Retrouvailles

Lorsque j’étais adolescent, j’avais deux amis rencontrés autour de passions communes, l’astronomie, la Bretagne et la bibine. 

Malgré les années, la distance et les aléas de la vie, nous ne nous sommes pas perdus de vue, nous retrouvant au hasard d’un déplacement à Toulouse ou en Bretagne. 

Toutefois, nous ne nous étions pas revu tous les trois ensembles depuis de bien longues années. Et c’est Fab le toulousain qui a eu l’idée de ces retrouvailles en terres de Bretagne. Après qu’il ait trouvé un week-end qui convenait à tout le monde, un gîte dans un joli coin, j’ai pris mes billets de TGV Strasbourg-Rennes et j’ai préparé la valise.

C’était parti pour un long week-end entre mecs, mais sans alcool, sans filles et au régime car quarante-cinq années plus tard, nos corps d’adolescents avaient pris quelques rides et kilos.

Fab allait nous parler pré-histoire, Fanch d’histoire et moi d’astronomie probablement. Bref nous allions radoter.

Mais tout d’abord il fallait affronter près de 5h de train, et je déteste le train, je déteste voyager en fait. Heureusement que Fab venait me chercher à Rennes, m’épargnant une heure supplémentaire de transport ferroviaire jusque Saint-Malo.

À peine installés, après d’émouvantes retrouvailles – nous ne nous étions pas vus depuis des années tous les trois ensembles – nous avons investi le gîte au bord de la Rance et commencé les promenades. Trois jours durant nous avons peu dormi, roulé en voiture électrique, marché beaucoup, discuté énormément et mangé des crêpes, du far et des galettes saucisses.

Dinan, Dol de Bretagne, Saint-Cast, la Rance, la pointe du Groin, de menhirs en châteaux, de bord de bord de mer en campagne, nous avons écumé le pays gallo et ses merveilles. Nous avons également retrouvé nos joutes verbales intactes, comme si nous nous étions séparés quelques jours plus tôt. 

Certes nous avions vieilli et aux conversations archéologiques et pseudo philosophiques, nous avons ajouté nos problèmes de santé et ceux de nos enfants. Nos épouses ont vaguement été évoquées ici ou là, mais voilà, c’était un week-end de mecs, alors elles ont été un peu oubliées.

Ces trois jours ont passé trop vite malgré des levers matinaux et des couchers tardifs. Cependant, entre le manque de sommeil et une alimentation hasardeuse, nos organismes fatigués n’auraient probablement pas résisté très longtemps à ce traitement. Le dimanche matin Fab est reparti vers Toulouse, moi j’ai joué les prolongations à Lamballe avec Fanch avant de reprendre le train lundi matin vers Rennes puis Strasbourg, comatant dans les sièges peu confortables du TER puis du TGV.

Entre Lamballe et Strasbourg, j’avais plus de cinq heures d’attente à Rennes (oui j’avais bien mal organisé mon retour, la faute à un week-end très chargé en voyageurs). 

La ville de Rennes où j’ai vécu quatre ans, pendant mes études scientifiques. C’était pour moi l’occasion d’un pèlerinage au Colombier, le long des quais, sur la place du Parlement de Bretagne, chez Burger King, devant un cinéma désaffecté ou bien à l’entrée de la boîte de mes nuits de débauche. J’ai probablement fantasmé cette ville, contrairement à l’amitié de Fanch et Fab. Au bout d’une heure et demie, j’avais terminé un assez terne pèlerinage. Il me restait trois heures trente à patienter en gare.

Il se pourrait que nous renouvelions cette réunion d’anciens combattants chaque année, car il serait bien agréable de retrouver mes amis d’adolescence pour de nouvelles aventures. Nous verrons ce qu’en pensent nos épouses délaissées le temps d’un long week-end.

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