Anna

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Vous saviez qu’Anna est un prénom magique ? Il peut se lire dans les deux sens. C’est également une série italienne produite avec le soutien d’Arte qui parle de fin du monde.

Moi j’ai le chic pour ça. Lire Les Nuits de la Peste tout en regardant une série post-apocalyptique alors que le taux d’incidence du COVID-19 remonte en flèche et que je traine encore des symptômes grippaux.

Anna est un roman écrit en 2015 et adapté en série en 2021, en pleine pandémie. 

Un virus, La Rouge, touche tous les adultes qui développent alors des symptômes grippaux avant de mourir. Seuls les enfants survivent, enfin jusqu’à leur puberté.

Bientôt, en Sicile, où se déroule notre histoire, il ne reste que des enfants livrés à eux-mêmes. Le parallèle avec le livre Casa de Campo de José Donoso est saisissant. Des micro sociétés dirigées par des pré adolescents sur le point de mourir, avec leurs rituels étranges, leurs codes décalés venus de croyances de l’enfance, leurs rites barbares d’où toute culpabilité est absente. 

Que disait Blaise Pascal au sujet de l’innocence des enfants ?

Nous suivons Anna et son petit frère Astor qui ont perdu père, beau-père puis mère. De très jeunes enfants qui vont avancer dans la vie grace aux conseils que leur mère a consigné dans un cahier avant de mourrir. « Lire les étiquettes des conserves, vérifier la date de péremption, sentir leur contenu et si ça sent mauvais, faire bouillir avant de manger. ». « Quand je serai morte, attends cent jours avant de venir me voir. Ferme la porte à clef et si ça sent trop mauvais dans la maison, dormez dans la voiture. »

Anna va éduquer et s’occuper d’Astor, lui inventer un monde, une légende pour qu’il reste dans la maison alors qu’elle part en quête de nourriture. Un jour, ils vont devoir quitter la maison, rencontrer d’autres enfants organisés en tribus plus ou moins étranges, affronter la cruauté, la faim, la mort, la folie, être séparés, torturés, séquestrés, adoptés, une sorte de road movie à pied et en scooter dans la Sicile désolé de l’après fin du monde.

La série qui ne comprend que six épisodes use de flashbacks, passe d’un personnage à l’autre pour raconter son histoire tout en suivant la trame principale autour d’Anna et de son demi frère. Belles images, décors bien choisis, acteurs incroyables, Anna est une série prenante que je vous recommande fortement.

Moloch

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Moloch est cette divinité citée dans la Bible a qui les hommes sacrifiaient leurs enfants par le feu. C’est également une série Arte datant d’octobre 2020 en six épisodes que j’ai vu dernièrement.

Dans une ville du Nord de la France, un homme meurt, immolé par le feu. Ainsi débute Moloch, cette série Arte que j’avais commencé à regarder sur la chaine des bobos puis abandonnée au troisième épisode à cause de sa programmation trop tardive. Car oui je me couche tôt et un film qui débute à 21h00, finit bien trop tard pour mon rythme de sommeil.

J’avais oublié cette série lorsqu’elle est apparue dans le catalogue Disney Star. Et comme les deux premiers épisodes m’avaient bien titillés, j’ai recommencé la série depuis le début.

Moloch met en scène Louise, une jeune journaliste stagiaire quelque peu perturbée et Gabriel, un vieux psychiatre brisé par la mort de son enfant. Deux personnages dissemblables qui joignent leurs efforts pour élucider le mystère de ces victimes qui meurent de combustion, semble-t-il spontanée.

Suicide, crime, phénomène paranormal ? Légistes, policiers et journalistes tentent vainement de trouver une explication à ces morts violentes qui semblent mises en scène.

La série aurait pu être filmée en noir et blanc tant les paysages sont glauques : une cité de banlieue mal famée, une plage immense balayée par le vent, les docs sous la pluie, l’appartement sordide de la journaliste, le cabinet sombre du psy, la piscine le soir, à l’heure de la fermeture avec son bassin quasi désert.

L’ambiance est lourde, l’histoire pesante, les personnages complexes : Louise, la jeune femme victime de ses parents dysfonctionnels prête à tout pour arriver dans le métier, Lucie, l’épouse déprimée du psychiatre qui ne joue plus de violoncelle, Stella, la jeune patiente atteinte de la maladie du soleil est pleine de colère, Gabriel, le psy amnésique ne s’est plus dans quelles circonstances son fils est mort, Jimmy, le chauffeur de bus fou qui dévie de son trajet habituel et arrive sur la plage, et toutes ces personnes qui meurent carbonisées sans que les enquêteurs ne trouvent d’explication rationnelle. Moloch est l’occasion de dessiner les portraits de personnages complexes sans doute trop vite esquissés pour certains.

La série joue jusqu’à la fin entre thriller et fantastique mais au bout du quatrième épisode, elle perd de son accroche initiale et je suis arrivé à la conclusion de l’histoire sans cette soif de comprendre qui donne envie d’aller au bout d’un récit.