Le réveillon

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Contrairement à l’an passé, nous avons passé un réveillon de Noël serein en famille, c’est à dire à cinq, le chat compris. Apéritif au champagne, cadeaux, repas, Mario Party, bûche et dodo, la routine.

Pour le réveillon du nouvel an ce fut plus compliqué. Le petit dernier était déjà reparti à Lyon poursuivre ses études et le grand nous abandonnait pour fêter la fin de 2020 avec ses potes. Nous restions seuls avec le chat.

Mon épouse a eu alors la délicieuse idée de commander notre repas chez un restaurateur au lieu de cuisiner Picard. Oui, clairement nous ne sommes pas des escalopes (cordons bleus).

Nous cochons les plats du menu de nos rêves sur le flyer, huitres, carpaccio de Saint-Jacques, médaillons le lottes, boeuf en croute, mousse de chocolat blanc et fruits exotiques, ajoutons un chèque comprenant la livraison pour 17h et glissons le tout dans la boîte aux lettres du restaurant.

L’esprit tranquille, nous sommes parti fouler la neige dans les Vosges et sommes revenus juste avant l’heure de la livraison.

Ce que vous ignorez sans doute, c’est que notre couple émet des ondes négatives dans les restaurants. Régulièrement le serveur nous oublie au moment de la commande, du dessert ou de l’addition. D’ailleurs le matin au réveillon, dans un moment de désespoir, ma chérie m’a dit sur l’oreiller, « Je suis certaine qu’ils vont nous oublier ».

La livraison prévue pour 17h s’est en effet fait attendre, et moi coincé depuis une heure devant la fenêtre côté rue (notre sonnette possède un fonctionnement relativement erratique), je ne voulais pas croire à la malédiction culinaire, et pourtant.

A 18h30, très inquiet, j’essaye de joindre le restaurant mais c’est un répondeur qui m’annonce qu’ils sont fermés. Stress !

Dans le réfrigérateur nous avons de quoi réaliser deux oeufs au plat avec un peu de soupe et des yaourts natures. Le repas du réveillon risque de ressembler à toute cette année si nous ne réagissons pas très vite.

Ni une ni deux, je prends la voiture, fonce au restaurant, me gare comme un salopard sur le trottoir et coure jusqu’à l’entrée du restaurant, la peur (et la faim) au ventre. 

La porte est ouverte, un rayon de lumière passe entre les rideaux. J’ose un pas masqué à l’intérieur et si la rue est déserte, dans le restaurant l’agitation est digne d’une fourmilière. La femme est au téléphone, son mari aux fourneaux, le père revient d’une livraison, les enfants s’agitent dans les escaliers, des clients attendent leur commande, bref, c’est le coup de feu.

Entre deux intenses pics d’activité, j’arrive à donner mon nom pour m’enquérir de notre commande. La femme cherche, me redemande mon nom, cherche encore mais nous ne sommes pas sur sa liste !

Je pense à la poêle Tefal avec ses deux oeufs au plat qui vont constituer notre repas de fin d’année alors qu’autour de moi l’agitation culmine. Après deux clients, une recherche de la commande, du chèque, après avoir questionné le papi improvisé livreur, il faut se rendre à l’évidence, personne n’a vu notre commande.

Un autre couple semble dans le même cas, sauf que eux ont commandé via Internet le menu proposé dans un restaurant parisien et non en Alsace. La misère. Je leur proposerai bien de venir manger un œuf au plat, mais je ne suis même pas certain que le coquetier en contienne quatre.

La patronne, entre deux nouveaux clients, deux enfants agités, un mari débordé, revient vers moi et me demande qu’elle était ma commande. J’essaye de me souvenir des détails, elle acquiesce, parle au cuisinier et quelques minutes après remplit deux sacs de carpaccio de Saint-Jacques, de médaillons de lotte, de boeuf en croute et de mousse au chocolat blanc. Elle pose également un plateau de saumon gravelax en cadeau pour se faire pardonner (mais pardonner de quoi ?) et son mari arrive désolé en m’annonçant qu’en ouvrant les huîtres sa main a malencontreusement dérapé et qu’il en a ouvert trop.

Je suis confus et très heureux d’avoir récupéré le repas. Et lorsque que je propose de régler la commande, la dame me dit qu’elle verra si elle retrouve le chèque et dans le cas contraire je n’aurais qu’à passer régler plus tard. Elle ne me connaît pourtant ni d’Eve ni d’Adam. Je suis encore plus confus.

Après les avoir remercié, leur avoir souhaité un bon réveillon (les enfants étaient au taquet), je rentre avec deux gros sacs papier garnis de victuailles juste avant le couvre-feu et lorsque j’arrive à la maison avec mes trésors, tout déconfit (de canard), brandissant les sacs papier, j’annonce à ma chérie que je suis passé chez Mc Do.

Le cheese burger frites coca fut délicieux. Entre chaque plats, gravelax, huîtres, lotte, boeuf en croute et mousse au chocolat, nous avons regardé les derniers épisodes de la troisième saison de Versailles, puis après les quelques rares pétards de notre abruti voisin tirés depuis son balcon, nous sommes allés nous coucher, la panse remplie.

Au fait, bonne année à tous et à toutes ! Burp !

Ikeathon

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Les meubles Conforama s’effondrent après montage, se décollent, se cassent. Les meubles Fly c’est pire. Les meubles Ikea eux, ils sont sont sympas, faciles à monter sauf pour les blaireaux du tournevis, résistants dans la durée (j’en ai qui survivent depuis plus trente ans). Ils sont passe partout et pratiques. D’accord ce n’est ni chicos ni design mais je ne suis pas encore assez snobinard et riche pour me meubler exclusivement chez Stark.

Lorsque j’ai besoin d’un meuble je vais chez Ikea. Ce n’est pas trop loin de la maison, il y a du choix et on peut se régaler de boulettes en famille au restaurant. Je l’avoue, ils sont relous avec leurs noms de meubles impossible à mémoriser et parfois c’est le parcours du combatant pour trouver son coli dans les rayonnages.

D’ailleurs, en parlant de trouver son coli…

Mon grand geek gamer (oui les chiens ne font pas des chats), avait besoin de remplacer son bureau acheté il y a quinze ans et sur lequel il peinait à poser PC portable, ses deux écrans, son casque avec micro, son clavier de gamer, sa super souris multi fonctions et ses enceintes pour faire du bruit. D’autant que le bureau en question, pourtant un produit Ikea me semble-t-il, a un de ses pieds qui présente un angle assez étrange avec le sol en pente de la chambre, le genre de truc qui menace de s’effondrer à tout instant.

Après être passé chez Conforama constater l’affligeante qualité des meubles proposés, nous avons poussé jusque chez Ikea et après quelques recherches nous avons rencontré Fredde, un grand noir costaud de 1.85 m, dont mon grand est immédiatement tombé amoureux. Un nouveau copain de gaming.

Après renseignements, Fredde n’était disponible que sur commande et livré à un dépôt assez loin de la maison. Mais Fredde était si beau, si fort avec son armature métallique, ses plateaux noirs, ses rangements ergonomiques qu’il nous le fallait. Donc commande.

Le 5 juillet nous voici avec le précieux bon de commande de Fredde. Livraison prévue pour le 11 juillet. La vendeuse m’annonce que je serai informé des étapes de la commande par SMS. Et en effet, le 9 juillet je reçois le SMS suivant :

« Bonjour ! Votre commande portant la référence XXXXXXXXXX est en route. Suivez l’avancement de commande sur IKEA.fr. »

Sur le site, la commande est présente, sans plus d’information.

Le 15 juillet, la commande est au même point sur leur site et je n’ai pas reçu de nouveau SMS.

Le jeudi 18 juillet même chose, alors ma soeur Anne ne voyant rien venir, j’appelle IKEA. Voulez-vous participer à une enquête à la suite de votre appel, pour non tapez 0. Vous nous appelez pour une livraison, tapez 3. Dites le nom de votre de votre magasin, « Strasbourg connard ! ». Je n’ai pas compris, redites le nom de votre magasin, « Strasbourg ». vous êtes un particulier tapez 2. Vous appelez pour une livraison tapez 3.

Là commence la petite musique irritante. Un truc horrible qui au bout de quelques secondes s’arrête et recommence, un truc à devenir fou. Vingt-cinq minutes plus tard, toujours pas de conseillé au bout du fil à part deux bis angoissants au milieu de la douce mélodie, et soudain la communication coupe. Rage !

Le vendredi 19 juillet nouvelle tentative. Tapez 0, tapez 3, « Strasbourg ! », tapez 2, payez 3 et la petite musique revient. Cette fois j’en ai pour 45 minutes d’attente mais après cette douce torture, miracle, j’ai un être humain au bout du fil.

La personne vérifie la commande, je l’informe que je n’ai pas reçu le SMS promis, que sur le site il n’y a toujours pas d’information sur la livraison etc. Elle m’annonce que la commande était prévue pour le 15 juillet, « ben non, le 11, c’est marqué sur le bon de commande » ose-je répondre effrontément, elle insiste la bougresse et moi je laisse tomber car cela fait trois quart d’heure que je poirote, je ne suis plus à quatre jours près. Elle me met en attente pendant 10 minutes pour contacter l’entrepôt Seegmuller pour vérifier si ma commande est arrivée, 10 minutes supplémentaires d’attente avec l’horrible musique puis m’annonce que le coli n’est pas arrivé et qu’elle va lancer une recherche. Je recevrai un SMS avec le numéro de recherche et je pourrai contacter Ikea dimanche pour en savoir plus, car chez Ikea ils bossent eux, même le dimanche, oui monsieur.

Ok, zen. Je suis reparti pour la petite musique.

Vendredi, samedi, dimanche, pas de SMS de la dite recherche, alors je recontact Ikea.

Le dimanche 21 juillet, cinquante ans après que l’homme se soit posé sur la Lune, je pars en quête de deux colis chez mon fabriquant de meubles préféré. Tapez 0, tapez 3, « Strasbourg !! », tapez 2, payez 3 et la petite musique revient. Cette fois j’en ai pour seulement 35 minutes d’attente. Mais la déconvenue est de taille.

La personne n’a aucune trace de mon dossier, sa collègue a du oublier de faire quelque chose et manifestement elle n’est pas la seule. On recommence donc à zéro et la conseillère m’annonce qu’elle me recontactera lundi pour donner les résultats de la recherche, et si par malheur, elle ne me recontactait pas, il faudrait que j’appelle Ikea.

J’en profite pour faire une réclamation par mail à la firme Suédoise, car je commence à être un peu énervé. Non mais.

Lundi 22 juillet passé midi, pas de nouvelle d’Ikea, mais j’en ai mare, alors je ne téléphone pas, ils font chier, voila.

Oui mais bon, Fredde nous a coûté quand même 229 € alors mercredi 24, je me fais violence. Tapez 0, tapez 3, « Strasbourg !!! », tapez 2, payez 3 et la petite musique revient. Cette fois j’en ai pour seulement 25 minutes d’attente. Mais là, c’est la Bérészina. Je sais, il fait chaud, la canicule est là mais quand même.

La conseillère consulte mon dossier quelques instants et m’annonce que ce genre de commande ne peut-être traitée au téléphone et qu’il faut que je me rende dans mon magasin Ikea pour bouffer des boulettes. Sérieusement ? Et les deux autres personnes que j’ai eu au bout du fil, elles étaient connes ? Ou c’est la toute dernière qui est conne ? Je raccroche, il fait trop chaud.

Mercredi 24 juillet au matin, il fait 34°C dehors, je pars avec la Logan pour Ikea. J’arrive à 9h35, sous un soleil de plomb et pas de chance le magasin n’ouvre qu’à 10h00. Je cuis dans la voiture et me précipite dès l’ouverture au service après vente où la foule se masse déjà. Et en plus il faut prendre un ticket. Un ticket pour une livraison à domicile, oui, on va dire ça, de toute façon dans la rubrique livraisons il n’y que deux choix et aucun ne correspond à mon cas. I8001 dit l’imprimante. Y a plus qu’à attendre.

B1001 guichet 1, A2001 guichet 5, I8001 guichet 5, c’est mon tour.

10h30, sans musique cette fois, je rencontre enfin une interlocutrice. J’explique mon cas à madame Malussène qui appelle illico l’entrepôt. Quelques nouvelles minutes de patience plus tard et toujours sans musique débile, elle revient avec un sourire pour m’annoncer que ma commande est au dépôt depuis le 15 juillet… « Et comment se fait-ce (fesse) que je n’en ai pas été informé par SMS, mail, téléphone, télégraphe, tamtam, signaux de fumée, et que vos collègues au téléphone n’ont pas pu me le dire ? », Hi hi, je ne sais pas…

Par chance j’ai dans le coffre des sangles et mes barres de toit, car les deux colis sont grands et lourds, 25 kilos chaque, et je suis seul, tout seul, et il fait chaud, très chaud. Je prends la direction de Lampertheim et arrive au dépôt Seegmuller. Au moins il existe lui. Le gars consulte mon bon de commande ISOM et trouve les deux colis de 25 kilos. Je signe, installe en plein cagnard la galerie de la Logan, transpirant à grosses grosses gouttes, soulève les deux cartons de 25 kilos à bout de bras avec mon hernie discale, sangle le bazar et repars bravement, avec cinquante kilos sur le toit, vers ma petite maison chérie.

Mercredi 24 juillet 11h30, après onze jours d’attente, j’arrive glorieusement à la maison avec Fredde sur le toit, enfin j’espère que c’est bien lui. Le bonheur était trop grand, il fallait qu’une conne se gare sur ma place de parking privé histoire de pimenter la matinée.

Mercredi 24 juillet 17h30. Il fait 36.5°C dehors à l’ombre, 27.7°C dans le salon. Fredde est bien monté et mon garçon est content, il va pouvoir jouer avec…

Jeudi 31 juillet 18h14. Je reçois un SMS : « Bonjour JEAN CHRISTOPHE, Votre commande XXXXXXXXXX est prete pour le ramassage à PUP – Strasbourg Dépôt Seegmuller 15 rue du chemin de fer, 67450. ». Non non, ce n’est pas une blague…