
L’amateur de rock progressif français est une espèce en voie d’extinction qui appartient au troisième âge. Il parle plus de sa prostate que du dernier album de The Flower Kings. Tous ses tee-shirts XXL possèdent une étrange déformation au niveau du nombril que l’on nomme communément le bébé houblon. Il écoute principalement des artistes anglophones mais ne comprend pas un traître mot de la langue de Shakespeare, de toute manière il est à moitié sourd.
Le proghead béret braguette est fidèle en amour. Il n’admettra jamais que son groupe fétiche pourrait avoir commis un jour une bouse. C’est également un intégriste qui chante le Genesis en latin. Il n’écoute que du prog, décliné sous toutes ses formes, rétro-prog, canterbury, prog symphonique, post-rock, doom, métal -prog, psychédélique, stoner, jazz-fusion, space-rock, cinématique, néo-prog, zeuhl, hard-rock… attention, c’est pointu !
Chaque année il part en croisière avec ses potes et ses artistes adulés pour des heures de concert, d’autographes et de bain de soleil. Pour peu que le navire croise un iceberg, le rock progressif, qui se fait déjà bien rare, disparaîtrait définitivement de la scène musicale.
Il se rend à de nombreux concerts partout en Europe en déambulateur, mange dans des restaurants étoilés et dort dans des hôtels confortables. Car il est vieux donc il a les moyens. Il se plaint quand même du prix du compact disk et des vinyles de temps en temps, il faut dire que le digital, il ne connaît pas et qu’il s’offre plusieurs albums par semaine.
Dans vingt ans, sans même la chute d’une météorite, ce sera une nouvelle extinction de masse. Celle des amateurs de rock progressif et des artistes qu’ils écoutent. Parce que vu la pyramide des âges, on sera tous bientôt six pieds sous terre.