Carcariass – Afterworld

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Je l’avais promis, et je tiens presque toujours parole, presque, aujourd’hui je vais vous parler du dernier album de Carcariass, Afterworld.

Contrairement à Planet Chaos, avec lequel j’ai découvert le groupe franc-comtois, Afterworld est principalement chanté, devrais-je dire gueulé. Il s’éloigne clairement des sphères progressives même si vous entendrez ici où là des guitares floydiennes comme dans au début de ‘Identity’ et des claviers planant, la fin de ‘Black Rain’ par exemple. On est plus sur du Paradise Lost période Host et du Queensrÿche que dans les seventies à patte d’eph et cheveux gras.

Les guitares de Pascal et Bob font beaucoup à la musique dans l’album sans parler du chant scandé growlé de Jérôme. Au niveau de la rythmique, Raphaël à la basse et Bertrand à la batterie ne donnent pas vraiment dans la dentelle. C’est dense et pas franchement très inventif.

J’adore l’entré en matière de l’album sur un ‘No Aftermath’, cette ouverture martiale dopée à la testostérone, une marche militaire qui écrase tout sur son passage avec la troupe qui hurle en choeur ‘We are the shield, the claws, and the ground meat.’. Pour la subtilité et la douceur, vous repasserez.

Si vous avez joué à Space Hulk, ces soldats de l’espace en armures affrontant des nuées d’aliens Genestealer dans des épaves de vaisseaux, vous appréhenderez mieux la violence de Aftermath, qu’elle soit vocale ou musicale. Cet album, c’est cri de ce guerrier transformé pour devenir une machine à tuer qui tapis au fond de son cerveau, conserve un brin de conscience humaine.

Manifestement Afterworld poursuit le récit, du moins le thème abordé dans le précédent opus Planet Chaos.

Tous les morceaux ne fonctionnement cependant pas forcément aussi bien que ‘No Aftertermath’, ‘Identity’, ‘Angst’ ou ‘Generation Rot’. ‘Billions Of Suns’ et ‘Black Rain’ peinent à me convaincre. Leur côté brutal manque de mordant. Je trouve également que les instrumentaux ‘Fall Of An Empire’ et ‘Afterworld’ ne possèdent pas la même richesse que ceux de Planet Chaos. Ils s’écoutent sans marquer les esprits.

Afterworld c’est presque une heure brutale, tendue et dense au chant caverneux pendant laquelle les guitares font des merveilles et où le chant arrive à produire des refrains furieusement accrocheurs.

Évidemment ça poutre un peu malgré quelques claviers à la Vangelis et des longs accords façon Gilmour. Le metal écrase vite les ouvertures cinématiques comme dans ‘Machine Kult’ et si on n’apprécie pas les gros tatoués et la bière à 10°, il vaut mieux s’abstenir.

Je n’aurai peut-être pas accroché avec Afterworld sans avoir découvert leur précédent album, alors si vous avez un doute, commencez par  Planet Chaos et continuez avec Afterworld. Vous pourriez prendre goût à leur musique.

Sunbeam Overdrive – DIAMA

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Si Stéphane n’a pas été entièrement convaincu par D I A M A du groupe Sunbeam Overdrive, pour ma part j’ai été suffisamment enthousiasmé par leur travail pour en faire une chronique.

Sunbeam Overdrive est un quatuor marseillais qui existe depuis 2019 si mes informations sont bonnes et qui avec D I A M A sort sa première galette. Leur musique s’apparente à du rock alternatif à composantes metal et progressives, rejoignant par certains aspects Tool ou Klone.

L’album Diama propose onze morceaux dont deux reprises dispensables au regard du reste. Le chant clair y prédomine sur un metal alternatif électro ponctué parfois de growl.

Si D I A M A ne révolutionne pas le genre, il possède un très bel équilibre entre puissance et émotion, plaçant du growl par endroit sans forcer la dose et usant d’accélérations comme d’espaces plus calmes au bon moment. En plus, l’album propose plusieurs morceaux franchement accrocheurs comme ‘Diama’, ‘Shen’ ou ‘Diamond Shape’.

D I A M A ne comprend que deux courts instrumentaux, ‘Ascending’ qui ouvre l’album façon world music et ‘Junction Buhl’s Eye’ qui lui, donne dans le space rock psychédélique. Côté poutrage, ‘Deaf and Blind’ ne ménage pas vos oreilles avec un djent growlé suivi de métal alternatif assez déconstruit.

D I A M A brille tout particulièrement par une batterie hyper soignée et bien mise en avant par le mixage. Ce n’est pas souvent que j’écoute un album en suivant plus la section rythmique que les lignes vocales. Pourtant le chant est vraiment très bien comme dans ‘Deaf and Blind’ et les guitares brillent souvent, écoutez plutôt ces petites notes claires qui scintillent dans ‘Shen’. Mais ici, j’avoue, le travail de Laurent sur les caisses mérite vraiment que l’on s’y attarde.

Il y a plein de titres que j’adore sur cet album mais c’est peut être ‘Shen’ qui a ma préférence. Le gros son est mis entre parenthèses, privilégiant la forme alternative au metal, les guitares jouent de subtilité avec de belles figurent djent et le chant est presque un accompagnement à la section rythmique.

D I A M A est une très belle découverte. J’attends d’ailleurs le CD avec impatience, parce que Marseille Strasbourg à dos d’escargot c’est assez long, et j’attends avec impatience de voir ce que ce jeune groupe pourrait devenir avec le temps.

En attendant, allez l’écouter sur Bandcamp et plus si affinités bien entendu.

Supersonic Revolution – Golden Age Of Music

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Arjen Lucassen est un grand malade. Non content de composer dans Ayreon, Star One, Stream of Passion, The Gentle Storm ou sous son nom, il s’est embarqué dans Spersonic Revolution avec John Jaycee Cuijpers, Timo Somers, Koen Herfst et Joost Van Den Brolk.

Le plus dingue dans cette histoire, c’est qu’Arjen tient ici le poste de bassiste. Bassiste? What the fuck !

Si Arjen est un grand malade, je ne vaut guère mieux, puisque dès qu’il sort un truc, je le précommande. J’ai quand même hésité quelques secondes avec Supersonic Revolution car le premier extrait et son clip flashy à l’animation un peu cheap m’avaient refroidis. N’empêche, j’ai craqué et me voila devant un album aux couleurs qui piquent et aux sonorités seventies.

Seventies oui, mais certainement pas progressives à la manière de Genesis. Plutôt Deep Purple, si vous voyez la nuance. Oui, ça dépote.

Une heure huit de musique, quinze morceaux dont quatre reprises, ici on donne dans les titres expressos où l’on reconnaît la patte de Joost très inspirée par Ayreon ainsi que l’inimitable jeu de basse de Arjen (ok, là je déconne)…

Jaycee rêvait de monter un groupe avec Arjen, ben voila c’est fait et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il rentabilise cette collaboration. Vous allez l’entendre ce rocker aux cheveux bouclés qui chantait sur The Final Experiment. Car Golden Age of Music n’offre pas beaucoup de respirations, sauf peut-être sur ‘Odyssey’, ‘Fight Of The Century’ et ‘Holy Holy Ground’.

L’album est un hommage à la musique des seventies et à ses artistes. Chaque morceau évoque un groupe, un album ou un titre emblématique de ces années-là. C’est dans le livret que vous trouverez les clés, car ces compositions de haut vol, même si elles incorporent quelques indices, sont dans la veine des tubes grandiloquents de Arjen. Normal ceci dit au passage, c’est lui qui a tout écrit et composé sorti du prélude que l’on doit à Joost.

Si les musiciens font du très beau boulot sur ces quinze morceaux, je suis moins convaincu par le mixage et la production un peu terne qui manquent de mordant, que ce soit sur le vinyle ou le CD.

Vous voulez sans doute connaître mon morceau préféré ? Vous en êtes certains ? Ben c’est le dernier, ‘Love It All’. Comment ça c’est une reprise ? Mince… c’est moche. Mais y a pas a dire, les compositions des seventies c’était quand même quelque chose ! C’est sympa de copier ces années-là, mais bon, rien ne vaut l’original.

Après plus d’une heure de claviers vintages rugissants, de chant à donf, de guitares et pas vraiment de pause, je suis sur les rotules.

Au moins dans le dernier Ayreon, il y avait des endroits où souffler un peu. Golden Age Of Music n’est pas un mauvais album, loin de là, mais il est trop long et trop dense. Dans les seventies, on pressait des vinyles de quarante cinq minutes maxi et c’était bien assez.

Si vous êtes comme moi, un inconditionnel de Arjen Anthony Lucassen, je suis certain que vous l’avez déjà acheté, sinon écouté et peut-être même adoré. Pour les autres, écoutez le un peu avant quand même.

FVNERALS – Let the Earth Be Silent

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Noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir. Ben c’est un peu ça FUNERALS et leur doom ambiant chanté par Tiffany Ström.

Le duo allemand donne dans la musique atmosphérique doom post indus cinématique chamanique. Chant, basse, guitares, arrangements et percussions hantent les sept titres de Let the Earth Be Silent.

Un album de quarante minutes qui imagine le monde après une extinction de masse de l’humanité, une terre déserte et silencieuse où résonnait la musique du groupe. Mon rêve en fait. Les morceaux vont du bref ‘Rite’ au plus ambitieux ‘Barrent’ qui dépasse les huit minutes tout de même. Mais l’album est un tout qui s’écoute comme une seule piste, d’une traite, en fond sonore comme en immersion au casque.

C’est la pochette en noir et blanc, ce corps androgine nu recroquevillé dans un nid de branches qui a attiré mon regard. Et d’un bel artwork à l’écoute d’un album, il y a souvent qu’un pas que je franchis assez souvent.

Le chant évanescent, façon new age, posé sur des textures sonores sombres et lentes, domine l’album, offrant assez peu de contrastes, ce qui relègue vite Funerals dans les musiques à écouter en faisant autre chose ou pour les jours de très grosses déprime.

‘Descent’ est l’exemple même de cette musique atmosphérique au chant éthéré. Quelques accords de guitares isolés, pas de montée en puissance, ni de thème ou de refrain. Un morceau tout en attente qui ne décolle jamais vraiment malgré un passage un peu plus lumineux vers la troisième minute avant de retomber dans l’ombre oppressante. Presque un pont entre ‘Aschen’ et ‘For Horror Eats The Light’.

Je vais encore une fois citer Birdy ou La dernière tentation du Christ de Peter Gabriel, mais les atmosphères de Let the Earth Be Silent me font souvent penser à sa musique. Des trames graves, de rares percussions espacées, des sonorités étranges et un chant difficilement lisible, noyé dans les effets et les ténèbres, comme une incantation.

Mon titre préféré est le troisième, ‘For Horror Eats The Light’, sans doute parce qu’il est l’un des plus long et des plus construit des sept avec ‘Barren’.

Faites gaffe quand même, si vous êtes au bout du rouleau, Let the Earth Be Silent pourrait vous amener à commettre l’irréparable. Alors, avant d’aller l’écouter sur Bandcamp, consultez quand même votre psy.

Omnerod – Arteries

Devinez qui m’a fait découvrir le groupe Omnerod ? Oui, c’est encore lui… Mi avril, il nous présentait, en avance de phase, leur dernier album The Amensal Rise que j’ai acheté depuis. Et ce que j’en ai lu et entendu m’a donné furieusement envie d’en écouter plus. Mais voilà, l’album n’étant pas encore sorti, j’ai dû me rabattre sur leur précédente production, Arteries sortie en 2019.

Omnerod est une formation belge de death post métal progressif qui existe depuis 2014 avec trois disques à leur actif.

Dans Arteries, vous allez entendre du chant clair, du growl, du djent, du post métal, de la guitare acoustique et une écriture complexe, riche, voire alambiquée qui les propulse dans les sphères progressives malgré certains aspects brutaux de leur musique. L’album dure soixante neuf minutes pour huit morceaux dont un qui approche du quart d’heure. Les deux plus courts sont des instrumentaux, ‘Lines’ qui ouvre l’album et ‘Newt’ placé en troisième position.

Omnerod se rapproche de bien des manières d’un Haken, d’un Devin Townsend ou d’un Wilderun. En effet, chaque morceau apporte sa dose de surprises et il est impossible d’écouter l’album sans s’immerger totalement dedans sauf à être vacciné avec plusieurs doses de Ziltoïd.

Bon, pour être tout à fait honnête avec vous, Omnerod, ça pique un peu parfois. Par exemple, l’avant dernier titre ‘Far from the Tree’ ne fait pas vraiment dans la dentelle. C’est de la charge lourde de guitares, basses et batterie sur du growl d’outre tombe avec quelques fioritures électroniques. Et ça dure quand même sept minutes !

À côté de cela, il y a des titres fleuves comme le dernier morceau ‘Sleep’, long de quatorze minutes. Quatre longs formats à la sauce progressive qui dépassent les neufs minutes. Des pièces riches en rebondissements, bruitages en tout genre, changements de rythme, de chant, alternant métal et acoustique, bref de quoi remplir l’espace sans donner l’impression de se répéter une seule fois.

Le second titre ‘Guide Them’, par exemple, fort de presque dix minutes, alterne chant clair fragile, solo de basse, growl démoniaque, chœurs épiques, charges de métal, chant façon années folles et farandoles de guitares sans parler de quelques touches acoustiques.

Cela fait beaucoup à écouter pour seulement deux oreilles et pourtant ça passe comme une lettre à la Poste et on en redemande.

Je pourrais vous parler de la musique Bouglione de ‘Newt’, du génial refrain de ‘Ascaris’, de la guitare électro acoustique en mineur de ‘Nothing Was Vain’ mais je pense que le mieux, c’est que vous écoutiez l’album sur Bandcamp.

Shores of Null – The Loss Of Beauty

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En 2019, le groupe Shores of Null m’avait fait très forte impression avec Beyond The Shores, un titre album de trente-huit minutes accompagné d’un film qui racontait les étapes du deuil. Alors, lorsqu’ils ont annoncé leur nouvel album studio The Loss Of Beauty, je n’ai pas hésité une seconde et j’ai commandé la totale.

Quand je dis la totale, c’est la totale. L’enregistrement numérique, le digipack, le tee shirt et deux éditions vinyles différentes limitées respectivement à 100 et 300 exemplaires. Oui des fois je déconne complètement, surtout ici, parce que je n’avais pas vu qu’il y avait deux fois le même vinyle sorti de la couleur.

Et pour tout vous dire, je regrette un peu la dépense. The Loss Of Beauty ne possède pas la puissance évocatrice de Beyond the Shores. Il faut dire que cette fois, nous avons à faire à onze morceaux de une à six minutes avec seulement deux instrumentaux et pas de violon ni de chant féminin en contrepoint du growl.

Il s’agit d’un album doom gothique et sombre on ne peut plus classique au final qui manque de caractère. The Loss Of Beauty parle de la beauté que l’on découvre dans tous les petits moments éphémères et imparfaits de la vie. Un thème à l’image de la pochette minimaliste , ces branches dépouillées où ne subsistent que quelques fruits rouges.

Au milieu de ce doom post-metal hurlé, deux titres brisent la monotonie ambiante : l’instrumental ‘The First Son’ où pointe un violoncelle et du piano et ‘Nothing Left To Burn’ où la voix de Davide sort un peu du registre habituel. Chant clair un tantinet théâtral et growl se partagent les paroles sur des guitares électriques mandolines, riffs chargés et double pédale trépidante. Une musique qui se rapproche plus du post metal que du doom du fait de son tempo infernal.

Je serai tenté de dire que cela manque de nuances et que sans la voix de Davide qui sait m’émouvoir parfois comme dans ‘Darkness Won’t Take Me’, j’aurai été vraiment déçu. Il est vrai que dans le cas ‘Beyond The Shores’, le support visuel du clip contribuait pour une bonne moitié à la fascination de cet album. En plus la musique flirtait nettement plus avec un doom qui convient mieux à ma mélancolie naturelle.

J’aurai aimé un peu plus de ‘The First Son’ et un peu moins de ‘Destination Woe’ dans ce nouvel album même si à gré des écoutes, un titre comme ‘A Nature In Disguise’ se détache agréablement de l’ensemble.

Bon, ça m’apprendra à acheter sans lire la composition sur l’étiquette. Mais si je ne vous ai pas dégoûté, vous pouvez l’écouter sur Bandcamp.

ArcAnica – Elemental

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Cette chronique annule et remplace celle de Riverside bloquée sur Youtube pour des raisons de droits d’auteur. Ceci dit, à mon avis, vous gagnez au change.

Quatre titres, à peine vingt minutes d’écoute, je vous présente l’EP Elemental du groupe ArcAnica. Un quintet de metal progressif venu de Philadelphie, enfin, je crois. A priori, il s’agit de leur premier effort et honnêtement, je ne me souviens plus où j’ai entendu parler d’eux.

Toujours est-il qu’Elemental m’a suffisamment intéressé pour que je lui consacre cette chronique. 

Une basse, une batterie, trois guitares, un micro et peut-être quelques samples de claviers constituent l’attirail de ces chevelus qui louchent du côté du sludge, du black et du metal prog avec un petit air à la Opeth, Tool ou Haken. Les titres vont de quatre à cinq minutes. Ce n’est donc pas sur la durée qu’ils s’inscrivent dans la mouvance progressive mais nettement plus dans l’écriture.

Le chant clair omniprésent qui côtoie un growl assez rare a certainement éveillé tout d’abord mon intérêt pour cet EP.

Il s’agit encore d’un album ayant pour thème les éléments, ici dans l’ordre, l’eau, l’air et le feu, une thématique qui revient un peu trop souvent à mon goût dans les œuvres de jeunesse des groupes. Au moins, pour une fois, ArcAnica n’a pas composé un double concept album.

L’EP semble développer en dix-neuf minutes une histoire cataclysmique et mystique. Tout un programme… Si les paroles des quatre morceaux sont liées, il se pourrait que ArcAnica parle ici d’un exode pour échapper à un déluge purificateur. Vu comme ça, ça a l’air complètement fumé du paillasson et comme la musique flirte avec le psyché violent, tout est possible.

La production est clairement perfectible, le son manque de mordant et les aiguës bavent un peu, surtout sur les crashs de batterie. Mais après tout, c’est un premier effort et avec un casque pas trop pointilleux, cela passe très bien.

‘Black Fire’ est certainement le plus black des quatres morceaux. Il use d’une voix démoniaque et de notes de guitares angoissantes. C’est aussi mon morceau préféré même si tout l’EP tient parfaitement la route.

Outre le black metal progressif, il y a quelque chose de théâtral cinématique dans leur musique comme en témoigne le début de ‘Against the wind’. Il faut également souligner ces guitares torturées qui se déchaînent dans ‘The Fool’s Garden’ sur une batterie qui cogne les fûts sans ménagement.

Pour un premier EP, Elemental de ArcAnica, fait preuve d’originalité. Les quatre morceaux sont de très bonne facture et les musiciens maîtrisent leur sujet. En plus le dosage entre metal et prog est finement dosé pour séduire un large public. Il s’agit assurément d’un groupe prometteur et leur EP mérite amplement le détour. Alors n’hésitez pas à les découvrir sur Bandcamp, vous m’en direz des nouvelles.

Hypno5e – Sheol

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Un samedi après-midi ensoleillé, alors que le groupe français Hypno5e allait se produire à la Laiterie, j’ai téléchargé leur dernier album Sheol avant d’aller au concert, histoire de mieux connaître leur musique.

Je dois une fois encore, la découverte de ce quatuor à Stéphane Gallay qui avait parlé à plusieurs reprises de leurs albums et écrit un live report sur leur passage à Genève. J’avoue que comme lui, je n’étais pas à 100% convaincu par leur musique jusqu’à Sheol, mais un concert de post metal atmosphérique près de la maison, cela ne se refuse pas.

J’ai fait tourner Sheol à plusieurs reprises dans le salon et me suis dit que finalement, la soirée pourrait être plus intéressante que prévue.

Sheol est un album six titres d’un peu plus d’une heure avec trois morceaux de plus douze minutes où se mélangent metal, post-rock, instruments à cordes, extraits audios, growl et chant clair. Un savant mélange de genres et de langues puisque vous pouvez y entendre du français, de l’anglais ainsi que de l’espagnol dans les textes.

Hypno5e joue de contrastes avec leur musique, de l’éthéré au gros poutrage se succèdent comme le chant clair et le growl. Une écriture qui me fait songer parfois aux jeunes années de Haken.

Pour vous donner une petite idée, le titre ‘Sheol’ se joue à la mandoline sur un poème de César Vallejo déclamé en espagnol et se poursuit par une charge de growl et du chant clair mélancolique avant de donner dans le djent post-rock.

Vous me suivez ?

Tant mieux, parce que ‘Tauca’ ressemble à s’y méprendre à du Genesis avec sa guitare acoustique et son chant à la manière d’anasazi. Et puis, il y a des morceaux qui soufflent le chaud et le froid comme ‘The Dreamer and his dream’ qui alterne chant délicat et growl dévastateur. En plus de tous ces mélanges de genres, Hypno5e n’est pas avare de sonorités, instruments classiques, bruitage, extraits de film comme celui des ‘Enfants du Paradis’ ou de poèmes avec ‘Heces’.

Sheol va au-delà du simple album de post-metal. C’est une exploration sonore d’une infinie richesse, cinématique, violente et poétique.

A ma propre surprise, je suis tombé amoureux de cet album et il rentre de ce pas dans mon top 2023. N’hésitez pas à les écouter. Leur discographie est à découvrir sur Bandcamp sans modération, et en live, c’est vraiment excellent.

Carcariass – Planet Chaos

Une fois encore, je dois la découverte de Carcariass à Stéphane Gallay et ses chroniques musicales. Il était tombé sur le groupe lors d’un concert à l’Usine et avait ensuite fait la retape de leur album Planet Chaos.

Carcariass est un quatuor franc-comtois de death metal progressif qui existe depuis 2009 devenu quintet depuis peu et qui vient de sortir leur nouvel album Afterworld le 3 mars dernier. On y reviendra.

Mais comme Stéphane, je vais d’abord vous parler de Planet Chaos sorti en 2019. Pour quelle raison ? Tout simplement parce que cet album est une tuerie.

Le projet est porté par Pascal Languetin qui compose et joue des guitares heavy et des claviers progressifs. Il y a également de la double pédale frétillante en la personne de Bertrand Simonin assis sur le tabouret et une basse bien présente tenue par Raphael Couturier.

Malgré un artwork assez gore, Planet Chaos se révèle être un concept album futuriste plus proche du metal progressif que du death. Ok, le chanteur Jérôme Thomas use et abuse de growl caverneux mais sur les treize morceaux que comporte le disque, il y a de nombreux instrumentaux.

Écouter Carcariass, c’est un peu comme plonger dans un album de Ayreon musclé qui se serait concentré sur les guitares. Vous voyez le genre ? Les morceaux vont de trois à huit minutes pour le plus long, offrant une heure neuf d’écoute. Alors installez-vous confortablement.

Après avoir saccagé leur planète, les humains s’exilent vers un autre monde et comme l’échec se résumerait à l’extinction de la race, l’espèce est transformée génétiquement pour réussir coûte que coûte.

Evidemment cela se passe très mal comme en témoigne le titre ‘Letter From The Trenches’, inspiré par des lettres de soldats de la première guerre mondiale.

Carcariass arrive, malgré un métal musclé, à rendre très mélodique cette heure science-fictionnesque, sans doute grace aux pauses instrumentales, aux claviers et à des refrains très bien fichus comme dans ‘Psycotic Starship’. 

Certes Carcariass n’y va pas avec le dos d’une cuillère. Pour la musique méditative, vous attendrez la prochaine chronique. Le growl n’arrange rien à l’affaire et l’abondance de guitares et de claviers ne calme pas vraiment le jeu. Il s’agit pourtant d’un death metal très mélodique (oui je sais, il y a une petite contradiction dans la phrase). L’écriture très progressive de Planet Chaos pourrait séduire plus d’un baba cool maqué à une métalleuse.

Planet Chaos s’achève par un morceau instrumental épique de presque neuf minutes. Une pièce magistrale, parfaitement maîtrisée, riche en rebondissements, qui devrait vous en boucher un coin, même si vous êtes un vieux con blasé comme moi.

Si Carcariass n’est pas un des grands noms de la scène metal française, ils font preuve d’un évident savoir faire dans le death metal progressif avec Planet Chaos et si leur nouvel album Afterworld est plus direct, il prouve par sa maîtrise que Planet Chaos n’était pas juste un miracle isolé dans leur carrière. D’ailleurs on devrait y revenir bientôt. En attendant, vous pouvez les écouter sur Bandcamp.