Killing Eve

Eve est une asiatique à la crinière brune. Eve travaille pour le MI5. Eve est une coriace, intuitive et entêtée. 

Chargée d’assurer la sécurité d’une femme, elle se retrouve embarquée dans une enquête sur une tueuse psychopathe.

Killing Eve est une série de 2018 en huit épisodes qui nous entraîne de Londres à Moscou en passant par Paris à la poursuite de cette femme qui laisse quelques cadavres sur son chemin. 

Le charme de cette première saison tient plus aux personnages truculents qu’à l’intrigue elle-même. L’intrigue se résume en une chasse à l’homme, où la proie est une tueuse à gages à moins que les chasseurs ne soient en fait la cible. En toile de fond il y a ces énigmatiques Douze qui tirent les ficelles des contrats. Mais il y a surtout le lien étrange qui se tisse entre Eve et la tueuse, un lien de plus en plus ambiguë au fil des épisodes.

Sandra Ho qui incarne Eve et Kim Bodnia qui joue le rôle de l’agent russe Konstantin crèvent l’écran. Jodie Corner qui endosse l’habit de la tueuse a eu plus de mal à me convaincre lors des premiers épisodes tant son personnage est étrange, mais lorsqu’elle commence à accumuler les déboires, elle gagne en humanité.

Si la saison une est excellente, je ne suis pas certain qu’une seconde saison ait lieu d’être car tout ou presque a été dit et fait en huit épisodes. Alors je vais m’arrêter là pour rester sur une bonne impression.

Le serpent majuscule

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Il est pour moi Lemaitre du roman noir. Pierre s’est pourtant détourné de ce genre littéraire il y a bien longtemps pour entamer une saga historico thriller couronnée à juste titre par le prestigieux Goncourt.

Et comme il l’explique dans l’avant-propos du Serpent Majuscule, l’écrivain n’est pas près de revenir à cette écriture. Et c’est bien regrettable.

Alors, peut-être pour se faire pardonner, Pierre Lemaitre a publié chez Albin Michel, son premier roman, jamais édité, Le Serpent Majuscule.

Un premier roman est souvent l’ébauche inachevé de l’écriture qui fera le grand écrivain. Il arrive que malgré la fraîcheur, la maladresse de ces premiers mots ne gâche le livre.

Le Serpent Majuscule est tout sauf cela. 

J’ai tout de suite retrouvé la plume de Lemaitre, ses personnages hauts en couleurs, atypiques, vivants (un temps du moins) auxquels le lecteur s’attache immédiatement avant que l’écrivain ne les tue. Et puis il y a ce rythme qui va crescendo et qui au milieu du bouquin vous entraîne vers la fin à toute vitesse, vous laissant chaos au point final. 

Mathilde est une petite vieille rondouillarde qui transpire vite, s’emporte contre son chien. Une ancienne résistante, veuve de médecin qui vit en banlieue parisienne. Une femme sans histoire qui flingue sur commande. Et Mathilde aime les gros calibres qui explosent les parties génitales de ses contrats.

Mais voila, avec l’age, Mathilde perd un peu le sens des réalités, ce qui ne la rend pas moins dangereuse. Bien au contraire.

Le Serpent Majuscule c’est aussi l’histoire d’un dalmatien sans tête, d’un inspecteur de police d’origine russe, d’un commandant de la résistance décoré, d’un ancien préfet, de son infirmière asiatique, de ses deux frères truands, d’un commissaire mangeur de cacahuètes et des multiples victimes de la tueuse à gages. Des personnages esquissés rapidement qui pourtant deviennent réels sous la plume de Pierre Lemaitre.

Le Serpent Majuscule est un excellent roman noir, comme on aimerait en lire plus souvent. S’il vous plaît Monsieur Lemaitre, vous pourriez nous en écrire encore ?