Un marché public

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Les ouvriers s’installent pour deux semaines de travaux avec leur Senseo dans la cuisine.

Après un premier café le camion arrive. 750 kilos sur une palette oscillent dangereusement de droite à gauche, le livreur nous donne quelques sueurs froides mais tout arrive à bon port.

La grue ne tarde pas à faire son entrée dans la danse, un énorme camion grue qui agrippe la chaudière par deux petits crochets situés à son sommet. Les câbles soulèvent la machine mais les crochets lâchent et l’ensemble tombe brutalement par terre. Une chaudière neuve à vingt mille euros.

Avec des sangles cette fois, le lourd cylindre est approché de la porte de la chaufferie, la manœuvre est délicate et dangereuse, trois techniciens s’activent, mais rien à faire, il ne rentre pas, le cylindre est deux centimètres trop large.

La chaudière est déposée et désossée pour une troisième tentative, cette fois-ci réussie. Reste à faire rentrer le ballon de mille litres maintenant.

Mais qu’est-ce donc que ces deux traits circulaires parallèles espacés de cinquante centimètres sur le cylindre du ballon ? Un employé s’approche avec une meule et commence à le découper en suivant les traits. Le ballon est trop haut pour la pièce. On lui ampute deux cent cinquante litres au passage pour le souder à l’arrache sur le macadam du chantier.

En relisant les préconisations du bureau d’études, on trouve bien un ballon tampon de mille litres mais le chauffagiste assure que tout ira bien. Et la garantie sur le ballon ?

Pour un premier jour de chantier, nous avons eu droit à la totale, d’autant qu’aucun plan de prévention n’avait été signé par l’entreprise. La chaudière est tombée pendant son grutage, le ballon a été amputé d’un bon quart de sa capacité.

Quinze jours plus tard, je suis revenu pour la mise en service de la machine.

La société vérifiant l’installation de la chaudière a tout d’abord constaté quelques problèmes : il manquait une sonde sur le ballon tampon, un capteur était branché sur le mauvais contacteur et quatre vis sans fin manquaient dans le corps de chauffe.

A l’allumage, le disjoncteur de la chaufferie à sauté un nombre incalculable de fois. Il y avait quelque part un court circuit. L’expert a tout décâblé et testé les circuits un par un. C’est là qu’il a découvert que la pompe principale du circuit ne fonctionnait pas. Les plombs de celle-ci étaient grillés. A la fin, la chaudière s’est remise en route et on ne sait toujours pas ce qui s’est vraiment passé.

Une fois la chaudière en chauffe, une pompe aurait dû s’actionner pour remplir le abllon tampon de mille, non pardon, sept cent cinquante litres, mais après bien des recherches, il est apparut qu’une valve anti retour avait été monté à l’envers. L’opération de mise en service aura duré près de cinq heures et le lendemain, un des radiateurs du centre ne fonctionnait toujours pas, tout cela parce que le circuit n’avait pas été correctement purgé.

On appelle cela un marché public à soixante dix mille euros. C’est ce que nous payons avec vos impôts.