L’éclipse totale

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Le soir du dimanche 7 septembre 2025, se produisait une éclipse lunaire totale en France. Notre satellite totalement éclipsé se levait vers 20h sur la forêt noire et retrouvait son aspect habituel passé 22h, un peu plus haut dans le ciel.

C’est sur la digue de Plobsheim, face au Rhin et à l’Allemagne que certains d’entre nous avaient établi leur campement. Intégralement aspergé de répulsif aux moustiques, équipé de deux appareils photos avec un grand angle et un téléobjectif ainsi que deux trépieds et un siège de camping, je m’étais installé plein Est pour ne rien manquer de l’événement.

Hélas, le ciel était voilé, particulièrement vers l’horizon Est. À 20h, point de satellite au-dessus de la Forêt Noire. Ce n’est que trente minutes plus tard que mon œil a cru discerner une vague lueur rougeâtre que l’objectif de 500 mm à peu après confirmé. La Lune apparaissait enfin. À partir de là, les yeux comme les objectifs se sont tous pointés vers le levant.

Malgré une minutieuse préparation, mon unique image de la totalité est floue. Trop de nuages, pas assez de lumière et une mise au point que j’aurais dû réaliser sur une étoile avant de chercher à résoudre la Lune.

Au 50 mm je tentais une superposition d’images toutes les cinq minutes pendant qu’au téléobjectif 500 mm je capturais l’astre en gros plan ce qui le laissait du temps malgré tout pour admirer le spectacle.

Des navires de croisière passaient sur le Rhin alors que la Lune passait du rouge sang au jaune en s’élevant dans le ciel au milieu des nuages filamenteux. Les personnes n’osaient briser le silence magique qui s’était installé et mon alarme m’indiquant qu’une nouvelle photo devait être prise fit sursauter tout le monde (pardon les gens).

Sur une quarantaine de photos, une seule a trouvé grâce à mes yeux, la fin de la totalité capturée au 500 mm. Ma pitoyable tentative de surimpression s’est soldée par un échec et les autres images manquent de netteté à cause des cirrus ou d’une exposition mal gérée. Mais rien que pour cette photo je suis content de la sortie.

J’ai tout de même essayé avec Photoshop une supposition des cinq photographies de la Lune au-dessus du Rhin alors que l’éclipse s’achevait. Une image toutes les cinq ou six minutes prises au 50 mm, champ qui devait me permettre de cadrer la fin de la totalité jusqu’à la fin de l’éclipse. Bon le résultat n’est pas terrible, surtout la quatrième lune qui est noyée dans les nuages.

Le prochain rendez-vous avec une éclipse lunaire totale aura lieu le 31 décembre 2028, autant dire qu’il n’y aura pas foule dehors.

L’éclipse

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Une éclipse lunaire partielle était visible sur notre territoire dans la nuit du 17 au 18 septembre. Une toute petite éclipse que même le magazine Ciel & Espace avait omis d’annoncer. Pas de quoi faire un fromage mais comme la nuit s’annonçait belle, je me suis posé la question de sortir le télescope.

Sauf que le 18 tombait un mercredi, un jour de semaine, donc où je travaille, même si c’est de la maison. L’éclipse commençait vers deux heures du matin pour s’achever au lever du soleil.

Bref des conditions assez épouvantables pour le sommeil et pas question d’en profiter pour faire une nuit blanche astro, car par temps de pleine lune, sorti des planètes, impossible de photographier le ciel. En plus il y avait du vent et les nuages  ont tardé à se dissiper pendant la nuit. 

J’ai donc opté pour un réveil matinal, peu avant l’entrée de la Lune dans l’ombre de la Terre, c’est à dire à quatre heures du matin. Une solution pour assister à l’évènement et préserver un peu mon sommeil. La partie pénombre du phénomène n’est forcément pas la plus spectaculaire.

Il fallait que je décide d’un lieu d’observation. De mon jardin l’horizon sud comme nord, est et ouest sont barrés de maisons, d’arbres et d’immeubles. Après je n’avais pas forcément besoin de monter au Champ du Feu ou d’aller jusqu’à Cosswiller pour me protéger de la pollution et des lumières parasites. Une pleine lune cela éclaire suffisamment. J’ai donc opté pour un site dégagé à quelques kilomètres de la maison, au sommet d’une colline.

Je devais aussi décider du matériel à emporter. Pour avoir un grossissement optimal sur la lune et la photographier dans son entier, le Celestron 8 équipé d’un appareil photo me semblait le meilleur choix possible. J’ai également emporté un second boitier pour réaliser une sorte de timelapse de l’éclipse.

La simple idée de me lever tôt m’a empêché de m’endormir et malgré un réveil programmé à 3h45 je me suis réveillé naturellement à 3h30. On appelle ça être stressé je crois. Après un café j’ai pris la route pour Inneheim où j’ai installé le camp de base.

Pas très réveillé, j’ai tout d’abord orienté la monture équatoriale dans le mauvais sens. Le nord pointait au sud et même si je n’ai pas un sens de l’orientation exceptionnel je trouvais étrange de ne pas voir l’étoile polaire. Après un retournement de situation, ou de 180 degrés, comme vous voudrez, le télescope était fin prêt. Il était 4h30, juste à temps pour le maximum de l’éclipse.

J’ai pris une cinquantaine de photos au télescope avec divers réglages, regardé l’éclipse s’achever, fait une courte observation de Jupiter et j’ai remballé tout l’attirail, direction la maison. Pas de timelapse finalement, j’ai oublié de le faire.

Un café plus tard, je sélectionnais la meilleure image de la série avant de la développer sous Lightroom.

A sept heures, il était temps pour moi de me mettre au travail pour une journée qui risquait d’être très très longue. Mais honnêtement cela valait le coup. Les éclipses sont vraiment trop rares pour les manquer.

Pour résumer, un lever à 3h30, 40 kg de matériel, 3h de travail, tout cela pour réaliser la  photographie d’une éclipse lunaire mineure. Est-ce bien raisonnable ? Surtout que ma photo a été totalement éclipsée par une autre postée la veille sur Flickr et qui a rencontré un très vif succès…

Le buzz Aldrin

Vendredi, une éclipse totale de lune, la plus longue du siècle paraît-il, était visible depuis la France. 

En Alsace, la température avoisinait les trente degrés et quelques nuages masquaient l’horizon. J’avais préparé mon Nikon avec un 500 mm pour immortaliser l’événement. 

A 21h00, heure du début de l’éclipse, pas de lune à l’horizon, sans doute trop basse encore. A 22h00, après un épisode de Gotham saison 1, je retournais dehors, toujours pas de lune.

Épuisé par de longues insomnies dues à la chaleur et au roquet de mes voisins qui gueule toutes les nuits, je m’écroulais du sommeil du juste sur le matelas.

22h30, le cabot se met à hurler et me réveille. Je suus moite, fatigué, énervé. Je me rendors peu après malgré tout quand, à 23h00, le saucisson sur patte remet ça encore plus fort. Nouveau comas agité sur la couche humide mais à 23h45, le sale cleb hurle encore, me privant des bras de Morphée une fois de plus. Si je n’étais pas à bout de force, j’irai l’égorger avec mes dents. Je sombre à nouveau vers minuit, et un quart d’heure plus tard cet abruti à quatre pattes remet le couvert.

Je n’en peux plus. Je descends expliquer la vie à mes voisins qui rentrent illiquo le corniaud dans leur maison. J’ai la haine et plus sommeil. 

Alors que je m’apprête à retourner dans la maison, je vois la lune, qui sortie des nuages, brille de tous les feux. L’éclipse ne va pas tarder à s’achever.

Ni une ni deux, je monte chercher le Nikon, le 500 mm, la télécommande, le doubleur et le pied photo en prenant bien soin de ne pas réveiller  toute la maisonnée, un chien suffit.

Quatre photos sans doubleur au 1/400, quatre au doubleur, floues et l’éclipse s’achève. Je scrute quelques minutes Mars avec une focale proche de 1400 mm sans rien voir de concluant, après tout un APN n’est pas une lunette astronomique, puis je remballe le bazar et retourne me coucher. Le chien gueule encore une fois pour la forme mais je m’écroule de sommeil. 

Le lendemain, j’importe quatre photos décevantes dans Lightroom, pollution, turbulences et une mise au point médiocre, pas de quoi être fier. Pour leur donner du peps, je pousse les curseurs dans tous les sens, zoom, correction du voile, clarté, noir, ombre, blanc, contraste pour obtenir une image acceptable de l’éclipse. Et puis je la poste sur Flickr. Elle fera pâle figure dans mon album Astronomie mais qu’importe, c’est l’Eclipse.

Très vite l’image est mise en favori, ajoutée à un groupe et dimanche elle avait été vue par plus de deux-milles personnes et placée en favori par plus de soixante d’entre elles. 

Un record absolu pour une de mes photos. Je n’y comprends rien… une de mes plus mauvaises photos lunaire. Oui il s’agit de l’éclipse, mais j’ai loupé le meilleur, je n’ai pas  capté l’ISS passant à proximité, je n’ai pas saisi sa lumière orange, bref j’ai tout loupé. Alors pourquoi cet engouement pour une photographie ultra retravaillée ? Je suis perdu…

La seule bonne nouvelle dans cette aventure, mes voisins semblent avoir intégré que leur clébard me tapait sur le système.