Sprichst du deutsch?

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Un de mes amis est venu s’installer à Strasbourg après plusieurs années passées à Rennes. Après quelques demandes de mutation il a obtenu un poste dans la capitale alsacienne. 

La quête de l’appartement idéal a commencé et comme il me demandait conseil je lui ai fait peur avec la description de quelques quartiers où il ne faut pas habiter dans notre belle ville comme le Neuhof, Cronembourg ou la Museau. 

Je lui en ai conseillé d’autres et il a jeté son dévolu sur un F3 à la Krutenau, à deux pas du centre-ville.

J’aurais mieux fait de me taire.

Évidemment le quartier est plus cher, beaucoup plus cher. Mais il a trouvé une location à un tarif raisonnable. Normal. Sorti de la cuisine et de la salle de bain, les trois autres pièces étaient, comment dire, à rafraîchir. Le propriétaire grand prince, payait la peinture. 

Lors de l’état des lieux nous avons pu constater de visu à quoi ressemblait la bonne affaire visitée en virtuel. Murs beiges crasseux gardant la mémoire des meubles et des cadres des anciens locataires, balatum marqué cachant un plancher défoncé par endroits, fenêtres mal posées, radiateurs à la peinture écaillée, chasse d’eau fuyante, détecteur de fumée de hors service, paume de douche arrosant tout sauf le bac et trois portes manquantes cachées dans une cave puant la charogne et infestée de mouches à viande.

Pourquoi ne lui avais-je pas recommandé un appartement neuf en ZUP avec dealer sur le palier et milice facho dans les couloirs ?

Parce que voilà, quelques travaux s’imposaient avant l’arrivée des déménageurs.

Alors pendant le viaduc du quinze août, nous nous sommes armés d’éponges, de rouleaux, de pinceaux, de bâches, d’escabeaux et de pots de peinture pour rafraîchir l’appartement. 

C’est toujours chouette d’avoir des amis qui s’installent à Strasbourg je vous jure ! Non content de squatter la maison, il volait mon grand WE du quinze août. Par trente degrés nous avons lessivé les murs et plafonds crasseux puis appliqué des couches de peinture blanche sur la fibre de verre. 

L’objectif était de nettoyer au moins une pièce avant l’arrivée des déménageurs le mercredi suivant.

Vendredi matin courses à Leroy-Merlin. L’après-midi lessivage du salon noirci à la Saint-Marc. Samedi matin Ripolin blanche mate au murs et plafond, un peu aussi sur le sol et beaucoup sur la peau. Samedi après-midi lessivage de la première chambre aux murs moisis. Dimanche matin lessivage de la seconde chambre et peinture de la première jusque bien après l’heure du repas. Dimanche après-midi pause dans les hostilités, vautrés dans les canapés à ne rien faire.

Par chance, le lundi je reprenais le travail pour une dure semaine de labeur au bureau tandis que mon ami retournait à Strasbourg peindre la seconde chambre. Il fallait tout de même que je tonde la pelouse et nettoie le jardin laissé à l’abandon pendant plusieurs jours. Mais en comparaison des travaux de rafraîchissement, c’était du bonheur.

Le mardi soir, les trois pièces étaient habitables à quelques finitions près que le prochain locataire se fera un plaisir de réaliser. Ne reste plus qu’un affreux long couloir crasseux à repeindre, des toilettes dignes d’un musée de l’horreur et un petit couloir que vous n’osez imaginer ‘rafraîchir’.

Mais tout ça pour quoi ? Pour le plaisir de retrouver un vieux pote ? Non. Pour décrocher une promotion ? Non plus. Pour une fille ? Même pas. Non, rien de tout cela. Mon ami est venu à Strasbourg pour perfectionner son allemand. Sérieusement…

Back In Black

La maison voisine fait peau neuve. Il faut dire que la pauvre, elle n’était pas gâtée par mère nature. Un espace exiguë, des murs fissurés, un toit peu étanche et surtout des propriétaires abrutis. 

Depuis plus de six mois, les travaux battent leur plein, les samedis, dimanches et fêtes, car si la bicoque s’améliore, ses occupants sont toujours les mêmes abrutis. « Y é né pas le sou alo yé fai sa o blaque ». Et le black, c’est le week-end, lorsque l’on essaye de se reposer. Meule, bétonnière, scie circulaire, perforateur, marteau piqueur, perceuse, gueulantes, chien qui aboie, ainsi passent nos fin de semaines dans la poussière soulevée par les machines. 

Back In Black, saison deux. Chaque été le même enfer. 

Tôt le samedi matin des petits coups de marteaux sournois ou une visseuse en pointillés pour vous réveiller en douceur puis le fauve est lâché dans l’arène, le chien se met à hurler sur tout ce qui bouge, lui même compris, alors le maître crie dessus sans effet apparemment avant de découper une poutre métallique avec une meule pas assez puissante. La fourgonnette blanche arrive alors (vous savez celle qui kidnappe les enfants) avec les copains payés à la bière ou les artisans non déclarés (et l’enfant attaché à des chaines à l’arrière). Ça gueule, ça s’engueule, ça tape, ça perce, ça crie et ça n’avance pas (tellement fort que l’on entend plus l’enfant pleurer).
Ils ont enlevé les tuiles (et l’enfant) du toit juste avant un orage épique, fait le crépi avant de changer les fenêtres,  construit un toit avant de décider d’en faire une terrasse. C’est qu’il y a de la jugeote chez ces gens (ils vont certainement demander un rançon).

Puis le soir, dans leur cour de 10m2, ils fêtent l’avancée du chantier, des libations bruyantes à la bière et au barbecue qui fume sous nos fenêtres, des réjouissances arrosées où l’abruti de chien a de nouveau droit à la parole. Tard dans la nuit, après avoir crié tout leur saoul, les travailleurs du dimanche repartent imbibés, le chien gueule une dernière fois pour la forme avant d’aller rejoindre son panier. 

Demain ça recommence.

Des fuites à Neoprog ?

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Le problème des médias, même pour un modeste webzine comme le notre, ce sont les fuites.

Nous recevons énormément de musique watermarkée (c’est à dire comportant un traçage numérique) et leur partage comporte quelques risques, surtout parce que nous utilisons une plateforme de travail collaboratif en ligne. Les interviews, les chroniques, les promotions, sont partagées sur un espace privé dans le Cloud, tenu secret et accessible via un compte unique pour chaque utilisateur. Nous n’y laissons que le minimum et la durée de vie d’un document est très brève, mais le risque de fuite existe.

Qu’une chronique soit aspirée via les tubes du net, ça ne serait pas trop grave, qu’un album non paru coule sur la toile, ce serait dramatique. Alors nous nous devons d’être extrêmement prudents. Quelques webzines ont du mettre la clef sous la porte à cause de matériel promotionnel dispersé dans l’infosphère.

Il y a une fuite à Neoprog. Je l’ai découvert ce weekend, mais depuis combien de temps cela dure-il ?

Toutes les semaines je dépose les promotions dans le Cloud et le dimanche matin je les efface. Les chroniques publiées sont détruites, de même que les interviews et les live reports. Je vérifie régulièrement les droits de chacun sur notre espace et m’assure qu’aucun compte sauvage n’apparaisse. Pourtant ça coule… Il ne s’agit pas une fuite explosive qui éclabousse tout, juste quelques gouttes insidieuses, moins d’un litre par semaine, juste assez pour détremper le placo plâtre et la laine de bois.

J’ai mis du temps à comprendre d’où cela provenait. Un ancien chroniqueur oublié, un pirate, des droits mal gérés ? En réalité, il s’agissait d’un vieux tuyau, de deux boulons mal vissés, rien de dramatique, mais cela coulait. Mais croyez moi, remplacer un vieux tuyau n’est pas si simple, il faut que le nouveau se raccorde à la canalisation, qu’il n’y est pas de fuite, qu’il soit assez long. J’ai fait de nombreux essais, j’ai du couper toute l’alimentation à trois reprises suite à des remplacements hasardeux qui ont inondé tout le réseau, je me suis déplacé deux fois pour chercher des composants plus adaptés, j’ai du resserrer quelques boulons, poser des joints, installer un tube tout neuf et maintenant il semblerait que plus rien ne coule, mais quel stress ! Toutes les heures, je scrute le montage, inquiet. Pour l’instant, tout est sec.

La question est, combien de litres se sont répandus et depuis combien de temps. Que risquons-nous et faut-il que je prévienne qui de droit ?

La fuite ne s’est pas produite dans le Cloud, mais dans les locaux de la rédaction du webzine, plus précisément dans la salle de bain. Aucun album n’a fuité, pas même une chronique, seul les locaux ont risqué l’inondation pendant quelques instants. L’eau a coulé sur le carrelage et j’en ai épongé la plus grande partie. Cela n’a duré en réalité que peu de temps, lorsque j’ai décidé de changer le vieux tuyau rigide des WC par sa version flexible, afin de poser plus facilement la plaque de placo à venir. Par chance je n’ai pas de voisin à l’étage en dessous. Nos bureaux se situent dans une maison et la salle de bain se situe au rez de chaussé. Le pire a été évité.

Cloclo je t’aime !

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Ce post est dédié à Cloclo, disparu trop tôt, il y a presque quarante ans.

Vous souvenez-vous des travaux de ma salle de bain ? Je vous avais annoncé que la chaudière serait bientôt changée, et bien c’est fait. D’accord, l’artisan va devoir revenir, car l’évacuation de la cheminée n’est pas franchement très catholique, mais bon passons…

Et donc, après le chauffagiste, c’est bibi qui doit se mettre au travail et du travail, il va y en avoir, croyez moi. Après quelques mesures, je me suis rendu compte que le plafond en lambris, accusait une pente de cinq centimètres, de l’entrée de la salle de bain jusqu’au bout de la pièce. Qu’est-ce cinq centimètres lorsque le plafond culmine à deux mètres vingt me direz-vous ? Ben, plus de 2% d’erreur tout de même, ce n’est pas rien. Et pour un gars qui a dans l’idée d’installer une double porte coulissante pour cacher la misère de la chaudière, cinq centimètres c’est l’enfer !

Solution, refaire un plafond. Oui mais souvenez-vous, la cloison entre l’entrée et la salle de bain prend appuis sur le lambris. Si j’enlève le lambris, je fais tomber la cloison, je fais tomber la douche, facture : vingt-mille euros.

Alors j’ai décidé de découper une partie du lambris et de refaire un plafond suspendu en placo, un plafond droit sur lequel je pourrais poser ma double porte coulissante. Mais quel génie je suis ! Dire que j’ai demandé au chauffagiste de passer le câble de la sonde thermique sous le lambris que je m’apprête à découper.

Munis d’une perceuse, d’une scie sauteuse, de lunettes de protection, de gants, et après avoir vidé la pièce de tout le fatras qui l’encombrait, serviettes, gel douche, tapis de bain, poubelle, papier toilette, parfum, rasoir, brosses à dents, ciseaux à ongles, déodorant, dentifrice, shampoing, rouge à lèvres, préservatif usagé, crème à récurer, radiateur, cotons tiges, javel, éponge, tampax… je me mis à l’ouvrage. Latte après latte, j’arrachais le plafond en lambris à 2% de pente, dévoilant à la face du monde toute l’horreur insoupçonnée que cachait ce bois vernis. J’ai bien fait d’être prudent avec ma scie sauteuse, sinon j’aurais sectionnée une bonne partie du circuit électrique de la maisonnée. C’est là que j’ai découvert les talents d’électricien du précédent propriétaire, la photo parle d’elle-même, mais ce que vous ne voyez pas, c’est la Cloclo machine. La Cloclo machine se situe à l’angle droit de la douche, autrefois cachée juste sous lambris. Un boiter électrique posé là pour prolonger un câble trop court, un boiter pas fermé, avec ses fils à nus, juste au-dessus de l’endroit où nous prenions nos douches, depuis des années, dix centimètres au-dessus pour être précis.

Cloclo je t’aime.

Cauchemar en salle de bain

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Début mai 2016, je regardai avec horreur notre salle de bain et décidai de la rafraîchir. Une salle de bain avec une vieille chaudière à gaz fatiguée, l’affreux tuyau PVC d’évacuation des WC de l’étage contre le mur, des carrelages différents et moches aux murs, un meuble bancal et pour couronner le tout un plafond en lambris.

La chaudière nous oblige à une aération de 20 cm de diamètre vers l’extérieur, et en Alsace, ça caille l’hiver. Imaginez prendre une douche le matin, dans une pièce à 10°C, (convecteur à fond). Non n’imaginez pas c’est mieux.

Un jour de colère j’arrachai le papier peint miteux, bien décidé à refaire cette pièce sordide. Quelques jours plus tard, j’étais hospitalisé et arrêté pour cinq mois avec défense de faire le moindre effort. La salle de bain aussi.

Après cette longue parenthèse nous nous lançâmes dans les devis pour poser une chaudière à ventouse dans une autre pièce, un WC suspendu et une douche italienne. La douche impliquait de casser une cloison, poser du carrelage et pour faire propre, il fallait refaire les murs. Coût global du chantier 20 000 €, heu comment dire ? Je m’achète 4 Nikon D5 avec ça…

Il faillait revoir le projet à la baisse. Sortir la chaudière de la pièce impliquait de passer des tuyaux, donc de casser le plafond en lambris, donc de casser la cloison intelligemment fixée sur le lambris, donc casser la douche collée à la cloison donc 20 000 €. Nous tournions en rond.

La chaudière resterait dans la salle de bain. Mais si elle restait, le trou de 20 cm également et les 10°C matinaux aussi. Nous tournions en rond.

Un chauffagiste nous proposa la chaudière à ventouse qui se branche sur la cheminée avec un double tubage, cher mais plus besoin de déplacer la chaudière. Nous avancions. Il sortit dehors regarder la cheminée et nous annonça qu’aucun ouvrier n’accepterait de faire le tubage de la cheminée. Nous revenions au point de départ.

Ma femme commença à devenir folle. Une salle de bain horrible, un époux pas encore en état de se lancer dans de gros travaux, et une salle de bain abominable. Chaque jour elle me harcelait :  « Et cette salle de bain alors ? Tu te décides ? ».

A sa demande, un nouveau chauffagiste vint faire un devis de chaudière à ventouse reliée à la cheminée, cette fois sans réserve sur la hauteur. Mais j’hésitais. Comment passer le câblage de la sonde sans une goulotte ou casser le plafond qui casserait la cloison qui casserait la douche, comment cacher la chaudière, objet moche par excellence, comment poser le WC suspendu et cacher le tuyau PVC gris, comment comment ? Si seulement j’avais pu casser ce maudit plafond, mais vérification après vérification, il était maintenant certain que le machin en lambris portait la cloison.

Mon épouse fit le forcing, rappelant le chauffagiste pour nous aider à trouver des solutions (ou me forcer la main). La sonde, il la passera dans le plafond sans le casser, la chaudière peut être cachée derrière des portes de placard, il sort dehors pour regarder une nouvelle fois la cheminée, « Elle est haute quand même, impossible de venir avec nacelle, ça va être compliqué », j’ai cru que ma femme allait le tuer. Mais non, le mec se dit prêt a faire le chantier avant décembre alors nous signons.

Dans quelques jours, le chauffagiste va installer la nouvelle chaudière. S’il ne se tue pas en tombant la cheminée (20 m de hauteur quand même), si celle-ci ne s’écroule pas sur le toit, s’il n’explose pas le plafond et donc la cloison et donc la douche,  je serai face au mur, obligé de commencer les travaux de la salle de bain. Poser un WC suspendu, l’entourer de placo pour cacher le tuyaux en PVC gris, poser deux portes coulissantes pour masquer la chaudière, poser du placo sur le plafond pour cacher ce lambris si moche, poser un sol plastique genre ardoises pour cacher le carrelage vraiment trop moche.

Pourquoi ai-je signé ? 6000 €… Nous aurions pu rester encore quelques années heureux avec notre salle de bain sans papier peint, son joli tuyaux PVC gris, son carrelage dépareillé, son délicieux plafond en lambris, son trou de 20 cm qui souffle de l’air glacé et l’éclairage LED qui vous aveugle le matin. Ou alors, signer le chèque de 20 000 € et regarder les mecs bosser en critiquant chaque détail.

A la place, je suis dans le hall d’entrée, là où aurait du prendre place la chaudière à ventouse, de l’autre côté de la cloison qu’il aurait fallu détruire, le chantier à 20 000 €. Oui parce que maintenant que cette partie là de la maison ne sera plus impactée par la salle de bain, ma femme trouve que ce serait bien de la rafraîchir cette pièce. Décollage de papier peint, lissage, peinture, je déteste le bricolage, je déteste les vacances, mais j’aime ma femme…