ILLUMISHADE – Another Side of You

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Les critères qui décident des albums que je vais présenter ici sont multiples.

  • Le premier, c’est bien évidemment mes goûts.
  • Le second, c’est de varier les plaisirs.
  • Le troisième, c’est que ce soit une nouveauté.
  • Le quatrième c’est de vous présenter de temps en temps un groupe suisse dont Alias n’a jamais parlé, rien que pour l’énerver.

Aujourd’hui j’ai trouvé la perle rare, il remplit presque tous les critères. Illumishade est un quintet de metal mélodique suisse à chanteuse que Stéphane Gallet n’a sans doute pas encore découvert, puisqu’il n’en parle pas sur son blog.

Leur album Another Side of You est hélas sorti l’an passé, je l’ai vu trop tard. On ne peut pas gagner à tous les coups. Il compte quatorze titres de deux à six minutes pour presque une heure de musique. Du métal symphonique vaguement apparenté au progressif à consonance fortement commerciale.

Le métal symphonique implique souvent une jolie chanteuse à la voix fabuleuse pour émoustiller les gros tatoués anesthésiés par la bière. Ici encore Illumishade remplit le contrat. Fabienne Erni, qui joue également du piano dans le groupe, est une belle femme à la voix puissante et riche en nuances.

L’album donne le symphonique, la presque pop, le djent, l’électro, alternant tabassage modéré et douceur sans pour autant passer par la case growl, ce qui est presque regrettable. Car presque une heure de chant féminin, aussi beau soit-il avec relativement peu de passages instrumentaux sorti de ‘Enter the Void’ et ‘The Horizon Awaits’, cela fatigue à la longue.

Le titre ‘CYCLONE’, qui est d’ailleurs le plus long de Another Side of You, possède justement un bel équilibre entre musique et chant, entre caresse et grosse baffe. Il débute par du djent, continue sur du chant, revient au djent, laisse place à une section instrumentale cinématique et retourne au chant.

Dans le genre qui poutre, il y a également le morceau ‘ENEMY’ qui est pas mal, même si je préfère la construction de ‘CYCLONE’.

Au milieu de métal se glissent quelques surprises comme ‘Verliebt’, comprenez « amoureuse », le dernier titre joué au piano par Coen Janssen du groupe Epica et chanté en allemand par Fabienne. Et dans le huitième titre ‘Fairytale’, mon âme forgeronne s’est révoltée. J’ai presque eu l’impression d’entendre Céline Dion dans les vocalises de la chanteuse.

Les guitares de Jonas Wolf sont classiques mais font bien le job que ce soit en mode poutrage ou solo dégoulinant. La basse de Yannick pourrait être plus en avant et la batterie de Marc manque à mon avis de personnalité. Mais ce sont les claviers de Mirjam et la voix de Fabienne qui donnent à Illumishade sa patte toute particulière.

Another Side of You est un album relativement varié qui veut plaire à un large public. Il ne parvient pas totalement à me convaincre cependant car il souffre de quelques longueurs, non pas par des titres à rallonge, mais par quelques répétitions. C’est aussi un album trop axé sur le chant et qui aurait gagné en mettant la musique plus en avant. Cela reste néanmoins du bel ouvrage et si vous ne connaissez pas le groupe, allez les écouter.

Pagan Night

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Deux boîtiers photo, deux objectifs, deux scènes, trois cafés, six heures de concert, sept groupes, quatre-cent cinquante photographies, j’ai survécu à la nuit métal folk du Tanzmatten.

Je le dis à chaque fois, mais ce n’est vraiment plus de mon âge ce genre de marathon. Mais voilà, j’aime ça. Alors j’y retourne.

La programmation était alléchante même si un seul des groupes figurait dans ma discothèque. On trouvait presque toutes les déclinaisons du métal folk à growl, venues d’Europe. Ecosse, Allemagne, Suisse ou d’Irlande. Il y en avait pour tous les goûts, du spectaculaire, du traditionnel, du sombre, du violent, bref du métal.

Pour cette édition, j’avais décidé de me sortir les doigts du fondement et d’aller vers le public pour réaliser des photos de ces spectateurs hauts en couleurs et très sympas. Pas une seule fois je n’ai essuyé de refus, bien au contraire, les métallos que j’ai abordés étaient heureux de poser devant l’objectif. J’ai même récupéré quelques adresses mail pour leur envoyer les photos plus tard. C’était super cool. Merci à eux.

Quand je ne tirais pas le portrait du public, j’étais devant la scène à shooter les groupes. Feuerschwanz a vraiment joué le jeu des photographes avec leur scénographie et leurs interactions avec le public et les photographes. J’ai tout simplement adoré. Saor était clairement le plus austère mais la musique était magistrale. Primordial était certainement la plus chaotique des quatre formations et les bouchons d’oreille peinaient à protéger les tympans, mais quelle patate !

Et j’oublie Can Bardd qui ouvrait le festival. C’était pas mal, mais comme peut l’être un amuse bouche. 

En extérieur, trois groupes moins connus faisaient leurs armes devant un public plus clairsemé. Alita possédait la fougue de la jeunesse quand Towarb nous plongeait dans une mystique monacale. Morgaten se situait à mi chemin des deux formations. 

La programmation a été réalisée de manière à ce que l’on puisse aller d’une scène à l’autre, ne rien manquer et même trouver le temps de boire une bière et de manger un morceau.

Le hall d’entrée avait été transformé en temple du merchandising avec plein de vinyles, tee-shirts et autres goodies sans parler du bar à vin qui proposait, alléluia, du café, qui a permis aux photographes de tenir pendant six heures sans flancher.

J’ai adoré les allemands de Feuerschwanz, bon plus pour le show en costumes que pour la musique entraînante. Mais le meilleur était pour la fin. Si les musiciens de Saor ont offert un spectacle assez austère, leur musique elle était éblouissante. J’ai également bien aimé Alita qui avait l’énergie de la jeunesse, par contre Towarb m’a ennuyé au plus haut point.

L’organisation était au top. Les deux scènes ne se gênaient pas, il y avait de la restauration libanaise, chinoise, alsacienne, plein de bières plutôt sympa, de l’eau potable pour remplir sa bouteille et des toilettes pour évacuer tout ça. Le son était excellent, dedans comme dehors et il n’y a eu à ma connaissance aucun problème technique. Le public était bon enfant, les gars de la sécurité au top, bref que du bonheur.

Lorsque je voulais faire un break, il y avait la prairie avec ses bancs et relax, le temps de reprendre des forces, déguster une bière et trier quelques photographies. Il ne manquait que des copains pour partager la soirée. Mais grâce à l’appareil photo, j’ai fait quelques rencontres très sympas, du coup je ne me suis pas vraiment senti tout seul au milieu de la foule.

À part la galère des transports, ce fut une très belle soirée riche en découvertes et rencontres. Sur les quatre-cent cinquante photographies prises pendant la soirée, un centaine sont exploitables, j’en ai préparé une première sélection de trente clichés pour les organisateurs du festival qui sont disponibles sur Flickr.

Z51 Fest - Journée metal, folk, pagan

Merci à Zone 51 pour l’accréditation et bravo à eux d’organiser un tel événements en Alsace !

Solstafir – Hin helga kvöl

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Solstafir et moi, c’est une vieille histoire d’amour. Leur musique ne cadre pas exactement avec ce que j’écoute d’ordinaire mais chacun de leurs albums a su, à sa manière, titiller ma fibre métal. Le groupe hurle son métal islandais depuis 1995 et je les suis depuis l’album Svartir Sandar en 2011.

Mais qu’est-ce que le métal islandais au juste ? Du métal venu d’une île proche de cercle polaire et infestée de volcans ? Pas tout à fait. C’est un rock guttural mélancolique aux tendance post-rock énervé où le chant écorché aux paroles rugueuses véhicule des émotions à fleur de peau.

Pas de doute ça gratte et sur scène c’est assez énorme. D’ailleurs ils seront au Z7 à Pratteln en Suisse le mercredi 4 décembre si vous êtes dans le coin.

Leur nouvel album Hin helga kvöl, comprenez l’agonie sacrée, propose neuf morceaux en un peu plus de trois quart d’heure parlant de la mort. Des titres de quatre à sept minutes pour une fois relativement hétérogènes.

Si vous le voulez bien commençons par les deux extrêmes, le second morceau ‘Hin helga kvöl’ au ton punk rock écorché sorti de son intro planante et ‘Kuml’ à l’atmosphère folk mystique hantée par un saxophone. Difficile de faire plus dissemblables.

Pour les habitués de Solstafir, ‘Hun Andar’ vous ramènera en terrain connu. Une batterie basique qui cogne, un chant écartelé et des guitares à deux accords aux tonalités très reconnaissables même s’il manque le banjo des première années.

Le parfait exemple de la mélancolie rugueuse de Solstafir se dévoile dans la pièce la plus longue de Hin helga kvöl, le délicieux ‘Salumessa’ qui dépasse les sept minutes. Un autre grand classique du groupe Islandais qui fonctionne à chaque fois grâce à son écriture traînante et ses tonalités mineures.

S’il ne devait y avoir qu’un tube sur cet album, ce serait certainement ‘Blackkarakki’ à l’écriture particulièrement rock & roll et au refrain entraînant, enfin, pour du metal.

Tout l’album est chanté en islandais et même si je ne comprends pas un traître mot de cette langue, je trouve que c’est un des ces grands atouts. Parce que sérieusement, qui lit encore les paroles des chansons ? L’islandais est une langue gutturale qui se marie à la perfection avec les atmosphères et la musique de Solstafir. Ce n’est pas la première fois qu’ils composent un album entièrement en islandais mais de temps en temps ils cèdent au démon des charts comme en 2020 avec le titre ‘Her Fall From Grace’.

Est-ce que Hin helga kvöl rejoindra le panthéon viking des meilleurs albums de Solstafir ?Probablement pas. Pour moi cela restera Berdreyminn et Otta pour plein de bonnes et mauvaises raisons. Mais écoutez-le, il vaut le détour.