Le pire, c’est que l’on s’habitue

Image

L’être humain possède une forte résilience.

Je suis né et j’ai vécu en Bretagne plus de vingt années, une terre où la température moyenne avoisine les 15 degrés avec un très faible écart type. En d’autres termes il ne fait jamais chaud sous le crachin.

Après deux années dans la fournaise toulousaine, trois dans la grisaille parisienne, je suis arrivé en Alsace avec ses hivers glacés à moins vingt degrés et ses étés lourds à plus trente.

L’été a débuté cette année le 1er juin avec plusieurs épisodes très chauds. Sorti de quelques rares orages, pas une goutte n’a mouillé le sol poussiéreux, une sécheresse qui dure depuis le début janvier.

Le matin, le mercure dépasse déjà ma température de confort, l’après-midi elle est deux fois plus élevée.

Au réveil, j’ouvre toutes les fenêtres en grand pour perdre quelques calories. Avant que le soleil ne frappe les vitres, je referme les volets et quand la température extérieure dépasse celle de la maison, je ferme les fenêtres encore ouvertes.

Je me couche très tard (par rapport à d’ordinaire), je me lève très tôt et à l’heure brûlante, je fais une sieste réparatrice. Je mange peu, froid, quelques crudités, un régime crétois qui m’a fait perdre cinq kilos depuis le printemps, par contre je bouche mes artères avec des glaces et de la bière pas trop forte pour éviter de tituber dans la rue.

Il y a quelques années, j’étais en véritable souffrance l’été, alors que les canicules étaient l’exception. Je ne dormais pas, je végétais dans la maison, le nez sur le ventilateur. Aujourd’hui je vis certes au ralenti, mais je fais quand même des choses et je n’ai pas cédé à la tentation de la climatisation comme bien des connaissances.

Je me suis habitué.

Tout cela ne va faire qu’empirer, ne nous mentons pas. La fréquence des canicules va s’accroître, les températures maximales vont battre de nouveaux records quotidiens, mensuels, annuels et le nombre d’événements violents va exploser.

Mais l’homme est résiliant. Il va s’adapter. Et c’est bien là le problème. Car au lieu de nous adapter, même si c’est nécessaire, nous ferions mieux de prendre d’urgence des mesures pour endiguer la catastrophe.