Dopamine

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Savez-vous ce qu’est un webzine de critique musical ? De la dopamine pour labels et artistes, un panneau publicitaire clignotant gratuit en plein centre ville sur lequel passent sans cesse les noms des labels, de leurs artistes et les pochettes des albums.

C’est d’autant plus vrai dans le monde du rock progressif où les labels qui dominent le marché se comptent sur les doigts d’une main.

Avec plus de quinze mille articles lus par mois, un magazine du numérique, tenu par des bénévoles passionnés, génère de manière indirecte des revenus non négligeables à l’industrie de la musique. D’ailleurs ils l’ont bien compris, sinon pourquoi enverraient-ils des albums en promotion ?

Il fut un temps lointain où la presse recevait des vinyles et des compact-discs. C’est encore vrai pour les grands groupes de presse qui d’ailleurs n’en n’ont rien à faire de cette musique qui n’intéresse pas leurs lecteurs. De CD, la musique devint MP3 à télécharger et de plus en plus aujourd’hui, un lien vers une plateforme de streaming à usage limité dans le temps. Quelques maisons de disque se fendent encore de support physique, mais il s’agit aujourd’hui d’une toute petite minorité.

Les labels passent le plus souvent par des intermédiaires pour travailler avec la presse et certains intermédiaires peuvent gérer le catalogue de plusieurs labels en même temps.

Certaines de ces presonnes mettent à votre disposition tout leur catalogue, quelque soit votre ligne éditoriale. D’autres vous livrent au compte goutte, au gré de votre production et de l’enthousiasme affiché dans les colonnes de votre magazine. Dans ce dernier cas, pour recevoir l’intégralité du catalogue, il faut montrer patte blanche et se réveiller un élève exemplaire.

Dans notre petit monde, une mauvaise critique peut sceller la fin de toute relation avec un label ou un de leurs représentants. Soudain, votre magazine, autrefois inondé de promotions, se retrouve avec des propositions de seconde zone, des albums de reprises, des lives ou des flop assurés.

Pour éviter cela, certains webzines optent pour la soumission, la flatterie, à coup de chroniques dithyrambiques, de cadence infernale, d’interview avec les questions en forme d’adulation. Mais ces articles possèdent-ils le moindre intérêt pour le lecteur, à part les conforter dans une stupide idolâtrie ? Où se trouve alors la critique, quid de l’article qui permet d’éclairer le lecteur sur la qualité de tel ou tel album s’ils sont tous jugés bien ou très bien ?

A Neoprog, nous avons toujours fait le choix de l’honnêteté et de l’indépendance. Lorsque nous aimons, nous l’écrivons, lorsque nous n’aimons pas, nous le disons également. Nous menons des interviews lorsque l’artiste nous intéresse et nous couvrons les concerts qui nous font envie.

Alors bien entendu, il nous arrive de critiquer, de ne pas être tendre avec ceux qui n’ont pas l’excuse de la jeunesse ou du manque de moyen pour produire un navet. Cela me semble logique de prévenir le lecteur que ce qu’il pourrait acheter une trentaine d’euros ne vaut pas la peine d’y consacrer le moindre cent. A contrario, il nous arrive de porter aux nues un illustre groupe inconnu, juste parce qu’il a réellement du talent.

C’est notre rôle.

J’ai fait le choix il y a quelques mois de ne présenter que les albums reçus en promotion, ceci afin de mettre sur un pied d’égalité les groupes qui faisaient l’effort de nous envoyer leur musique et non, comme certains pourraient le penser, pour faire des économies, car de la musique, j’en achète toujours autant, voire plus qu’avant. Ce choix assumé a été fait en période d’abondance, n’imaginant pas qu’un des principal fournisseur de musique du rock progressif allait nous bouder, ne nous laissant que quelques miettes de la production mondiale, celles dont personne ne veut vraiment.

Le webzine fait l’impasse sur plusieurs grosses sorties, pas forcément les plus intéressantes heureusement, mais celles qui génèrent assurément le plus d’audimat. Par chance, les indépendants, les auto-produits suffisent amplement à notre bonheur musical et nous perdons pas au change, nous écoutons toujours autant, voire plus de bonne musique.

Mais si cela perdure, et cet article risque d’aggraver les choses, nous ne recevrons plus que des albums de niches, dans une musique qui l’est déjà. Cela ne signifie pas que nous ne ferons pas de belles découvertes, cela signifie que les quinze-mille articles lus tous les mois vont se réduire à pas grand chose, car jusqu’à présent, nous surfions sur la notoriété des blockbusters pour éclairer la musique des plus petits.

Nous n’allons pas changer notre manière de penser ni de nous exprimer, la preuve. Certains groupes disparaîtront de nos colonnes (vous avez déjà dû le constater) au profit de nouvelles découvertes, jusqu’à notre retour en grace auprès de certaines maisons de disque, comme cela s’est vu par le passé.

Car la roue tourne.

Nous pourrions également répondre à toute demande de promotion par ce texte lapidaire : « Le magazine n’accepte que les promotions au format physique ou loseless pour les sorties exclusivement numérique. ». Qu’en pensez-vous ?