Les trois poubelles

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Je suis resté pendant deux heures en face de trois poubelles de tri sélectif en gare de Rennes. Vous me direz, il y a des manières plus palpitantes pour passer son temps. Mais voilà j’attendais mon TGV pour rentrer à Strasbourg et je trimbalais une valise trop encombrante pour faire du shopping ou du tourisme.

Mais revenons aux trois poubelles : une poubelle marron pour les bio déchets, symbolisés par un trognon de pomme, une peau de banane et un morceau de pain, une poubelle jaune pour les matériaux recyclables, symbolisée par un journal, une bouteille, une boîte en carton et une canette, et enfin une poubelle grise où était marqué « le reste ici » avec le dessin d’une poubelle.

Presque à chaque fois, les voyageurs ayant des déchets à jeter, s’approchaient des conteneurs en les observant de manière dubitative. Et probablement pris d’un doute, deux fois sur trois, ils remplissaient la poubelle grise, celle des matières non recyclables et non bio dégradables. Bouteilles, sacs plastique, canettes, restes de sandwich, fruits, tout terminait dans la poubelle grise. La poubelle jaune était presque vide, la marron immaculée.

Les gens n’avaient-ils pas vu les pictogrammes ? Ils n’arrivaient pas à associer leurs déchets avec les dessins ? Ou bien n’avaient-ils pas compris le principe du tri sélectif ? Les pictogrammes étaient-ils trop obscurs ? Les voyageurs étaient-ils trop pressés ? N’en avaient-ils rien à foutre ? Deux français sur trois seraient-ils de gros porcs ?

Souvent l’humanité me désespère mais c’est en écrivant ces lignes pleines de fiel que je réalise que je bois dans une bouteille plastique alors que mon voisin dans le wagon qui nous ramène à Strasbourg, boit dans une gourde en métal. Même si je recycle mes déchets le mieux possible, je continue de contribuer à leur production…

Martine prend le train

Samedi dernier, nouvelle matinée de photographie de rue, le stage photo que je suis actuellement pour devenir, avec un peu de chance, moins mauvais. Cette fois, Pierre, notre formateur, nous emmenait à la gare pour que nous nous exercions. Déjà l’aventure du marché m’avait quelque peu effrayé, alors aller dans une grande gare, armé d’un appareil photo, en période de paranoïa urbaine, me semblait terrifiant.

C’est pourtant dans une grande indifférence que nous avons pu photographier au milieu de la foule. Dans la gare, les gens semblaient ne pas nous voir, ne pas être dérangés par les onze objectifs braqués sur eux. Je me suis posé, accroupi, à de nombreuses reprises au milieu des allées grouillant de monde, afin de prendre la foule courant après son train, sans subir un seul regard de travers ou une remarque désobligeante. Bien au contraire, nous avons eu même droit à quelques sourires encourageants.

J’ai passé une bonne partie du temps devant l’escalator, m’essayant à des superpositions d’images ratées hélas (pas de pied photo contrairement à d’autres ce matin là), puis je me suis aventuré dans les couloirs grouillant de monde. Un vrai bonheur ! Cette fois, même si le résultat final n’est pas à la hauteur de mes espérances, je me suis réellement amusé et les deux retardataires, courant après leur train dans les couloirs, sont mes images préférées.

Jeudi soir prochain, après Pain of Salvation au Z7, ce sera, séance en labo avec Lightroom, pour choisir les clichés et les retravailler.