Lëd

(c) Ninara

Le nouveau roman de Caryl Férey dépeint une bien triste carte postale de Sibérie : -30 degrés, de la neige sale sur les routes, des immeubles délabrés, une atmosphère viciée, une terre polluée, des mineurs alcooliques et malades.

Bienvenue à Norilsk.

Plus qu’un polar, Lëd décrit une ville au bord de l’effondrement après la chute du communisme, l’enfer sur terre où le vendredi soir les mineurs, qui ont remplacé les prisonniers politiques du goulag dans les tunnels, abrutis de fatigue, se saoulent jusqu’à l’oubli.

Le roman parle de ces habitants prisonniers de leur ville : Gleb, Dasha, Lena, Boris, Nikita, de leurs amours, de leur travail, de leur vie misérable sans avenir.

Le roman débute lors d’une tempête arctique, par -60 degrés celcius, lorsque lors de l’effondrement du toit d’un immeuble en ruine, le jeune Gleb découvre la corps gelé d’un autochtone, éleveur de rennes.

J’avoue avoir eu du mal à rentrer dans l’univers sordide de la ville de Norilsk et de ses nombreux personnages. J’ai même été assez mal à l’aise en lisant la scène d’amour très crue entre Gleb et Nikita. Sans doute était-ce voulu par l’auteur, moi qui aurait été émoustillé par une description similaire entre un homme et une femme.

Au fil des pages cependant, les personnages prennent de l’épaisseur sous la plume de Caryl et finissent par devenir les amis du lecteur. L’intrigue s’accélère avec son lot de victimes jusqu’à son impossible et cruel dénouement qui vous laisse presque orphelin.

Lëd esquisse un terrible portrait de la Sibérie contemporaine, entre froid, pollution, fatalisme, désespoir, alcoolisme et corruption. Un roman fort, qui ne laissera personne indiffèrent.

Mapuche

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Les Mapuche, littéralement « Peuple de la terre » en mapudungun, sont les communautés aborigènes de la zone centre-sud du Chili et de l’Argentine, connues également sous le nom d’Araucans.

 

La chaleur moite de Buenos Aires, le poids des années de dictature, les Grands Mères sur la place de Mai, une indienne Mapuche, un travelo massacré et un détective au passé peuplé de fantômes. Ainsi s’ouvre Mapuche, le roman de Caryl Férey commencé début juin et que j’aurai eu du mal à finir. Tout débute par un crime à priori comme tant d’autre. Une enquête qui va nous plonger dans les heures les plus noires de la dictature argentine. Enlèvements, torture, meurtres, les monstres de cette époque, militaires, politiques, clergé vivent encore et cherche à se protéger de leurs exactions passées. Enquête, thriller, histoire d’amour ensanglantée, Mapuche est comme Zulu, un livre sombre, violent, qui retrace pour nous une terrible page de l’histoire de l’Amérique du Sud. Cinq cent cinquante pages, des milliers de kilomètres de Buenos Aires jusque la cordelière, parfois road movie, parfois bain de sang, le livre prend au tripes, se complaisant dans les scènes violentes. Si vous vouliez vous détendre avec un bouquin sur la plage, passez votre chemin.