mois d’octobre, j’espère qu’en allant vers le sud, ce sera un peu mieux. 

Donc j’emmène également une monture équatoriale, une lunette, des oculaires, un télescope et des batteries sans parler des accessoires indispensables comme les contrepoids, les câbles et les adaptateurs. Largement de quoi remplir un coffre.

Ma femme, elle est musicienne et doit se produire cinq fois en public d’ici la fin de l’année avec plusieurs oeuvres à travailler. Elle emporte donc un piano numérique mais comme son second instrument est un violoncelle, les places arrières vont être prise par son étuis. 

Avec tout cela, la voiture est remplie. Mais comme Gaston avec sa valise à piles, il fallait trouver une petite place pour la brosse à dent et le dentifrice, sans parler des vêtements et des livres.

Au final, il a fallu faire quelques sacrifices. Piano et violoncelle ne tenaient pas ensemble à l’arrière de la voiture. Mon épouse n’a conservé que le clavier numérique. Et une fois la valise rangée dans le coffre, il n’y avait plus de place pour le Celestron et la valise à oculaires, j’ai dû me contenter de la lunette avec la petite monture ZWO.

Même avec nos deux enfants, on n’avait jamais été aussi chargé pour partir en vacances. Il va bientôt nous falloir un camping car avec une coupole sur le toit ainsi qu’une salle de concert à l’arrière.

Image empruntée à Franquin.

Lighthouse

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La pointe du Capo d’Orso n’est accessible que par un petit chemin caché dans le maquis et bien entendu non balisé, car nous sommes en Sardaigne, pas sur les sentiers Vosgiens. La promenade se mérite, d’autant que presque personne ne va là bas, mais comme un phare se dresse sur la pointe, je n’ai pas résisté à la promenade. Ce n’est qu’une photographie de vacances à l’heure du coucher de soleil, avant que la nuit ne tombe et que les sangliers n’investissent le maquis.

A l’arrière plan se dessine les célèbres îles de la Maddalena et de la Caprera, petits paradis dans cet archipel déjà magnifique.

Nikon Z8, Nikkor Z 24-200 mm, 1/80s, f/11, ISO 64, 62 mm

Punk ain’t dead

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Près de notre location en Sardaigne, au Capo d’Orso, se trouvaient les ruines d’un fort faisant partie d’un vaste ensemble défensif prévu pour protéger l’île des invasions françaises.

Dans les ruines de certains des bâtiments, je suis tombé sur des tags à la limite du street art comme ce cochon tueur. Je n’ai pas pu résister à l’envie de photographier ces peintures rupestres d’un autre âge. « Punk ain’t dead » clame un autre graffiti primitif sur le mur. Décidément, les punks ne comprendront jamais l’art…

Nikon Z8, Nikkor Z 24-200 mm, 1/160s, f/4.5, 90 ISO, 24 mm

Nuraghique – la stèle

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Nous sommes près d’Arzachena en Sardaigne, devant la tombe de géant de Coddu Vecchiu, un monument particulièrement exceptionnel. La stèle se compose ici de deux pierres superposées et sculptées. Les menhirs formant les cornes de taureaux sont particulièrement bien préservées ainsi que l’allée couverte qui a conservée quasiment toutes ses dalles.

Le choix du noir et blanc s’est imposé pour quasiment toutes les photographies de monuments nuraghiques afin de bien faire ressortir les détail de la roche malgré un soleil très haut et des lumières dures.

Nikon Z8, Nikkor Z 24-200 mm, 1/320s, f/7.1, ISO 72, 69 mm

The last nuraghe

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Vendredi 22 septembre

Le vol Volotea V72712 décollait à 16h50. Contre toute attente il partit à l’heure et arriva même avec dix minutes d’avance. Après avoir récupéré les clés du notre hybride, il ne nous restait plus de quarante kilomètres à parcourir pour rejoindre la location située à 250 mètres de la plage. Quarante kilomètres à l’heure car nous sommes en Sardaigne dans une Fiat Panda et que la nuit est déjà tombée sur l’île lorsque nous quittons Olbia. 

Je n’imaginais même pas qu’une Fiat Panda puisse posséder une motorisation hybride à six vitesses. Même dans les descentes elle peine à atteindre les quatre-vingt kilomètres heures. 

Après quelques errements dans l’obscurité, nous avons trouvé l’appartement, et malgré un loyer de plus de cent euros la nuit, il n’avait ni four, ni micro-ondes, ni cafetière. Le matelas king size dont on sentait les ressorts rouillés et des draps usés jusque la corne nous promettaient des nuits délicieuses. 

Bonus, les seuls voisins à cinq cents mètres à la ronde faisaient la fête juste contre notre chambre ce soir là sans parler de l’orage qui a éclaté soudainement. 

Ça ne nous a pas découragé pour autant et nous sommes descendu dans le noir sur la plage profiter des premières gouttes de pluie. 

Samedi cannibal surf babe

Après un café avec dosettes Senseo tassées dans une cafetière à moka et une galette au miel, nous sommes partis faire des courses, car il faut bien se nourrir même en vacances.

La première épicerie sur la route de Palau vendait trois tomates, deux yaourts et beaucoup de marques de lessives. Nous avons donc continué l’exploration de la ville pour trouver finalement un supermarché correctement achalandé un peu plus loin. 

Une fois le frigo rempli, nous sommes montés au rocher de l’ours, promontoire touristique à trois euros le parking, cinq l’entrée et cinquante cents les toilettes. 

La vue sur la baie était juste imprenable et le rocher ressemblait bien à un ours, mais vu de la mer.

Le grand air ça creuse et après un repas de vacances (du pain, du fromage, de la charcuterie) nous repartons pour un voyage dans le temps, plus de quatre mille ans en arrière pour admirer un tombeau de géant, monument mégalithique propre à la Sardaigne qui allie menhir, allée couverte et mur de pierres. Il n’en restait plus grand chose mais quelques kilomètres plus loin, un second monument snobé par les guides nous réservait une belle surprise. Celui-ci était quasi intact avec sa pierre dressée percée d’un trou pour laisser entrer les morts. Nous en avions déjà vu un il y a quelques années mais celui-ci était vraiment incroyable. Sans doute, parce que d’après la légende, il aurait des vertus curatives. Du coup de nombreux bobos s’adossent au menhir pour méditer ce qui complique les photos.

Sur la route d’un nurrhage que nous ne trouverons jamais, nous tombons sur le spot des champions de la glisse, la plage de Porto Pollo et sa presqu’île. Kyde Surf, planche à voile, machin volant, l’eau est recouverte de Brice de Nice faisant des acrobaties aquatiques et aériennes. 

Ce n’est pas là que nous tremperons nos fesses, il y a trop de vent, d’engins fous et surtout nous n’avons pas nos maillots. Par contre, de retour dans notre nouveau chez nous, et malgré la fatigue, nous descendons à la plage privative abritée du vent pour goûter à l’eau de la Méditerranée. Vivifiant !

Dimanche archéologique 

Après un vrai moka cette fois, nous prenons la route Arzachena, à une vingtaine de kilomètres de notre pied à terre soit pas loin de trente-cinq minutes de route pied au plancher. 

Nous remontons le temps une nouvelle fois de quatre à six mille ans, à la découverte de la civilisation nuraghique et mégalithique. Sur notre route, sont bâtis quatre monuments : deux tombeaux de géants, un nuraghe (sorte de tour en pierres sèches entourée de maisons rondes) et une nécropole avec quatre coffres mortuaires, plusieurs cistes, un dolmen et trois tumuli entourés de pierres dressées, largement de quoi occuper la matinée. 

Sur deux d’entre eux c’est l’affluence, bus d’allemandes en expédition, genre séminaire, italiens en week-end, touristes de passage et nous, archéologues en goguette. Sur les deux autres, personne ou presque, surtout à la nécropole pourtant assez fascinante.

Après une sieste obligatoire et méritée, une tête dans la mer et une promenade sur un cap, nous avons découvert que le réfrigérateur de la location avait rendu l’âme. Dommage pour les surgelés… 

Nous sommes partis nous promener malgré cette déconvenue vers le Capo d’Orso et à la recherche d’un chemin que nous ne trouverons pas ce jour là, nous sommes tombés sur une magnifique crique sauvage, accessible par un chemin escarpé. 

Puis à la nuit tombée, je suis parti en solitaire m’exercer à la photographie nocturne. En rentrant, le réfrigérateur ne fonctionnait toujours pas.

Lundi sans frigo

Pas de réfrigérateur, pas de nouvelles de la propriétaire et plus d’eau au robinet. 

En rentrant d’une nouvelle expédition nuraghique, un magnifique temple niché dans la montagne, un nuraghe et un tombeau de géant, nous avons fait des courses composées de denrées non périssables : biscuits, pâtes, fruits, conserves, histoire de se nourrir sans devoir compter sur les bienfaits de la conservation par le froid. 

L’eau est revenue assez vite, nos voisins semblaient coutumiers du problème. C’est d’ailleurs là que l’on a appris qu’elle n’était pas potable. Impossible de conserver des produits frais comme la salade, les yaourts, la viande ou le poisson. Même la bière restera tiède et ça c’était certainement le pire. 

La marche vers le temple de Malchittu, près d’Arzachena, fut certainement le temps fort de la matinée. Deux petits kilomètres de grimpette dans la montagne, entourés de paysages à couper ke souffle (surtout la montée en fait) pour arriver à cette construction en pierres sèches datant d’il y a près de quatre millénaires.

Après la sieste suivie d’une traditionnelle baignade avec les poissons, nous sommes partis pour le Capo Sardina visiter un majestueux fort dressé sur un éperon rocheux. Puis nous nous sommes posés près du phare pour assister au coucher de soleil. 

C’est pendant ce moment romantique qu’a choisi la propriétaire pour répondre à nos messages frigorifiques. Il faut dire qu’entre temps j’avais fait appel au support AirBnb histoire de la motiver. Peu avant 20h, après quelques échanges par SMS, un bricoleur pas tout jeune est venu voir de quoi il en retourne et après quelques explorations électriques, il a remis en route le réfrigérateur, promettant de passer le lendemain pour finir le travail. Sauf qu’en contrepartie, nous n’avions plus l’allumage électrique des feux de la gazinière. On ne peut pas tout avoir. C’est ce soir là que nous avons également découvert que la hôte aspirante ne fonctionnait pas sans parler des portes de placards branlantes. Une cuisine en ruine.

Mardi ferry

Le cinquième jour nous avons pris la direction de l’île de la Maddelena. Un ferry relie régulièrement Palau à l’île en quelques minutes. 

Comme La Maddelena était pour nous un violent retour à la civilisation, nous avons fuit jusqu’à l’île voisine, Caprera, reliée par un pont à La Maddelena et qui ne comprend que quelques routes et très peu d’habitations. 

Une île de pins parasols, de plages paradisiaques et désertes à cette saison. Nous y serions bien restés toute une vie. Mais bon, vers midi, la chaleur, même à l’ombre des pins devenait intenable. Alors nous sommes allés manger une glace dans la rue piétonne de La Maddalena qui propose un savant mélange de restaurants pour touristes, boutiques de luxe et échoppes de souvenirs moches. 

Après quoi nous avons repris la mer et rejoint notre taudis au bord de la plage avec son matelas multi spires et son réseau électrique dernière génération pour une sieste méritée. 

Une baignade, une bière et un repas plus tard, je partais à nouveau dans la nuit réaliser des clichés pose longue des rochers et des étoiles histoire de m’amuser avec mon mini pied photo qui tient presque dans la poche.

Mercredi  : sanglier à la broche

Comme tous les matins depuis notre arrivée, je descends à la plage vers 6h30 alors que mon épouse dort encore. 

La plage donne plein Est et vers 7h00 le soleil se lève sur les îles. Alors chaque matin, je travaille sur les variations du lever de soleil et ce jour là, c’était tout particulièrement magnifique.

Deux ristreto plus tard, nous prenons la route pour notre plus grande excursion des vacances qui nous conduit à Tiempo Pausana à plus d’une heure de route. 

Objectif découvrir un nouveau nuraghe, celui de Maigri et sur les conseils de la guide du site, un tombeau de géant non loin de là. 

Je voulais aussi découvrir La Vallée della Luna (y a des noms comme ça  qui me parlent) mais nous l’avons traversé sans nous en apercevoir, les paysages lunaires promis n’étaient pas à la hauteur de mes rêves. 

Alors nous sommes rentrés, de toute façon il était déjà 14h, l’heure de la sieste avant le bain.

Pour finir la journée, ou presque, un coucher de soleil au bord de la mer, une bière (encore), un repas frugal et une nouvelle expédition nocturne pour tenter de photographier l’ours du cap sous les étoiles. 

A défaut d’ours, j’ai rencontré une famille de sangliers qui m’ont définitivement découragés d’arpenter à pied les routes de Sardaigne la nuit. Qu’importe, j’ai enfin ma photo après trois tentatives nocturnes.

Je dis qu’il est beau le soleil 

Ce matin ma chérie s’est réveillée avant moi. Nous avons pu descendre ensemble à la plage dans la nuit pour assister à un nouveau lever de soleil. Après cela nous sommes partis vers Porto Cervo afin de découvrir l’étonnante église Stella Maris. Mais en chemin nous sommes passés par Poltu Quatu, une ville toute blanche pour touristes fortunés et la crique où ils amarrent leurs yachts de luxe. De ma vie je n’avais vu une telle concentration de bateaux pour millionaires. Le petit personnel s’affairait dans le port pour briquer et préparer des monstres de chevaux qui ne sortent presque jamais en mer.

La bonne nouvelle du jour fut que nous pourrions garder la location juste vendredi à 15h au lieu de 10h ce qui dans notre logique signifie une baignade de plus avant de partir. Car oui, la fin des vacances approchent.

L’après-midi, après la traditionnelle sieste baignade, j’ai retenté en solitaire l’expédition à Capo d’Orso depuis notre paradis tropical. Je ne savais pas trop où me conduirait le chemin que j’ai emprunté mais après une grosse demi-heure je suis arrivé au phare, face à La Maddelena. Une pointe desservie par aucune route, juste un chemin caché pour une personne bien chaussée. J’étais presque seul au monde à contempler la mer et les bateaux circulant entre la Sardaigne et La Maddelena. Après, il a fallu terminer la bière et les olives pour vider le frigo. Grosse souffrance.

Vendredi c’est fini

Après un ultime lever de soleil, le plus beau évidemment, nous sommes retournés voir un tombeau de géant puis nous avons fait le marché de Palau pour remplir la valise de miel sarde. Oui, nous on aime le miel. 

Ensuite ce fut l’expédition vers The Last Nuraghe, un site nuraghigue exceptionnel situé à proximité de l’aéroport. Google Maps nous a conduit sur une route accidentée en terre puis dans un chemin broussailleux très pentu sur lequel mon épouse a renoncé. 

Il était 14h, le soleil brillait de mille feux. Le nuraghe promis se trouvait sur la crête à 449 mètres d’altitude, sans aucune indication et un sentier flou dans le maquis. Mais je l’ai trouvé, un site incroyable, pas vraiment débroussaillé, certainement peu fréquenté malgré sa taille. Pour tout vous dire, j’en ai un peu bavé pour voir ce nuraghe, alors c’est décidé, ce sera le plus beau de tous même si je ne l’ai pas vraiment exploré de peur de tomber sur des serpents. Car soleil et caillasses font souvent bon ménage avec ces bestioles.

A 16h nous étions à l’aéroport pour un décollage prévu à 19h. Ma chérie aurait bien ajouté un château et une fontaine au programme mais moi j’étais cuit, au sens propre comme au figuré.

Nuraghique – ci-gît le géant

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Pendant nos vacances en Sardaigne, nous avons couru après des cailloux éparpillé dans la campagne. Car cette île magnifique a abrité la civilisation nuraghique vers le seizième siècle avant JC. Une civilisation qui a laissé des monuments de pierres qui servaient de lieu de culte, d’habitat ou de sépulture. Une architecture proche de la civilisation mégalithique antérieure de deux mille ans mais qui souvent est plus complexe.

Le tombeau du géant est une de ces constructions typique de la Sardaigne. Une allée couverte sous un tumulus, datant le plus souvent de la période mégalithique avec un menhir sculpté et percé d’une porte servant d’ouverture et un demi cercle de pierres levée de chaque côté du menhir.

Ce monument était une tombe collective, souvent construite sur des hauteurs. Celle-ci, Li Mizzani, près de Palau dans le Nord-Est de la Sardaigne, est réputée pour avoir des vertus curatives et de nombreuses personnes viennent s’asseoir contre la pierre dressée ou s’allonger dans l’allée couverte ce qui complique nettement la prise de photographies.

Nikon Z8, Nikkor Z 24-200 mm, 1/80s, f/11, ISO 110, 24 mm

Variations pour lever de soleil – l’île

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Deux jours plus tard, sur la même plage, vers 7h18, le soleil vient à peine de se lever. Un mirage de chaleur suggère que l’île lévite au dessus de la mer et qu’un second soleil apparaît à l’horizon. A droite de l’île on aperçoit à peine le phare delle Bisce qui fait face à celui du Capo Ferro invisible sur l’image.

Les réglages lors d’une photographie de lever de soleil sont en constante évolution pendant un dizaine de minutes. La lumière du soleil varie énormément, les couleurs passent du rouge orangé au bleu et le cadrage va de l’astre aux reflets sur la mer jusqu’aux premières ombres.

Je travaille en ISO manuels, à 64 de préférence et j’adapte l’ouverture, la vitesse, voire la correction d’exposition pour obtenir une image avec un astre ni trop brillant, ni une image trop sombre.

Selon que je sois en plan rapproché sur le soleil ou bien en mode paysage à large champ j’adapte le mode de calcul de la lumière, mode ponctuel ou global pour éviter de cramer la photographie.

Ici avec un 200 mm en mode DX j’obtiens une focale de près de 300 mm, suffisante pour obtenir un beau disque solaire tout en conservant assez de paysage.

Nikon Z8, Nikkor Z 24-200 mm, 1/80s, f/7.1, ISO 64, 200 mm, format d’image DX

Le sac des vacances

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Je vous l’ai déjà raconté, j’aime voyager léger. Mais lorsque que je pars en vacances, c’est aussi pour faire de la photographie.

Et allier photographie et légèreté sans faire trop de sacrifices, c’est assez compliqué. 

D’abord, il faut un sac photo accepté en cabine car il est hors de question de mettre mon matériel photo en soute. Des compagnies comme Volotea ne simplifient pas la tache avec un sac à placer sous le siège passager (30x20x40 cm). J’ai donc opté pour mon vieux Lowepro Transit Sling 150 AW qui me sert également pour les promenades à vélo. Il possède deux compartiments principaux dont un dans lequel je peux glisser un APN avec son objectif. Il me faut encore de la place pour un trépied, mes papiers, une batterie, un chargeur et un kit de nettoyage.

Pour le boîtier j’emmène maintenant le Nikon Z8 qui est mon joujou préféré. Le Z6 est plus léger et moins coûteux en cas de casse mais je suis joueur.

Pour les objectifs, je n’en prends qu’un seul, pour des raisons de place mais également pour épargner à mon épouse les « attends, je vais essayer avec un autre objectif ». Je prends le Nikkor Z 24-200 mm qui couvre une grande plage de focale (celle que j’utilise le plus souvent). Bien entendu son ouverture limite certains choix mais il est léger et je fais pas non plus de l’art. 

Je suis certain que quelqu’un se pose la question du trépied. Car j’ai bien dit que j’en emmène avec moi. Certes, il est rare que je fasse des photos au trépied en extérieur sauf pour l’astronomie, mais des fois, il m’arrive de faire une pose trop longue pour ne pas bouger (en dessous du 1/30s je ne suis pas à l’aise). Donc oui j’ai un trépied. Il tient dans la main, c’est un Rollei Stativ Compact Traveler Mini M1. Une fois déplié, il fait 45 cm de haut et reste très stable. Parfait pour le voyage.

Je l’ai testé pour la première fois en Sardaigne pour photographier des paysages dos au soleil sans avoir mon ombre au sol ainsi que pour quelques photos de ciels étoilés. Certes il est bas mais très stable et surtout pas du tout encombrant. Un pied que je recommande aux photographes qui ne veulent pas s’encombrer d’un pied.

Dans le sac j’ai encore cinq accessoires indispensables : un chargeur, une seconde batterie (j’en consomme plus d’une par jour avec le Z8), une poire, un stick et un chiffon pour nettoyer le matériel, histoire de ne pas me retrouver comme à Naples avec un capteur plein de poussières.

Enfin et surtout, je n’utilise plus de dragonne qui me gênait le plus souvent. La plupart du temps je tiens mon boîtier dans la main. Depuis quelques temps j’expérimente avec succès le Clutch de chez Peak Design et j’avoue qu’il est très confortable malgré un risque de tendinite à long terme. En plus il possède l’adaptateur pour mon mini pied photo.

Je voyage léger, l’appareil peut sortir du sac en quelques secondes et j’ai même un trépied pour les situations difficiles. Malgré tout il me manque un grand angle pour quelques photographies et l’ouverture 4-6.3 du Nikkor Z 24-200 mm me prive de quelques bogheis qui auraient pu sublimer les photos.