Addiction

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Un incroyant, par jeu, avait déposé un matin sur mon bureau, cinq cent grammes de ces boules roses recouvertes de sucre rouge aussi appelée tsointsoin, où quelque chose d’approchant. Il n’aurait pas du douter, homme de peu de foie. Quand il est repassé deux heures plus tard, ne restaient qu’un emballage plastique vide et quelques grains de sucre rouges éparpillés devant mon écran d’ordinateur. J’avais tout avalé. Beurp ! Même pas malade. 

L’incroyant incrédule a recommencé une nouvelle fois l’expérience, cette fois façon guimauve rose version XXL. Il a perdu. Après, je n’ai plus jamais trouvé de paquet sur mon bureau, même pas joueur le gamin. Pffff.

Le mix mondial est mon pire péché mon père, je le confesse. Des années durant, je gardais précieusement une boite dans la cuisine, une par semaine, pas plus, dosant le plaisir, le partageant avec mes enfants, histoire de les initier aux plaisirs interdits. 

Colorants, acide citrique, conservateurs, sucre, gélatine, sirop de glucose, acide malique, gomme, arômes artificiels, que du bon, des mois de travail assurés pour ma dentiste et mon nutritionniste.

Puis mon grand est parti pour Marseille. Déprime ou résolution ? J’ai vidé la dernière boite et n’en ai plus acheté. Septembre, octobre, novembre, décembre, janvier, février, mars, avril. Du jamais vu !

Les dents n’allant pas mieux pour autant, pas plus que les migraines, en passant au rayon douceurs pour prendre du chocolat à mes drogués, j’ai contemplé cette Happy’Box qui me tendait les bras et j’ai replongé. 

La boite est dans la cuisine mais je suis seul à en manger. Pas des World Mix, ils ont du arrêter leur production en septembre dernier j’imagine, une autre boite, plus grosse, 600 g de bonheur. Une seule boite par semaine bien entendu. Mais je suis seul à en gober maintenant, donc il faut que j’en avale trois fois plus pour tenir le rythme hebdomadaire. Pas de problème, j’assure ! Un vrai athlète. Rien ne m’arrête malgré le manque d’entraînement. Tétine, alligator, nounours, bouboule, étoile, cœur, je mange tout.

Pourquoi je vous raconte tout ça me demanderez-vous ? Parce que la boite est vide, et que les magasins sont fermés. Si par mégarde, un de ces plantigrade en gélatine jaune traîne par terre, dans la rue, je devrais me faire violence pour ne pas le ramasser et le mettre à la bouche. 

Car oui, je l’avoue, j’en suis là.

Le malabar

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Dans ma famille nous n’avons jamais été franchement des athlètes, en partie à cause d’une mauvaise image véhiculée par mes parents concernant le sport, « les footeux sont des abrutis ». Ceci dit, ils n’avaient pas totalement tord à ce sujet. Les chewing-gums possédaient à peu de chose près la même aura, ceux qui mâchent ressemblent à de grosses vaches.

Du coup je ne suis jamais devenu un malabar pas plus que je n’en ai mâché. J’ai tout de même fini par nager, courir, jouer au tennis de table avant que le corps me supplie d’arrêter.

Pour les chewing-gums, je viens à peine de commencer, ruminant toute la journée comme une vache. Pour être honnête, je ne trouve pas cela très bon, ni même agréable, cela engourdit ma mâchoire en peu de temps. Pourtant je mâche, consciencieusement, faisant attention cependant à ne pas avaler la petite boule collante lorsque je bois mes trois litres d’eau quotidiens pour aider mon rein à fonctionner.

Pourquoi mâchouiller ainsi du matin jusqu’au soir ? D’abord, rassurez-vous, ce n’est pas tous les jours, mais environ une vingtaine d’heure par semaine, ce qui est déjà pas si mal. Pourquoi, alors que j’ai des chicots en mauvais état, je m’oblige à torturer mes plombages et m’infliger ce goût atroce de menthe synthétique ? Pour ne pas puer de la gueule ? Non, figurez-vous que je me brosse les dents trois fois par jour et ce consciencieusement. En réalité, ceci est une nouvelle expérience thérapeutique.

Si si, très sérieusement je vous l’assure. Lorsque des médecins vous prescrivent de la morphine, vous suggère l’usage du cannabis et vous envoie en consultation dans un centre antidouleurs, vous êtes mûr pour expérimenter à peu près tout. Même les boules de gum. Me voici donc en pleine thérapie masticatoire et cela semble fonctionner, aussi improbable qu’il puisse paraître.

Ma chérie à vu ça à la télévision, une femme qui, souffrant comme moi, avec les mêmes symptômes, mâchait du chewing-gum pour se soulager. Dingue ! Mais soulager de quoi au juste ? De mon arthrose, de mon hernie discale, de ma bosse sur le gros orteil, de ma connerie, de mon sale caractère ?

Non, juste de mes migraines, ces crises qui me clouent au lit, dans le noir, vomissant mes tripes un à deux jours par semaine si je ne prends pas un triptan qui m’enlève un jour d’espérance de vie à chaque fois. Lorsque la crise arrive, je mets dans la bouche le chewing-gum à la menthe et je mâche, mâche, mâche, comme une vache. Je bois aussi des litres pour bien hydrater la bête et j’essaye autant que faire ce peut de me reposer.

Ne rêvons pas, je ne suis pas au top de ma forme, un peu légume, barbouillé, avec des vertiges, la tête qui cogne, mais pas franchement plus qu’après un triptan qui me transforme en zombie bancal pour vingt-quatre heures. Qui aurait cru que ce machin collant qui pollue les trottoirs, les semelles de chaussures et les dessous de table, pourrait se révéler un puissant anti-douleur ?

Chocolat, vin et fromage

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Si je ne suis pas un amateur de chocolat, j’aime le formage et le vin. Personne ne comprend vraiment mon aversion pour le chocolat, il semblerait que je sois un extraterrestre. Mais après de nombreuses crises de foie dans mon enfance puis la découverte que la fève de cacao était un déclencheur de migraines, j’ai décidé de ne plus en manger, ou presque plus, et tout dessert contenant du chocolat est devenu source de dégoût au fil du temps.

J’aime les vins, mais comme pour le chocolat, l’abus d’alcool ne m’est plus franchement recommandé. Ce n’est pas faute d’avoir eu de l’entraînement pendant mes années étudiantes. J’ai même, plus jeune constitué au sous-sol de la maison une cave à vin bien garnie pendant quelques années. Il n’en reste hélas plus grand chose, quelques bouteilles rares tout au plus. Tout comme le cacao, je ne supporte plus vraiment le vin, un verre de temps en temps. Je bois donc très peu, mais du bon, tant qu’à se faire du mal, autant le faire bien.

J’adore le fromage, les fromages, tous les fromages, et la France est le royaume des fromages. Le fromage appelle le vin et le vin appelle le fromage. Un piège mortel. Hélas je digère très mal le fromage, je suis tout de suite ballonné, alors j’en mange peu, un petit bout par-ci par-là, de préférence du fromage frais, plus digeste et je fais en sorte de ne pas avoir de Comté, Parmesan, Roquefort, Pélardon et autre pâtes de perdition à la maison pour échapper à la tentation.

Mais voila, entre ce que notre sagesse nous dicte et ce que décide le corps, il y a toujours un léger biais. Nous fêtions il y a quelques jours un événement familial important : le cinquantenaire de ma jeune et douce épouse. Il fallait marquer le demi siècle dignement. Mon épouse avait repéré une charlotte vanille chocolat chez un pâtissier, j’avais sorti de la cave un gewurztraminer grand cru vendanges tardives de 2001 et il restait un magnifique morceau de Parmesan. La charlotte bof, beurp même, elle contenait trop de chocolat alors je me suis vengé sur le vin et le fromage, et puis sur le fromage et vin. Après tout, c’était la fête et les deux saveurs se combinaient agréablement bien.

Le soir la punition n’a pas tardé : une migraine carabinée.

Le lendemain, comme il restait du gewurztraminer et du parmesan, en attendant l’heure du repas, j’ai grignoté un peu.

Le soir même, nouvelle punition : migraine.

Le surlendemain il restait du gewurztraminer mais plus de parmesan, alors en attendant l’heure du repas, je me suis rincé le gosier.

Et évidemment, qui qui a frappé à la tête, la migraine… mais pas question cette fois de prendre de médicament pour évider une overdose mortelle, donc l’enfer avec par bonheur une journée de travail devant moi !

Il me reste un petit fond de gewurztraminer dans la bouteille. A votre avis, y a-t-il une petite chance que cela m’aide à passer mon envie de vomir et le mal de tête qui pulse depuis huit heures dans ma tempe gauche ? Faudrait que j’essaye, au cas où… Allez j’essaye ?

Ce soir ce sera laitue et clémentines avec plusieurs verres d’eau, à condition que ça passe, je vais encore perdre un ou deux kilos.

Le monde à l’envers

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La planète ne tourne définitivement pas très rond. Aujourd’hui ce sont les musiciens qui interviewent les critiques. Mais où va-t-on ?

Guillaume, l’artiste qui se cache derrière The Odd Gallant, m’a contacté pour réaliser une interview du webzine Neoprog alors que j’aurai du, si j’en avais eu le temps, en réaliser une de lui, pour parler de son dernier et génial album Official One.

Ou comment flatter l’ego d’un chroniqueur prétentieux en le caressant dans le sens du poil pour s’assurer une prochaine bonne critique. Malin le Guillaume.

Lorsque les questions sont arrivées, j’ai eu immédiatement envie d’y répondre, mais ma chérie voulait se promener en forêt. Cruelle épouse. Elle sait bien pourtant que lorsque je reçois un paquet, il faut que je le déballe tout de suite. Une heure de supplice, à préparer des réponses dans ma caboche en marchant sous la frondaison avant de pouvoir coucher mes pensées sur le papier. Oui, je l’avoue, j’adore me raconter.

J’avais prévenu Guillaume, mes réponses ne seraient pas forcément consensuelles ni politiquement correctes. Cela n’a pas semblé le déranger un seul instant, alors je me suis lâché, vraiment, un pur bonheur, encore mieux que dans le blog. Le rock progressif français a sans doute été quelque peu égratigné au passage comme certains tourneurs, mais bon, peut-être est-ce mérité.

Ce n’était pas la première fois qu’un artiste me posait des questions sur le webzine, curieux de connaître son fonctionnement, ce qui m’a amené à cela, comment nous fonctionnons etc. Je n’imaginais même pas que cela puisse intéresser quelqu’un d’ailleurs. Mais c’est la première fois, hormis dans mes notes de blog, que cela est publié.

Les questions portaient sur le webzine, la musique, moi, le blog, vous pouvez, non vous devez aller les lire ici. C’est un peu comme un billet de blog au final, en plus dense, avec un parcours imposé par Guillaume au départ (ce que l’on appelle des questions). Ce fut une expérience très intéressante, jubilatoire même. J’ai répondu sans me poser de question, elles étaient déjà toutes rédigées, sans me censurer, je sais que tout n’est pas bon à dire, mais c’est si bon de le dire.

Pour les prochaines interviews voici les créneaux pour les phoners et Skype : 1er avril 2020 : 17h30, 18h00, 18h30, 19h30, 20h00.

Bonne lecture et merci à Guillaume !
http://theoddgallant.com/interview-de-jean-christophe-le-brun-neoprog/

La tagada tactique du gendarme

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Quand je ne fais pas de photo galactique, argentique, antique, pathétique, aquatique ou acrobatique, je m’occupe des oiseaux.

À arpenter les bords du Rhin pour capturer des clichés de volatiles, le promeneur doit
inévitablement s’attendre à quelques bricoles. Marcher dans la boue, se frotter aux branches basses, s’accroupir dans les herbes hautes, c’est jouer avec le feu. Car chez nous, un délicieux parasite hante nos forêts giboyeuses : la tique.

Toc toc toc ! je suis je nouveau chez le médecin, un gros truc rouge dans le dos. Tic Tac Toc ? Allez savoir. Il y a deux jours, dans la douche, je gratte un truc, une tique ? Aucune idée, mais l’auréole rouge est suffisamment large pour que je m’inquiète. Ma femme me rassure le soir en disant cette douce phrase avant de m’endormir : « tant que tu n’as pas de fièvre, pas souci, mais si ta température grimpe alors il faudra vraiment s’inquiéter ». Comment voulez-vous dormir après ça ? Le lendemain matin j’étais chez le médecin, oui encore… Tic, tac, tic tac, les minutes passent, patientant dans la salle d’attente alors que je devrais être au travail. Vient mon tour, et comme chaque heure depuis Noël, une quinte de toux sèche me prend. Le médecin, s’en inquiète et je lui explique, que je ne viens pas pour ça et je lui montre la pustule rouge.

La montre égrène les secondes, le verdict peine à venir, tic, tic, tic ? Dans le doute on charge la bête pour quinze jours avec de l’Amoximachin, ce n’est pas comme je n’avais pas déjà eu ma dose en janvier.

Sans doute le prix à payer pour une photographie vue par 36000 personnes. Tic tac Kodak. Saloperie de cormorans, vous vouliez ma peau hein ? Ben pas cette fois encore.

Vous avez l’impression d’avoir perdu votre temps en lisant ceci, c’est normal. L’objectif de ce post était de faire passer le nombre de vues de cette photo, au delà des 40000 vues, de à me plaindre un peu, et à produire un nouveau billet avant de trouver quelque chose à raconter.

Docteur, j’ai mal

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Moi – Docteur, j’ai mal.

Mon docteur adoré – Le rein est rétabli non ?

Moi – Oui mais j’ai mal.

Mon docteur adoré – Mal comment ?

Moi – Une douleur sourde tout le temps et quelques crises plus violentes.

Mon docteur adoré – Où est cette douleur ?

Moi – Sur le flanc gauche, vous savez, depuis mon accident.

Mon docteur adoré – Votre accident est loin.

Moi – Oui mais c’est la même douleur depuis la sortie de l’hôpital docteur, un peu moins violente, mais toujours là.

Mon docteur adoré – Vous avez des antécédents de cancer du colon non ?

Moi – Heu oui pourquoi ?

Mon docteur adoré – Nous allons faire une coloscopie.

Moi – Nous ?

Mon docteur adoré – Non vous !

La lune se lève.

Le spécialiste mondial du touché rectal – Vous venez pour une coloscopie de surveillance ?

Moi – Oui et non.

Le spécialiste mondial du touché rectal – Oui ou non ?

Moi – Oui, parce que il y a des antécédents de cancer du colon chez et moi…

Le spécialiste mondial du touché rectal – Donc oui.

Moi – Et non, parce que je viens pour une douleur au flanc gauche.

Le spécialiste mondial du touché rectal – Bon, je note coloscopie de contrôle.

Les chiens aboient.

Le spécialiste mondial du touché rectal – Coloscopie claire, pas de polype, vous allez bien.

Moi – Mais mes douleurs ?

Le spécialiste mondial du touché rectal – Aucun rapport, c’est mécanique, sans doute le dos.

La caravane passe.

Mon docteur adoré – Bonne nouvelle, vous voyez, tout va bien. On en prévoit une nouvelle en 2022.

Moi – Oui, mais j’ai mal.

Mon docteur adoré – Pas de polypes, pas de cancer et votre rein doit être rétabli depuis le temps.

Moi – Heu j’espère, mais j’ai mal depuis deux ans quand même.

Mon docteur adoré – Vous devriez reprendre le sport.

Moi – Je voudrais bien mais ça me fait encore plus mal.

Mon docteur adoré – Vous avez fait des radios ?

Moi – Oui, le dos, les hanches, échographie du rein, analyses sanguines, recherche de sang dans les urines.

Mon docteur adoré – Et ?

Moi – Et rien.

Mon docteur adoré – Donc votre rein est quasi fonctionnel et votre dos va bien.

Moi – Oui mais j’ai mal tout le temps.

Mon docteur adoré – Tout, tout le temps ?

Moi – Oui.

Mon docteur adoré – Depuis l’accident ?

Moi – Oui, c’est ce que je me tue a vous dire depuis deux ans.

Mon docteur adoré – Quand vous bougez ?

Moi – Quand je me lève, que je monte des marches, que je me penche, quand je suis allongé.

Mon docteur adoré – Vous prenez des antidouleurs ?

Moi – Non ça ne fait pas assez mal, c’est supportable, sauf pendant les crises.

Mon docteur adoré – Elles surviennent avec les changements de temps ces crises ?

Moi – Heu non.

Mon docteur adoré – Vous portez des vêtements en cuirs moulants, des strings, vous avez une cravache ? Vous aimez les gladiateurs ?

Moi – Heu… Non !!!

Mon docteur adoré – Bon dommage. Et les patchs antidouleurs que vous mettez durant les crises enlèvent la douleur ?

Moi – Un peu, c’est plus confortable.

Mon docteur adoré – Vous êtes tombés comment déjà ?

Moi – Un soleil au dessus du vélo et chute sur le flanc gauche docteur… c’est dans le dossier.

Mon docteur adoré – Oui. La colonne aurait pu prendre un coup.

Moi – Peut-être, c’est ce qu’à dit le spécialiste du touché heu…

Mon docteur adoré – Qui ?

Moi – Le gastro truc…

Mon docteur adoré – Ok. Et à l’hôpital ils ne vous ont pas fait d’examens.

Moi – Non, juste quatre scanners en une semaine, la pression toute les quinze minutes, une prise de sang par jour et une analyse d’urine toutes les heures. Ils ont juste sauvé mon rein, c’est déjà pas mal.

Mon docteur adoré – Et là vous avez mal.

Moi – Oui docteur, j’ai mal tout le temps, depuis plus de deux ans, 24 heures sur 24, mais on s’habitue à tout à la longue.

Mon docteur adoré – Et là si j’appuie là ça fait mal ?

Moi – Non

Mon docteur adoré – Et là, et là ?

Moi – Non, non.

Mon docteur adoré – Et vous avez mal là tout le temps ?

Moi – Oui.

Mon docteur adoré – Et comment vont vos migraines ?

Moi – Mes migraines ? Comme d’habitude, une crise par semaine en moyenne.

Mon docteur adoré – Vous avez eu des traitements ?

Moi – Oui plein, ceux que vous m’avez donné d’ailleurs, ça marche un peu pendant quelques mois puis ça revient comme avant, sans parler des effets secondaires des molécules.

Mon docteur adoré – Vous avez pris du Dodoziryladictifradioactif ?

Moi – Oui, j’étais un légume.

Mon docteur adoré – Du Nepasavalerçadonnelamort ?

Moi – Oui sans effet et ça bousille les synapses a ce qu’il paraît

Mon docteur adoré –  Mais non.

Moi – Vous êtes certaine ?

Mon docteur adoré – Oui oui, pas plus que les OGM. Du Situveuxteflinguerprendsçamongars ?

Moi – Oui, résultat des migraines permanentes pendant un mois.

Mon docteur adoré – Le Trucpassepartoutmaissuperdangereux avait marché un peu, non ?

Moi – Oui pendant trois mois.

Mon docteur adoré – Bon, vous allez en reprendre, ça va peut-être soulager vos douleurs.

Moi – Les migraines ? 

Mon docteur adoré – Oui aussi peut-être.

Moi – Et pour les autres douleurs ?

Mon docteur adoré – Vous allez passer une IRM, nous avons peut-être loupé quelque chose.

Moi – Loupé quoi ?

Mon docteur adoré – Une vertèbre fêlée, un nerf coincé, une sonde oubliée, que sais-je ?

Moi – Ha, bon bon, merci docteur.

Mon docteur adoré – Portez vous bien !

Moi – Heu… vous aussi.

Morceaux choisis

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La salle de bain au rez-de-chaussée est réservée.

Des pâtes, du riz, de la semoule. Tous les cinq ans une visite chez le colonel.

Ne mange pas de figue, n’approche pas du raisin, pas de salade de tomates, mange ton riz nature ! Quatre jours ! 

Pour la douche, passe demain, la pièce est prise ! Pas de collocation, même pour se brosser les dents.

Pas de fruits, pas de fromage, pas de lait. 150 ml à boire d’une traite puis deux litres d’eau. Ration militaire : viande maigre bouillie et biscuits secs.

4, 3, 2, 1, partez ! Les chutes du Niagara. « Chéri, c’est la poubelle qui sent comme ça ? ». Purge du soir, espoir, purge du matin, chagrin.  On patauge, juste habillé de bottes, dans les égouts de Paris.

Dans la salle d’attente, serre les fesses. Dieux ! Il y a du retard ! Pourvu qu’ils aient de la peinture pour recouvrir ces beaux murs blancs.

Le plafond bouge puis tout se fige. Aille, ça pique ! Perfect ! Dodo.

« Moi je n’arrête pas de dépenser tout le temps. ».

Bip !

« Et vous n’avez pas de remords par rapport à votre femme ? ». « Nan pourquoi ? ». « Ben quand même… ». « Je gagne bien ma vie. ». Tu m’étonnes…

Deux filles se racontent leurs histoires de fesses. La tête dans le gaz, en parlant de gaz… « Tu fais comment pour mettre une vidéo sur WhatsApp ? ». « Attends, je te montre. ». Tension toutes les quinze minutes.

Bip bip !

Un colocataire émerge, « Vous voulez un café ? ». « Oui, on lui a trouvé un polype. ».

Bip bip bip bip !

« Bonjour, réveillé ? ». Un ange passe. « Tout s’est bien passé. ».

Le conduit se dégonfle, ce n’est pas vraiment classe. « Redressez vous. », « ça tourne un peu ? c’est normal. Vous allez pouvoir manger. ».

Vapeurs de croissant et miettes de café tournoient autour des yeux désorientés, première collation depuis vingt quatre heures.

Deux cent dix euros la chambre simple. Une passe à l’hôtel façon gueule de bois. Sourire : « On se revoit dans cinq ans ? ».

Dépassements

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Dans notre belle société égalitaire disposant d’une protection sociale exemplaire, il semblerait que quelque chose ne tourne pas rond. Depuis l’instauration de la limitation de vitesse à 80 km/h, les dépassements sont devenus sportifs sur les petites routes. Mais alors que le tiers payant s’est généralisé, les excès de vitesse eux aussi sont devenus légion

J’adore cette question perverse qui revient à chaque fois dans les questionnaires de santé et dans la bouche souriante des secrétaires médicales : « Quelle est le nom votre mutuelle ? ».

Un spécialiste émarge théoriquement à 30 € la consultation – sauf pour les fous – mais la facture grimpe aisément à 55 € pour dix minutes de travail. Il existe des spécialistes conventionnés, dans des centres mutualistes (mais ils changent de poste très régulièrement), ou sinon dans des cabinets qui ont tellement mauvaise presse que l’on préfère mourir en silence que de se faire torturer chez eux.

Lorsque vous êtes malade, donc en position de faiblesse, et que votre généraliste vous recommande un spécialiste, vous lui faites confiance, vous ne vous posez pas forcément la question de savoir de combien sera la facture, car même une caisse en sapin, ça coûte très cher.

Si le spécialiste opère à l’hôpital, vous vous attendez à des tarifs conventionnés mais en réalité, il y a souvent deux poids et deux mesures. Vous voulez rester toute la matinée dans un couloir bruyant, passant et non climatisé, avec pour tout vêtement une blouse ouverte sur les fesses et plein de personnes, qui arrivées après vous, passent avant vous, ça c’est le tarif conventionné. Pour la version rapide et confortable, avec un minimum d’intimité, prévoyez une sérieuse rallonge. Pourtant cela se passe au même endroit, avec le même praticien, dans les locaux d’un hôpital public.

Si le spécialiste n’opère qu’en clinique privée, là prenez rendez-vous à la banque avant l’opération, non pas pour souscrire une assurance vie, mais pour une autorisation de découvert, voire un prêt sur cinq ans.

Si votre spécialiste travaille avec un anesthésiste attitré, les choses deviennent sérieuses. Vous avez payé le prix fort pour une consultation de spécialiste, ensuite il vous annonce qu’il opère dans une clinique privée, et que son anesthésiste c’est monsieur Machin. Monsieur Machin possède un magnifique cabinet dans un quartier huppé au parquet ciré, avec toiles de signées au mur et des secrétaires médicales dignes d’un casting de photos de mode. L’anesthésiste vous reçoit à l’heure, comme le spécialiste d’ailleurs – c’est fou comme l’argent rend ponctuel – la secrétaire vous demande votre mutuelle avec un sourire ravageur et vous annonce que normalement cet organisme devrait prendre en charge tous les frais, comprenez le petit dépassement anecdotique qui va transformer vos prochains repas en ragoûts de pommes de terre.

Passons sur les petits excès de l’anesthésie, qu’est-ce que l’argent après tout ? Reste la facture de l’intervention chirurgicale. Celle-là se fait sans anesthésie, et c’est bien dommage, car elle fait vraiment très mal, et ça vous ne le découvrez qu’à la fin, quand il est trop tard. Ce n’est pas comme au restaurant, où sur le menu, il y a les tarifs affichés.

Mais ce qu’il y a d’extraordinaire dans toute cette histoire, c’est que deux personnes, ayant subi exactement le même parcours médical, la même intervention, avec les mêmes médecins, bénéficiant de la même mutuelle, n’auront pas la même somme à payer à la sortie. Tarif à la gueule du client ? Sérieusement…

La moralité de cette histoire, c’est qu’il vaut mieux être riche et bien portant dans une villa en Corse à bronzer au bord de la piscine que dans la clinique privée de mon spécialiste avec son anesthésiste et une sonde plantée dans mon fondement à attendre la facture de l’intervention qui va faire très mal.

Respectez nos oreilles !

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Pourquoi faut-il qu’un live, le son soit si fort ? Pourquoi faut-il mettre des bouchons dans une salle étudiée pour un public de trois-cent personnes ? Pourquoi faut-il s’exploser les tympans avec vos basses ?

C’est pour faire plus rock ? Pour couvrir les braillards buveurs de bière ? Pour masquer les imperfections de votre équipement ?

Il existe des salles à l’acoustique épouvantable où l’ingé son pousse le volume pour donner le change, faisant trembler les verres bières, vibrer le sol et saigner les oreilles. Il existe également des lieux acceptables qu’un bon technicien réussit à sonoriser agréablement.

J’ai entendu le pire dans un auditorium classique, le meilleur dans un immense hall en béton et d’honnêtes résultats sous un plafond de deux mètres.

Dans mes meilleurs souvenirs il y a eu Peter Gabriel au Zénith de Strasbourg, un son parfait, sans bouchons, Ray Wilson Chez Paulette, avec un équipement tip top et une équipe très pro. Dans mes pires cauchemars – j’en rêve encore -, Leprous à La laiterie, un mur de basses dans une petite salle pour cacher les faiblesses vocales du chanteur ce soir là et Marillion au Noumatrouff à Mulhouse où les parois en tôle ondulée de la salle servaient de caisse de résonance à tous les instruments. Entre ces extrêmes quelques saignements de nez au Grillen à Colmar et maux de tête à Substage à Karlsruhe.

A qui la faute ? A ces ingés sons vieille école, à ces artistes voulant que ça fasse du bruit ? A ces salles sans acoustique ? A des soundchecks effectués à l’arrache ?

Quand je vois des enfants au premier rang, près des murs d’enceintes, là je fais les photos, qui se mettent les mains sur les oreilles, j’ai peur pour eux. En concert, je porte toujours des bouchons en silicone, -15 Db, moulé à la forme de mon oreille, et même ainsi, il m’arrive d’avoir des sifflements le lendemain de live.

Respectez nos oreilles, ne gâchez pas la musique, pas la peine de pousser le son comme des malades, nous ne sommes pas sourds, enfin pas tous.

Et vous les amateurs de rock, protégez-vous, mettez le préservatif des oreilles.

Et si j’allais mourir ?

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Les mauvaises langues diront que je suis un hippopotame, la version lourde de l’hypocondriaque, et ils n’auront pas forcément tord.

Mais sérieusement, et si j’allais mourir ? Nan c’est pas drôle quoi ! J’avale des triptans comme les oiseaux picorent des graines, sauf que les oiseaux, ils possèdent des machins dans leur jabot pour broyer la bouffe. Ceci dit moi aussi j’ai l’impression d’avoir un jabot. C’est une petite poche toute dure sur le flanc gauche qui me chatouille tout le temps. Enfin chatouille c’est vite dit, quand je m’allonge sur le côté ou sur le ventre, c’est assez inconfortable voire douloureux, quand je fais du sport, ça fait mal. J’ai mon jabot depuis deux ans, depuis une certaine gamelle à vélo. Et chaque médecin possède son explication à cette gêne :

  • Mon général : « Vous avez encore mal ? C’est curieux. »
  • Mon ostéoporose : « Les intestins sont comprimés autour des autres organes. »
  • Mon gastropode : « Faudrait faire une colo, ça tombe bien, c’est l’été. »
  • Mon entraîneuse : « Chéri, faut faire du sport. »
  • Mon expert : « Vous aurez mal toute votre vie. »

Et si j’allais mourir, si j’avais un truc très très grave que personne il ose me le dire pour pas que je pleure et que je continue à aller bosser de comme si de rien n’était. Non j’suis pas parano !!! J’en ai juste un peu mare d’avoir mal. Et comme les mecs doutent, ils me font faire des examens, cinq tubes de sang par-ci, (mine de rien on a pas tant que ça de tubes de sang dans un petit corps malade), un scan par là, une écho là dedans, une colocataire au doigté délicat, un étron dans un popo et j’en passe et des meilleures.

Quand les résultats tombent, y a toujours des valeurs pas dans les clous comme le cholestérol. Mais ça je m’en fou, j’aime trop les gésiers, les magrets, la crème fraîche, le fromage et les glaces. De toute façon, la dernière fois que j’ai fait la trêve des crémiers et des charcutiers j’ai perdu 10 kilos en un mois, tombant à 55, record historique depuis mes 12 ans. Alors le médecin m’a regardé et a dit d’un ton las, mangez au moins du fromage sinon dans un mois vous vous envolez. Dans la liste des chiffres bizarres, y a des enzymes qui couinent et des chimies pas très bio qui ne respectent pas les cotas. D’après internet je suis déjà mort et mon rein est foutu, cancer, infarctus, dysfonctionnement rénal.

Pendant un an je me suis résigné à cette douleur lancinante « qui va passer ». Oui mais quand ? Et puis avec les beaux jours, la gène est redevenue inconfort, voire douleur. Alors je retourne voir mes copains les vampires sacophiles, si ça existe d’abord ! Pas dans Twilight ou dans Buffy contre les Vampires cartes, mais dans Urgences.

Sérieusement là, si j’allais mourir. Qui qui reprendrait le webzine hein ? Qui préparerait le numéro du mois d’août. Qui utiliserait mes appareils photos, qui écouterait tous les CDs, vinyles déjà stockés à la maison et ceux qui ne sont pas encore arrivés. Qui frapperait mes enfants (faut bien leur apprendre la vie) –  qui vient de lever la main fébrilement là ? – qui s’occuperait de retrouver les clefs, l’iPhone, le sac à main, les partitions, le violoncelle, le piano à queue, la voiture de ma femme, qui hein ? Qui donnerait à manger au chat, changerait sa caisse, viderait les poubelles, arracherait les mauvaises herbes du jardin ? Hein qui ?

Le rein gauche est un peu bousillé alors je vais devoir boire des litres tous les jours et donc pisser encore plus (comme si c’était possible). Je suis en hypoglycémie le matin, je dois de manger plus, mais pas trop car j’ai du mauvais cholestérol donc je dois faire gaffe à ce que j’avale et c’est décidé, je pars en colonies de vacances où on va me la mettre bien profond à tous les coups. Pour les migraines, j’ai toujours droit à de grandes boites de graines, à picorer sans modération, c’est beau la chimie !

Bon je vais attendre un peu avant de mourir, y a pas le feu, puis j’ai plein de trucs à faire. Mais si un vampire scatophile trouvait juste une explication à mes petites misères viscères, quitte à me faire explorer encore une fois les entrailles, ce serait sympa, parce que y a pas à dire, une douleur sourde vingt-quatre heures sur vingt-quatre ça tape sur le système et ça donne naissance à de drôles de pensées parfois, vous ne trouvez pas ?