Retournement au méridien

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Depuis que j’ai débuté l’astro photographie tout le monde me parle du retournement au méridien. Cette manipulation mystérieuse de la monture se produit pendant une soirée de shooting. 

Comme je suis débutant et ignare, je me suis persuadé que cette manoeuvre n’était réservée qu’aux puristes pointilleux. 

J’avais cru comprendre qu’il était question de la position du miroir du télescope pendant la course de l’instrument pendant la nuit. Je croyais donc que je n’étais pas concerné par le sujet avec ma lunette et comme je ne voulais pas passer pour un imbécile, je n’ai pas demandé. J’ai eu tord.

Le passage au méridien concerne l’objet que l’on poursuit dans le ciel. Lors de sa course effrénée d’est en ouest, celui-ci va couper une ligne imaginaire, lorsqu’il est au plus haut dans le ciel, le fameux méridien en question. 

Une monture équatoriale peut se trouver en difficulté lorsque l’objet approche du méridien. L’axe de déclinaison arrive à une limite où l’instrument, lunette ou télescope, est en équilibre précaire et que le tube risque de buter contre sa monture. 

Combien de fois ma lunette s’est retrouvée coincée après une à deux heures de travail ? Combien de fois le guidage s’est interrompu en quelques plein shooting ? Câble trop tendu, lunette guide bloquée contre la monture, débranchement intempestif d’un équipement. Plein d’incidents incompréhensibles jusqu’à que je me penche sur ce fameux retournement au méridien.

Pour éviter ces galères et éventuellement de la casse, il suffit de s’accorder une petite pause pendant la soirée. 

Vous devez tout d’abord interrompre la session photographique quelques minutes avant le passage au méridien. Patientez un peu afin que l’objet franchisse la ligne imaginaire, repositionnez l’instrument et reprendrenez la session. Cela signifie placer l’instrument en position initiale face à l’étoile polaire puis pointer à nouveau l’objet en basculant de l’autre côté de la monture et relancer le guidage. Cela peut prendre une quinzaine de minutes et il faut vérifier vos câbles lors de la manoeuvre.

Et donc, j’ai enfin procédé à mon premier retournement au méridien volontaire il y a peu. Car maintenant que j’utilise des filtres, je fais également des poses beaucoup plus longues. Il y a encore quelques semaines je photographiais pendant une heure, deux au maximum, échappant souvent par miracle au retournement au méridien. Mais ce soir là, j’ai laissé la caméra travailler plus de trois heures d’affilée et lorsqu’un de mes voisins a parlé de retournement au méridien, j’ai consulté la carte du ciel pour vérifier où en était la galaxie par rapport au méridien. Et en l’occurrence, il me restait à peine une demi-heure avant qu’un nouveau drame ne se produise. 

Cinq minutes avant le passage au méridien, j’ai arrêté le guidage et l’empilement des images. J’ai placé la monture en position initiale et patienté jusqu’au franchissement du fameux méridien. J’ai pointé à nouveau l’objet,  mais sans doute trop tôt. La monture est revenue quasiment dans la position précédente, incapable de travailler ainsi. Alors j’ai recommencé cinq minutes plus tard et la lunette est passée de l’autre côté de l’axe. J’avais procédé au retournement de méridien. J’ai relancé le guidage, vérifié que tout était nominal et recommencé à empiler des images de 300 secondes. C’était reparti pour deux nouvelles heures de photographie.

Ce qui m‘effrayait au début, c’était de travailler avec deux séries d’images différentes lors du traitement. Mais les logiciels comme Siril ou Pixinsight gèrent parfaitement ce genre de chose.

 J’ai d’abord testé deux séries prises le même soir et interrompues par un problème technique. Le centrage de l’objet n’était plus exactement le même lors de la seconde tentative mais Pixinsight gère ça très bien. J’ai ensuite travaillé avec les images de deux soirées consécutives. Là l’orientation de la caméra et le centrage étaient légèrement différents. Cela n’a pas posé de problème. J’ai fini par utiliser la série contenant un retournement au méridien, donc une partie avec des images retournées à 180 degrés et là encore, aucun problème.

Je suis donc paré pour de plus longues sessions de photographie et l’utilisation de filtres afin de composer mes images. Je vais donc photographier moins d’objets et passer beaucoup plus de temps dehors. Il sans doute va falloir que j’accepte de laisser le matériel travailler tout seul pendant que je dors un peu, car les soirées d’astronomie qui se finissent à 5h du matin, ça n’est plus de mon âge.